Autrefois marginalisé, le futsal prend de plus en plus d’importance en France. Mieux, son apport dans la formation des jeunes joueurs devrait même le rendre indispensable. Que ce soit au niveau de la technique, de la tactique, du physique ou même du comportement, de nombreuses qualités développées au futsal vont servir au football à onze. Enquête.
Créé en 1930 en Uruguay par Juan Carlos Ceriani Gravier juste après la première Coupe du monde, « le football de salon », son nom d’origine, a fait ses premiers pas en France en 1978. Dérivé du football, le futsal se joue à 5 contre 5 avec 4 joueurs de champ et 1 gardien. Ce sport se pratique en salle, donc, et sur une surface de jeu bien plus petite que le football (42 mètres sur 25 maximum en compétition officielle) avec un ballon plus petit qu’un ballon de foot traditionnel, et dont la surface est rugueuse afin de maximiser son adhérence au sol. Il faut aussi savoir que les ballons de futsal sont généralement remplis de ouate de rembourrage pour rebondir le moins possible pour que le jeu reste le plus souvent au sol. Les matchs se disputent en deux mi-temps de 20 minutes et les effectifs peuvent monter jusqu’à 12 joueurs, avec 7 remplaçants interchangeables à souhait. Les rentrées de touche s’effectuent au pied et non à la main comme au football.
« Beaucoup de clubs pros commencent à comprendre l’importance du futsal », déclarait l’international de futsal français, Kevin Ramirez chez Mouv’. Après avoir pris du retard sur ses concurrents et notamment le Brésil ou l’Espagne, où les jeunes commencent leur formation par le futsal, la France développe de plus en plus cette discipline qui devrait aussi être un complément incontournable au football dans la formation des jeunes joueurs. Avec les moyens dont disposent les clubs professionnels, il ne devrait pas y avoir de football sans futsal en centre de formation tant l’apport de ce dernier est grand sur le foot à 11 et tant il produit de bien meilleurs joueurs sur le plan technique, tactique, physique et même comportemental.
Le développement cognitif, atout primordial du futsal
Parmi les qualités développées par le futsal, il y a d’abord la créativité. C’est même sans doute l’un des meilleurs atouts que le futsal peut apporter au football à 11 ! Comme sur grand terrain, la partie rationnelle et logique du cerveau est utilisée, ainsi que la partie émotionnelle et intuitive mais le peu d’espace et de temps entraînent les joueurs à faire preuve de beaucoup plus d’imagination et de créativité pour créer du danger sur le terrain ou se sortir d’une situation impérieuse via la passe ou le dribble. Le développement de ces parties du cerveau est très important et offre un avantage conséquent aux jeunes joueurs une fois sur grand terrain.
Le futsal développe aussi la confiance dans la mesure où les duels sont quasiment inévitables et que d’attaquer son adversaire en un-contre-un est une qualité qu’il faut savoir développer. Il n’y a qu’à voir l’aisance dans les petits espaces de joueurs comme Neymar, Ronaldinho ou encore Iniesta, qui sont tous passés par la case futsal dans leur formation, pour comprendre l’intérêt de cette pratique chez les plus jeunes. Au niveau de la passe, le futsal est une question d’angles et d’espaces mais aussi de vitesse. Les passes doivent être fortes et la prise d’information capitale. Il faut savoir quoi faire avant la réception du ballon tant les marquages individuels des adversaires sont stricts.
Au futsal, il faut donc réfléchir et décider encore plus vite qu’au foot à 11, ce qui améliore grandement le temps de réaction. « Ça m’apporte un vrai plus aujourd’hui. Je conseille le futsal à tous les jeunes footballeurs : on devient plus juste techniquement, plus rapide dans la prise de décision… Tout est bénéfique lorsqu’on arrive ensuite à onze. Bruno (Guimarães), par exemple, ça se voit qu’il en a fait au Brésil ! Je suis content que les jeunes à l’OL en fassent de plus en plus, ça va dans le bon sens. », expliquait Maxence Caqueret dans un entretien accordé à l’Équipe en septembre 2020. Fait de combinaisons et de une-deux, le futsal requiert une excellente vision de jeu et une fois le passage à onze, tout peut paraître plus simple puisqu’il y a plus de temps et d’espace. Le développement de l’aspect cognitif est vraiment une force du futsal.
Contrôle du ballon, de soi et de son environnement
Selon une étude de l’université de Liverpool, les joueurs de futsal touchent en moyenne 6 fois plus le ballon par minute que les joueurs de football à 11. Avec un jeu plus rapide fait de redoublements de passes – 70% des passes ont une vitesse comprise entre 14 et 38km/h -, le contrôle et le toucher de balle sont donc extrêmement importants, et ce, avec toutes les surfaces du pied. Connu pour son fameux « contrôle semelle », qui permet de prendre l’information la tête levée tout en gardant le contrôle du ballon sous le pied, le futsal développe aussi la capacité à protéger son ballon et à ne pas paniquer sous pression comme le faisait si bien Juan Roman Riquelme.
Le futsal permet donc le développement du jeu dos au but, en pivot, et les joueurs de futsal qui arrivent à contrôler et protéger parfaitement le ballon sous la pression vont finir par impacter tactiquement et mentalement les défenseurs adverses. Et cette capacité va facilement se transposer sur grand terrain car à force d’être dans des situations compliquées dans des espaces réduits, une sorte de « mémorisation » s’effectue et le joueur est prêt à affronter des situations de pressing naturellement même sur de plus grands espaces. Le jeu plus au sol permet aussi à des gabarits plus imposants ou plus petits d’avoir un réel impact sur le jeu.