NASSER LARGOUET UN FORMATEUR DANS L’AME

Interview de Nasser Larguet (formateur et entraîneur) réalisée par @jurisportiva

par Abel Audoux | 29, Juin, 2022

Son visage vous dit probablement quelque chose. Il a été l’entraîneur par intérim de l’OM la saison dernière, remplaçant André Villas-Boas. Il s’agit du technicien marocain Nasser Larguet, ancien Directeur du Centre de Formation de l’Olympique de Marseille, aujourd’hui Directeur Technique National de l’Arabie Saoudite. Le marocain de naissance, qui réalise un travail formidable, a gentiment accordé une longue, passionnante et sincère interview à la rédaction Jurisportiva dans laquelle il revient notamment sur son parcours, sa vision de la formation dans le football, les faits marquants de sa carrière d’entraineur, les raisons de son départ de l’OM mais aussi ses projets futurs.

Je suis chagriné quand je dois m’assoir à la table avec des familles de petits de douze, treize ans pour parler d’argent et négocier des primes de salaires que le petit touchera lorsqu’il aura seize ans alors que personne n’est capable d’entrevoir le niveau qu’il atteindra le moment venu.

Nasser Larguet
Bonjour. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours professionnel ? 

Bonjour. Je suis Nasser Larguet, formateur avant tout et ensuite entraîneur. J’exerce ce métier depuis 37 ans. J’ai commencé au sein de clubs amateurs auprès de jeunes, puis en clubs professionnels. 

J’ai commencé à entraîner à l’ES Thury-Harcourt  en parallèle de mes études en pharmacie, puis en microbiologie et enfin en tant que professeur de mathématiques et sciences naturelles au sein d’un collège. Par la suite, je suis entré dans le monde du football professionnel à Rouen en 1989 où j’ai exercé six ans, puis trois ans à Cannes, trois autres à Caen, cinq ans au Havre AC et enfin trois années au RCS Strasbourg. 

À l’issue de ces expériences, j’ai été choisi pour mettre en place le projet du Roi au Maroc, l’Académie de football Mohamed VI. Ce poste m’a permis de poursuivre pendant cinq ans en tant que Directeur Technique National (DTN) de ce pays. 

De retour en France en 2019, j’ai eu la chance d’être choisi pour être Directeur du Centre de Formation de l’Olympique de Marseille. Au cours de cette expérience, j’ai vécu une courte période d’entraîneur par intérim durant un mois entre A.Villas Boas et J. Sampaoli. 

J’ai depuis décidé de quitter mes fonctions de directeur de la formation à l’OM. Je suis désormais Directeur Technique de l’équipe d’Arabie Saoudite.

Pourriez-vous nous décrire la fonction de DTN ? 

Je peux seulement vous confier ma vision de DTN, fonction que j’ai exercée lorsque j’étais au Maroc. 

Il y a selon moi trois volets intimement liés : 

Premièrement, le développement de la pratique dans le pays, passant par tous les âges et genres, dans les écoles de football, au département et à la région ainsi qu’au sein de l’éducation nationale. 

Deuxièmement, la formation des cadres de football, qu’ils soient préparateur physique, entraîneur des gardiens, des enfants de 6 à 10 ans, de la pré-formation, formation, post-formation ou encore des éducateurs professionnels. C’est un domaine clé car ce sont ces éducateurs qui formeront à leur tour les jeunes et les aideront à se développer afin qu’ils atteignent le cap de l’équipe nationale. 

Troisièmement, l’équipe nationale. C’est la résultante de tout ce travail qui a été fait en amont pour que l’on puisse jouer les compétitions continentales et mondiales allant de la catégorie U17 à sénior.  

Et le métier de Directeur de Centre de Formation ? 

Il existe deux types de Directeurs de Centre de formation, celui qui s’occupe uniquement du technique, des éducateurs, des équipes, de la formation et de la méthodologie et celui qui s’occupe de l’ensemble du projet. Je penche plutôt dans cette deuxième situation car pour moi il n’y a pas que le football. Et ce, d’autant plus que l’on accompagne les joueurs de plus en plus jeunes, à partir de douze – treize ans. 

De fait, pour moi, le projet s’articule sur trois piliers. 

Tout d’abord l’éducation. Pour ce faire, je dispose d’un certain nombre de ressources humaines avec des personnes qui travaillent sur l’hébergement, la restauration, le suivi lorsque les garçons retournent chez leur parent, des actions socio-éducatives. Ce dernier point me paraît très important aujourd’hui dans le monde dans lequel on vit, l’objectif est vraiment de recréer des valeurs autour de l’éducation. 

Ensuite, une partie scolaire que je délègue à deux collaborateurs qui accompagnent les jeunes dès seize ans jusqu’au bac et post bac. 

Enfin, le football qui se subdivise lui même en trois axes : le médical où nous sommes en collaboration avec les médecins en permanence ; la cellule de recrutement, c’est la base d’informations qui nous permet de recruter les meilleurs jeunes dans l’objectif que ces derniers fassent de leur passion un métier et ; l’entraînement qui comprend la méthodologie, le suivi des joueurs, leur performance, etc. Nous faisons également appel à des analystes vidéos, on utilise la data, etc. 

Mon rôle dans cet ensemble est de veiller à ce que le projet que l’on présente au jeune soit bien ficelé concernant ces trois phases scolaire, footballistique et éducative. 

Comment expliquez-vous cette vocation pour la formation des jeunes ? 

Je suis intimement convaincu que lorsqu’on arrive en professionnel, nous sommes des utilisateurs des joueurs et le plus dur est de les faire fonctionner ensemble. 

Moi ce qui m’anime c’est de détecter un jeune et de l’inclure dans un projet structurant. Et ce jeune, j’ai envie de l’aider à se construire en tant qu’homme. Si cet homme devient professionnel alors tant mieux et s’il ne finit pas professionnel, il deviendra, à minima, un citoyen accompli. 

Cette mentalité je l’ai acquise dès mon plus jeune âge par mes parents qui m’ont éduqué de cette façon. Cette pédagogie je l’ai aussi apprise en tant qu’enseignant, où j’ai été plongé dans l’apprentissage. Aujourd’hui, malgré mon âge, j’ai toujours envie de donner aux autres. 

Crédit photo : L’actu.fr
Comment accompagnez-vous les joueurs pour l’après football ? 

Tout d’abord, nous présentons un projet clair au joueur dès le départ. 

Mentalement, il sait à quoi s’attendre et c’est plus facile. Il est vrai que souvent, lorsqu’on arrive dans le milieu du football on a tendance à croire que cela se résume à un rectangle vert, ce n’est pas le cas. 

Cela débute dès le recrutement, où je demande aux éducateurs de connaître personnellement le joueur. 

Lorsqu’il y a un très bon jeune, son niveau est connu de tous, par contre, ce qu’il a dans sa tête, son corps, nous ne savons pas. Ainsi, lorsqu’un recruteur me présente un joueur, j’ai envie et besoin de savoir comment il se comporte avec ses partenaires, dans son quartier, à l’école. S’il est défaillant dans l’un de ces domaines, ce n’est pas pour cela que je ne vais pas le recruter. Simplement, en amont, je mettrai en place un accompagnement sur mesure qui prendra en compte tous les facteurs.

Le premier accompagnateur c’est l’éducateur, il doit être à l’écoute du joueur et lui laisser un temps de parole. Souvent, l’entraîneur pense avoir la science infuse et se contente parfois de constater que le joueur n’a pas bien réalisé tel ou tel geste technique. Or, il faut écouter le joueur, comprendre pourquoi il n’a pas réussi son centre, sa passe ou son tir. Pourquoi ce jour-là n’était-il pas bien ? L’acte moteur sur le terrain dépend de ce qui se passe dans sa tête et son corps. 

C’est pour cela qu’à Marseille, il y a une psychologue qui intervient sur l’environnement du jeune, ce qui leur permet d’exprimer, au besoin, leurs problèmes. Je demande systématiquement aux psychologues d’aller à la rencontre des joueurs plutôt que de les attendre dans leur bureau. 

Par ailleurs, il y a également un préparateur mental sur le terrain, qui observe le comportement des joueurs mais aussi la relation qu’ils ont avec l’entraîneur afin de déterminer s’ils sont compatibles.

Lorsque je m’adresse à une vingtaine de joueurs, ils sont tous unique, donc l’objectif est d’entrevoir l’angle d’attaque que j’utiliserai afin qu’ils restent tous concernés et concentrés. Le préparateur mental permet de faciliter ces échanges, il s’occupe de faire les débriefs pour le joueur mais également pour l’éducateur. Selon moi, il a un rôle tout aussi important que le préparateur physique. 

Un faible pourcentage de jeunes issus du centre de formation accéderont au circuit professionnel. Comment l’Olympique de Marseille facilite ce possible retour à la vie quotidienne ? 

Nous les prévenons dès leur entrée dans le centre de formation, qu’ils ont autant de chance de réussir que d’échouer. Pour accéder au haut niveau il y a plusieurs paliers à franchir, notamment la croissance, l’apprentissage, l’adolescence et la découverte de la vie. 

Autrement dit, il y a pleins de choses qui rentrent en ligne de compte que nous ne pouvons pas maîtriser. 

Tout ce que l’on peut faire c’est les avertir : « Si vous êtes ici c’est qu’à l’instant T, vous avez tous le potentiel pour intégrer l’équipe professionnelle, mais pour cela, il y a encore beaucoup d’ingrédients à ajouter ». 

Jouer pour l’Olympique de Marseille chez les professionnels, cela veut dire que vous jouez pour les deux premières places du championnat, la Champion League, devant soixante cinq milles spectateurs, ce n’est pas quelque chose de facile. C’est une certaine pression.

Le discours que nous tenons auprès des jeunes consiste à dire que s’ils ne réussissent pas en tant que joueurs de football, ils réussiront ailleurs et que nous mettrons tout en œuvre pour qu’ils réussissent leur vie d’homme, qu’elle passe par le ballon ou par un autre chemin. C’est pour cela que pour nous, l’objectif principal ce n’est pas le football mais l’éducation, vient ensuite la scolarité et enfin le football. 

Nous les encourageons à poursuivre leurs études au moins jusqu’au bac, tout en les avertissant aussi que le bac n’a jamais donné de métier à personne. Nous les préparons pour un avenir professionnel car la réussite dans le football nécessite au-delà du talent et du travail, un petit peu de chance. 

Par exemple, j’ai eu le petit Bamba Dieng lorsque j’étais intérimaire, joueur que je connaissais déjà du Centre de Formation et j’ai pu lui faire découvrir la Ligue 1. Aujourd’hui, il fait le bonheur du club et des supporters. Donc la partie « chance » est importante. 

Ainsi, nous leurs rappelons de mettre le paquet sur le volet scolaire, sans cela, leur vie future peut s’avérer compromise. Et même dans le cas où ils réussissent en tant que professionnel ou ailleurs, ils vont arrêter leur carrière entre 28 et 37 ans. Mais après, de 35 à 65 ans, ils vont faire quoi ? 

Il est important de tout mettre en œuvre, dans le discours et par les actes, pour justement les préparer à une non-accession dans le monde professionnel. Et même s’il y a le football, les préparer à autre chose pour l’après carrière. À Marseille, l’avantage c’est qu’il y a depuis cette année deux référents scolaires ayant une formation spécifique afin d’être capable de proposer des bilans de compétences aux joueurs.  

Quels étaient vos objectifs en début de saison en tant que Directeur du Centre de Formation de l’OM ?

Ils étaient simples, premièrement : savoir quels sont les joueurs que je ferai passer dans le groupe professionnel? 

Ensuite, l’objectif était que d’ici là fin de saison, il n’y ait aucun regret que ce soit côté joueur ou pour moi. C’est pour cela que je demande aux éducateurs que l’on fasse des bilans tous les trimestres. Ces bilans se font à la fois sur le plan scolaire et sportif. 

Au niveau sportif, nous détaillons sur le plan technique, tactique, physique et mental sur une grille de notation très basique : très bon, bon, moyen, insuffisant. Dans le football et dans la scolarité, nous évaluons le niveau mais aussi le comportement. Vous pouvez être très bon en comportement et très moyen en football ou inversement. Donc nous essayons de dire aux jeunes : « Sur le plan technique tu es moyen car ton contrôle doit être amélioré sur tel ou tel point ». 

Puis l’éducateur doit être capable de dire sur les prochains trimestres les axes d’améliorations du joueur. Ces notations permettent d’évaluer mon travail et celui de mes éducateurs. Si je vois qu’un ensemble de joueurs sont moyens, moyens, moyens, c’est que je n’ai pas atteint mon objectif. Dans tous les cas, l’objectif est vraiment qu’il n’y ait aucun regret de part et d’autre.

Mais la finalité c’est de se dire, combien de joueurs j’ai fourni pour les équipes nationales jeunes, combien de joueurs j’ai fourni pour l’équipe professionnelle et combien ont eu le bac ? Pour le moment, la réussite au baccalauréat est de 100 % depuis que je suis là. Il y a deux ans, au plus fort de la pandémie, j’avais six joueurs en bac scientifique. Sur ces six, ils ont tous eu la mention très bien dont un qui n’a pas été conservé et qui a réussi sa première année de médecine haut la main. 

À titre personnel, que ressentez-vous lorsque vous voyez éclore un joueur que vous avez formé ? 

Tout simplement la satisfaction du devoir accompli. Je suis payé pour ça, je suis là pour ça. 

À contrario, c’est plutôt de la frustration que j’aurais de ne voir aucun joueur réussir plus haut.

Lorsqu’un joueur est appelé pour la première fois en professionnel, c’est un sentiment très étrange que je ressens. Je me connais, je suis dans un état de fébrilité avancée. 

J’appréhende ce moment où il va toucher son premier ballon, comment va-t-il réussir, se comporter ? 

Dieu merci pour le moment, dès que l’on a lancé un joueur au niveau professionnel, même ceux très jeunes de dix-sept, dix-huit ans, ils ont tous réussi. 

Existe-il des approches différentes selon les centres de formation ? 

Oui bien-sûr. Il y a des centres qui sont très axés sur la région et on y ressent un esprit très familial comme à Rouen ou au SM Caen. Nous allions chercher les joueurs de la région, rarement plus loin, et ça réussi. 

Il y a d’autres clubs qui eux ont un niveau de recrutement avec des moyens très élevés comme le Havre AC, l’AS Cannes à l’époque ou encore l’Olympique de Marseille aujourd’hui. C’est un recrutement permettant d’aller chercher des futurs internationaux ou tout au moins de très grands profils.

Ensuite au niveau du travail, il est assez semblable où que l’on soit même s’il existe des caractéristiques différentes selon les régions. 

Par exemple, dans le sud, les jeunes sont extrêmement techniques mais n’aiment pas trop faire d’efforts physiques. Dans le nord, ce sont des garçons qui sont parfois un peu moins « agiles » avec leurs pieds mais sont généreux dans l’effort, puissants et de grandes tailles. Selon les régions, il y a donc des caractéristiques et des philosophies différentes. 

Quelles sont les différences entre diriger un Centre de Formation et l’Académie Mohamed VI? 

Quand j’ai commencé à diriger l’académie, c’était vraiment le début. J’avais recruté des jeunes qui à l’ouverture en 2009 avait entre quinze et dix-sept ans. Par la suite, nous avons élargi aux garçons de treize à dix-huit ans. C’était très “naturel”, ils n’étaient pas pollués par la course aux statuts (stagiaire, professionnel, accord de non sollicitation, etc). 

Leur fierté c’était de parvenir à une structure de très haut niveau dans laquelle ils allaient exercer leur passion et être pris en charge au niveau scolaire, médical, alimentaire, de l’hébergement, etc. 

Nous étions beaucoup plus axé football que l’on ne l’est aujourd’hui en France. 

J’ai le regret de constater qu’en France, on s’éloigne du terrain, du vrai football. Souvent les joueurs de talents, ceux avec un vrai potentiel, représentent pour leur entourage le jackpot. Et donc, on entre tout de suite dans des questions de statuts, primes, contrats et on perd d’objectivité vis-à-vis du potentiel du joueur. Qu’est que l’on doit améliorer chez lui ? Comment l’emmener au haut niveau ? Ce sont des questions oubliées. Alors qu’au Maroc, il n’y avait pas tout ça lors de mon passage à l’académie. Alors certes, c’était le début, peut-être que dans une vingtaine d’années on y arriva également mais aujourd’hui la grosse différence est là. 

Crédit photo : Magali Ruffato 
Comment percevez-vous l’évolution de la formation en France? 

On s’éloigne du terrain malheureusement.

Les joueurs se comparent les uns aux autres au lieu de se comparer à eux-même. Qui suis-je aujourd’hui ? Qui vais-je être demain ? Qu’est que je dois améliorer pour atteindre mon objectif ? 

Je suis chagriné quand je dois m’assoir à la table avec des familles de petits de douze, treize ans pour parler d’argent et négocier des primes de salaires que le petit touchera lorsqu’il aura seize ans alors que personne n’est capable d’entrevoir le niveau qu’il atteindra le moment venu. 

Ces accords de non sollicitation créent une vraie problématique. 

Et puis, l’environnement des joueurs est extrêmement compliqué aujourd’hui. On l’a vu avec le directeur du centre de formation de Rennes qui s’est fait agressé par un parent de joueur, ce qui a obligé le joueur à se désolidariser de son papa. Le club a de son côté dû fermer trois jours le centre de formation. Nous sommes malheureusement plus dans ce qui fait le charme du football et de la formation.

C’est un immense problème, nous sommes passés de l’ère sportive à l’ère économique. Et même les clubs participent à cette nouvelle ère avec la politique de trading en achetant des joueurs de dix-huit, dix-neuf ans pour les transférer rapidement à vingt-un, vingt-deux ans. Je ne suis pas contre ces méthodes mais il faut que ce soit bien fait et proprement. Sinon, je ne suis pas en phase avec cela. 

Comment contrebalancer ces évolutions ? 

Déjà, il faut que tous les clubs et les centres de formations se mettent d’accord pour qu’il soit hors de question de parler d’argent avec des enfants de douze à quatorze ans. Il faut que tout le monde joue le jeu sans utiliser des accords sous seing privé qui sont d’ailleurs illégaux. 

Faisons en sorte de laisser ces enfants jouer au football et que l’on revienne aux fondamentaux. 

Il faut ensuite que les instances fédérales, que ce soit les fédérations ou ligues , suppriment les accords de non sollicitation. Éventuellement, les remplacer par des conventions de préformation à l’image des conventions de formation où l’on s’occupe de la scolarité, du médical, de l’entraînement, du transport et de l’hébergement mais indépendamment de tout notion d’argent. 

Il faudrait commencer à négocier des salaires qu’à partir de seize ou dix-sept ans mais pas avant. 

Aujourd’hui, nous sommes en train de nous tirer une balle dans le pied. Nous perdons beaucoup de joueurs. Quand je regarde les statistiques sur les quinze joueurs qui sont nés en 2006 ici à Marseille, à qui on avait fait signer des accords à l’âge de treize ans, qui se transforment en contrat aspirant aujourd’hui, sur les quinze, à l’instant T, un seul joueur est éligible à ce contrat. 

On a été pressés de donner un contrat à des joueurs qui malheureusement n’ont aujourd’hui pas le niveau suffisant. De fait, nous nous retrouvons obligés de négocier avec les familles afin qu’elles récupèrent leur enfant avec l’assurance que l’on payera l’année ou les deux années de contrats qu’ils restent aux jeunes. C’est pour moi un exercice qui est très dur car c’est une passion qu’ils sont venus chercher ici. 

Le football est ainsi fait, c’est le haut niveau. Quand on ne peut pas et bien on ne peut plus. Il faut être honnête et objectif en disant, certes il lui reste une ou deux années de contrat mais sachez qu’il ne va pas s’épanouir et le mieux pour lui c’est qu’on lui paye son contrat. Cela revient à licencier un enfant de seize ans, c’est très pervers. Cet exercice me déplaît. 

Que pensez-vous de la réglementation FIFA relative aux transferts de joueurs mineurs ? 

Je pense que le règlement offre un minimum de protection parce qu’aucun transfert n’est permis pour les pays hors européen avant dix-huit ans et en Europe, seize ans. Il faudrait permettre à chaque continent d’autoriser les transferts à partir de seize ans entre pays africains, asiatiques ou sud-américains.

Mais dans l’ensemble, je trouve cette réglementation correcte, elle protège quand même un petit peu les jeunes car partir très tôt de chez soi pour aller jouer au football est, comme tout autre sport, assez aléatoire. On peut être apprécié dans un club et pas dans un autre. Donc, la régulation et la réglementation sont nécessaires. Après, est-ce qu’il faut que cela change ? Je ne suis pas juriste pour pouvoir en parler. 

Par contre, il est je pense important de revoir la valeur des indemnités pour deux raisons. 

Premièrement car les clubs qui sont dans des continents dont les pays n’ont pas beaucoup de moyens en termes humain, financier ou d’infrastructures, doivent être indemnisés fortement et non lésés lorsqu’ils transfèrent un jeune joueur talentueux. 

La deuxième idée, c’est que les clubs qui ont investis dans la formation de joueurs soient aussi protégés car aujourd’hui un jeune qui est en fin de contrat à dix-huit ans, il peut être transféré vers un autre club pour la somme de 250.000 – 300.000 €. Or, pour un club de très haut niveau, même 500.000 € ce n’est rien du tout. Donc à un moment donné, il faut que ces indemnités soient dissuasives afin de retarder le moment où le joueur quitte son club formateur. L’âge de vingt-deux, vingt-trois ans pour un premier transfert est bien plus raisonnable. Il faut donc travailler sur la valeur des indemnités de formations. 

Que pensez-vous du développement des académies liées à des clubs européens sur les terres africaines et sud-américaines principalement ? 

C’est une bonne chose que les clubs aillent installer des centres de formation en Afrique ou sur d’autres continents à la condition qu’ils fassent un vrai travail de formation et non pas qu’ils aient l’objectif de faire du nombre pour espérer sortir un joueur. La bonne façon de faire est de former quelques joueurs et que les meilleurs viennent en Europe tandis que les autres alimentent le football local permettant ainsi d’élever le niveau local. Donc c’est une méthode que je vois d’un bon œil. Ce sont des devises qui arrivent dans les pays, des infrastructures qui se montent dans le pays, c’est structurant.

Pourriez-vous décrire votre expérience en tant qu’entraîneur principal de l’Olympique de Marseille ? 

Elle n’était pas prévue. Pablo Longoria m’avait dit que l’entraîneur Villas Boas allait quitter son poste d’entraîneur et m’avait demandé de lui constituer un staff. J’ai tenté de le lui en proposer un sans pour autant vouloir être au devant de la scène. Cependant, je n’ai pas réussi à constituer un staff qui était prêt et opérationnel. Et comme l’équipe sortait de plusieurs difficultés, que ce soit au niveau des résultats, par rapport au public qui avait pris la commanderie, au président chahuté, à l’entraîneur qui arrêtait, je me suis dit qu’il fallait plutôt de l’apaisement et de la bienveillance avec les joueurs. Sans oublier la performance bien-sûr, mais je me suis dit qu’il fallait vraiment les aider là-dessus. 

Puisque Pablo Longoria n’avait personne et souhaitait quelqu’un de l’intérieur, je me suis proposé. J’ai pris beaucoup de risques car je n’ai jamais été sur un banc de touche professionnel mais je l’ai fait car j’avais la promesse de ne faire uniquement que deux, trois matchs. Au final j’en ai fait neuf, soit pratiquement un mois. Je suis allé au charbon car j’ai, sur la place française, une réputation de formateur et non pas d’entraîneur. J’aurais pu me crasher en plein vol si cela avait été du n’importe quoi avec l’équipe. Je remercie fortement les joueurs car ils m’ont rendu la bienveillance que je leur ai donnée. Dans le vestiaire, j’ai dit dès le départ que je n’avais pas d’expérience en professionnel mais par contre, je savais par où ils étaient passés pour devenir professionnel. Et j’ai eu la chance d’avoir Steve Mandanda que j’avais eu à l’âge de dix-ans au Havre, il a été un appui très fort dans cette période. J’ai donc très bien vécu cette expérience en tant qu’intermédiaire en sachant que je n’étais là qu’en attendant le nouvel entraîneur qui allait arriver. Le plus vite possible était le mieux pour moi et pour le club. 

Ça a duré un mois, ce fut une expérience plaisante et certains joueurs m’ont demandé de rester jusque fin juin. 

Par ailleurs, ce moment a été très formateur pour moi aussi. Il m’est arrivé d’avoir la conviction en tant que Directeur de Centre que certains joueurs étaient prêts pour aller en professionnel et je ne comprenais pas le choix de l’entraîneur de ne pas le prendre. Il y avait de l’incompréhension. Quand j’ai vécu cette courte expérience d’entraîneur, j’ai fait monter quelques joueurs et me suis aperçu que ceux que j’avais proposé pour l’équipe professionnelle avaient encore une grande marge de progression avant de pouvoir prétendre à intégrer le groupe professionnel. De fait, il m’a fallu revoir l’exigence et le travail au sein du centre pour faciliter encore plus cette transition.

Avez-vous pour ambition de réitérer l’expérience ? 

Il ne faut jamais dire jamais. Mais honnêtement, si on me propose deux challenges, un dans la formation et l’autre au poste d’entraîneur d’une équipe professionnelle, j’opterai pour la formation. 

Concernant l’actualité, vous avez récemment quitté l’Olympique de Marseille, pourquoi avoir mis fin à l’expérience ? 

Je suis du genre lucide, quand vous sentez que vous n’avez pas les réponses à vos questions et que vous ne pouvez pas aller chercher l’évolution du centre, vous rendez les clés. 

Il y aujourd’hui certains types de fonctionnement ou certaines idées sur lesquelles nous n’étions pas forcément en accord. 

Lorsqu’il y a cette divergence, même minime de méthode ou de philosophie, je préfère quitter le club.

C’est vraiment une décision personnelle dictée par rapport à mon ressenti. Peut-être que je me trompe mais je n’ai pas senti que je pouvais faire progresser le centre de formation sur les prochaines années. 

J’ai donc préféré partir la tête haute.

Quels étaient les points de divergences ?

L’infrastructure, le recrutement des joueurs, la méthodologie de travail et la connexion avec les professionnels. 

Même si le lien avec le groupe professionnel se passait très bien, tout comme celui avec Sampaoli, nous avions des rapports très cordiaux et professionnels, mais nous avions des divergences sur les joueurs à faire monter ou non en équipe professionnelle.

Il y a avait également le recrutement des joueurs sur lesquels nous devons donner notre avis. Il faut être sur la même ligne. Puis concernant les personnes qui s’occupent des jeunes, nous devons avoir des processus communs pour mener notre mission et avancer.

Ce sont ces points là qui m’ont donné envie d’aller voir ailleurs. 

Un mot pour conclure ? 

Je souhaiterais commencer par remercier chaleureusement Zubizarreta qui m’a contacté pour me proposer ce poste là avec Jacques-Henri Eyraud, ce sont vraiment deux personnes formidables qui m’ont permis de faire ce que je fais ici. 

Je souhaite également remercier toutes les personnes avec qui j’ai pu travailler ces trois dernières années même si nous sommes arrivés dans une période très compliquée avec la Covid19 puis l’intérim. Les deux premières années ont été difficiles mais très structurantes et enrichissantes. Nous avons travaillé en collaboration, nous nous sommes réinventés au regard de la pandémie. Et cette année qui me paraissait normale, a été un petit peu compliquée que je l’attendais mais aussi très excitante car nous avons retrouvé la compétition et un quotidien plus ou moins normal.

J’ai passé trois belles années, j’ai réellement apprécié travailler dans ce club immense, mastodonte du football français et mondial avec des supporters formidables. J’ai rarement vu des fans qui aiment autant leur  club. L’OM est ancré dans la ville, témoin de la ville. 

J’ai pris beaucoup de plaisir et eu des retours positifs tant des supporters que des joueurs. Malgré la décision que j’ai prise de m’en aller, je n’en dirai et n’en tirerai que du positif de cette expérience. 

Crédit photo principale : Eurosport

LES RESULTATS DES TESTS D’ENTREE LPIFF 22/23 BMF ET BEF

Les tests d’entrée du BEF et du BMF 2022/2023 se sont déroulés du 20 juin au 1er juillet 2022 au siège de la Ligue ainsi que sur le Campus de Morfondé à Villeparisis.

Suite à la validation du jury d’entrée, vous trouverez ci-après les listes des candidats admis en fonction de la formation choisie.

Liste des candidats admis pour entrer en formation Brevet Entraineur de Football

Liste des candidats admis pour entrer en formation Brevet Moniteur de Football

DOUBLE LICENCE EDUCATEUR voté le 18 juin 2022

A compter de la prochaine saison 2022/2023, un éducateur pourra pour une « licence NATIONALE » ou une « licence REGIONALE« , obtenir une 2ème licence dans une autre club, avec DEUX CONTRATS.

Sous réserves de deux équipes de catégories différentes (équipes, âge, sexe) ou des pratiques différentes, et après une demande la la CFSE ou la Commission Technique Régionale..

Article – 97 Licenciés « Technique Nationale » et « Technique Régionale »

1. Le titulaire d’une licence « Technique Nationale » ou « Technique Régionale » ne peut détenir une licence de ce type que pour un seul deux clubs dans les conditions cumulatives suivantes :
– 
être titulaire d’un contrat de travail au sein de chacun des clubs concernés,

– exercer son activité au sein de ces clubs dans des catégories différentes (équipes, âge, sexe) ou des pratiques différentes.
A défaut, une telle licence ne peut être délivrée que pour un seul club.
L’éducateur titulaire d’une licence « Technique Nationale » ou « Technique Régionale » sous contrat ou bénévole peut obtenir une autre licence « Technique Nationale » ou « Technique Régionale » sous contrat ou bénévole avec un nouveau club dans le respect des formalités de changement de club qui lui sont applicables et qu’après avoir soumis une demande à la CFSE ou à la Commission Régionale Technique.

Date d’effet : saison 2022 / 2023

AIDE A LA PREPARATION DE LA CERTIFICATION

Aide à la préparation de la certification

Nous avons innové et proposé avec l’accord très important du Président du District 92 et de notre CTD PPF une après midi pour les candidats à la certification.

MERCI aux experts:

Stephanie LAM,

Ali TABTI,

Farid GUERFI,

Christian PORNIN

qui ont patiemment et avec passion et sincérité pu prodiguer leurs conseils aux SEULEMENT deux candidats qui se sont déplacés le LUNDI 13 JUIN au DISTRICT 92.

Lecture du dossier et vérification de sa conformité, Analyse de la séance de passation de la situation pédagogique, Aide à la construction d’un budget pour une action (BMF).

-« MERCI BEAUCOUP, vous m’avez libéré s’est exprimé, l’un des participants »

Que dire de plus, notre satisfaction et ce « cours particulier » a été plus qu’utile.

AVOIR PREPARER SON PASSAGE à l’oral pour le rapport de stage ou pour la mise en place de la situation pédagogique est essentiel pour réussir, être guidé, corrigé, conseillé par des experts est un plus indéniable.

APPRENDRE EN FOOTBALL

NOSOTROS EST UNE ASSOCIATION DE REFLEXION SUR LE FOOT PILOTEE PAR ALILOU ISSA

Introduction

L’éducateur sportif doit employer différentes stratégies pour réussir à aider les apprenants sportifs ayant des capacités et des expériences différentes à prendre davantage de responsabilités dans la construction de leur expérience d’apprentissage. Les apprenants sportifs doivent progressivement développer un jeu autonome et compétent, de la créativité, des capacités de résolution de problèmes, et assumer une prise de décision croissante dans le cours du jeu.

La lecture de quelques livres et articles sur la formation en football à propos du jeu recèle un certain nombre de confusions à propos des apprentissages. Aussi dans cet article nous envisageons de tenter de clarifier ce qui relève du développement et de la formation. Les jeunes entraîneurs construisent leur enseignement avec des croyances, des valeurs, des engagements, des personnalités et des codes moraux issus de leur éducation qui influent sur leur personnalité et ce qu’ils sont capables de dispenser dans leur enseignement.

Parfois, on constate, au cours de l’apprentissage, l’existence de compétences évidentes auxquelles succèdent de sérieux retours en arrière. Pourquoi ? Sans doute parce que se développer, c’est aussi savoir inhiber une structure ou une notion concurrente, voire dépassée. Le concept d’inhibition (Houdé, 1992) connaît aujourd’hui un regain général d’intérêt en psychologie cognitive. Contrairement à Piaget (1974), qui explique quasi exclusivement le développement de l’intelligence par un mécanisme de coordination, on peut envisager que d’autres mécanismes essentiels soient aussi à l’œuvre, en particulier l’inhibition. Bien souvent, en plus d’inhiber les réponses habituelles, il est nécessaire de déconstruire celles-ci car elles constituent un obstacle à tout nouvel apprentissage. Ensuite, on peut reconstruire des réponses nouvelles qui, une fois stabilisées, prennent leur place dans le répertoire des réponses disponibles. Ce point de vue est important pour une conception fonctionnelle des apprentissages : une connaissance consiste alors à sélectionner, après l’identification d’un signal, dans le répertoire des réponses disponibles ou d’alternatives plausibles, une réponse possible probablement adaptée, et non plus la bonne réponse. Bref, le développement du joueur ne doit pas seulement être conçu comme l’acquisition progressive de connaissances et de compétences motrices mais aussi comme relevant de la capacité d’inhibition et de déconstruction de gestes, de réactions ou de règles qui sont contradictoires avec la résolution des problèmes posés par la gestion actuelle du jeu.

Ainsi, l’apprentissage des joueurs fonctionne avec des avancées, des stagnations, voire des retours en arrière. Quelle auto-socio-construction et quelle progressivité dans les apprentissages peut-on envisager? Nous défendons l’idée selon laquelle l’opposition collective, qui caractérise les pratiques sociales de référence, doit occuper une place centrale dans le parcours du joueur, quel que soit le niveau considéré. Il ne s’agit donc pas de se centrer d’abord sur les aspects techniques, pour les intégrer dans un second temps au jeu, mais bien de valoriser dès le niveau débutant une entrée par le jeu, avec opposition en aménageant les règles de celui-ci (espace, temps, effectifs, etc.). Progressivement, le joueur sera confronté à des choix stratégiques et tactiques de plus en plus complexes (diversité des alternatives, combinaison d’actions) et à une pression temporelle de plus en plus importante.

La cohérence et les choix à propos de l’ensemble de contenus formels, explicites et hiérarchisés du football semblent être aussi un élément essentiel de l’efficacité de l’entraînement dans les approches constructivistes de l’apprentissage. Un thème omniprésent est l’accent mis sur la valeur des relations et la recherche de liens entre les expériences des joueurs, le contenu et le contexte. Ensemble, ces liens favorisent le développement et la transformation des connaissances accumulées et mènent à des compréhensions plus approfondies ainsi qu’à des performances accrues indispensables à l’engagement des joueurs maintenant et pour toute la vie. La cohérence curriculaire renvoie aussi bien au quoi (quels contenus disciplinaires), au comment (quelle pédagogie, quelles situations d’apprentissage) et au quand (quelle temporalité, quelles progressivités). Si nous détaillons un peu ces choix, nous en arrivons à un ensemble de questions qui souligne bien la complexité du problème.

  • Quelles connaissances (tactiques, stratégiques, techniques, méthodologiques…) et quelles visées éducatives privilégier en football ?
  • Quelle progressivité envisager dans les apprentissages ?
  • Quels types de situations d’apprentissage semblent plus appropriées pour apprendre en football et comment organiser ces situations dans la temporalité de la leçon ?
  • Quels rôles proposer aux joueurs pour qu’ils soient véritablement acteurs dans les situations d’apprentissage en football ?
  • Quelle place pour les objets de la technique ?

Ces questions vont être au centre de cet article en tentant de mieux cerner les enjeux d’une conception renouvelée d’un apprentissage des jeux collectifs (Gréhaigne, Poggi, & Zerai, 2017).

Enseigner et apprendre

Enseigner et apprendre sont deux termes qui sont souvent employés l’un pour l’autre dans le langage courant. Néanmoins, un joueur peut apprendre sans qu’un enseignement spécifique existe et un enseignement très organisé ne peut donner lieu à aucun apprentissage. Même si cette définition reste incomplète, car si elle permet de dire quand il y a apprentissage, elle ne définit pas réellement ce qu’il représente. Pour Reuchlin (1983) « il y a apprentissage lorsqu’un organisme, placé plusieurs fois de suite dans la même situation, modifie sa conduite de façon systématique et durable ». Apprendre c’est aussi élaborer une connaissance nouvelle ou transformer une connaissance ancienne par exemple si celle-ci ne permet plus d’agir ou de comprendre la situation de jeu. On doit, en conséquence, partir du postulat que le joueur est au club pour apprendre quelque chose, que le progrès et la conquête du sens doivent susciter de l’intérêt et que la réussite peut générer du plaisir.

Nous devons bien différencier développement, progrès et apprentissage. Le développement est l’ensemble des changements qui affectent des organismes pendant leur vie et qui peuvent être dus à la maturation et se traduire quantitativement et / ou qualitativement. Quant au progrès, parmi l’ensemble des définitions possibles, nous retiendrons celle de Georges (1983). Le progrès est un changement qualitatif qui peut être illustré par la modification dans la sélection et l’élaboration des informations qui feront  l’objet du stockage en mémoire. La modification produite dans les caractéristiques du système de traitement avec l’amélioration des modes de fonctionnement locaux se traduisent par l’acquisition de nouvelles stratégies ; la restructuration des connaissances stockées en mémoire entraînant une remise en cause profonde de la structure fonctionnelle du système.

Concernant l’apprentissage dans une académie de football, nous dirons que le jeune joueur apprend si, confronté à un problème nouveau mais compatible avec les ressources à sa disposition, il transforme son comportement initial et formule les règles d’action qui l’ont mené à la réussite. Trois critères nous semblent devoir caractériser un apprentissage :

  • la systématicité (diminution de la dispersion des réponses et stabilité dans la succession des répétitions : par exemple, l’enfant réussira 8 fois sur 10) ;
  • la durabilité (une évaluation différée dans le temps rend compte de ce type de concept : par exemple une situation d’évaluation présentée aux joueurs deux mois après la fin d’un cycle) ;
  • la généralisation (reconnaissance de la similarité entre plusieurs situations avec utilisation et réorganisation des règles apprises antérieurement, puis application dans une classe de problèmes donnés).

Alors, enseigner le football consiste à mettre le joueur en situation de double activité : l’amener à faire, agir, pratiquer, en interaction avec son environnement et en même temps ou dans un autre temps, à réfléchir, à s’interroger, à raisonner sur ce qu’il est en train de faire ou a fait. De plus, pour que l’apprentissage soit efficace, il doit être perçu comme une activité fonctionnelle, c’est-à-dire qui a du sens et est utile. Également, il est nécessaire de posséder des connaissances théoriques sur le football et sur le jeu pour pouvoir construire de nouvelles connaissances sur une base déjà solide et argumentée.

Les recherches sur la formation montrent que les entraînements restent centrés prioritairement sur les apprentissages techniques. Bouthier (1986, 1988) qualifie cette forme sociale de transmission des savoirs spécifiques aux activités physiques et sportives de « pédagogie des modèles d’exécution ». Elle se fixe pour objectif l’apprentissage par les joueurs des solutions les plus efficaces. Cette formation se réalise par un travail systématique de techniques individuelles et collectives (pour régler les problèmes de synchronisation). Cette « pédagogie des modèles d’exécution » pourrait être remplacée par « la pédagogie des modèles de décision tactique » qui postule que l’intervention des processus cognitifs est décisive dans l’orientation et le contrôle moteur des actions. Elle suppose que la construction par le joueur de repères perceptifs significatifs et de principes rationnels par le sujet facilite les choix tactiques sous contrainte temporelle, y compris en termes de qualité de l’exécution.

Dans ce cadre, nous pensons donc qu’il est temps de passer d’une approche classique de l’enseignement des jeux à une approche d’apprentissage du jeu « par la compréhension ». En fait, nous voulons proposer aux joueurs la construction de compétences personnelles appropriées qui s’appliqueront à une situation donnée. Une telle option soutient que la connaissance construite par le joueur est le résultat de l’interaction entre son activité cognitive et la réalité (Gréhaigne & Godbout, 1995). La régulation de l’action, en particulier dans la phase d’apprentissage, se fait par le biais d’une activité mentale où la conscience est un aspect important. Ainsi, les joueurs s’efforcent de donner un sens à une nouvelle contribution en la reliant à leurs connaissances et expériences antérieures et en collaborant à des débats d’idées (voir Zerai, 2015, pour un exemple) avec d’autres joueurs afin de construire une compréhension commune. Ce faisant, les formés collaborent en agissant en tant que communauté d’apprentissage par le biais d’un dialogue soutenu.

Les études qui ont utilisé le débat d’idées ou le débat stratégique montrent que ceux-ci doivent être régulés en fonction du contenu des débats et de la dynamique des discussions entre joueurs, ainsi que l’impact sur leurs connaissances tactiques car une approche centrée sur l’apprenant encourage les changements dans les rôles traditionnels de l’entraîneur et du joueur. En effet, il s’agit bien d’associer les joueurs à leurs apprentissages car dans cette approche, les apprenants s’engagent activement dans le processus et progressent rapidement. Les joueurs sont amenés à construire, dans des jeux à effectif réduit, leurs compétences tactiques et motrices en les adaptant individuellement selon la situation spécifique vécue. Une telle option soutient que les connaissances construites par le joueur sont le résultat de l’interaction entre son activité cognitive et la réalité où « apprendre au travers de la compréhension » devient une réalité.

Dans ce contexte, pour réussir dans les tâches auxquelles ils sont confrontés, les joueurs doivent prélever des données sur le jeu et les mettre en relation avec les moyens mis en œuvre, c’est-à-dire les différentes séquences de l’action. L’éducateur « personne-ressource » peut toujours intervenir s’il pense que le processus patine. Ensuite, les joueurs définissent des actions en projet en fonction des constats faits. Après une ou plusieurs séquences de jeu, les joueurs sont à même d’apprécier l’écart entre les effets produits et les effets attendus. Lors de débats, les joueurs peuvent alors établir des relations d’influence qui leur permettront soit de redéfinir un nouveau projet d’action dans le cas où le résultat attendu n’est pas atteint, soit de repérer les règles de l’action efficace. Les règles d’action identifiées et les règles de gestion deviennent alors des consignes pour les joueurs qui sont, de ce faiti, en mesure d’établir des réglages actifs et d’affiner ainsi leurs réponses. En effet, il va de soi qu’il ne suffit pas de faire émerger des règles d’action pour transformer les réponses.

Dans ce style de travail, le temps d’apprentissage est une donnée incontournable pour la construction de compétences et de connaissances. Des cycles longs de travail semblent opportuns pour de vrais apprentissages en relation avec la motivation des joueurs et leur expérience. Même si de nombreux apprentissages se font à l’insu du sujet, c’est-à-dire sans intention d’apprendre et sans motivation particulière, il est établi que l’apprentissage entretient la motivation et conduit à la poursuite de la pratique.

Pour autant, on est en droit de se demander si tous les joueurs tirent les mêmes bénéfices d’une telle démarche. Les travaux en sociologie sur les inégalités scolaires montrent l’impact des facteurs sociaux sur la façon dont les joueurs tissent leur rapport au savoir. Articuler problématisation, compréhension et action suppose la maîtrise d’un rapport distancié à la pratique qui est inégalement distribuée entre les joueurs. Il revient aux éducateurs de programmer un temps institutionnel d’une durée suffisamment conséquente pour permettre le changement.

Apprendre à travers la compréhension

Gréhaigne et Godbout (1998) soulignent qu’il est important pour les joueurs de saisir le sens réel du jeu selon l’activité pratiquée. La signification pour le joueur se réfère à sa capacité à formaliser de manière explicite ou implicite ses observations en fonction des instructions et de la tâche, avant d’être en mesure de les traiter.

En ce qui concerne le rapport entre l’enseignement et l’apprentissage des jeux, nous proposons un apprentissage au travers de la compréhension basé sur l’activité de joueur. Le fait de proposer l’apprentissage des jeux à travers la compréhension (Gréhaigne, Zerai, & Caty, 2009) nous semble susceptible de créer un environnement d’apprentissage plus authentique, prometteur et de garantir une approche centrée sur les apprenants. Le fait d’insister sur l’apprentissage dans le système enseignement / apprentissage avec le strict respect du débat entre les joueurs semble susceptible de mieux garantir un environnement d’apprentissage authentique, prometteur et d’assurer une approche centrée sur les joueurs. Une telle approche pédagogique n’est pas destinée à amuser les joueurs mais à leur faire appréhender le jeu différemment. Le but sous-jacent essentiel, en droite ligne avec une perspective cognitiviste et constructiviste (Gréhaigne & Godbout, 1995), est bien d’aider les joueurs à découvrir les problèmes puis à les résoudre. Les différents apprentissages des joueurs les amènent donc à tenter de donner un sens à l’advenue de nouvelles réponses en les rapportant à leurs connaissances antérieures et en collaborant à une discussion avec d’autres joueurs pour construire une compréhension partagée des réponses envisagées.

Dans une approche d’enseignement considérée comme indirecte, «Apprendre le jeu au travers de la compréhension » devrait être la principale posture à développer. Comme il a été déjà mentionné, tout processus de résolution de problèmes d’apprentissage, de même que la construction de connaissances personnelles, nécessite une réflexion de la part des joueurs. Cette réflexion se déroule parfois pendant une période qui peut être très variable selon les capacités intellectuelles des joueurs et leur vécu sportif. La verbalisation pendant les discussions peut, pour beaucoup d’entre eux, faciliter la réflexion et l’observation, de même que fournir les données de base sur lesquelles réfléchir.

Les progrès chez les joueurs impliquent non seulement l’apparition de réponses nouvelles face à un problème donné, mais aussi une stabilisation de ces réponses. En effet, l’apparition d’une nouvelle réponse chez le joueur ne veut en aucun cas dire qu’elle sera utilisée ultérieurement. Confronté à une pression temporelle excessive, un joueur peut en revenir à un modèle ancien de lecture du jeu voire à se débarrasser du ballon. Enfin, permettre aux joueurs de profiter de leurs expériences et de construire des connaissances nouvelles suppose de laisser une place à du tâtonnement, à de la découverte guidée et faire toute sa place à une conception inductive de la transmission des connaissances.

Automatiser

On peut supposer que face au système complexe que constituent les configurations du jeu, le joueur a besoin d’automatiser un certain nombre d’éléments afin de répondre plus vite aux problèmes posés par le jeu. On peut faire l’hypothèse que l’expérience contribue à automatiser certains aspects de la pratique du joueur, par la mise en place de routines et d’un système d’interrégulations de ces routines. Ainsi, ces connaissances seraient un des déterminants de la réussite dans la pratique. Si on a du temps, il faut permettre au joueur d’automatiser peu à peu certaines connaissances et la régulation des compétences motrices vers des structures infraconscientes, ce qui libère des ressources attentionnelles pour l’analyse du jeu en cours. Avec l’acquisition de cette sorte de compétences incorporées, Leplat (1995) souligne que cela ne résulte pas seulement d’une longue répétition et que cela pourra être aidé par l’aménagement des conditions d’apprentissages dans des dispositifs adaptés. Avec les systèmes plus complexes, l’acquisition de compétences progressivement incorporées de type cognitif sera gérée progressivement en toile de fond sans recours aux processus conscients. Néanmoins, si un échec interrompt temporairement la continuité de l’activité, alors le joueur est obligé de redéfinir son action en cours, donc de revenir à l’activité réfléchie pour permettre de trouver une solution à cet échec. En ce qui concerne les compétences motrices, on vise, le plus souvent, une automatisation partielle des celles-ci afin de dégager le canal cognitif conscient pour assurer d’autres opérations. Cela consiste, par exemple, à réguler, sauf alerte, au niveau de processus infraconscients, un certain nombre de gestes techniques offrant de ce fait la possibilité pour d’autres programmes de fonctionner en même temps. Le recours aux processus cognitifs, conscients ou infra conscients, prend toute sa valeur lors de la confrontation des joueurs à des situations problèmes les amenant à mettre en œuvre des stratégies de résolution de ces problèmes. De surcroit, être conscients des apprentissages réalisés, permet aussi d’aboutir à la construction de compétences motrices qui ne sont pas isolées du contexte. La méthodologie employée attire l’attention du joueur sur le repérage des conditions du faire et des conditions de réussite. De ce fait, les résultats devraient être réinvestissables dans d’autres situations d’apprentissage.

Conclusion

À la fin de cet article, il apparaît important de caractériser, aussi, le sens que les joueurs donnent aux situations de jeu car c’est ce qui organise leur activité. Ici, il s’agit donc de faire évoluer et de construire un sens à l’activité afin de rendre le joueur-acteur de ses apprentissages et qui plus est, acteur conscient de ses transformations. Face à ce type de didactique, les joueurs doivent comprendre que la pluralité des intelligences dans le débat d’idées est plus efficiente qu’une réflexion individuelle et ainsi leur permettre de trouver la façon plus adéquate de répondre aux situations de jeu. Il n’y a apprentissage en coopération que si les joueurs travaillent ensemble dans le but d’apprendre, qu’ils sont solidaires et qu’ils s’encouragent en vue d’atteindre les objectifs communs fixés.

Enfin, une dernière question importante consiste à savoir comment les joueurs apprennent. Les chercheurs ont besoin d’approfondir les voies d’apprentissage et de décrire, chez les joueurs, les mécanismes qui influencent les relations entre l’acquisition des connaissances et les performances motrices.

LES CARACTERISTIQUES DES PROCEDES JEU, SITUATION ET EXERCICE

Les procédés ont des intérêts si ils sont bien maitrises, l’éducateur adoptera une posture pédagogique en fonction de la pédagogie ACTIVE ou DIRECTIVE.

Le principe du questionnement vise à faire davantage réfléchir le joueur, le rendre plus intelligent.

La répétition donne à l’exercice tout son sens dès lors qu’il sera bien corrigé par l’éducateur, qui aura anticipé les possibles problèmes qui pourraient être rencontrés.

LES ESPACES DE JEU EN FOOTBALL

VOICI UN RESUME DES ESPACES DE JEU QUE NOUS RETROUVONS EN FOOTBALL

Sur les constats du football français et international, nous pouvons dire que les espaces de jeu évoluent au cours d’une rencontre. Ces espaces de jeu CONSERVATION, PROGRESSION, DESEQUILIBRE -FINITION peuvent être en liaison avec deux instants dans le match:

  1. la position du ballon
  2. la hauteur aussi des bloc-équipes

Ainsi, l’espace de conservation (1) se situe entre le porteur de balle et le GBD et permet de trouver des joueurs en soutien. L’espace de progression (2) se situe entre le porteur de balle et l’attaquant le plus haut et permet de trouver des joueurs en appui/appel. L’espace de déséquilibre (3) se situe derrière la dernière ligne défensive adverse et permet de trouver des joueurs en appel. L’espace de finition correspond à la zone des 16m50. 

LES ESPACES DE JEU DEFINIS LORS DES MODULES DE FORMATION FFF;

L’espace de jeu effectif (5) correspond à l’occupation de l’espace d’une équipe à un instant donné. Le couloir de jeu direct (4) ou axe ballon/but correspond à une ligne virtuelle directe qui va du joueur porteur du ballon au but. 

Le CJD Couloir de Jeu Direct est la zone la plus courte entre le ballon et les deux poteaux du but.

REFLEXION SUR DES PARENTS QUI « PERTURBENT »

Une semaine agitée, des propos, des constats, mais quelles solutions?

Dans notre lettre aux éducateurs de ce mois d’Avril, j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le rôle des uns et des autres pour éviter les conflits, les débordements, les critiques. Aujourd’hui je vous propose la réflexion d’un acteur du Football, un ancien grand joueur pro, éducateur et parent: M. STEVE SAVIDAN.

Haaaaaa quel vaste sujet …… les parents dans le sport et principalement dans le football.
.
🤩 Être parent selon moi, c’est comme beaucoup diront qu’il s’agit du plus beau métier du monde. Faire le choix de devenir parent, c’est décider de donner la vie, de transmettre ses valeurs et ses principes. C’est bien souvent pouponner, observer, regarder, apprendre, voir grandir et évoluer et grandir et évoluer soi-même.
.
🧐 Être parent de sportif n’est pas un rôle simple à appréhender. Car le parent se retrouve, bien souvent, déchiré entre l’envie que son enfant réussisse et le fait qu’il soit épanoui au sein de son équipe, de son club.
.
🤓 Être un éducateur sportif :
✅ Il a appris des Connaissances théorique, technique et pratique des disciplines sportives. 
✅ Il a acquis les Compétences en pédagogie sportive. 
✅ Il sait utiliser les équipements pour la préparation athlétique. 
✅ Il possède les Capacités d’évaluations des conditions physiques des athlètes.
.
Il est très souvent bénévole voir toute sa carrière. 
Il est bienveillant pour le public concerné et pour les plus jeunes. 
Il fait souvent passer le club et son équipe avant lui voir ses proches, ses propres enfants et sa compagne.
Il se remet très souvent en question pour son amélioration et progression personnelle. 
Il prends des jours de congés pour son club, son équipe au lieu de partir en week-end ou vacances.
Il se coupe en 4 en 8 pour que tout se passe bien.
Il est très souvent esseulé ou avec ses collègues. 
Il est présent quand il fait nuit.
Il est présent quand il pleut ou qu’il neige.
Il essaie de faire de son mieux.
.
Je suis parent, parent de sportifs, accompagnateur, entraîneur, ancien sportif de haut niveau et pourtant j’ai pris conscience, cela n’a pas été facile, que mes enfants n’avaient pas besoin d’avoir un PAPA / ENTRAINEUR au bord des terrains surexcité.
.
Même avec mon passé et mon présent, je pourrais prétendre à savoir mieux, à connaître mieux MAIS NON je ne suis pas son COACH alors STEVE reste à ta place et encourage, soutien, accompagne ET C’EST DÉJÀ PAS MAL.
.
Et pour tous les autres PARENTS QUI PENSENT SAVOIR MIEUX, pour leurs enfants, prenez une licence dirigeant ou éducateur, prenez des jours de congés pour des formations et ALLEZ SUR LES TERRAINS OU PARTICIPEZ À LA VIE D’UN CLUB.
.
Et je rajouterais que le club et les éducateurs doivent respecter la pratique, le rythme de l’enfant et mettre le JEU AVANT L’ENJEU

MERCI à toutes et tous.

Bien sûr tout les mots se mettent au féminin…..

ARSENAL 2022 THE GUNNERS

MERCI à NOSOTROS de continuer à nous proposer des sujets importants pour les connaissances de nos éducateurs.

Tout d’abord, j’aime le football. Pour moi, c’est le meilleur sport collectif du monde et toute personne qui aime ce jeu, veut en apprendre autant que possible sur lui. Cependant, le football peut aussi nous apporter beaucoup de choses en termes de standards et de valeurs, qui peuvent nous aider dans notre quotidien. Étant moi-même passé par une académie, j’ai côtoyé beaucoup de footballeurs talentueux, qui sont loin, très loin du football aujourd’hui. Tout le monde les voyait devenir professionnel dans les cinq ans. Cela ne s’est jamais produit. Moi-même, j’ai rencontré d’énormes difficultés à l’âge de 15-16 ans. J’ai vécu une poussée de croissance rapide et j’ai été blessé pendant une année. Finalement, j’ai fait 15 ans de carrière et je suis maintenant responsable de l’académie d’Arsenal.

“En passant de joueur professionnel à directeur d’académie, je voulais m’assurer de ne pas oublier les êtres humains qui se cachent derrière chaque joueur.”

Donc, en passant de joueur professionnel à directeur d’académie, je voulais m’assurer de ne pas oublier les êtres humains qui se cachent derrière chaque joueur. Derrière tout le succès, éphémère, qu’un footballeur de 13 ou 14 ans peut rencontrer, nous ne pouvons oublier ce qui peut arriver dans sa vie, à cet âge là. L’anticipation et la vigilance sont deux aspects qui sont cruciaux pour moi. Je pense que de meilleures personnes feront de meilleurs joueurs et inversement. Le problème, c’est que parfois, nous pouvons être amenés à croire que les meilleurs joueurs seront forcément les meilleures personnes. 

En tant que directeur de l’académie, vous êtes amené à prendre de nombreuses décisions, plus ou moins contraignantes. Certaines ont des conséquences “réversibles”, d’autres pas.Lors du processus de sélection des talents qui intégreront votre système, vous essayez de prédire un résultat qui est souvent très éloigné dans le futur et dont l’issue est incertaine. Comment évaluez vous qualité et la robustesse de votre processus de prise de décision, tout en la dissociant du résultat ?

L’histoire nous dit que l’identification et le développement des talents est l’une des choses les plus difficiles. Ce que nous essayons de faire, au quotidien, c’est de nous assurer que nous disposons des informations les plus pertinentes possibles sur les joueurs et sur le staff, pour prendre ce qui nous paraît être la bonne décision à un instant T. Ensuite, nous essayons d’accompagner nos joueurs dans le cadre défini par nos quatre piliers. C’est le plus important. Si vous créez un environnement qui est exigeant, mais aussi, chaleureux, vous devez vous assurer que les jeunes joueurs ne sont pas dépassés par ce que l’académie leur demande. Ce n’est pas un environnement fait pour tout le monde. Si un joueur est en difficulté et que nous estimons que notre environnement ne peut plus favoriser son développement, il est de notre responsabilité de lui dire qu’il a peut-être une autre direction à prendre. Que à ce moment précis, quitter l’Académie peut-être la meilleure décision à prendre, afin qu’il trouve sa paix et son bonheur dans un environnement différent. Présenter cette décision comme quelque chose qui pourrait être positif et adapté à sa situation, afin qu’il poursuive son développement.

“Nous avons libéré des joueurs qui étaient à l’Académie et qui évoluent en Premier League aujourd’hui. Tout peut arriver, mais nous ne pouvons pas laisser cette perspective nous intimider. Nous devons être à l’aise avec les processus que nous avons mis en place et être honnête.”

Annoncer à un joueur qu’il n’est pas conservé, n’est jamais agréable. Nous nous réunissons quatre fois par an, pour chaque catégorie d’âge, afin d’aborder le développement de chaque joueur. Une équipe multidisciplinaire évalue la progression de chaque joueur et nous faisons des recommandations. Nous essayons de collecter un maximum de données associées aux différents versants de la performance humaine. A partir des éléments recueillis, nous essayons de prendre des décisions éclairées. Parfois nous aurons “raison”, parfois nous aurons “tort”. Nous avons libéré des joueurs qui étaient à l’Académie et qui évoluent en Premier League aujourd’hui. Tout peut arriver, mais nous ne pouvons pas laisser cette perspective nous intimider.

Nous devons être à l’aise avec les processus que nous avons mis en place et être honnête. Être honnête avec les parents, les joueurs et essayer de les aider à comprendre que ce n’est pas la fin du monde. Cela fait partie d’un processus et il se peut que ne pas être conservé, aide le joueur à s’améliorer et à repartir sur d’autres bases. Nous devons presque avoir une forme de détachement vis à vis de tout cela. Nous devons être à l’aise avec le fait que quelqu’un puisse se révéler ailleurs (humainement ou en termes de football). Cela fait partie de ce processus.

D’autant plus que dans le football, les décisions sont analysées et commentées par des millions de gens, qui s’appuient sur l’indicateur de performance le plus accessible : le résultat. En ce sens, ne pas conserver un joueur pourrait vous être reproché, si celui-ci devenait par la suite un “crack”, mais ailleurs…

Cela peut arriver. Nous avons quelques exemples. Les autres clubs ont des exemples similaires. Nous sommes tous dans le même bateau. Il faut faire preuve d’un grand détachement, car vous ne pouvez pas savoir si un joueur se serait développé de la même manière dans votre environnement. Vous ne pouvez pas. Même s’il s’avère être un joueur absolument génial et/ou un être humain formidable à la sortie. En fait, vous devez être heureux que cela soit arrivé quelque part.

 Nous avons eu un joueur comme Luke Ayling, qui joue maintenant pour Leeds United. C’est une magnifique histoire pour lui. Nous sommes passés à côté d’un joueur fabuleux, mais c’est peut être le parcours qu’il a eu suite à son départ d’Arsenal qui a fait de lui la personne qu’il est aujourd’hui. A l’inverse, nous avons accueilli Eddie Nketiah en provenance de Chelsea, lorsqu’il avait  15-16 ans et maintenant, il évolue en Premier League. Manchester United a laissé partir Paul Pogba, avant de le racheter. Ce sont des choses qui arrivent.

“Il faut faire preuve d’un grand détachement, car vous ne pouvez pas savoir si un joueur se serait développé de la même manière dans votre environnement.”

Vous trouverez des exemples similaires à peu près partout, même si, comme vous l’avez souligné, cela génèrera toujours des discussions. Un certain nombre de personnes pourraient me reprocher de ne pas avoir conservé un joueur qui excelle ailleurs. Je ne veux pas de cette culture du blâme. Je suis absolument contre. Je l’ai vu dans de nombreuses équipes de football qui n’ont pas réussi. Je veux que les personnes qui travaillent à l’Académie croient en ce que nous faisons.

Si nous aspirons à développer de Strong Young Gunners, ce sont des décisions que nous devrons parfois prendre. Ne pas conserver certains joueurs, pour le bien de leur développement et sans avoir peur des conséquences. Nous sommes trop occupés et concentrés à essayer d’exceller dans ce que nous faisons et à aider nos joueurs à devenir de bons êtres humains. Oui, nous voulons être les meilleurs au monde, donc avoir les meilleurs joueurs du monde, mais parfois, cela signifie que vous devez laisser partir quelqu’un qui pourrait réussir ailleurs et ce n’est pas grave. Je ne blâme personne et au club, je n’ai vu personne venir me voir en disant : “Mais pourquoi avez-vous fait cela ?”. Le blâme ne fait partie de notre identité.

Dire non est quelque chose de difficile. Cependant, c’est une compétence qui est nécessaire pour rester concentrer sur ce qui est réellement important et exécuter. Avec cette starification toujours plus précoce des joueurs et les enjeux associés, comment vous astreignez vous et votre équipe, à dire non ?

Dans tout ce que nous entreprenons, les choses peuvent tourner au vinaigre à tellement de niveaux… J’essaie de faire en sorte que les staff se sentent assez à l’aise et soutenus, pour pouvoir dire non, même aux meilleurs joueurs. Il y a un cadre bien défini, dans lequel tout le monde doit évoluer. Vous avez raison, il y a un énorme pouvoir associé au non. Par exemple, cela peut vite mal tourner, si notre communication est axée sur : “tu es le meilleur joueur, ne t’inquiète pas pour l’école. Ne t’inquiète pas, tout ira bien”. Le message reçu par le joueur, ses coéquipiers, le staff, son entourage, c’est : “tout est permis”. Si ce n’est pas l’école, alors ce sont les retards aux entraînements ou l’absence d’implication lorsqu’il faut se replacer quand l’équipe perd le ballon, etc.

“Savoir dire non et travailler dans le cadre défini par l’Académie est crucial.”

A quel point vous souciez-vous des autres, quand vous dites toujours oui ? Pour moi, votre souci du bien être d’autrui est plus important si vous dites parfois non, car cela les oblige à faire face à la situation. Cela peut nous mettre un peu mal à l’aise, mais les autres aussi, car ils devront faire face à la situation. La capacité à s’adapter est ce qui m’intéresse, car cela vous prépare à la vie et à cet état de frustration. Nous devons laisser les joueurs traverser ces situations qui ne peuvent se résoudre parce qu’ils sont de bons joueurs de football. Ils les résoudront grâce à leurs compétences humaines. C’est ce à quoi me renvoie cette idée associée au pouvoir de dire non. Parce que, vous pourriez vous dire : “donnons leur de  l’argent, des crédits pour le taxi, etc. Donnons leur tout ce que nous avons”. Vous pourriez vous dire que c’est cela, “prendre soin d’eux”. Je dirais que c’est tout le contraire. 

Évidemment, que nous nous soucions du bien-être de nos joueurs, que nous les soutenons. Quoi qu’il arrive, nous essayons de les soutenir et d’être là. Cependant, nous avons aussi un cadre et lorsque vous sortez de celui-ci, la discussion n’est plus possible : négliger  l’école, avoir certains comportements, etc. Nous devons nous opposer à cela. Nous devons faire en sorte que nos actions soient, autant que possible, alignées avec notre vision. Savoir dire non et travailler dans le cadre défini par l’Académie est crucial.

comment prenez-vous le temps de la réflexion, notamment lorsqu’il s’agit de conserver un peu plus longtemps dans le système, certains joueurs dont le développement est plus lent ou pour lesquels vous avez des doutes ?

C’est parfois difficile, parce qu’en fonction des catégories d’âges, l’engagement d’un joueur est variable. Chez les très jeunes, l’engagement est d’un an. De U13 à U14 et de U15 à U16, nous sommes sur des engagements sur deux ans, puis après les U16, il y a une bourse d’étude de deux ans. Il y a donc quelques points de bascule, où vous devez déterminer qui continue dans cet environnement et qui doit le quitter, pour en rejoindre un autre. Cependant, en prenant mon propre parcours pour exemple, je pense que déterminer à qui nous devons proposer un contrat de 2 ans dès les U16, est un peu prématuré. Il me semble que le point idéal se situe entre 16 et 17 ans. Cette année est d’une importance cruciale, notamment pour les jeunes qui se développent tardivement. Parce qu’en U16, certains joueurs peuvent vous donner l’impression de “stagner” dans tous les domaines et cela a un impact important sur leur football.

Dans ces conditions, je n’aurais probablement pas été retenu par l’académie d’Hanovre, quand j’étais plus jeune. J’ai vécu une poussée de croissance trop rapide, j’ai été absent pendant un an et je suis, malgré tout, resté dans le système. Parfois vous êtes contraint de prendre des décisions précoces, que vous pouvez regretter ensuite. Nous sommes régis par les impératifs de la Premier League, mais nous devrions nous laisser un peu plus de temps avant de décider. Avec l’aide de processus robustes, nous pouvons nous assurer qu’au moment de prendre notre décision, nous avons pris en compte tous les facteurs : la maturation, les performances footballistiques, les qualités humaines, etc. Quand nous prenons en compte tous ces éléments, nous pouvons arriver à une conclusion. Pour certains joueurs, nous dirons: “nous pensons qu’il vaut mieux que vous changiez d’environnement”, pour d’autres ce sera  “continuons ensemble, nous sommes intéressés par ce qui va arriver” et pour d’autres encore, c’est un oui clair, parce que nous pensons que c’est la bonne voie pour eux.

La recherche du risque zéro peut mener à la paralysie du processus de prise de décision. Qu’est ce que vous évoque cette notion générale de risque et comment l’appréhendez-vous au quotidien ?

Comme je l’ai dit, la clé, c’est de mettre en place des processus sains et robustes, qui permettent de prendre des décisions éclairées. Nous avons la chance de travailler dans un environnement de haut niveau avec des gens de haut niveau. Chaque jour, je vais travailler avec plaisir, afin d’accompagner les joueurs et les employés du club, dans la définition de leurs propres chemins. C’est notre conviction profonde. Je ne pense pas tellement au risque en soi, ni même au mot “risque”. Ce que j’essaie de faire, c’est de me préparer au mieux pour faire face aux différentes situations qui pourraient émerger. C’est ainsi que je renforce ma confiance dans ce que j’entreprends, mais aussi dans les décisions que nous prenons collectivement avec les personnes sur lesquelles je compte. Donc, que peut-il nous arriver ? Perdre un joueur ? Perdre un joueur qui sera une superstar à un moment donné ? Je veux être plus que cela. Ma vie n’est pas régie par cette notion de risque. Il y a des moments où vous devez vous exposer à certaines situations : parler devant 2000 personnes, faire une interview devant 100 personnes, être sur scène ou jouer devant 60 000 personnes. Il y aura donc des moments où il y aura un risque naturel.

Un joueur peut commettre une grosse erreur et faire perdre le match. Cela fait partie du jeu. Donc, oui, il existe des situations que vous pourriez considérer comme risquées, mais j’appréhende plutôt ces situations en me demandant “ai-je fait tout ce que je pouvais pour me préparer ?”. En fait, je vois ces situations comme une belle opportunité d’utiliser toute l’expérience que j’ai acquise pour faire la différence. Cette approche est positive pour moi, parce que le staff croira en moi et en ma capacité à faire face à ces situations, les fans aussi. Même si vous faites une erreur, les gens vous pardonneront, si vous leur avez montré que vous avez une bonne mentalité. C’est ce que je crois. Nous pouvons perdre un match, mais nous devons contrôler la manière dont nous le perdons. Le risque est omniprésent dans le football, sur les réseaux sociaux, etc. Ce sont des choses pour lesquelles nous devons nous assurer que les joueurs sont éduqués et informés.

Là où nous devons être attentifs, c’est quand les émotions prennent le dessus et que vous faites quelque chose que vous regrettez 10 secondes après. Cela peut être un tweet, un carton rouge. Ce sont les éléments auxquels nous devons nous préparer le mieux possible, car ces moments se produiront. Quelqu’un est en colère, tweete quelque chose et l’efface ou s’expose à commettre un crime. Nous avons vu toutes ces situations se produire. La conscience du risque m’est venue naturellement. Je pense que mes parents m’ont inculqué cela, en m’invitant à faire preuve d’humilité, à avoir la volonté d’apprendre et de faire face aux situations. Lorsque je me retrouvais dans une situation inconfortable, j’essayais de m’assurer que j’étais celui qui gardait le contrôle. Pour les jeunes joueurs, être une figure de proue dans la société, c’est probablement le plus grand risque. Nous essayons autant que possible de les accompagner et de les informer, de les alerter sur le tweet qu’ils publieront aujourd’hui et qu’ils regretteront dans 10 ans. 

Étant donnée votre vision, avoir un double projet (éducatif et sportif) solide ne semble pas être en option. Quelles différences observez-vous, entre ce que vous avez vécu et ce qui se fait aujourd’hui ?

Avec le recul, l’énorme avantage que j’ai eu, c’est d’aller à l’école le matin, dans un environnement qui n’avait rien à voir avec le football et le soir, j’allais m’entraîner. Cette séparation m’a vraiment façonné, car je voulais obtenir de bonnes notes, prendre le meilleur de ce qui m’était proposé à l’école et réussir dans cet environnement-là. Mais aussi, en sortant de là, je voulais faire mes preuves dans le football. Pour moi et ma famille, être bon au football, ce n’était pas suffisant. Parce que ce à quoi vous devez penser c’est : “Si il n’y a plus de football, que me reste t-il ? Quel est mon plan A+ ? Qu’est-ce qui définit ce que je suis ?”. Mais c’est une démarche personnelle, c’est quelque chose qui doit venir de vous. J’avais cette motivation intrinsèque qui m’a toujours poussé à faire mes preuves ailleurs, pas seulement dans le football.

“L’énorme avantage que j’ai eu, c’est d’aller à l’école le matin, dans un environnement qui n’avait rien à voir avec le football”

Aujourd’hui, même nos joueurs vont à l’école là où ils jouent au football. C’est un système différent et nous devons nous assurer que notre environnement les prépare à ce qui peut rapidement leur arriver. Ils peuvent être blessés, jouer à l’Emirates ou dans un autre club ou être prêtés. L’éducation est un élément clé, c’est l’un de nos piliers. J’aime que les joueurs soient exposés à la vie, qu’ils fréquentent des personnes différentes, qui n’ont rien à voir avec le football. Cela leur permet de mieux comprendre ce qui se passe et leur donne plus de perspectives. Je suis très attaché au fait de rester dans la réalité et d’avoir différentes perspectives. Nous essayons de faire en sorte qu’ils restent aussi humbles que possible. Au club, chaque jour, ils ont accès aux meilleurs terrains, à de bonnes installations, à de la nourriture de qualité, mais ce n’est qu’une petite partie de l’histoire.

Lire aussi | Pep Segura : la formation est essentielle dans le projet d’un club

Lorsqu’un joueur prend sa retraite sportive, la transition vers le “monde réel”, peut être abrupte, pour ne pas dire violente, si il n’y est pas préparé. Néanmoins, pour un certain nombre de jeunes retraités allemands, la transition vers des postes à responsabilité, ayant une forte composante administrative, semble se faire très naturellement. Est-ce culturel ?

Pour moi aussi, la transition entre le statut de joueur et le monde de l’entreprise, a été une découverte. Cependant, c’est quelque chose que j’ai pu gérer, parce que j’ai une approche très structurée des choses. Chaque jour : arriver à l’heure, m’assurer que je suis la meilleure version possible de moi-même, respecter les gens autour de moi et le club en général. J’ai obtenu ce fantastique poste de directeur d’académie, sans avoir la moindre expérience. Vu de l’extérieur, cela peut sembler être un privilège, non ? Néanmoins, je dirais que la façon dont vous vous comportez et dont vous traitez les gens, chaque jour, pendant sept ans, peut faire la différence. Cela faisait aussi la différence sur le terrain. C’est ce comportement qui a poussé Arsène Wenger à me dire : “écoute, tu veux rester ? Tu veux rester au club ?”. Le fait d’être fiable, de proposer de la qualité et d’être responsable, vous met dans une position où les gens peuvent considérer votre avenir dans un club, pour qu’à votre tour, vous fassiez la différence pour la génération suivante.

J’ai donc été dans un processus de recrutement pendant sept ans, sans vraiment passer d’entretien pour mon rôle actuel. Durant ces années, par mon comportement, je voulais que les gens au club se rendent compte que je pourrais apprendre rapidement, que j’avais une approche structurée, du respect pour autrui et que je pourrais être un modèle. Depuis que j’occupe ce poste, c’est ce que j’essaie d’incarner chaque jour. Les gens essaient de prendre les décisions les plus éclairées possibles et parfois, ils ne prennent pas leurs décisions sur la base d’un seul entretien de 45 minutes. Durant ces sept années, ils ont pu m’observer dans les bons moments, les mauvais moments et les moments horribles. Je pense que Arsène avait une bonne idée de qui j’étais. Je ne sais pas si c’est culturel, mais effectivement, il y a un certain nombre de joueurs de ma génération qui occupent des postes à responsabilité : Simon Rolfes à Leverkusen, Thomas Hitzlsperger avec Stuttgart ou encore Arne Friedrich au Hertha Berlin, etc. Philipp Lahmtravaille avec la DFB, en quelque sorte, sur l’organisation de l’Euro 2024.

“Être fiable est une qualité qui est bien trop souvent négligée, mais c’est ce qui vous permettra d’avoir des opportunités.”

Je pense aussi qu’en Allemagne, il y a une voie similaire pour les entraîneurs qui sont à la tête d’équipe U23. Ils ont parfois l’opportunité d’entraîner directement l’équipe première ou alors d’assurer un intérim pendant trois ou quatre semaines et ensuite, se voit proposer ce rôle à plein temps. Bien souvent, ils renforcent la passerelle entre l’académie et l’équipe première par la même occasion et surtout, ils rencontrent un certain succès. Thomas TuchelJürgen KloppJulian Nagelsmann, etc. On peut en citer beaucoup. Même Ralf Rangnick. Ils entraînent maintenant les meilleures équipes du monde. Je pense qu’il y a des éléments dans notre culture, dans notre façon d’être, qui font que nous profitons des positions qui sont disponibles parce que les décideurs considèrent que nous pourrions être compétents, à la lumière des choses qu’ils ont vues au fil des années. Un mélange de cohérence, de discipline et d’honnêteté, qui les amènent à penser que nous serions de bons modèles. Des modèles qui peuvent apprendre le métier rapidement. Je pense que c’est lié à cela. 

Concernant les entraîneurs, en Allemagne, les clubs n’ont pas les mêmes capacités financières qu’en Angleterre. À Everton par exemple, ils ont facilement pu engager Carlo Ancelotti. Je ne pense pas qu’ils se soient dit: “proposons le poste à l’entraîneur des U23”. Cela n’arrivera jamais en Angleterre. En Allemagne, l’approche est un peu différente. Les décideurs se diront: “Oh, il a bien travaillé avec les U23. Essayons-le”. Il y a un certain nombre d’exemples, où les clubs font confiance aux gens, s’ils travaillent bien et qu’ils ont le comportement adapté.

La transition n’a pas été aisée pour moi, car je ne savais pas à quoi m’attendre. Cependant, lors de ma dernière année en tant que joueur, j’en ai profité pour être à l’Académie, pour échanger avec les gens. Je me suis préparé, j’ai passé mon UEFA B en parallèle. En faisant cela, j’ai envoyé des signaux aux gens autour de moi. Je pense que c’était le comportement à adopter pour optimiser mes chances de voir cette transition se faire en douceur. Comme je l’ai déjà dit, être fiable est une qualité qui est bien trop souvent négligée, mais c’est ce qui vous permettra d’avoir des opportunités.

Ce que je fais aujourd’hui, je ne le considère pas comme acquis. Je vois cela comme une énorme opportunité de continuer ce que j’ai fait en tant que joueur et de continuer à faire la  différence pour ce club fantastique. Arsène Wenger et Ivan Gazidis m’ont donné cette opportunité et c’est une grande responsabilité pour moi étant donné ce qu’ils ont accompli ici. Donc je me dis : “Que dois-je faire pour améliorer les choses, pour aller de l’avant ?”, “Quel genre de responsabilités dois-je prendre ?”. Je ne me dis pas que je suis un avatar publicitaire, que je suis juste l’image de cette Académie. Non, j’ai besoin d’être présent, j’ai besoin d’être authentique. J’ai besoin de faire la différence. Cela ne s’obtient qu’en étant exigeant, en travaillant en équipe et en construisant des relations solides. Cela nous permettra de passer à l’étape suivante, quelle qu’elle soit.

Comment le Per Mertesacker d’aujourd’hui, s’imagine dans 4 à 5 ans, en termes de développement de l’Académie  mais aussi de développement personnel ?

Ce que j’ai réalisé assez rapidement, c’est que travailler pour l’Académie est un engagement à long terme. Faire cela pendant deux ans et croire que je ferais la différence, serait une erreur. Il faut penser au parcours d’un jeune qui arrive au club en U9. Il peut être amené à rester avec nous pendant dix ans. Il va se développer, fluctuer. Il y aura des hauts et des bas. Donc, en pensant à moi, deux ans ne représente rien. Si je veux faire une vraie différence, que je veux enraciner tout ce dont nous avons parlé en termes de vision, de piliers, je ne dois pas envisager les choses dans les quatre à cinq ans, mais plutôt dans les sept à dix ans. C’est ce que j’ai en tête. Je me demande comment je peux faire la différence chaque année pour proposer l’environnement le plus adapté possible. Je veux m’assurer que les joueurs puissent s’épanouir et que nous les soutenions dans cette entreprise.

“Si je veux faire une vraie différence, que je veux enraciner tout ce dont nous avons parlé en termes de vision et de piliers, je ne dois pas envisager les choses dans les quatre à cinq ans, mais plutôt dans les sept à dix ans.”

C’est un peu le scénario rêvé. Nous voulons que cet environnement soit l’un des meilleurs au monde, mais il y a des étapes à franchir. Nous sommes sur la bonne voie, parce que nous avons de bons modèles, des inspirations. Mais est-ce que nous valorisons correctement ceux qui ne sont pas devenus professionnels ? Nous avons du chemin à parcourir de ce côté là, car nous voulons avoir plus de bons exemples de joueurs qui n’ont pas pu “réussir” à Arsenal, mais qui ont ensuite fait d’autres grandes choses. Nous ne voulons pas être réduits au succès que rencontrent BukayoEmile et les joueurs qui, demain, seront des leaders au club et entrerons dans son histoire. Le poste de directeur d’académie me comble complètement. C’est une position de leader que j’embrasse. Y a-t-il d’autres postes qui m’intéressent ? Je ne sais pas. J’ai eu 15 ans d’exposition dans le football de haut niveau, en étant international, en jouant la Ligue des Champions et en gagnant quelques trophées.

Je ne sais pas encore si je veux retrouver cette pression d’être jugé tous les trois jours, ce qui est le cas pour certains postes. Je n’en sais rien. J’ai une famille maintenant. Nous avons trois garçons à la maison. Ils ont besoin de se sentir libres aussi, de grandir et de se développer. Il ne s’agit plus seulement de moi disant : “Je veux aller de Brême à Londres. Ca c’était ma décision. Une fois que nous sommes arrivés à Londres, la décision d’y rester, puis d’y faire un travail différent après ma carrière de joueur, n’était plus ma seule décision. C’était une décision familiale. Chaque décision à partir de maintenant sera une décision conjointe de la famille.

En tant que directeur de l’académie, vous êtes amené à prendre de nombreuses décisions, plus ou moins contraignantes. Certaines ont des conséquences “réversibles”, d’autres pas.Lors du processus de sélection des talents qui intégreront votre système, vous essayez de prédire un résultat qui est souvent très éloigné dans le futur et dont l’issue est incertaine. Comment évaluez vous qualité et la robustesse de votre processus de prise de décision, tout en la dissociant du résultat ?

L’histoire nous dit que l’identification et le développement des talents est l’une des choses les plus difficiles. Ce que nous essayons de faire, au quotidien, c’est de nous assurer que nous disposons des informations les plus pertinentes possibles sur les joueurs et sur le staff, pour prendre ce qui nous paraît être la bonne décision à un instant T. Ensuite, nous essayons d’accompagner nos joueurs dans le cadre défini par nos quatre piliers. C’est le plus important. Si vous créez un environnement qui est exigeant, mais aussi, chaleureux, vous devez vous assurer que les jeunes joueurs ne sont pas dépassés par ce que l’académie leur demande. Ce n’est pas un environnement fait pour tout le monde. Si un joueur est en difficulté et que nous estimons que notre environnement ne peut plus favoriser son développement, il est de notre responsabilité de lui dire qu’il a peut-être une autre direction à prendre. Que à ce moment précis, quitter l’Académie peut-être la meilleure décision à prendre, afin qu’il trouve sa paix et son bonheur dans un environnement différent. Présenter cette décision comme quelque chose qui pourrait être positif et adapté à sa situation, afin qu’il poursuive son développement.

“Nous avons libéré des joueurs qui étaient à l’Académie et qui évoluent en Premier League aujourd’hui. Tout peut arriver, mais nous ne pouvons pas laisser cette perspective nous intimider. Nous devons être à l’aise avec les processus que nous avons mis en place et être honnête.”

Annoncer à un joueur qu’il n’est pas conservé, n’est jamais agréable. Nous nous réunissons quatre fois par an, pour chaque catégorie d’âge, afin d’aborder le développement de chaque joueur. Une équipe multidisciplinaire évalue la progression de chaque joueur et nous faisons des recommandations. Nous essayons de collecter un maximum de données associées aux différents versants de la performance humaine. A partir des éléments recueillis, nous essayons de prendre des décisions éclairées. Parfois nous aurons “raison”, parfois nous aurons “tort”. Nous avons libéré des joueurs qui étaient à l’Académie et qui évoluent en Premier League aujourd’hui. Tout peut arriver, mais nous ne pouvons pas laisser cette perspective nous intimider.

Nous devons être à l’aise avec les processus que nous avons mis en place et être honnête. Être honnête avec les parents, les joueurs et essayer de les aider à comprendre que ce n’est pas la fin du monde. Cela fait partie d’un processus et il se peut que ne pas être conservé, aide le joueur à s’améliorer et à repartir sur d’autres bases. Nous devons presque avoir une forme de détachement vis à vis de tout cela. Nous devons être à l’aise avec le fait que quelqu’un puisse se révéler ailleurs (humainement ou en termes de football). Cela fait partie de ce processus.

D’autant plus que dans le football, les décisions sont analysées et commentées par des millions de gens, qui s’appuient sur l’indicateur de performance le plus accessible : le résultat. En ce sens, ne pas conserver un joueur pourrait vous être reproché, si celui-ci devenait par la suite un “crack”, mais ailleurs…

Cela peut arriver. Nous avons quelques exemples. Les autres clubs ont des exemples similaires. Nous sommes tous dans le même bateau. Il faut faire preuve d’un grand détachement, car vous ne pouvez pas savoir si un joueur se serait développé de la même manière dans votre environnement. Vous ne pouvez pas. Même s’il s’avère être un joueur absolument génial et/ou un être humain formidable à la sortie. En fait, vous devez être heureux que cela soit arrivé quelque part.

 Nous avons eu un joueur comme Luke Ayling, qui joue maintenant pour Leeds United. C’est une magnifique histoire pour lui. Nous sommes passés à côté d’un joueur fabuleux, mais c’est peut être le parcours qu’il a eu suite à son départ d’Arsenal qui a fait de lui la personne qu’il est aujourd’hui. A l’inverse, nous avons accueilli Eddie Nketiah en provenance de Chelsea, lorsqu’il avait  15-16 ans et maintenant, il évolue en Premier League. Manchester United a laissé partir Paul Pogba, avant de le racheter. Ce sont des choses qui arrivent.

“Il faut faire preuve d’un grand détachement, car vous ne pouvez pas savoir si un joueur se serait développé de la même manière dans votre environnement.”

Vous trouverez des exemples similaires à peu près partout, même si, comme vous l’avez souligné, cela génèrera toujours des discussions. Un certain nombre de personnes pourraient me reprocher de ne pas avoir conservé un joueur qui excelle ailleurs. Je ne veux pas de cette culture du blâme. Je suis absolument contre. Je l’ai vu dans de nombreuses équipes de football qui n’ont pas réussi. Je veux que les personnes qui travaillent à l’Académie croient en ce que nous faisons.

Si nous aspirons à développer de Strong Young Gunners, ce sont des décisions que nous devrons parfois prendre. Ne pas conserver certains joueurs, pour le bien de leur développement et sans avoir peur des conséquences. Nous sommes trop occupés et concentrés à essayer d’exceller dans ce que nous faisons et à aider nos joueurs à devenir de bons êtres humains. Oui, nous voulons être les meilleurs au monde, donc avoir les meilleurs joueurs du monde, mais parfois, cela signifie que vous devez laisser partir quelqu’un qui pourrait réussir ailleurs et ce n’est pas grave. Je ne blâme personne et au club, je n’ai vu personne venir me voir en disant : “Mais pourquoi avez-vous fait cela ?”. Le blâme ne fait partie de notre identité.

Dire non est quelque chose de difficile. Cependant, c’est une compétence qui est nécessaire pour rester concentrer sur ce qui est réellement important et exécuter. Avec cette starification toujours plus précoce des joueurs et les enjeux associés, comment vous astreignez vous et votre équipe, à dire non ?

Dans tout ce que nous entreprenons, les choses peuvent tourner au vinaigre à tellement de niveaux… J’essaie de faire en sorte que les staff se sentent assez à l’aise et soutenus, pour pouvoir dire non, même aux meilleurs joueurs. Il y a un cadre bien défini, dans lequel tout le monde doit évoluer. Vous avez raison, il y a un énorme pouvoir associé au non. Par exemple, cela peut vite mal tourner, si notre communication est axée sur : “tu es le meilleur joueur, ne t’inquiète pas pour l’école. Ne t’inquiète pas, tout ira bien”. Le message reçu par le joueur, ses coéquipiers, le staff, son entourage, c’est : “tout est permis”. Si ce n’est pas l’école, alors ce sont les retards aux entraînements ou l’absence d’implication lorsqu’il faut se replacer quand l’équipe perd le ballon, etc.

“Savoir dire non et travailler dans le cadre défini par l’Académie est crucial.”

A quel point vous souciez-vous des autres, quand vous dites toujours oui ? Pour moi, votre souci du bien être d’autrui est plus important si vous dites parfois non, car cela les oblige à faire face à la situation. Cela peut nous mettre un peu mal à l’aise, mais les autres aussi, car ils devront faire face à la situation. La capacité à s’adapter est ce qui m’intéresse, car cela vous prépare à la vie et à cet état de frustration. Nous devons laisser les joueurs traverser ces situations qui ne peuvent se résoudre parce qu’ils sont de bons joueurs de football. Ils les résoudront grâce à leurs compétences humaines. C’est ce à quoi me renvoie cette idée associée au pouvoir de dire non. Parce que, vous pourriez vous dire : “donnons leur de  l’argent, des crédits pour le taxi, etc. Donnons leur tout ce que nous avons”. Vous pourriez vous dire que c’est cela, “prendre soin d’eux”. Je dirais que c’est tout le contraire. 

Évidemment, que nous nous soucions du bien-être de nos joueurs, que nous les soutenons. Quoi qu’il arrive, nous essayons de les soutenir et d’être là. Cependant, nous avons aussi un cadre et lorsque vous sortez de celui-ci, la discussion n’est plus possible : négliger  l’école, avoir certains comportements, etc. Nous devons nous opposer à cela. Nous devons faire en sorte que nos actions soient, autant que possible, alignées avec notre vision. Savoir dire non et travailler dans le cadre défini par l’Académie est crucial.

comment prenez-vous le temps de la réflexion, notamment lorsqu’il s’agit de conserver un peu plus longtemps dans le système, certains joueurs dont le développement est plus lent ou pour lesquels vous avez des doutes ?

C’est parfois difficile, parce qu’en fonction des catégories d’âges, l’engagement d’un joueur est variable. Chez les très jeunes, l’engagement est d’un an. De U13 à U14 et de U15 à U16, nous sommes sur des engagements sur deux ans, puis après les U16, il y a une bourse d’étude de deux ans. Il y a donc quelques points de bascule, où vous devez déterminer qui continue dans cet environnement et qui doit le quitter, pour en rejoindre un autre. Cependant, en prenant mon propre parcours pour exemple, je pense que déterminer à qui nous devons proposer un contrat de 2 ans dès les U16, est un peu prématuré. Il me semble que le point idéal se situe entre 16 et 17 ans. Cette année est d’une importance cruciale, notamment pour les jeunes qui se développent tardivement. Parce qu’en U16, certains joueurs peuvent vous donner l’impression de “stagner” dans tous les domaines et cela a un impact important sur leur football.

Dans ces conditions, je n’aurais probablement pas été retenu par l’académie d’Hanovre, quand j’étais plus jeune. J’ai vécu une poussée de croissance trop rapide, j’ai été absent pendant un an et je suis, malgré tout, resté dans le système. Parfois vous êtes contraint de prendre des décisions précoces, que vous pouvez regretter ensuite. Nous sommes régis par les impératifs de la Premier League, mais nous devrions nous laisser un peu plus de temps avant de décider. Avec l’aide de processus robustes, nous pouvons nous assurer qu’au moment de prendre notre décision, nous avons pris en compte tous les facteurs : la maturation, les performances footballistiques, les qualités humaines, etc. Quand nous prenons en compte tous ces éléments, nous pouvons arriver à une conclusion. Pour certains joueurs, nous dirons: “nous pensons qu’il vaut mieux que vous changiez d’environnement”, pour d’autres ce sera  “continuons ensemble, nous sommes intéressés par ce qui va arriver” et pour d’autres encore, c’est un oui clair, parce que nous pensons que c’est la bonne voie pour eux.

La recherche du risque zéro peut mener à la paralysie du processus de prise de décision. Qu’est ce que vous évoque cette notion générale de risque et comment l’appréhendez-vous au quotidien ?

Comme je l’ai dit, la clé, c’est de mettre en place des processus sains et robustes, qui permettent de prendre des décisions éclairées. Nous avons la chance de travailler dans un environnement de haut niveau avec des gens de haut niveau. Chaque jour, je vais travailler avec plaisir, afin d’accompagner les joueurs et les employés du club, dans la définition de leurs propres chemins. C’est notre conviction profonde. Je ne pense pas tellement au risque en soi, ni même au mot “risque”. Ce que j’essaie de faire, c’est de me préparer au mieux pour faire face aux différentes situations qui pourraient émerger. C’est ainsi que je renforce ma confiance dans ce que j’entreprends, mais aussi dans les décisions que nous prenons collectivement avec les personnes sur lesquelles je compte. Donc, que peut-il nous arriver ? Perdre un joueur ? Perdre un joueur qui sera une superstar à un moment donné ? Je veux être plus que cela. Ma vie n’est pas régie par cette notion de risque. Il y a des moments où vous devez vous exposer à certaines situations : parler devant 2000 personnes, faire une interview devant 100 personnes, être sur scène ou jouer devant 60 000 personnes. Il y aura donc des moments où il y aura un risque naturel.

Un joueur peut commettre une grosse erreur et faire perdre le match. Cela fait partie du jeu. Donc, oui, il existe des situations que vous pourriez considérer comme risquées, mais j’appréhende plutôt ces situations en me demandant “ai-je fait tout ce que je pouvais pour me préparer ?”. En fait, je vois ces situations comme une belle opportunité d’utiliser toute l’expérience que j’ai acquise pour faire la différence. Cette approche est positive pour moi, parce que le staff croira en moi et en ma capacité à faire face à ces situations, les fans aussi. Même si vous faites une erreur, les gens vous pardonneront, si vous leur avez montré que vous avez une bonne mentalité. C’est ce que je crois. Nous pouvons perdre un match, mais nous devons contrôler la manière dont nous le perdons. Le risque est omniprésent dans le football, sur les réseaux sociaux, etc. Ce sont des choses pour lesquelles nous devons nous assurer que les joueurs sont éduqués et informés.

Là où nous devons être attentifs, c’est quand les émotions prennent le dessus et que vous faites quelque chose que vous regrettez 10 secondes après. Cela peut être un tweet, un carton rouge. Ce sont les éléments auxquels nous devons nous préparer le mieux possible, car ces moments se produiront. Quelqu’un est en colère, tweete quelque chose et l’efface ou s’expose à commettre un crime. Nous avons vu toutes ces situations se produire. La conscience du risque m’est venue naturellement. Je pense que mes parents m’ont inculqué cela, en m’invitant à faire preuve d’humilité, à avoir la volonté d’apprendre et de faire face aux situations. Lorsque je me retrouvais dans une situation inconfortable, j’essayais de m’assurer que j’étais celui qui gardait le contrôle. Pour les jeunes joueurs, être une figure de proue dans la société, c’est probablement le plus grand risque. Nous essayons autant que possible de les accompagner et de les informer, de les alerter sur le tweet qu’ils publieront aujourd’hui et qu’ils regretteront dans 10 ans. 

Étant donnée votre vision, avoir un double projet (éducatif et sportif) solide ne semble pas être en option. Quelles différences observez-vous, entre ce que vous avez vécu et ce qui se fait aujourd’hui ?

Avec le recul, l’énorme avantage que j’ai eu, c’est d’aller à l’école le matin, dans un environnement qui n’avait rien à voir avec le football et le soir, j’allais m’entraîner. Cette séparation m’a vraiment façonné, car je voulais obtenir de bonnes notes, prendre le meilleur de ce qui m’était proposé à l’école et réussir dans cet environnement-là. Mais aussi, en sortant de là, je voulais faire mes preuves dans le football. Pour moi et ma famille, être bon au football, ce n’était pas suffisant. Parce que ce à quoi vous devez penser c’est : “Si il n’y a plus de football, que me reste t-il ? Quel est mon plan A+ ? Qu’est-ce qui définit ce que je suis ?”. Mais c’est une démarche personnelle, c’est quelque chose qui doit venir de vous. J’avais cette motivation intrinsèque qui m’a toujours poussé à faire mes preuves ailleurs, pas seulement dans le football.

“L’énorme avantage que j’ai eu, c’est d’aller à l’école le matin, dans un environnement qui n’avait rien à voir avec le football”

Aujourd’hui, même nos joueurs vont à l’école là où ils jouent au football. C’est un système différent et nous devons nous assurer que notre environnement les prépare à ce qui peut rapidement leur arriver. Ils peuvent être blessés, jouer à l’Emirates ou dans un autre club ou être prêtés. L’éducation est un élément clé, c’est l’un de nos piliers. J’aime que les joueurs soient exposés à la vie, qu’ils fréquentent des personnes différentes, qui n’ont rien à voir avec le football. Cela leur permet de mieux comprendre ce qui se passe et leur donne plus de perspectives. Je suis très attaché au fait de rester dans la réalité et d’avoir différentes perspectives. Nous essayons de faire en sorte qu’ils restent aussi humbles que possible. Au club, chaque jour, ils ont accès aux meilleurs terrains, à de bonnes installations, à de la nourriture de qualité, mais ce n’est qu’une petite partie de l’histoire.

Lire aussi | Pep Segura : la formation est essentielle dans le projet d’un club

Lorsqu’un joueur prend sa retraite sportive, la transition vers le “monde réel”, peut être abrupte, pour ne pas dire violente, si il n’y est pas préparé. Néanmoins, pour un certain nombre de jeunes retraités allemands, la transition vers des postes à responsabilité, ayant une forte composante administrative, semble se faire très naturellement. Est-ce culturel ?

Pour moi aussi, la transition entre le statut de joueur et le monde de l’entreprise, a été une découverte. Cependant, c’est quelque chose que j’ai pu gérer, parce que j’ai une approche très structurée des choses. Chaque jour : arriver à l’heure, m’assurer que je suis la meilleure version possible de moi-même, respecter les gens autour de moi et le club en général. J’ai obtenu ce fantastique poste de directeur d’académie, sans avoir la moindre expérience. Vu de l’extérieur, cela peut sembler être un privilège, non ? Néanmoins, je dirais que la façon dont vous vous comportez et dont vous traitez les gens, chaque jour, pendant sept ans, peut faire la différence. Cela faisait aussi la différence sur le terrain. C’est ce comportement qui a poussé Arsène Wenger à me dire : “écoute, tu veux rester ? Tu veux rester au club ?”. Le fait d’être fiable, de proposer de la qualité et d’être responsable, vous met dans une position où les gens peuvent considérer votre avenir dans un club, pour qu’à votre tour, vous fassiez la différence pour la génération suivante.

J’ai donc été dans un processus de recrutement pendant sept ans, sans vraiment passer d’entretien pour mon rôle actuel. Durant ces années, par mon comportement, je voulais que les gens au club se rendent compte que je pourrais apprendre rapidement, que j’avais une approche structurée, du respect pour autrui et que je pourrais être un modèle. Depuis que j’occupe ce poste, c’est ce que j’essaie d’incarner chaque jour. Les gens essaient de prendre les décisions les plus éclairées possibles et parfois, ils ne prennent pas leurs décisions sur la base d’un seul entretien de 45 minutes. Durant ces sept années, ils ont pu m’observer dans les bons moments, les mauvais moments et les moments horribles. Je pense que Arsène avait une bonne idée de qui j’étais. Je ne sais pas si c’est culturel, mais effectivement, il y a un certain nombre de joueurs de ma génération qui occupent des postes à responsabilité : Simon Rolfes à Leverkusen, Thomas Hitzlsperger avec Stuttgart ou encore Arne Friedrich au Hertha Berlin, etc. Philipp Lahmtravaille avec la DFB, en quelque sorte, sur l’organisation de l’Euro 2024.

“Être fiable est une qualité qui est bien trop souvent négligée, mais c’est ce qui vous permettra d’avoir des opportunités.”

Je pense aussi qu’en Allemagne, il y a une voie similaire pour les entraîneurs qui sont à la tête d’équipe U23. Ils ont parfois l’opportunité d’entraîner directement l’équipe première ou alors d’assurer un intérim pendant trois ou quatre semaines et ensuite, se voit proposer ce rôle à plein temps. Bien souvent, ils renforcent la passerelle entre l’académie et l’équipe première par la même occasion et surtout, ils rencontrent un certain succès. Thomas TuchelJürgen KloppJulian Nagelsmann, etc. On peut en citer beaucoup. Même Ralf Rangnick. Ils entraînent maintenant les meilleures équipes du monde. Je pense qu’il y a des éléments dans notre culture, dans notre façon d’être, qui font que nous profitons des positions qui sont disponibles parce que les décideurs considèrent que nous pourrions être compétents, à la lumière des choses qu’ils ont vues au fil des années. Un mélange de cohérence, de discipline et d’honnêteté, qui les amènent à penser que nous serions de bons modèles. Des modèles qui peuvent apprendre le métier rapidement. Je pense que c’est lié à cela. 

Concernant les entraîneurs, en Allemagne, les clubs n’ont pas les mêmes capacités financières qu’en Angleterre. À Everton par exemple, ils ont facilement pu engager Carlo Ancelotti. Je ne pense pas qu’ils se soient dit: “proposons le poste à l’entraîneur des U23”. Cela n’arrivera jamais en Angleterre. En Allemagne, l’approche est un peu différente. Les décideurs se diront: “Oh, il a bien travaillé avec les U23. Essayons-le”. Il y a un certain nombre d’exemples, où les clubs font confiance aux gens, s’ils travaillent bien et qu’ils ont le comportement adapté.

La transition n’a pas été aisée pour moi, car je ne savais pas à quoi m’attendre. Cependant, lors de ma dernière année en tant que joueur, j’en ai profité pour être à l’Académie, pour échanger avec les gens. Je me suis préparé, j’ai passé mon UEFA B en parallèle. En faisant cela, j’ai envoyé des signaux aux gens autour de moi. Je pense que c’était le comportement à adopter pour optimiser mes chances de voir cette transition se faire en douceur. Comme je l’ai déjà dit, être fiable est une qualité qui est bien trop souvent négligée, mais c’est ce qui vous permettra d’avoir des opportunités.

Ce que je fais aujourd’hui, je ne le considère pas comme acquis. Je vois cela comme une énorme opportunité de continuer ce que j’ai fait en tant que joueur et de continuer à faire la  différence pour ce club fantastique. Arsène Wenger et Ivan Gazidis m’ont donné cette opportunité et c’est une grande responsabilité pour moi étant donné ce qu’ils ont accompli ici. Donc je me dis : “Que dois-je faire pour améliorer les choses, pour aller de l’avant ?”, “Quel genre de responsabilités dois-je prendre ?”. Je ne me dis pas que je suis un avatar publicitaire, que je suis juste l’image de cette Académie. Non, j’ai besoin d’être présent, j’ai besoin d’être authentique. J’ai besoin de faire la différence. Cela ne s’obtient qu’en étant exigeant, en travaillant en équipe et en construisant des relations solides. Cela nous permettra de passer à l’étape suivante, quelle qu’elle soit.

Comment le Per Mertesacker d’aujourd’hui, s’imagine dans 4 à 5 ans, en termes de développement de l’Académie  mais aussi de développement personnel ?

Ce que j’ai réalisé assez rapidement, c’est que travailler pour l’Académie est un engagement à long terme. Faire cela pendant deux ans et croire que je ferais la différence, serait une erreur. Il faut penser au parcours d’un jeune qui arrive au club en U9. Il peut être amené à rester avec nous pendant dix ans. Il va se développer, fluctuer. Il y aura des hauts et des bas. Donc, en pensant à moi, deux ans ne représente rien. Si je veux faire une vraie différence, que je veux enraciner tout ce dont nous avons parlé en termes de vision, de piliers, je ne dois pas envisager les choses dans les quatre à cinq ans, mais plutôt dans les sept à dix ans. C’est ce que j’ai en tête. Je me demande comment je peux faire la différence chaque année pour proposer l’environnement le plus adapté possible. Je veux m’assurer que les joueurs puissent s’épanouir et que nous les soutenions dans cette entreprise.

“Si je veux faire une vraie différence, que je veux enraciner tout ce dont nous avons parlé en termes de vision et de piliers, je ne dois pas envisager les choses dans les quatre à cinq ans, mais plutôt dans les sept à dix ans.”

C’est un peu le scénario rêvé. Nous voulons que cet environnement soit l’un des meilleurs au monde, mais il y a des étapes à franchir. Nous sommes sur la bonne voie, parce que nous avons de bons modèles, des inspirations. Mais est-ce que nous valorisons correctement ceux qui ne sont pas devenus professionnels ? Nous avons du chemin à parcourir de ce côté là, car nous voulons avoir plus de bons exemples de joueurs qui n’ont pas pu “réussir” à Arsenal, mais qui ont ensuite fait d’autres grandes choses. Nous ne voulons pas être réduits au succès que rencontrent BukayoEmile et les joueurs qui, demain, seront des leaders au club et entrerons dans son histoire. Le poste de directeur d’académie me comble complètement. C’est une position de leader que j’embrasse. Y a-t-il d’autres postes qui m’intéressent ? Je ne sais pas. J’ai eu 15 ans d’exposition dans le football de haut niveau, en étant international, en jouant la Ligue des Champions et en gagnant quelques trophées.

Je ne sais pas encore si je veux retrouver cette pression d’être jugé tous les trois jours, ce qui est le cas pour certains postes. Je n’en sais rien. J’ai une famille maintenant. Nous avons trois garçons à la maison. Ils ont besoin de se sentir libres aussi, de grandir et de se développer. Il ne s’agit plus seulement de moi disant : “Je veux aller de Brême à Londres. Ca c’était ma décision. Une fois que nous sommes arrivés à Londres, la décision d’y rester, puis d’y faire un travail différent après ma carrière de joueur, n’était plus ma seule décision. C’était une décision familiale. Chaque décision à partir de maintenant sera une décision conjointe de la famille.

A Arsenal, nous voulons nous assurer que tout le monde comprend qu’en entrant dans cette académie, moins de 1 % d’entre eux atteindront le haut niveau ou gagneront leur vie grâce au football. Les joueurs, ainsi que leur entourage, doivent être parfaitement au clair sur ce qui les attend, en termes de développement en tant que footballeur, mais dans le cadre de notre plan de développement des personnes. Nous voulons développer des personnes qui envisagent leur vie comme une formation continue. Une recherche permanente, volontaire et motivée, par des raisons personnelles ou professionnelles. C’est la compétence la plus importante que vous puissiez acquérir dans n’importe quel environnement. Qu’il s’agisse du football, du basket-ball ou de l’école. Si vous êtes en capacité de donner la priorité à l’éducation, sur le terrain et en dehors, vous avez de bonnes chances de réussir dans la vie et c’est pour cela que nous sommes là.

PEDAGOGIE

LA PÉDAGOGIE

Les Méthodes Pédagogiques

1 Quel jeu et quel joueur pour demain ?

La priorité sera donné au jeu offensif, à la fluidité, et à la réaction à la perte du ballon (pour le récupérer rapidement), afin
ne pas laisser l’adversaire prendre de la vitesse.
Pour arriver à ce projet de jeu, il nous faut développer une unité de pensée, de conception, une cohérence à divers
échelons de la formation. Le joueur de demain devra être plus adaptatif aux situations, plus anticipatif, plus créatif. Il devra
avoir un temps d’avance sur l’adversaire, dans la lecture du jeu, dans ses choix, et sa prise de décision (agir avant les autres).
Actuellement, on forme le joueur et ensuite on s’attache au jeu collectif.
On utilise la « pédagogie directive » (analytique) : l’enfant doit imiter le geste démontré par l’éducateur. On amène
à l’enfant des moyens techniques et moteurs à utiliser dans des situations de jeu.
Actuellement, on (l’éducateur) est INTERVENTIONNISTE dans le jeu : il donne la solution au joueur
Actuellement, on (l’éducateur) joue à sa place : « Tire, passe ton ballon, … revient, …. mets en touche, …. »
Actuellement, on (l’éducateur) ne laisse pas le joueur réfléchir à son action, à s’approprier l’objectif et trouver les solutions
pour y parvenir.
Maintenant et demain, l’éducateur devra articuler les deux :
« Il n’y a plus de formation du joueur sans formation au jeu collectif »
OBJECTIF : RENDRE le JOUEUR INTELLIGENT

2 Comment ?

Depuis toujours, la formation du joueur s’inscrit dans une démarche mixte consistant à développer l’intelligence de jeu
ainsi qu’une technique efficiente. Il n’est pas question de remettre en cause ce qui a été fait par le passé (et qui a
fonctionné), ni de renier les caractéristiques françaises. On ne va pas révolutionner le concept. C’est plus une redéfinition
des méthodes dont il s’agit, ainsi qu’une remise en cause de l’éducateur sur son attitude envers le joueur : si je dis ça,
quel effet cela aura sur le joueur ?
L’éducateur devra utiliser trois « méthodes pédagogiques » pour s’inscrire dans ce projet de formation du joueur.
Actuellement, on les utilise plus ou moins, mais il convient de les normaliser.

1. PEDAGOGIE « ANALYTIQUE »   ( = Pédagogie des Modèles d’exécution = PME )
a) L’éducateur définit l’objectif et le but à atteindre :
* Il précise les consignes à respecter (tâche)
* Il démontre, corrige et fait répéter (organisation en conséquence).
b) situations de référence :
* Ce sont les situations analytiques où on développe les qualités et capacités du joueur :
C’est le travail de motricité chez les 6-12 ans, le travail d’initiation et de perfectionnement technique à base de répétitions.
* Ce sont aussi des situations évolutives où l’on peut jouer sur les paramètres suivants :
contraintes de temps, d’espace, de sens du jeu. Des formes ludiques peuvent être intégrées.
c) remédiation (correctifs) :
* essentiellement par des critères de réalisation (pôle gestuel)
* mais également par la prise d’informations (pôle informationnel)

2. PEDAGOGIE « AMENAGEE » ( = Pédagogie des Modèles de décision tactique = PMDT )
a) Aménagement d’une situation de jeu resserrée :
* l’éducateur précise le but à atteindre
* l’éducateur laisse un « temps de découverte » au joueur (essai – erreur) = tâtonnement.
* l’éducateur peut intervenir en montrant une solution (parmi d’autres)
* l’éducateur suscite d’autres alternatives chez les joueurs (répétitions des différentes alternatives)
b) situations de référence : * 2 contre 1 , 3 contre 1 (avec progression) , 3 contre 2
* situation avec une ligne
c) remédiation (correctifs) : * essentiellement par le questionnement des joueurs
* reconnaissance des repères pour définir le choix (prise de décision).

3. PEDAGOGIE « ADAPTATIVE » ( = Pédagogie des Modèles auto-adaptatifs = PMAA )
= c’est la pédagogie « globale »
a) situations de référence : jeux réduits, jeux à thèmes (jeux scolaires pour les petits)
b) L’éducateur aménage l’espace et l’effectif (joker, supériorité, égalité) :
* l’éducateur précise le but à atteindre et les règles (consignes)
* l’éducateur laisse un « temps de découverte » au joueur (essai – erreur) = tâtonnement.
* l’éducateur peut arrêter le jeu (rappeler aux joueurs les principes généraux)
c) remédiation (correctifs) : * essentiellement par le questionnement des joueurs
* reconnaissance d’une situation connue.

CONDUITE à TENIR (recommandations à l’éducateur) :
2 minutes : au début du jeu, s’efforcer de ne pas parler aux joueurs pendant 2 minutes sur ce qu’il faut faire, ne
pas faire (s’autoriser juste à les encourager, les stimuler : « c’est bien », « continuez », « pensez au but à atteindre »).
IMPLIQUER le joueur pour favoriser l’appropriation des principes de jeu, qu’il n’attende pas à ce que se soit vous
qui lui donniez la solution (il s’y habitue). Le joueur sollicite ses capacités adaptatives et créatives par une confrontation
à des problèmes de jeu. Il développe ainsi ses PROPRES ressources.
L’éducateur QUESTIONNE, donne confiance : il écoute les REPONSES des joueurs et les démontre (ou fait
démontrer). L’appropriation est alors multipliée.
EVITER de TROP parler et de mettre la pression. Les aménagements (zones, consignes) suffisent à l’appropriation

4. CONCLUSION
Les bases de notre enseignement doivent aborder une meilleure connaissance du jeu, et la maitrise des méthodes
pédagogiques adaptées.
Nous devons ETRE CAPABLES de modifier notre comportement
afin QUE CE SOIT LE JOUEUR qui s’approprie le jeu et son activité.

LE GOLF FOOT UNE PRATIQUE LOISIR POUR TOUS

Les nouvelles pratiques du Football sont

Le Futnet

Le Fit Foot

Le Football en marchant

Le Beach Soccer

Le Golf Foot

Le Golf Foot se distingue du Footgolf par une pratique dans un espace libre, avec des cibles facilement déplacaables. Le Footgolf se pratique dans un club de Golf avec des aménagement de Boggeys et une pratique règlementée.

Vous trouverez ci dessous le lien pour accéder à la découverte du Golf Foot.

https://media.fff.fr/uploads/document/c5cd2b640de26373e90eeecb4b1c1c8c.pdf