ANALYSE DU PRE MATCH AUSTRALIE FRANCE

Merci à NOSOTROS d’Alilou ISSA pour partager cet article ainsi que d’autres pendant la Coupe du Monde

POUR NOS EDUCATEURS DE L’AEF 92

Analyse proposée par Adrien Tarascon, responsable du développement des joueurs, de la méthodologie et des données au LOSC.

Pour leur premier match, les Bleus ne devront pas sous-estimer cette équipe australienne. Si les Socceroos ne peuvent s’appuyer sur beaucoup d’individualités (certainement un des effectifs les plus faibles du tournoi qualitativement), c’est aussi l’une des équipes les mieux organisées.

Leur 442 est compact, capable de rapidement « voyager ensemble » pour éviter des situations de 1v1 défensifs à leur latéraux notamment. Leur efficacité sur CPA (0,57xG / match) en phase de qualification pour le mondial, les positionne comme l’une des équipes  les plus dangereuse au monde dans ce registre.

Clé n°1 : fissurer le bloc compact australien

La dernière ligne défensive australienne craint la profondeur. Lors des matchs de qualification pour cette Coupe du Monde 2022, ils ont régulièrement reculé face à des attaquants bien moins rapides que Mbappé.

Dès les premières minutes du match, les courses dans le dos de cette dernière ligne australienne seront importantes. Ce sera un élément clé, si les Bleus veulent assez vite se créer des espaces pour pouvoir combiner à l’intérieur du bloc australien.

L’autre objectif dans le jeu long sera d’amener du chaos organisé, afin de semer le doute et de distendre les lignes adverses, même si cela laissera plus d’espaces en transition aux australiens. Cela permettra aux Bleus d’exploiter leurs supériorités individuelles, partout sur le terrain.

Néanmoins, ils devront rester vigilants, car les Socceroos ont déjà montré qu’ils étaient capables de maintenir un haut niveau d’intensité défensive, parfois sur plus de 70 minutes. 

Clé n°2 : une structure adéquate pour éliminer la 1ère ligne de pression

En 2018, le jeu de position des bleus avait été souvent défaillant contre l’Australie, notamment dans l’entame de match.

Les Bleus avaient éprouvé certaines difficultés à s’organiser efficacement pour éliminer la 1ère ligne de pression australienne

FR vs AUS 2018 : 7 joueurs français pour surpasser la 1ère ligne de pression du 442 australien (via footbalia)

Lors des matchs de qualification pour ce Mondial, le Japon a proposé des choses intéressantes face aux australiens, en s’organisant en 2+3 pour éliminer le 1er rideau australien et mettre en difficulté leur 442 compact.

AUS vs JAP 2022 : 2+3 des japonais pour surpasser le 1er rideau australien

Sur les images ci-dessus, on peut observer que le placement du relayeur gauche japonais (Tanaka #17) met le doute à l’ailier australien (Boyle #6), qui préfère rester à hauteur de ses milieux de terrain. Quand il sort, c’est à contretemps. Si Rabiot ou Tchouaméni viennent dans ces zones, ils y trouveront du temps pour lancer Mbappé dans la profondeur, ou simplement toucher L.Hernandez dans le dos des milieux adverses.

Aussi visible à 41’05’’ la relation 8 → 6, qui est un circuit classique du 2+3. Rabiotpourra-t-il servir Tchouaméni libre dans le dos des 2 attaquants ? Les australiens pressent généralement en 442 Pivot. C’est-à-dire que contre un 4+1, ils doivent gérer les 2 centraux + le milieu défensif adverse en 2v3 avec toujours une présence sur le 6.

C’est parfois efficace mais c’est surtout le pressing le plus énergivore (individuellement), parmi les organisations actuellement utilisées. Si la relance des Bleus respecte quelques principes simples : défenseurs centraux larges, latéraux bas, décrochage du 6 lorsque nécessaire pour un 3v2 initial, ils devraient rapidement fatiguer les australiens et trouver des lignes de passe dans le dos de leurs attaquants à l’image à 41’05’’

Compte tenu des joueurs pressentis, il est peu probable que la France se structure en 2+3 en phase de création. Un 3+2 avec Pavard pour former la base à 3 en compagnie de Konaté et Upamecano serait plus naturel. Il laisserait Dembélémenacer le couloir droit.

L.Hernandez ne sera pas le plus à l’aise pour être touché dans le dos de la ligne de milieu australienne, mais il est suffisamment habile techniquement pour nous permettre de fixer le jeu à gauche en attendant le bon moment pour renverser vers Dembélé, en situation de 1v1.

Clé n°3 : fixer pour renverser

Face au bloc compact des australiens, les milieux devront proposer des relais à l’intérieur  au porteur, afin de pouvoir renverser le plus rapidement possible le jeu et trouver des  situations de 1c1, voir de 2c1 à l’opposé. Les joueurs d’interligne devront proposer des courses dans la profondeur, afin de fixer les latéraux australiens.

Par exemple, l’utilisation du jeu long de Tchouaméni, pour renverser vers Dembélé, isolé à l’opposé, serait une option intéressante. Contre le 442 de Leipzig c’est une arme que le madrilène avait déjà déployé.

RBL vs RMA 2022 : renversement de Tchouaméni, trouvé en relai à l’intérieur

Clé n°4 : presser pour orienter la relance australienne vers leur côté droit

S’il est certain que l’Australie, sortira long sur 6m, on peut se demander s’ils prendront souvent l’initiative de construire depuis leur moitié de terrain, laissant les Bleus les presser.

Si cela devait se produire les joueurs français  doivent être prêts. Il y aura un certain nombre de récupérations hautes et de situations de « chaos organisé », propices aux qualités individuelles des Bleus, à aller chercher sur ce moment du match.

Rowles (#17), DC gaucher a montré contre le Pérou sa capacité à jouer sous pression. Leur latéral gauche,  Behich (#16), est à l’aise pour recevoir dans le dos de l’excentré adverse.

Sur le pressing, lorsque l’Australie ne choisira pas de jouer immédiatement long, il sera important d’orienter le jeu vers leurs DC Droit / Lat Droit, plus en difficulté techniquement sous pression.

AUS vs PER 2022 : Rowles sort de la pression par une très belle passe vers Behich, qui créé le décalage initial

Clé n°5 : gestion du 2+3 ou du « carré intérieur » australien 

Nous parlions en introduction d’une équipe collectivement huilée, ce n’est pas seulement le cas sans ballon. Malgré le 0-0, l’Australie est allée chercher son billet pour le mondial face au Pérou avec de belles séquences de jeu.

En cas de 442 tricolore, la déformation en 2+3 des australiens sera le seul point de vigilance. Irvine (#22) dézone à gauche pour laisser Behich (#16) se projeter.

En cas de milieu à 3 décidé par Didier Deschamps, il faudra être vigilant au « carré intérieur » australien, l’ailier gauche libérant le couloir à Behich (#16) pour occuper l’interligne. Le Pérou pressant en 4141, a souffert face à cette réponse tactique australienne.

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Clé n°6 : 2nds ballons et fautes dans nos 40m

Au-delà des 6m australiens, une bonne partie du match pourrait se passer dans les airs. Le jeu direct étant l’une des armes principales des Socceroos, associé à un impact important sur les 2nde ballons.

Pour les Bleus, l’équation est double : sécuriser les 2nd ballons et remporter les duels, en commettant le moins de faute possible. Les coups de pied arrêtés étant l’autre arme majeure de l’Australie sur ce match.

https://youtube.com/watch?v=8Ts1yxe7pxE%3Fcontrols%3D0%26clip%3DUgkxVpHbJ8Yool9H0FtAvhd7Q0jKTl-ltLXH%26clipt%3DEOmFaBij0mg

Malgré la possibilité de jouer court, jeu long sur le 9 australien, 2 joueurs au 2nd ballon, le duel gagné par Hrustic (10#) lui permettra de se créer la première situation du match

Clé n°7 : Verticalité à la récupération 

La lumière est venue de là en 2018, une transition en 2 passes verticales jusqu’au pénalty provoqué par Kylian Mbappé.

Il n’y en aura pas beaucoup, mais il faudra exploiter les possessions australiennes pour attaquer un bloc étiré en transition. La qualité de verticalité à la récupération d’Aurélien Tchouaméni.

Exemple de transition offensive menée par le Pérou lors de leur rencontre face à l’Australie en match de qualification

Conclusion

Le choc du forfait de Benzema ne se digérera pas en 72 heures, mais l’Australie est le bon adversaire pour se lancer dans la compétition et passer à autre chose. Ce match sera encore plus riche en enseignements après le forfait du « nueve ».

Si nous pouvons sans doute battre les Socceroos sur quelques exploits individuels, il est désormais entendu que la France aura besoin d’une animation collective riche pour aller loin au Qatar. L’Australie est un premier examen abordable mais cette fois-ci indispensable pour des Bleus qui se cherchent.

Une impasse généreusement récompensée comme à Kazan en 2018 ne nous emmènerait pas aussi loin. Leur 442 compact, exige tempo, fixation puis renversement, pour chercher la largeur à l’opposé. Des questions simples pour nos Bleus qui individuellement et collectivement devront nous apporter quelques réponses.

LES DONNEES DANS LE FOOTBALL

AVEC NOSOTROS LE FOOTBALL EST DIFFERENT PLUS COMPLET ET PLUS SCIENTIFIQUE
« Nous avons questionné les données en posant la question suivante : qu’est ce qui est efficace, dans le temps, pour avoir du succès dans le football professionnel aujourd’hui ? Quelles sont les variables sur lesquelles on ne peut pas négocier et sur lesquelles il faudra que nous soyons bons, si nous voulons avoir du succès dans le long terme ? Une fois que nous avons répondu à ces deux questions, nous nous sommes assis autour d’une table et nous nous sommes demandé : comment est-ce que nous allons marier tout cela ? »Responsable des données football au Toulouse FC, Julien Demeaux nous propose un aperçu de l’organisation et du fonctionnement du club toulousain, pour être performant dans la durée.→  Appuyer nos décisions sur des signaux forts et robustes


Responsable des données football au Toulouse FC, Julien Demeaux nous propose un aperçu sur le fonctionnement du club toulousain, afin d’être performant dans la durée.

William Edwards Deming disait qu’une personne sans donnée, n’est qu’une personne de plus avec une opinion. Nous pourrions aussi dire qu’une personne sans opinion ou hypothèse à tester, n’est qu’une personne de plus avec des données. Où se situe le point d’équilibre pour vous ?
Deming est aussi l’une des personnes qui a théorisé toutes les notions de progrès et d’amélioration continue, dans l’industrie notamment, avec le cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act) : planifier, mettre en œuvre, analyser, ajuster. Je trouve ça doublement intéressant parce que je suis plutôt d’accord avec l’idée qu’il faut s’appuyer sur la donnée, en tout cas de façon scientifique.
Être capable d’aborder l’analyse de données de manière scientifique, avec un process construit, cela permet de ressortir la “substantifique moelle” d’un signal ou d’une information, pour essayer de prendre de meilleures décisions.
En parallèle, je pense qu’il faut être capable de s’ouvrir aux nouvelles idées, aux nouvelles choses, parce que nous devons quotidiennement progresser pour continuer à être performant. Au-delà de l’analyse de données, il y a toute la notion de contexte qui est autour.
Savoir être critique et écouter les points de vue différents, cela permet aussi de se remettre en question et de continuellement améliorer la contextualisation qu’on fait des données. Tout cela dans le but d’améliorer la qualité du signal et des informations que nous pouvons extraire.
Dans notre milieu, le fait d’avoir une opinion et de s’y tenir est souvent valorisé au travers du prisme des convictions, mais en même temps avoir une opinion et ne pas vouloir la mettre à jour, quoi qu’il en coûte, ce n’est pas non plus très sain.
Comment intégrez-vous la donnée à votre processus de décision, afin de le rendre le plus robuste possible ?
Nous voulons et nous cherchons à construire des processus qui se veulent data-driven. L’idée qui se cache derrière ce mot, c’est que nous essayons d’appuyer un maximum de nos décisions sur des signaux qui proviennent de la donnée. Des signaux forts, robustes. 
Pour être en mesure de faire cela, il faut comprendre ce qu’est un flux de données sain, comment construire des bases de données, savoir quels types de données nous voulons utiliser, comment construire nos tables pour être en mesure de répondre à différentes interrogations, etc. Toutes ces questions liées au traitement de la donnée sont universelles, elles ne sont pas uniquement liées au football.
S’ouvrir à ce type de questionnement c’est déjà faire un grand premier pas, parce qu’en restant dans une logique purement footballistique, on peut passer à côté de problèmes techniques qui peuvent nous ressortir plus de bruit, que de signal.
“Dans notre milieu, le fait d’avoir une opinion et de s’y tenir est souvent valorisé au travers du prisme des convictions, mais en même temps avoir une opinion et ne pas vouloir la mettre à jour, quoi qu’il en coûte, ce n’est pas non plus très sain.”
Avant même de parler de football, ne serait-ce que sur cette thématique du traitement de la donnée, il faut être en mesure de la comprendre et être capable de créer des processus propres, qui permettront d’avoir un support pour prendre des décisions cohérentes dans le temps.
Nous nous appuyons sur le groupe (RedBird Capital Partners) qui a racheté le club il y a deux ans. C’est un groupe qui est ancré dans le sport américain depuis longtemps et qui possède déjà des logiques de travail relatives au traitement et à l’analyse de la donnée.
Cette expertise nous permet d’avoir des réponses adaptées à toutes ces questions techniques et d’avoir une donnée de qualité. En partant de là, nous pouvons nous focaliser sur les questions “terrain” que nous nous posons, en étant efficace le plus rapidement possible.
L’analyse de données est un peu la partie émergé de l’iceberg lorsqu’il est question de data. Les aspects associés à la collecte et à l’intégrité des données sont moins souvent abordés. Pouvoir s’appuyer sur des données «assez fiables» est un enjeu majeur, même s’il existera toujours des angles morts.
Même en essayant de réaliser l’analyse exhaustive d’une situation, pour répondre à une question, il est possible que nous n’arrivions jamais vraiment à prendre en compte tous les éléments de contexte, d’environnement, etc. Ce n’est d’ailleurs pas propre au football. C’est comme cela dans tous les domaines.
L’idée, c’est de comprendre et de maîtriser au maximum les paramètres qui ont un impact par rapport à la question que l’on pose aux données. C’est essayer de comprendre ce qui a un impact dans le temps et parfois, les effets de volume qui peuvent impacter la réponse (taille d’échantillon). Avec un échantillon trop faible, il y a des chances qu’on tombe sur une information qui ne soit pas fiable dans le temps et ne soit pas robuste.
“L’idée, c’est de comprendre et de maîtriser au maximum les paramètres qui ont un impact par rapport à la question que l’on pose aux données.”
Aujourd’hui, par rapport aux données qui sont accessibles pour un club de football professionnel, nous avons la capacité de tirer des enseignements généraux et à grande échelle, qui sont suffisamment robustes pour avoir confiance dans les décisions que nous pouvons prendre. Encore une fois, à condition d’avoir toute la structure, d’avoir bien capturé le contexte, d’avoir créé une donnée propre au départ.
Au niveau macro, il y a donc déjà des choses qui sont très intéressantes à sortir et, petit à petit, avec l’évolution des technologies, l’évolution du détail de la donnée qu’on va capter, nous pourrons aller un peu plus dans le détail. Mais aujourd’hui, il y a déjà des choses que nous pouvons apprendre en ayant une analyse froide et neutre de toutes ces données disponibles.
Comment définiriez-vous votre rôle à Toulouse ?
Je suis responsable des données football. Je couvre vraiment toute la partie sportive du club. Mon temps est réparti à 80-90 % sur les professionnels, un petit peu sur le centre de formation et encore un peu moins sur les féminines pour l’instant. L’idée, c’est qu’à terme, nous alignions les processus de travail et de prise de décision à tous les niveaux.
C’est à dire que si nous considérons que chez les pros, il faut s’appuyer sur telle donnée ou tel signal pour prendre une décision, il faudra que nous mettions aussi en place des outils et des processus similaires au centre et chez les féminines.
“Nous voulons qu’au niveau du club, il y ait une forme de “communauté” dans les processus et la façon dont nous pensons la prise de décision.”
Je dis « similaires » et pas « identiques », car nous n’avons pas toujours le même niveau de données en fonction des catégories. Nous voulons qu’au niveau du club, il y ait une forme de “communauté” dans les processus et la façon dont nous pensons la prise de décision.
En termes de parties prenantes, je suis en relation avec les propriétaires, le président, les différents staffs techniques, les préparateurs physiques, les scientifiques du sport, le médical, etc. En fait, tout ce qui va toucher à la préparation des joueurs et à l’analyse du jeu.
Comment sont organisées les différentes parties prenantes, afin que l’ensemble du club parle la même langue ?
Nous avons un fonctionnement qui est très “à plat” dans les interactions entre les différentes parties prenantes. Cela inclut aussi le président qui est très présent sur la partie sportive. Il mène un peu la cadence et le rythme de tous nos projets fondamentaux.
Le fait qu’il soit “sponsor” de cette façon de travailler au quotidien, donne beaucoup de poids à ce projet club, à ses valeurs qui ne sont pas juste des mots ou des idées. Cela se concrétise vraiment de façon quotidienne.
Nous effectuons des points très réguliers avec toutes les parties prenantes sur ces projets, sur la façon de mettre en place ces processus, sur les informations que nous en tirons, la façon dont nous prenons les différentes décisions au quotidien. Le fait d’avoir ces échanges qui sont très réguliers, apporte beaucoup de poids et beaucoup de valeur justement à la mise en place de tout cela.
Finalement, c’est quelque chose qui en très peu de temps, est devenu culturel ?
C’est clairement le mot. Très tôt, cela a fait partie des questions et des projets : « Comment créer une nouvelle culture ? » Il faut aussi prendre en compte le contexte dans lequel le club a été racheté, la descente en L2, l’arrivée d’un fonds d’investissement américain avec les exemples précédents qui n’apportaient pas beaucoup de garantie dans l’inconscient collectif, la présentation d’un projet novateur en interne…
Même individuellement, pour les personnes qui étaient déjà au club et qui venaient de vivre la descente, se retrouver dans un projet où beaucoup de choses allaient changer a sûrement été générateur de questions et d’incertitudes supplémentaires.
Une des premières choses qui a été réalisée, ça a été de se dire : que faisons-nous pour changer cette culture ? Comment revenons-nous vers une culture de la gagne ? Une culture de progrès, une culture ou tout le monde a envie d’aller de l’avant et s’identifie à cette façon de faire ?
Cette approche est devenue culturelle, c’est le bon terme. Nous avançons dans le bon sens. Cela fait deux ans que le président Damien Comolli et la responsable stratégie, Selinay Gürgenç, ont lancé ces démarches, mais nous avons déjà vu énormément de progrès sur cet aspect. Il y a encore du travail pour arriver à maturité, mais je pense que c’est un cycle qui reste vivant quoi qu’il arrive.
Comment est structurée l’équipe dédiée aux données ?
Sur tout le processus, en partant de l’acquisition des données, jusqu’ à la prise de décision, au signal que nous sortons de la donnée, nous nous appuyons sur l’expertise de RedBird, qui a dans son portefeuille une société qui s’appelle Zelus Analytics.
Ils travaillent depuis des années dans le sport sur des marchés américains et sur le football depuis quelques années maintenant. Donc c’est vraiment une équipe. Nous sommes à peu près une douzaine de personnes. Tout le monde n’est pas à temps plein. Cela correspondrait, à peu près, à six ou sept équivalent temps plein dans cette structure.
“Acquérir la donnée et la rendre accessible avec de la valeur”
Tout part de l’ingénierie de la donnée. Créer des pipelines, des bases de données, des tables, etc. Acquérir la donnée et la rendre accessible avec de la valeur, pour que nous puissions ensuite la traiter. Ensuite, il y a toute la partie data science et puis, la partie terrain que je représente.
Je suis plus dans cette dernière partie du processus où nous allons vraiment être dans la notion de ressortir les éléments importants de la donnée, les traduire en termes football, en termes compréhensibles pour le staff. Amener cette valeur là sur la chaîne.
Nous allons ensuite reboucler avec l’amont du process, en se demandant comment l’améliorer. On en revient à notre cycle PDCA cher à Deming.
Comment avez-vous approché ce « mariage » entre l’identité toulousaine et plus largement, un club football, avec cette approche qui est finalement assez nouvelle dans ce domaine ?
C’est un des éléments qui a été discuté lors du travail sur la culture, qui a été extrêmement important. C’est un travail qui a beaucoup aidé sur cette notion d’appartenance au projet. C’est un projet où tous les salariés du club ont été réunis.
Des anciens joueurs, des personnes qui représentaient le club et qui le représentent encore aujourd’hui. Des personnes qui ont encore l’étiquette Téfécé, même si elles ne font plus partie du club, ont aussi été invitées. On a tous été réunis dans une pièce pendant un après midi. Par groupe, nous avons essayé de répondre à la question : qu’est-ce que l’identité du Téfécépour vous ?
De ce groupe de travail, ont émergé certaines valeurs, certaines pistes sur lesquelles nous continuons de travailler. Cela nous a permis de dégager des leviers d’action pour pousser toutes ces valeurs qui répondent à l’histoire du club.
“Nous avons essayé de répondre à la question : qu’est-ce que l’identité du Téfécé pour vous ?”
En même temps, cela nous permet de nous projeter sur les éléments sur lesquels nous appuyer, pour créer le club de demain. De là sont nés des valeurs communes, des projets structurants, une vision commune et partagée sur la façon dont on veut construire notre club.
Donc ça, c’est vraiment sur la partie culturelle. Sur la partie plus foot et modèle de jeu, nous avons questionné les données. Nous couvrons plus de 60 ligues. Sur certaines ligues, nous avons 10 à 12 ans d’historique de données.
Nous avons questionné les données en posant la question suivante : qu’est ce qui est efficace, dans le temps, pour avoir du succès dans le football professionnel aujourd’hui ? Quelles sont les variables sur lesquelles on ne peut pas négocier et sur lesquelles il faudra que nous soyons bons si nous voulons avoir du succès dans le long terme ?
Une fois que nous avons répondu à ces deux questions, nous nous sommes assis autour d’une table et nous nous sommes demandé : comment est-ce que nous allons marier tout cela ? La culture toulousaine, au-delà du club de foot, c’est une culture très terrienne. Il y a des notions de combat, d’être attaché à notre région, de défendre notre territoire comme on défend notre but.
“Nous avons questionné les données enposant la question suivante : qu’est ce qui est efficace, dans le temps, pour avoir du succès dans le football professionnel aujourd’hui ?”
Mais il y a aussi une idée aérienne avec l’industrie aéronautique et spatiale, qui est une industrie de pointe et qui instille une notion de performance et précision. Pour nous ça se traduit par cette volonté de jeu, de grandes envolées. Ce qui est intéressant c’est que ce sont des caractéristiques que l’on retrouve aussi dans le jeu du Stade Toulousain.
Donc, une fois que nous avons identifié tous ces points dans la culture, il s’agit de déterminer le modèle de jeu qui va permettre de répondre à cette culture, à l’attente de tout le peuple autour du Téfécé et qui permet de maximiser nos chances d’être performants dans ces variables qui peuvent nous permettre d’avoir du succès dans le temps. C’est comme cela que nous avons défini le modèle de jeu et donc ce vers quoi aller chez les pros et au centre de formation.
Même si un certain nombre de variables entrent en jeu (temporalité, finance, etc.), au cours du processus de recrutement d’un joueur, quel est le point de bascule où l’on se dit (que cela aboutisse ou non) : « stop, on décide » ?
C‘est intéressant parce que c’est multifactoriel et chaque cas est quasiment un cas unique.
C’est aussi pour éviter de s’éparpiller et de ne pas pouvoir identifier ce point de maturité qu’on a besoin de s’appuyer sur des processus disciplinés. Dès que nous considérons avoir suffisamment de feux verts (ou de feux rouges) par rapport à notre façon de travailler, nous allons globalement être en capacité à prendre la décision.
Ensuite il y a des éléments de contexte qui entrent en jeu. Est-ce que nous sommes proches de la fin de la fenêtre ? Est-ce que nous sommes tôt dans la fenêtre ? Quelles sont nos capacités financières à l’instant T, pour dire que nous allons vers tel ou tel joueur ? Ce qui est certain, c’est que nous sommes disciplinés. Nous avons identifié, par rapport aux données, le profil de joueur et le niveau de performance minimal que nous attendons et ça, nous n’y dérogerons pas.
“Dès que nous considérons avoir suffisamment de feux verts (ou de feux rouges) par rapport à notre façon de travailler, nous allons globalement être en capacité à prendre la décision.”
Si nous voulons avoir un club avec des processus data-driven, qui soient efficaces, c’est une discipline qui est fondamentale. Je ne peux pas me dire : « tiens, aujourd’hui la donnée nous donne un signal qui me conforte dans mes croyances, donc je la suis ». Puis le lendemain, si elle me dit quelque chose que je n’aime pas, ne pas l’écouter, parce qu’elle va à l’inverse de mes croyances. Sinon, autant ne pas le faire et ne pas investir dans cette approche.
Nous, nous croyons que les signaux que nous pouvons sortir de cette approche-là, sont suffisamment importants pour nous permettre d’avoir du succès à long terme. Donc si nous n’avons pas cette discipline, nous ne sommes pas cohérents avec nous-mêmes. Cela ne pourra donc pas fonctionner.
Comment minimiser vous l’influence des biais cognitifs sur votre processus de décision ?
Etant donné le fonctionnement de notre structure, avoir l’amont du processus (partie technique) qui soit physiquement fait ailleurs et décentralisé de la partie analyse/prise de décision quotidienne, c’est déjà une première sécurité. Le traitement initial de la donnée brute, la façon dont nous allons la structurer et la récupérer, est vierge de l’influence que pourrait avoir un ensemble de questions que nous nous poserons plus tard.
Nous ne rentrons pas dans le biais de : « je peux commencer à traiter ma donnée, pour répondre à la question, et par la même occasion, commencer à enlever des informations qui pourraient me pousser vers ce que je crois ou l’inverse ». C’est déjà une première sécurité.
“Si la décision ne repose pas sur les épaules d’une seule personne et qu’elle suit un processus défini et clair à chaque fois, cela nous permettra de limiter au maximum les biais”
Ensuite, le fait de mettre en place des processus auxquels nous nous astreignons, c’est une deuxième sécurité. Ce n’est pas moi qui dans mon coin, vais me poser une question, aller dans les données pour y répondre de manière définitive et prendre une décision en dix minutes. Cela n’arrive pas.
Nous savons que pour toutes les décisions, nous avons un process de travail. Nous posons la question en amont, nous travaillons sur la question, nous amenons les conclusions en petit comité (4 à 6 personnes), nous partageons ces conclusions et nous serons amenés à prendre la décision un peu plus tard. Cela permet de nous challenger les uns les autres et essayer d’éliminer au maximum les biais qui auraient pu rentrer dans ce processus.
Nous pensons que si la décision ne repose pas sur les épaules d’une seule personne et qu’elle suit un processus défini et clair à chaque fois, cela nous permettra de limiter au maximum les biais et d’avoir une décision plus robuste dans le temps.
Toutes les parties prenantes du club n’ont pas forcément besoin d’avoir le même niveau de compréhension des données et donc, le storytelling doit être personnalisé. Comment approchez-vous cet aspect avec le staff ou encore le management ?
Nous allons parler de façon théorique, parce que dans notre cas, nous avons la chance d’avoir un président qui a une forte culture foot. C’est un ancien entraîneur, ancien directeur sportif, etc. J’ai la chance de pouvoir lui parler comme si je parlais au staff. Je n’ai pas besoin de modifier fondamentalement ce côté storytelling. Ce serait peut-être plus le cas, si nous avions une présidence “plus classique”, avec quelqu’un qui est plus manager d’entreprise, etc.
En partant de cette logique et de manière théorique, au niveau du top management, le but est d’amener les informations de manière à expliquer pourquoi c’est intéressant de prendre telle ou telle décision pour la santé du club. Parce que ce sera le type de problématiques qu’il y a au niveau d’une présidence.
“Quand nous parlons au staff, il faut avoir la capacité d’expliquer pourquoi prendre telle ou telle décision va amener un bénéfice immédiat, dès le samedi sur le terrain”
Si le top management prend une décision, il faut que le club s’y retrouve financièrement à termes. Il faut garantir une position du club en L1, il ne faut pas que l’on descende, etc. Donc nous sommes vraiment sur une dimension stratégique.
Quand nous parlons au staff, il faut avoir la capacité d’expliquer pourquoi prendre telle ou telle décision va amener un bénéfice immédiat, dès le samedi sur le terrain. Donc forcément, même si nous parlons de la même prise de décision, l’approche doit être fondamentalement différente. Nous devons faire passer un message qui correspond à l’audience qui nous écoute ou avec laquelle nous sommes en train d’échanger.
Quelle approche avez-vous adopté avec les joueurs ?
Les joueurs sont au courant de la façon dont nous pensons et dont nous travaillons, dans la globalité en tout cas. Cela étant, on est sur une approche individualisée. En termes de processus, nous ne fermons la porte à rien.
Si à un moment donné nous avons un besoin et que nous pensons que c’est pertinent d’aller voir un joueur en parlant de données pour lui apporter quelque chose en plus, nous le ferons. Si c’est par la vidéo, nous le ferons de cette manière. Si c’est par un mélange des deux, nous ne nous nous l’interdisons pas non plus. Il n’y a pas de barrière. Ce que nous allons rechercher, c’est mettre les joueurs dans les meilleures conditions pour qu’ils performent.
Nous avons des joueurs qui sont en demande et d’autres qui le sont moins. Il y en a qui s’y intéressent, d’autres moins. C’est quelque chose que nous respectons et donc nous ne forçons pas. Il n’y a pas d’obligation. Cependant, il m’est arrivé d’aller voir un entraîneur adjoint, un joueur seul ou avec l’un des adjoints. En tout cas, c’est toujours fait en accord avec le staff.
“Ce que nous allons rechercher, c’est mettre les joueurs dans les meilleures conditions pour qu’ils performent.”
Je ne vais pas voir un joueur pour lui donner telle ou telle information sans avoir validé le besoin et la façon dont nous allons le faire, avec le staff. Il faut aussi que la communication soit transparente auprès de toutes les parties prenantes. Je peux voir des joueurs en disant : “Voilà, on a identifié ça dans ton jeu. Si tu varies un peu plus, si tu fais telle course, tel appel ou telle passe un peu plus souvent, tu peux favoriser la probabilité qu’a l’équipe de marquer dans cette situation”.
Néanmoins, ce n’est pas systémique, dans le sens ou vraiment, nous n’allons pas le forcer. C’est plus répondre à une question ou une problématique à l’instant T. De façon générale, tout le monde, les joueurs y compris, savent comment nous travaillons. Ils savent que la donnée est importante pour nous, que ça fait partie de nos processus et que nous nous appuyons dessus.
Comment générez-vous des hypothèses à tester ?
Nous utilisons une fiche de processus qui nous dit : “j’ai telle problématique. Voilà la question à laquelle j’aimerais répondre. Voilà ce que ça peut apporter”. Ensuite nous itérons sur cette base-là, en regardant les données.
Avons-nous besoin de recréer une table ? Avons-nous besoin de traiter la donnée différemment ? Pouvons-nous y répondre avec la structure des données actuelles ? Si nous pouvons y répondre, comment voulons-nous y répondre ?
Nous suivons le processus jusqu’à avoir une conclusion. Cela veut dire que cette conclusion a été testée, qu’elle est suffisamment mature pour être présentée aux décideurs. C’est un processus qui est ancré, qui implique plusieurs personnes, que ce soit sur la partie technique ou dans l’analyse, avec plus ou moins de sensibilité foot, pour avoir aussi la capacité de se challenger les uns, les autres.
Cela peut aussi m’arriver d’être dans mes pensées, d’avoir telle question, de me plonger un peu dans les données et en quelques lignes de code, sortir quelque chose. Mais c’est plus pour prendre la température et voir si on peut répondre à ce type de questions avec les données que nous avons à l’instant T et la façon dont elles sont structurées. A partir de là on lance le processus qui est définit avec mes collègues aux États-Unis.
Il existe un aspect assez complexe dans le recrutement, c’est évaluer ce qu’un joueur venant d’un championnat donné  réaliserait dans un autre championnat. Comment approchez-vous cet aspect ?
C’est effectivement une question que nous nous posons et à laquelle nous essayons de répondre via nos algorithmes. C’est ce que nous appelons la translation. C’est à dire : comment tel niveau de performance dans telle ligue, se traduit dans une autre ligue. Aujourd’hui, aller lire une feuille de stats sur les sites publics, comme Wyscout par exemple, c’est à la portée de tout le monde. La valeur ajoutée vient de la capacité à travailler dans une logique plus scientifique de prédiction.
Il n’y a pas de recette magique. Nous utilisons des méthodes et des approches qu’on retrouve aujourd’hui dans le domaine médical ou en météorologie par exemple. Ils utilisent les données qui ont été collectées dans le temps, pour construire des modèles prédictifs et avoir la capacité de déterminer le risque que telle maladie devienne pandémique dans les six mois. Actuellement, il y a du soleil, mais quelle est la probabilité qu’il pleuve dans l’heure ? Ce sont les mêmes logiques de réflexion.
Donc nous avons ces algorithmes de translation,qui nous permettent d’émettre l’hypothèse que tel joueur, venant de tel championnat, devrait performer à tel niveau en L2 ou en L1, dans l’année ou les 2 ans qui viennent. Cela fait partie de nos algorithmes et des questions auxquelles nous cherchons à répondre.
Justement, avec le temps et la démocratisation de l’accès à des données de plus en plus pertinentes, pensez-vous qu’il sera plus difficile de « profiter » d’éventuelles inefficiences du marché?
Je vais avoir du mal à répondre parce que cela présumerait que je sais exactement ce que tous les autres clubs sont en train de faire. Et ça, je ne sais pas. En tout cas, l’ordre des choses voudrait que tous les clubs soient au moins engagés dans ce type de démarche.
Ce n’est qu’un humble avis, mais je pense que c’est un outil qui est puissant lorsqu’il est bien utilisé. Ce que je peux aussi dire, c’est qu’au club, si je considère tout ce qui a été développé pour en arriver là où nous en sommes aujourd’hui, en termes d’équivalent temps plein, cela correspondrait à 20 à 30 ans de développement pour une personne seule.
Il y a donc un gros travail à faire pour avoir la maturité des algorithmes et arriver à commencer à répondre à des questions un petit peu plus fines que celles auxquelles on essayait de répondre il y a quatre ou cinq ans. Si des clubs sont déjà engagés dans la démarche, oui, ils rattraperont de toute façon ce retard-là, si on estime qu’il y a une forme de retard.
“L’ordre des choses voudrait que tous les clubs soient au moins engagés dans ce type de démarche.”
Maintenant, il faut aussi voir les choses de manière un peu plus globale. Aujourd’hui, nous avons peut-être un petit avantage concurrentiel sur le marché français, mais il ne faut pas oublier que des clubs anglo-saxons ou à culture anglo-saxonne de manière générale, sont aussi très avancés. Certains, peut-être même plus que nous sur ce type de projet. Déjà sur le marché, nous nous rendons compte que quand nous essayons d’aller sur certains joueurs, nous retrouvons très souvent les mêmes clubs, qui identifient les joueurs d’une façon similaire à la nôtre .
Donc cette concurrence elle existe déjà, surtout au-delà des frontières françaises. Maintenant, je pense qu’il y a aussi des clubs qui font un bon travail, même si ce n’est pas exactement la même approche que la nôtre. Il y a des clubs français qui ont compris qu’ils pouvaient tirer un bénéfice de la donnée et qui travaille très bien à leur façon dessus.
Donc la logique des choses fait que normalement, d’ici 4 à 5 ans, si nous restons immobiles, nous serons rattrapés. C’est donc tout notre enjeu, continuer à évoluer vers d’autres choses, continuer à démarrer de nouveaux projets, travailler sur d’autres problématiques, pour conserver cet avantage-là ou en développer d’autres, qui feront la différence demain.
En nous projetant un peu, à quoi ressemblerait le Téfécé, dans 5 ans justement ?
L’objectif annoncé par le président, et par RedBird lorsqu’ils ont acquis le club, c’était de remettre le club à sa place, en considérant que Toulouse est la quatrième métropole française. Même si historiquement, Toulouse n’est pas un bastion très fort du foot français en termes de palmarès, l’objectif est d’être dans la première moitié de tableau en Ligue 1.
C’est ce à quoi nous aspirons. Est-ce que nous réussirons ? Il n’y a que l’avenir qui pourra nous le dire. En tout cas, cela fait partie de nos objectifs et c’est ce à quoi nous travaillons.

ASSEMBLEE GENERALE LE 28 NOVEMBRE AU DISTRICT 92

PHILIPPE BRETAUD sera notre invité, enfin celui du District 92 avec qui nous menons une action commune bien orchestré par Charles MORISSEAU.

VENEZ NOMBREUX  » SAVE THE DATE ». 28 NOVEMBRE AU DISTRICT 92

Philippe BRETAUD a rejoint la DTN à l’été 2006 après avoir été en charge des U18 nationaux et de l’équipe de CFA2 de la Berrichonne de Châteauroux (2001-2006), mais aussi préparateur physique du groupe professionnel castelroussin en Ligue 2.

Entraîneur national, il a mis ses qualités de formateur pendant quatorze années au service du Pôle France Féminin (2006-2010) puis de l’INF, à Clairefontaine (2010-2020).

De retour avec les filles, installé à l’INSEP Paris depuis 2015, il a ramené le Pôle France Féminin à Clairefontaine pour continuer le plan de développement vers la préformation. Aujourd’hui l partage avec passion son expérience aux cadres techniques sur des missions nationales et internationales. »

Les places étant limitées, merci de bien vouloir cliquer sur le lien afin de vous inscrire : https://forms.gle/Xg2aJ5Zm1gH2rQ9S7

RACING CLUB DE FRANCE FOOT A COLOMBES UN CLUB AVEC UN ENTRAINEUR MANAGER A SA TETE

Voici un article de celui qui est le coach de l’équipe des HAuts-de-seine qui évolue au plus haut niveau chez les garçons, le portrait de GUILLAUME NORBERT a été réalisé par Clément MAILLARD 13heuresfoot.fr / Twitter @MaillardOZD

Guillaume Norbert, le chef de chantiers

L’ancien joueur pro de Nantes, Angers et Lorient, a rejoint son père-président au Racing-club de France en 2019, qu’il a fait grimper de N3 en N2. Chef d’entreprise à la vie dans le secteur du bâtiment, il revient sur ses nombreuses expériences et explique comment il gère sa double-casquette.

A 42 ans, Guillaume Norbert a déjà vécu plusieurs carrières. Aujourd’hui, l’homme, passé par Champigny, PSG, Créteil et Arsenal chez les jeunes, et aussi Angers, Lorient, Nantes ou encore Créteil et Le Havre chez les pros, a remisé les crampons. Et porte une double-casquette : celle de chef d’entreprise dans le BTP (bâtiment et travaux publics) et de coach à succès, au Racing, en National 2 (le club est monté cette année et a repris sa place de leader samedi en battant Rennes B 5-1). Bienvenue dans la vie de Guillaume Norbert, vécue à 10 000 à l’heure !

Photo AlternisPic

Ah ça, il aurait presque un prénom et un nom à jouer dans OSS 117, Guillaume Norbert. Aux côtés des Noël Flantier, Armand Lesignac ou autres Raymond Pelletier, le patron du Racing ne dépareillerait pas.

Dans la réalité, bien loin du cadre de la fiction, le quotidien de l’ancien milieu de terrain de Nantes ou d’Angers n’en est d’ailleurs pas moins rempli et déroutant que la vie d’un espion français du siècle dernier.

Coach le matin, patron d’entreprise le soir, l’agent spécial Norbert n’a pas le temps de s’embêter. A la tête d’une boîte de dix personnes dans le BTP jusqu’à parfois tard le soir, dirigeant ses troupes de Colombes pendant les entraînements le matin et le week-end, le natif de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine, n’est pourtant pas du genre à se plaindre.
Au téléphone, sur les coups de 20 heures, l’ancien milieu de terrain nous demande d’ailleurs s’il peut rappeler quelques minutes après, le temps de prévenir sa femme qu’il rentrera plus tard. Une question à son l’image de l’être humain qu’il est, disponible pour évoquer sa carrière pendant trois quarts d’heure au bout d’une journée à rallonge.

« Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup »

Photo : Rayane Jandau

Guillaume, le foot pour vous, on a l’impression que c’est d’abord très lié à l’Île-de-France et à votre papa…
C’est là où j’ai grandi, où j’ai appris à jouer au foot. Mon premier entraîneur, c’était mon père, avec qui d’ailleurs on a fait un beau parcours en Coupe de France en poussins, avec Champigny-sur-Marne, l’ancêtre du Red Star, le RSCC ! On avait passé plusieurs tours départementaux, le tour régional, et on avait représenté la région au tournoi national, avec les huit meilleures équipes de France. Avec notre petit club de Champigny et mon père à la tête, et mon adjoint d’aujourd’hui au Racing, Serge, qui faisait partie de l’équipe, on avait joué en lever de rideau de la finale de la Coupe, Marseille-Monaco, au Parc des Princes. On est un enfant, à dix ans, jouer là-bas, c’est inoubliable. Et c’est d’ailleurs comme ça que ça a un peu commencé pour moi.

Vous êtes repéré à ce moment-là par le PSG… Une autre étape parisienne avant le Racing aujourd’hui ! L’identification à l’Île-de-France, c’est un des fils rouges de votre carrière, avec votre père ?
Le PSG est en tribunes, et me repère. Ils m’ont suivi pendant un an à Champigny, et m’ont fait venir à 13 ans, et je suis resté quatre ans au PSG. Je suis attaché à ma région, c’est là où j’ai grandi, où j’ai vécu mes premières sensations. Après ma carrière, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, sans chercher à revenir dans la région en revanche. Je suis parti en Suisse entraîner avec Marco Simone à Lausanne, en cours de saison. L’équipe était dernière décrochée, à 10 points de l’équipe devant. On a fait plutôt du bon travail, on a recollé, mais sans réussir à maintenir le club. Marco voulait nous prolonger, le staff, mais ne l’a pas obtenu. A ce moment-là, j’étais dans une situation personnelle où j’étais séparé de mon ex-femme depuis 2 ans, et je me suis dit que j’allais me stabiliser pour mon fils, sans qu’il ne soit délocalisé tous les six mois. Je suis revenu en région parisienne, en travaillant dans ma société dans le bâtiment. D’ailleurs, là je suis toujours au bureau ! Ensuite le projet du Racing s’est présenté avec mon père, et le foot m’a rattrapé.

Vous avez la particularité d’avoir coupé du foot et du métier de coach pendant cinq ans, et d’avoir aujourd’hui cette double-casquette de chef d’entreprise et entraîneur ! Ca fait des grosses journées !
C’est sûr que ça fait des journées bien remplies (rires) ! Après, c’est une histoire d’amitié. J’ai un ami qui est dans le bâtiment depuis longtemps, et en faisant construire au Havre, pour les finitions, il m’avait aidé. En blaguant, on s’était dit que quand j’arrêterai on monterait peut-être une société ensemble. Finalement, on l’a fait ! Au début, c’était juste lui et moi, et puis la société s’est développée.

« Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec mon père »

Comment menez-vous vos deux métiers de front, coach le matin, patron le soir ?
Je le vis très bien, car ce sont avant tout des aventures humaines. La société, comme je l’ai dit, c’est avec un ami, on a monté ça, on est parti de rien, on s’est fait une place là où on se trouve, c’est une belle histoire. Et le football, je vis ça avec mon père, il m’a donné sa passion du football, a été mon premier entraîneur, il m’a formé jusqu’à mes 11 ans à Champigny, c’est le moment où on se fait son bagage technique, même si d’autres choses se développent ensuite. Et aujourd’hui on se retrouve dans cette aventure au Racing. Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec lui.

En plus, pas à un petit niveau, en N3 puis en N2 cette saison : est-ce que bosser tous les jours avec son paternel se passe bien ? Il paraît qu’il est très impliqué !
Chacun connaît son rôle, et ça se passe très bien ! C’est le président, je suis l’entraîneur. Forcément on échange, car il a une très bonne connaissance du jeu. A la fin, j’ai des choix à faire et il les a toujours respectés. Les choses se passent très bien. On a aussi la chance d’avoir des résultats, même si le Covid a stoppé des saisons depuis mon arrivée en 2019, donc ça aide ! C’est une belle aventure humaine. Et pas seulement avec lui, avec Serge (Gnonsoro) également, mon adjoint, un ami d’enfance, le staff et les joueurs, qui représentent un groupe qu’on a créé y’a deux ans. Cette saison, à 90% en National 2, c’est le même groupe que l’an passé en National 3. On a créé un lien avec eux, ils ont créé un lien entre eux, on sent une vraie cohésion. On est invaincus, avec six victoires et deux nuls.

« Retrouver le monde professionnel »

Le Racing, c’est un club historique, aux racines franciliennes. C’est drôle que vous reveniez coacher une telle entité après une telle pause. Quel est votre regard sur le RCF ?
C’est un club magnifique, avec une histoire, qui a gagné plusieurs Coupes de France, qui a été au plus haut niveau en France. C’est un club qui n’est pas à sa place aujourd’hui. Les installations étaient un peu vétustes, elles vont être mises à niveau, tout est réuni pour ramener le club là où il devrait être. Un club comme le Racing, dans une région comme la région parisienne, plus gros pourvoyeur de joueurs professionnels, juste derrière la région de Sao Polo au Brésil – j’avais lu une étude sur ça -, ça montre l’importance. Tout est réuni. Quand on parle aux gens, on sent une nostalgie, une attente de retrouver le monde professionnel. C’est notre objectif. Même si on sait que c’est ambitieux, que ce sera difficile, il faudra du temps. En tout cas on a envie de mettre toute notre énergie dans ce projet.

C’est le projet qui vous a convaincu ?
Mon père a repris le club et m’a demandé si je pouvais lui filer un coup de main comme manager général. J’étais parti de chez moi à 16 ans, j’étais à un moment de ma vie où j’avais décroché du foot, avec une stabilité, mes week-ends, mon entreprise, et je lui ai dit « ok, mais je ne serai pas là tous les week-ends ». Et puis bon, de fil en aiguille, les choses se sont faites. Un coach est parti, un autre est arrivé, je lui ai filé un coup de main en tant qu’adjoint, puis quand il n’a pas été confirmé, je me suis dit, allez, on va tenter l’aventure. Dans ma position, je passais autant de temps qu’un entraîneur, j’avais déjà coaché, j’avais les diplômes, donc autant le faire à fond.

Ca fait suite à une « première » expérience d’entraîneur chez les jeunes à Honfleur et avec Marco Simone donc !
C’était avec mon fils, vraiment chez les débutants quoi. Mais j’ai adoré, et puis je l’ai aussi entraîné au Plessis-Robinson. Ce que j’avais vécu avec mon père, j’ai eu envie de le transmettre à mon fils. Marco (Simone), c’est quelqu’un avec qui je m’entends très bien, on a passé nos diplômes ensemble. C’est un très bon entraîneur, mais il est arrivé à chaque fois en cours de saison, sans pouvoir faire son recrutement, préparer son équipe, sauf sa dernière saison à Châteauroux. Si on regarde son parcours, à chaque fois c’était difficile de mettre les choses en place.

« Arsène Wenger, un très grand entraîneur, humble bienveillant »

Vous êtes aujourd’hui entraîneur principal du Racing, après une formation avec un autre coach connu, Arsène Wenger, à Arsenal, où vous êtes parti à 16 ans tout seul. C’était comment ?
C’était une expérience de vie. J’ai signé mon premier contrat pro là-bas. Les deux premières années, j’étais stagiaire en fait. Le principe est différent de la France, je ne sais pas comment ça se passe aujourd’hui entre la France mais en Angleterre, à l’époque, tous les jeunes joueurs étaient logés à deux dans des familles, il n’y avait pas de centre de formation. Je suis tombé dans une famille anglo-italienne, avec des racines latines, donc ça tombait bien ! C’était une formidable expérience, j’ai appris l’anglais, c’est le moment où on devient un peu homme, du moins ou on croit devenir un homme, avec les premières sorties, tout ça. Puis il y avait le foot, dans un grand club, avec pratiquement que des internationaux, anglais, français, néerlandais, qui font le doublé FA Cup-Premier League. Overmars, Bergkamp, Ray Parlour, Ljungberg… J’avais 16 ans, je découvrais ça, c’était une super expérience. Et puis il y avait ce très grand entraîneur, Arsène Wenger, qui avait déjà gagné beaucoup de choses, très humble, très bienveillant. Après j’ai pris la décision de revenir en France, parce que je pensais que ce serait plus facile de démarrer pleinement ma carrière que dans un des plus grands clubs d’Angleterre.

C’est là que démarre l’autre fil rouge de votre carrière, les clubs de l’Ouest de la France, Lorient, Angers avec votre père qui y est président, puis Nantes et malheureusement les blessures… Comment voyez-vous votre carrière aujourd’hui ?
J’en garde un très bon souvenir, bien sûr. J’ai eu pas mal de blessures, j’en garde de la frustration, car il faut de la continuité, et j’ai eu des coups d’arrêt à chaque fois. Pour en revenir à ces clubs-là, à Lorient j’arrive en Ligue 1, l’année où je signe est particulière, on gagne la Coupe de France, on fait finale de la Coupe de la Ligue, mais on se retrouve relégués en Ligue 2. Et puis je pars en prêt à Créteil, je reviens quand Christian Gourcuff revient. Premier entraînement, je me blesse au genou pour trois mois… En fin de contrat l’été suivant, je pars à Angers où mon père était président depuis un an et demi, il me disait que c’était bien de le rejoindre (rires) ! Vous voyez, on est très famille, donc j’ai rejoint l’aventure. Mon frère jouait aussi, il avait fini meilleur buteur de Ligue 2 à 19 ans avec Angers. Je fais six mois là-bas.

FC Nantes Museum

Et vous partez à Nantes, autre filière du beau jeu, comme Lorient avec Gourcuff père.
Nantes, qui me suivait depuis mon passage à Lorient, fait une offre au SCO au mercato d’hiver. Il y avait un lien avec Lorient, des connexions dans les mouvements. Ils me font signer à un moment où je m’étais encore blessé (entorse au genou), j’étais sur le retour mais ils m’ont quand même pris car il ne me restait que trois semaines de convalescence. Je reprends à Auxerre, à l’extérieur, milieu droit, et le match suivant, à La Beaujoire contre le Lyon de l’époque, je joue latéral droit. On fait 2-2, je suis élu homme du match, avec une passe décisive et en étant impliqué sur le premier but. Et le mardi suivant à l’entraînement, sur un geste anodin, je me blesse au ménisque. Il y a eu des complications, qui m’ont tenu éloigné des terrains pendant plus d’un an. Ce sont des frustrations; à chaque fois il a fallu revenir. J’ai réussi, je reprends comme titulaire contre Marseille, un de mes plus beaux souvenirs, sinon le plus beau. Car quand j’étais arrêté, on m’avait dit que je devrais peut-être arrêter ma carrière. J’ai voulu avoir un second avis et je suis allé à la Pitié Salpêtrière, où on m’a opéré à nouveau. Finalement, ça s’est bien passé, et j’ai pu renouer avec le foot. Je marque le but de la victoire contre l’OM ! Une vraie libération.

« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort »

Il y a finalement plusieurs fils rouges dans votre carrière, votre père, les blessures, l’Île-de-France, l’Ouest du pays, les amis… Comme une gigantesque toile entremêlée.
Il y a une phrase un peu bateau, « Ce qui ne tue pas te rend plus fort », mais c’est vrai. J’ai su trouver des forces intérieures pour repartir. J’ai repris, je fais six bons mois avec Nantes, je suis prolongé deux saisons supplémentaires. On descend, et je décide alors d’aller au Havre, avec Jean-Marc Nobilo, qui était l’entraîneur adjoint quand je jouais à Angers. Je pense que partout où je suis passé, j’ai laissé une bonne image, en tant que personne et comme joueur, les gens m’appréciaient en général.

Tout ça vous sert maintenant en tant que coach ?
Encore une fois, dans une vie, toutes ces expériences servent, forgent une personnalité, une sensibilité, une personne. Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup; pour mettre en place mes séances, j’essaie de me souvenir de ce qui me semblait utile, de ce qui me faisait progresser, de ce que j’aimais faire, j’essaie d’avoir un discours que j’aurais aimé que certains entraîneurs aient avec moi, et que d’autres ont eu avec moi quand j’étais joueur. Je me sers de tout ça quoi.

Quel bilan faites-vous de votre carrière de joueur ? Que pense Guillaume Norbert de sa carrière ?
J’ai pu vivre ce qui était mon rêve d’enfant depuis tout petit, devenir footballeur professionnel, pouvoir vivre de ça. J’ai eu la chance de jouer au plus haut niveau professionnel en France, d’avoir une expérience à l’étranger, de partir à seize ans dans un des plus grands clubs d’Angleterre. J’ai vécu des expériences que peu de personnes ont la chance de connaître. Rien que pour ça je me sens privilégié. Après, voilà, il y a cette petite frustration, je dis petite car ça fait partie des qualités d’un joueur de ne pas se blesser, malheureusement, j’ai eu beaucoup de blessures, mais dans l’ensemble, voilà, j’ai signé mon premier contrat pro à 17-18 ans, j’ai arrêté à 30 ans, donc j’ai fait presque 12 ans en professionnel, c’est quand même… C’est un privilège, et je le ressens comme ça. Je suis très reconnaissant de tout ça.

Guillaume Norbert, du tac au tac – le joueur

Meilleur souvenir sportif ?
Je dirais le but que je marque contre l’OM (victoire 2-1 en 2006) à la Beaujoire. Je mets le but de la victoire. J’ai ressenti ce moment comme une libération car cela faisait suite à une longue blessure où la question s’est même posée de savoir si je n’allais pas devoir arrêter ma carrière.

Pire souvenir sportif ?
Ma blessure au genou qui m’a tenu à l’écart des terrains pendant plus d’un an.
L’équipe dans laquelle vous avez pris le plus plaisir à jouer ?
J’ai pris du plaisir dans chacun de mes clubs mais si je devais ressortir un trio je dirais Lorient, Angers et Nantes.

Le stade où vous avez préféré jouer ?
Pour un enfant qui grandit en région parisienne, jouer au parc des Princes a forcément une saveur particulière. La Beaujoire est également un stade avec une belle ambiance. Le Vélodrome n’est pas mal non plus…

Le coéquipier qui vous a le plus impressionné ?
Jean-Claude Darcheville. Quand je suis arrivé à Lorient, je rentrais d’Angleterre et je ne connaissais pas bien les joueurs du championnat français. La première fois que je l’ai vu, il portait un survêtement assez large et il semblait en surpoids. Dès le premier entraînement j’ai tout de suite constaté que ce n’était pas du tout le cas, c’était juste sa morphologie, il allait à 2000… C’est ce contraste qui m’a marqué.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Imed Mhadhbi. On jouait ensemble à Nantes. On s’est revu en Tunisie après nos carrières puis la vie a fait que l’on s’est perdu de vue. Mais c’est un super mec et ça me ferait plaisir de le revoir.

Un coach marquant ?
Arsène Wenger, pour la sérénité qu’il dégage et sa bienveillance.

Une anecdote de vestiaire que vous ne pouvez presque pas raconter mais que vous allez raconter quand même…
Je vais garder ça pour moi. Il y a des choses qui ne doivent pas sortir des vestiaires !

Guillaume Norbert, du tac au tac – Le coach

Meilleur souvenir sportif ?
Notre montée avec le Racing en National 2.

Pire souvenir sportif ?
La descente avec Lausanne alors que j’étais l’adjoint de Marco Simone.

La musique, une autre passion ! Photo DR

Le match où vous avez pris le plus de plaisir à entraîner ?
La saison dernière contre le PSG en National 3. Tout était parfait ce jour-là, le public était au rendez-vous, les enfants du club étaient venus nombreux et l’équipe a fait un très bon match avec une victoire sur le score de 5-0. Une belle soirée.

Un moment marquant avec un de vos vestiaires ou joueurs ?
Les chants des joueurs après une victoire. C’est un moment où l’on retombe en enfance et qui fait écho aux premières émotions.

Le club que vous rêveriez d’entraîner ?
Le Racing, en Ligue 1 !

Meilleur joueur entraîné ?
Pascal Feindouno.

Votre philosophie de jeu ?
Un jeu basé sur la technique, le mouvement et la générosité.

Vos passions en dehors du foot ?
La musique.

LE ROLE DE DIRECTEUR TECHNIQUE DANS LE CLUB

Cette interview vient de la production NOSOTROS d’Alilou ISSA.

« Le rôle de directeur sportif est une fonction essentielle, qui dépasse largement la cadre du terrain. Au cœur du club, le directeur sportif est le trait d’union avec la direction, le conseil d’administration ou le propriétaire. Le directeur sportif a un vaste champ d’action sur toute la dimension sportive.

De la philosophie de jeu, en passant par la méthodologie d’entraînement et le recrutement des joueurs. Vous êtes la personne à la tête de tout le sportif, à l’image de l’entraîneur qui est à la tête de son équipe. Le directeur sportif est en charge de la politique sportive du club et à ce titre il doit rendre des comptes au conseil d’administration ou au propriétaire du club. »

Passé par l’Espanyol de Barcelone, Tottenham, le FC Barcelone et actuellement à Getafe, Ramon Planes nous propose sa vision du rôle de directeur sportif.

Comment définiriez-vous la fonction de directeur sportif au sein d’un club ? 

Le rôle de directeur sportif est une fonction essentielle, qui dépasse largement la cadre du terrain. Au cœur du club, le directeur sportif est le trait d’union avec la direction, le conseil d’administration ou le propriétaire. Le directeur sportif a un vaste champ d’action sur toute la dimension sportive. De la philosophie de jeu, en passant par la méthodologie d’entraînement et le recrutement des joueurs. Vous êtes la personne à la tête de tout le sportif, à l’image de l’entraîneur qui est à la tête de son équipe. Le directeur sportif est en charge de la politique sportive du club et à ce titre il doit rendre des comptes au conseil d’administration ou au propriétaire du club.

Comment vivez-vous votre fonction de directeur sportif dans un club comme Getafe CF, club voisin des géants que sont le Real Madrid CF et le l’Atlético Madrid, ou encore le Rayo Vallecano qui est très performant dans la formation des jeunes ?

Le fait que le club de Getafe CF soit à Madrid, qui est une place forte du football en Espagne et en Europe, constitue un avantage plutôt qu’un inconvénient. A l’image de ce qui se passe à Londres où des clubs comme West Ham United FC, Crystal Palace FC ou Fulham FC réalisent de grandes choses dans l’ombre des 3 grands clubs que sont Chelsea FC, Arsenal FC et Tottenham Hotspurs, Madrid est une grande ville et représente un pôle d’attraction pour les joueurs qu’ils soient espagnols ou étrangers. Getafe CF, avec sa philosophie et une longue tradition, est un club très stable. Le propriétaire est le même depuis plus de 20 ans, nous pouvons donc offrir un gage de solidité et de sérieux aux joueurs qui ne sont pas retenus au Real Madrid CF ou au Club Atlético Madrid. Le Getafe CF ne subit pas sa présence dans la région de Madrid, au contraire il profite des opportunités qu’offre un environnement très concurrentiel.

Le Getafe CF dispose de moins de ressources économiques que ses célèbres voisins. Comment le club organise-t-il son travail, cible-t-il prioritairement le recrutement de joueurs, la formalisation d’une philosophie ou la formation de jeunes joueurs ?

Getafe CF est un club qui, historiquement, a toujours « sorti » beaucoup de joueurs issus de notre académie ou en provenance des académies du Real Madrid CF ou du Club Atlético Madrid à la recherche d’une seconde chance. Traditionnellement, beaucoup de joueurs en provenance de la Castilla (académie du Real Madrid) ont réussi avec l’équipe première de Getafe, avant de partir vers de grands clubs. Je pense que le club est un tremplin parfait, parce que si les joueurs font de bonnes choses, notre histoire montre qu’ils auront des opportunités pour rejoindre des équipes de haut niveau. Getafe CF joue ce rôle qui colle parfaitement à sa philosophie, mais il y a aussi un gros travail de formation des jeunes. Je dirais que Getafe est un club idéal pour les joueurs prometteurs qui ont besoin d’un palier intermédiaire avant de réussir dans un grand club. Les joueurs choisissent souvent Getafe comme une destination pour continuer à grandir

“Getafe est un club idéal pour les joueurs prometteurs qui ont besoin d’un palier intermédiaire avant de réussir dans un grand club.”

Comment définiriez-vous les différences entre le Rayo Vallecano et Getafe CF, deux clubs de Madrid qui naviguent un peu dans les mêmes eaux de la Liga Santander ?

Ce sont deux clubs très différents et que je connais bien, puisque j’ai eu la chance de travailler au sein de ces deux institutions. Le Rayo Vallecano est un club profondément ancré dans le quartier populaire et ouvrier de Vallecas, avec une philosophie de jeu et plus généralement une vision très particulière des choses. La passion des supporters se diffuse au quotidien dans la philosophie du club, mais le Rayo Vallecano est historiquement un très bon club de jeunes qui approvisionnent largement les gros clubs de Madrid et d’Espagne.

“Le Getafe CF ne subit pas sa présence dans la région de Madrid, au contraire il profite des opportunités qu’offre un environnement très concurrentiel.”

Le club de Getafe CF se situe dans la ville du même nom, à une dizaine de kilomètres de Madrid. Le profil du supporter est différent, issu d’un environnement plus tranquille où la vie quotidienne est, disons, moins mouvementée. En réalité, les supporters sont le reflet de ce qu’est le club. C’est un club très stable et la longévité du propriétaire du club, investi au quotidien depuis plus de 20 ans, est un symbole fort. Historiquement, Getafe et le Rayo sont des clubs très importants de Madrid. Il suffit de regarder leur nombre de saison vécues dans l’élite espagnole. Ces deux clubs semblent similaires de prime abord, mais leurs philosophies de jeu et le profil des supporters sont très différents.

Au regard de votre expérience du football professionnel, la stabilité du club semble jouer un rôle prépondérant dans votre travail quotidien. Comment planifiez-vous votre travail au regard de ces éléments ?

Il est fondamental de planifier son travail, surtout dans le football, où vu de l’extérieur, la seule chose importante est de gagner le prochain match. Dans le football, il est facile de tomber dans le piège du court terme pour se concentrer exclusivement sur le quotidien, d’autant que dans football notre quotidien est une folie. Vous arrivez au club à 8 heures et vous partez à 20 heures et dans ce laps de temps, vous êtes confronté à une quantité incroyable de situations, dont la plupart sont inattendues.

Qu’il s’agisse d’un problème avec un joueur, avec un agent, avec l’entraîneur des professionnels, d’un entraineur chez les jeunes ou de la cellule de recrutement. Autant de choses qui font la beauté du football, mais au bout du compte, c’est un danger car cela peut vous amener à mettre toute votre énergie uniquement sur le quotidien et la gestion des urgences.

“Dans le football, il est facile de tomber dans le piège du court terme pour se concentrer exclusivement sur le quotidien, d’autant que dans football notre quotidien est une folie.”

Je pense que les grands clubs, ceux qui sont réguliers au plus haut niveau, sont les clubs qui respectent une planification et suivent une stratégie à moyen et long terme. Nous savons tous que l’important dans le football est de gagner chaque week-end, mais ce qui fait la différence, c’est de veiller à ce que les gens du club ne perdent pas de vue une stratégie clairement définie. Les clubs performants, sont ceux qui ont une idée très claire dans la manière d’atteindre leurs objectifs, basée sur la planification à laquelle ils se raccrochent dans les moments difficiles. Sans planification, il est impossible d’atteindre les objectifs.

Comment partagez-vous votre vision, au quotidien, avec l’entraineur de l’équipe première ?

Je pense que l’entraîneur est un élément très important du club, puisque l’entraîneur de votre équipe première symbolise beaucoup de choses. D’une certaine manière il représente ce que les supporters attendent le week-end. Il est fondamental que l’entraineur soit sur la même longueur d’onde que le directeur sportif, qu’il comprenne sa philosophie et celle du club. L’entraîneur est un élément fondamental dans la réussite du club, mais elle s’associe au travail de planification et d’organisation de la direction sportive. D’une manière générale, le club réussit quand tous ces éléments sont associés et que l’entraineur est compatible au modèle proposé par le club.

“Savoir choisir un coach est une compétence incontournable pour un directeur sportif, bien qu’on ne lui accorde pas l’importance qu’elle mérite.”

Parfois, votre entraineur est très bon, mais ce qui fera la différence c’est sa compatibilité avec la nature du club. Savoir choisir un coach est une compétence incontournable pour un directeur sportif, bien qu’on ne lui accorde pas l’importance qu’elle mérite. Un entraineur qui est sollicité pour rejoindre le club, même s’il est auréolé d’une très bonne saison, d’une accession à l’étage supérieur ou qu’il a remporté un trophée s’il ne fait n’a pas fait la bonne analyse de l’effectif au regard de la philosophie du club, je crois qu’il vaut mieux ne pas donner suite. Je vois l’entraîneur comme le chef d’un orchestre composé de musiciens, qui sont les joueurs mis à disposition par le club.

Tout le travail de la direction sportive tend vers la performance de l’équipe première, mais l’entraineur de l’équipe première doit être en phase avec nous, sinon le club ira au-devant de difficultés. Le dialogue avec l’entraineur est essentiel au quotidien, être à ses côtés, l’aider et lui montrer qu’il peut s’appuyer sur vous. Le directeur sportif et l’entraineur sont dans le même bateau, c’est pourquoi, je le répète, il est essentiel de construire une relation de confiance.

Il est très important d’établir une relation de confiance avec l’entraineur de l’équipe première. La construction de ce type de relation se réalise-t-elle de la même manière dans un club à taille humaine comme le Getafe CF ou le RCD Espanyol de Barcelone, que dans des clubs plus puissants comme le FC Barcelone ou Tottenham Hotspurs ? 

Très honnêtement c’est la même chose, bien que les gens imaginent les choses comme étant très différentes. Peu importe la taille ou la puissance des clubs évoqués, il s’agit de football professionnel. Evidemment il y a beaucoup de pression sur les grands clubs, parce qu’il y a beaucoup de répercussions, mais la pression est tout aussi importante à Getafe où la lutte pour se maintenir en Liga fait rage tous les dimanches.  Tout le monde doit gagner, sinon vous aurez des problèmes, peu importe le niveau.

“Il y a une telle pression dans les grands clubs que c’est parfois irrespirable, mais la relation entre l’entraîneur et le directeur sportif reste fondamentalement une relation humaine. “

Il y a une telle pression dans les grands clubs que c’est parfois irrespirable, mais la relation entre l’entraîneur et le directeur sportif reste fondamentalement une relation humaine. J’ai eu une relation fantastique avec Ronald Koeman et Ernesto Valverde au FC Barcelone. Nous parlons ici de deux entraîneurs de très haut niveau. La relation était bonne à l’image de celles que je peux avoir ici avec Quique Sánchez Flores ou José Bordalás à l’époque. C’était la même chose avec Mauricio Pochettino à l’Espanyol Barcelone. Je crois que la relation doit être basée sur l’humain et dans un grand club, la relation avec l’entraineur se construit et s’entretient au quotidien, de la même manière que dans un club plus modeste.

En Angleterre, l’approche du poste de directeur sportif et la culture de cette fonction finalement assez récente, semble un peu différente de celle de pays latins comme la France et l’Espagne. Avez-vous perçu cette différence lors de votre passage à Tottenham ?

Effectivement même si mon passage à Tottenham fut assez bref, j’ai pu découvrir une autre culture, même si je connaissais très bien l’entraineur de l’époque (Mauricio Pochettino), puisque nous avions travaillé ensemble à l’Espanyol de Barcelone. A Tottenham, mon rôle était différent, je n’étais pas directeur sportif, j’appartenais au département technique. C’est une autre culture, une autre philosophie, une autre façon de voir le football. D’autres codes propres aux anglo-saxons. Nous sommes des latins, mais j’ai le sentiment qu’en Angleterre, il y a un une réelle confiance envers le directeur sportif et la patience est de mise, à l’égard de celui qui a les clés d’un projet. La tendance évolue un peu ces dernières années, notamment avec l’arrivée de propriétaires étranger. Néanmoins, la culture du football en Angleterre est différente de celle des pays latins. En effet, j’ai pu remarquer en Angleterre, un profond respect pour le travail de l’entraineur, qui est moins exposé à la pression médiatique qu’en Espagne, par exemple.

La communication semble fondamentale pour entretenir une relation de qualité avec l’entraîneur. Comment appréhender cette problématique, à l’étranger et notamment à Tottenham où vous deviez vous exprimer en anglais, qui n’est pas votre langue maternelle ?

Tout d’abord, j’ai eu beaucoup de chance de travailler avec Mauricio Pochettino, qui parle espagnol et avec lequel nous avions passé quatre ans à l’Espanyol. A Tottenham, mon rôle consistait à appuyer la direction technique, notamment sur le marché espagnol. Je passais donc beaucoup de temps ici, en Espagne, pour observer et suivre tous les jeunes joueurs intéressants du championnat espagnol. Parler espagnol dans ce contexte m’a grandement facilité la tâche. Pratiquer les langues étrangères est un élément essentiel, j’y consacre d’ailleurs beaucoup de temps pour améliorer non seulement mon anglais, mais aussi l’italien, le portugais ou le français que j’ai étudié au cours de ma scolarité. C’est d’ailleurs un message fort que j’envoie aux jeunes qui souhaitent travailler dans le football, parler plusieurs langues, c’est la base !

“C’est d’ailleurs un message fort que j’envoie aux jeunes qui souhaitent travailler dans le football, parler plusieurs langues, c’est la base !”

Comment voyez-vous le Getafe CF dans trois ans ?

C’est une très bonne question ! Je pense que le club a beaucoup de potentiel en raison de sa localisation sur Madrid. Getafe CF s’est stabilisé en Liga Santander bien que de plus en plus de d’investisseurs étrangers soutiennent économiquement des clubs. Getafe CF est l’un des rares clubs à être entre les mains d’un propriétaire espagnol, grand connaisseur de football et qui réalise au quotidien un travail incroyable. Ce propriétaire est arrivé alors que le club évoluait en Segunda B (équivalent du National 3) pour permettre au club d’accéder à l’élite du football espagnol et s’y maintenir. Le club de Getafe vit une période charnière où le maintien en Liga est chaque saison plus difficile à accrocher face à des concurrents toujours mieux armés économiquement. Nous devons en tant que club continuer à grandir en nous appuyant sur des bases solides, un public fidèle et le temps, pour pouvoir mener à bien le projet sans pression excessive.

DIDIER DESCHAMPS INVITE DE LA LIGUE DE PARIS ET DE SES EDUCATEURS

Le président JAMEL SANDJAK a invité le sélectionneur de l’équipe de France de Football peu de temps avant le début de la Coupe du Monde 2022. Au lendemain de la consécration de Karim BENZEMA pour la conquête du Ballon d’Or France Football, c’est à Morfonde au Campus de la LPIFF que des éducateurs ont pu se nourrir des paroles de DD, un très bel hommage au football amateur et plus particulièrement aux clubs franciliens très nombreux clubs formateurs des internationaux actuels.

Retrouvez ici les photos de ce très bel évènement, et l’article de la LPIFF

Un moment partagé avec les éducateurs de football francilien.

LES FORMATIONS EDUCATEUR DE LA SAISON 22/23

lLe Département Technique du District des Hauts-de-Seine de Football nous a communiqué son calendrier des formations éducateurs et éducatrices pour la saison 2022-2023. Les voici

https://district-foot92.fff.fr/wp-content/uploads/sites/96/2022/09/District-92-Calendrier-formations-22-23.pdf

Le Département Technique vous informe que la procédure d’inscription aux modules et certifications évolue à compter de la saison 2022-2023.

Il existe désormais deux possibilités pour inscrire une personne à un module de formation FFF. Le choix de l’une ou l’autre procédure dépendra de qui finance la formation ou la certification.

  • Le ou la candidat(e) finance sa formation ou certification :

La personne effectue elle-même son inscription en formation ou certification depuis le site maformation.fff.fr (tutoriel maformation.fff.fr)

  • Le club finance la formation ou certification :

Si le club procède au paiement de l’inscription de la personne licenciée, le référent formation de la structure doit effectuer l’inscription depuis PortailClubs.fff.fr (tutoriel PortailClubs)

Pour ceux rencontrant des difficultés sur PortailClubs, nous vous invitons à suivre la replay du webinaire présentant ce nouvel outil : accès webinaire

LA LETTRE DE RENTREE DE SEPTEMBRE 2022

BONNE RENTREE A TOUS

FORMATIONS

ADHESIONS AEF 92

PREPARATION DE SON EQUIPE

RENTREE SCOLAIRE ET SPORTIVE

Les sujets ne manquent pas pour cette rentrée de Septembre 2022, mais votre lettre est bien ci dessous, prenez bien le temps de lire et d’utiliser les liens qu’elle contient.

Bonne lecture à tous et rejoins-nous au sein de l’association AEF 92 c’est simple avec Joinly, notre portail d’inscription:

flashez le QR CODE et inscrivez vous directement à l’AEF 92
SEPTEMBRE-2022-LA-LETTRE