RACING CLUB DE FRANCE FOOT A COLOMBES UN CLUB AVEC UN ENTRAINEUR MANAGER A SA TETE

Voici un article de celui qui est le coach de l’équipe des HAuts-de-seine qui évolue au plus haut niveau chez les garçons, le portrait de GUILLAUME NORBERT a été réalisé par Clément MAILLARD 13heuresfoot.fr / Twitter @MaillardOZD

Guillaume Norbert, le chef de chantiers

L’ancien joueur pro de Nantes, Angers et Lorient, a rejoint son père-président au Racing-club de France en 2019, qu’il a fait grimper de N3 en N2. Chef d’entreprise à la vie dans le secteur du bâtiment, il revient sur ses nombreuses expériences et explique comment il gère sa double-casquette.

A 42 ans, Guillaume Norbert a déjà vécu plusieurs carrières. Aujourd’hui, l’homme, passé par Champigny, PSG, Créteil et Arsenal chez les jeunes, et aussi Angers, Lorient, Nantes ou encore Créteil et Le Havre chez les pros, a remisé les crampons. Et porte une double-casquette : celle de chef d’entreprise dans le BTP (bâtiment et travaux publics) et de coach à succès, au Racing, en National 2 (le club est monté cette année et a repris sa place de leader samedi en battant Rennes B 5-1). Bienvenue dans la vie de Guillaume Norbert, vécue à 10 000 à l’heure !

Photo AlternisPic

Ah ça, il aurait presque un prénom et un nom à jouer dans OSS 117, Guillaume Norbert. Aux côtés des Noël Flantier, Armand Lesignac ou autres Raymond Pelletier, le patron du Racing ne dépareillerait pas.

Dans la réalité, bien loin du cadre de la fiction, le quotidien de l’ancien milieu de terrain de Nantes ou d’Angers n’en est d’ailleurs pas moins rempli et déroutant que la vie d’un espion français du siècle dernier.

Coach le matin, patron d’entreprise le soir, l’agent spécial Norbert n’a pas le temps de s’embêter. A la tête d’une boîte de dix personnes dans le BTP jusqu’à parfois tard le soir, dirigeant ses troupes de Colombes pendant les entraînements le matin et le week-end, le natif de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine, n’est pourtant pas du genre à se plaindre.
Au téléphone, sur les coups de 20 heures, l’ancien milieu de terrain nous demande d’ailleurs s’il peut rappeler quelques minutes après, le temps de prévenir sa femme qu’il rentrera plus tard. Une question à son l’image de l’être humain qu’il est, disponible pour évoquer sa carrière pendant trois quarts d’heure au bout d’une journée à rallonge.

« Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup »

Photo : Rayane Jandau

Guillaume, le foot pour vous, on a l’impression que c’est d’abord très lié à l’Île-de-France et à votre papa…
C’est là où j’ai grandi, où j’ai appris à jouer au foot. Mon premier entraîneur, c’était mon père, avec qui d’ailleurs on a fait un beau parcours en Coupe de France en poussins, avec Champigny-sur-Marne, l’ancêtre du Red Star, le RSCC ! On avait passé plusieurs tours départementaux, le tour régional, et on avait représenté la région au tournoi national, avec les huit meilleures équipes de France. Avec notre petit club de Champigny et mon père à la tête, et mon adjoint d’aujourd’hui au Racing, Serge, qui faisait partie de l’équipe, on avait joué en lever de rideau de la finale de la Coupe, Marseille-Monaco, au Parc des Princes. On est un enfant, à dix ans, jouer là-bas, c’est inoubliable. Et c’est d’ailleurs comme ça que ça a un peu commencé pour moi.

Vous êtes repéré à ce moment-là par le PSG… Une autre étape parisienne avant le Racing aujourd’hui ! L’identification à l’Île-de-France, c’est un des fils rouges de votre carrière, avec votre père ?
Le PSG est en tribunes, et me repère. Ils m’ont suivi pendant un an à Champigny, et m’ont fait venir à 13 ans, et je suis resté quatre ans au PSG. Je suis attaché à ma région, c’est là où j’ai grandi, où j’ai vécu mes premières sensations. Après ma carrière, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, sans chercher à revenir dans la région en revanche. Je suis parti en Suisse entraîner avec Marco Simone à Lausanne, en cours de saison. L’équipe était dernière décrochée, à 10 points de l’équipe devant. On a fait plutôt du bon travail, on a recollé, mais sans réussir à maintenir le club. Marco voulait nous prolonger, le staff, mais ne l’a pas obtenu. A ce moment-là, j’étais dans une situation personnelle où j’étais séparé de mon ex-femme depuis 2 ans, et je me suis dit que j’allais me stabiliser pour mon fils, sans qu’il ne soit délocalisé tous les six mois. Je suis revenu en région parisienne, en travaillant dans ma société dans le bâtiment. D’ailleurs, là je suis toujours au bureau ! Ensuite le projet du Racing s’est présenté avec mon père, et le foot m’a rattrapé.

Vous avez la particularité d’avoir coupé du foot et du métier de coach pendant cinq ans, et d’avoir aujourd’hui cette double-casquette de chef d’entreprise et entraîneur ! Ca fait des grosses journées !
C’est sûr que ça fait des journées bien remplies (rires) ! Après, c’est une histoire d’amitié. J’ai un ami qui est dans le bâtiment depuis longtemps, et en faisant construire au Havre, pour les finitions, il m’avait aidé. En blaguant, on s’était dit que quand j’arrêterai on monterait peut-être une société ensemble. Finalement, on l’a fait ! Au début, c’était juste lui et moi, et puis la société s’est développée.

« Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec mon père »

Comment menez-vous vos deux métiers de front, coach le matin, patron le soir ?
Je le vis très bien, car ce sont avant tout des aventures humaines. La société, comme je l’ai dit, c’est avec un ami, on a monté ça, on est parti de rien, on s’est fait une place là où on se trouve, c’est une belle histoire. Et le football, je vis ça avec mon père, il m’a donné sa passion du football, a été mon premier entraîneur, il m’a formé jusqu’à mes 11 ans à Champigny, c’est le moment où on se fait son bagage technique, même si d’autres choses se développent ensuite. Et aujourd’hui on se retrouve dans cette aventure au Racing. Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec lui.

En plus, pas à un petit niveau, en N3 puis en N2 cette saison : est-ce que bosser tous les jours avec son paternel se passe bien ? Il paraît qu’il est très impliqué !
Chacun connaît son rôle, et ça se passe très bien ! C’est le président, je suis l’entraîneur. Forcément on échange, car il a une très bonne connaissance du jeu. A la fin, j’ai des choix à faire et il les a toujours respectés. Les choses se passent très bien. On a aussi la chance d’avoir des résultats, même si le Covid a stoppé des saisons depuis mon arrivée en 2019, donc ça aide ! C’est une belle aventure humaine. Et pas seulement avec lui, avec Serge (Gnonsoro) également, mon adjoint, un ami d’enfance, le staff et les joueurs, qui représentent un groupe qu’on a créé y’a deux ans. Cette saison, à 90% en National 2, c’est le même groupe que l’an passé en National 3. On a créé un lien avec eux, ils ont créé un lien entre eux, on sent une vraie cohésion. On est invaincus, avec six victoires et deux nuls.

« Retrouver le monde professionnel »

Le Racing, c’est un club historique, aux racines franciliennes. C’est drôle que vous reveniez coacher une telle entité après une telle pause. Quel est votre regard sur le RCF ?
C’est un club magnifique, avec une histoire, qui a gagné plusieurs Coupes de France, qui a été au plus haut niveau en France. C’est un club qui n’est pas à sa place aujourd’hui. Les installations étaient un peu vétustes, elles vont être mises à niveau, tout est réuni pour ramener le club là où il devrait être. Un club comme le Racing, dans une région comme la région parisienne, plus gros pourvoyeur de joueurs professionnels, juste derrière la région de Sao Polo au Brésil – j’avais lu une étude sur ça -, ça montre l’importance. Tout est réuni. Quand on parle aux gens, on sent une nostalgie, une attente de retrouver le monde professionnel. C’est notre objectif. Même si on sait que c’est ambitieux, que ce sera difficile, il faudra du temps. En tout cas on a envie de mettre toute notre énergie dans ce projet.

C’est le projet qui vous a convaincu ?
Mon père a repris le club et m’a demandé si je pouvais lui filer un coup de main comme manager général. J’étais parti de chez moi à 16 ans, j’étais à un moment de ma vie où j’avais décroché du foot, avec une stabilité, mes week-ends, mon entreprise, et je lui ai dit « ok, mais je ne serai pas là tous les week-ends ». Et puis bon, de fil en aiguille, les choses se sont faites. Un coach est parti, un autre est arrivé, je lui ai filé un coup de main en tant qu’adjoint, puis quand il n’a pas été confirmé, je me suis dit, allez, on va tenter l’aventure. Dans ma position, je passais autant de temps qu’un entraîneur, j’avais déjà coaché, j’avais les diplômes, donc autant le faire à fond.

Ca fait suite à une « première » expérience d’entraîneur chez les jeunes à Honfleur et avec Marco Simone donc !
C’était avec mon fils, vraiment chez les débutants quoi. Mais j’ai adoré, et puis je l’ai aussi entraîné au Plessis-Robinson. Ce que j’avais vécu avec mon père, j’ai eu envie de le transmettre à mon fils. Marco (Simone), c’est quelqu’un avec qui je m’entends très bien, on a passé nos diplômes ensemble. C’est un très bon entraîneur, mais il est arrivé à chaque fois en cours de saison, sans pouvoir faire son recrutement, préparer son équipe, sauf sa dernière saison à Châteauroux. Si on regarde son parcours, à chaque fois c’était difficile de mettre les choses en place.

« Arsène Wenger, un très grand entraîneur, humble bienveillant »

Vous êtes aujourd’hui entraîneur principal du Racing, après une formation avec un autre coach connu, Arsène Wenger, à Arsenal, où vous êtes parti à 16 ans tout seul. C’était comment ?
C’était une expérience de vie. J’ai signé mon premier contrat pro là-bas. Les deux premières années, j’étais stagiaire en fait. Le principe est différent de la France, je ne sais pas comment ça se passe aujourd’hui entre la France mais en Angleterre, à l’époque, tous les jeunes joueurs étaient logés à deux dans des familles, il n’y avait pas de centre de formation. Je suis tombé dans une famille anglo-italienne, avec des racines latines, donc ça tombait bien ! C’était une formidable expérience, j’ai appris l’anglais, c’est le moment où on devient un peu homme, du moins ou on croit devenir un homme, avec les premières sorties, tout ça. Puis il y avait le foot, dans un grand club, avec pratiquement que des internationaux, anglais, français, néerlandais, qui font le doublé FA Cup-Premier League. Overmars, Bergkamp, Ray Parlour, Ljungberg… J’avais 16 ans, je découvrais ça, c’était une super expérience. Et puis il y avait ce très grand entraîneur, Arsène Wenger, qui avait déjà gagné beaucoup de choses, très humble, très bienveillant. Après j’ai pris la décision de revenir en France, parce que je pensais que ce serait plus facile de démarrer pleinement ma carrière que dans un des plus grands clubs d’Angleterre.

C’est là que démarre l’autre fil rouge de votre carrière, les clubs de l’Ouest de la France, Lorient, Angers avec votre père qui y est président, puis Nantes et malheureusement les blessures… Comment voyez-vous votre carrière aujourd’hui ?
J’en garde un très bon souvenir, bien sûr. J’ai eu pas mal de blessures, j’en garde de la frustration, car il faut de la continuité, et j’ai eu des coups d’arrêt à chaque fois. Pour en revenir à ces clubs-là, à Lorient j’arrive en Ligue 1, l’année où je signe est particulière, on gagne la Coupe de France, on fait finale de la Coupe de la Ligue, mais on se retrouve relégués en Ligue 2. Et puis je pars en prêt à Créteil, je reviens quand Christian Gourcuff revient. Premier entraînement, je me blesse au genou pour trois mois… En fin de contrat l’été suivant, je pars à Angers où mon père était président depuis un an et demi, il me disait que c’était bien de le rejoindre (rires) ! Vous voyez, on est très famille, donc j’ai rejoint l’aventure. Mon frère jouait aussi, il avait fini meilleur buteur de Ligue 2 à 19 ans avec Angers. Je fais six mois là-bas.

FC Nantes Museum

Et vous partez à Nantes, autre filière du beau jeu, comme Lorient avec Gourcuff père.
Nantes, qui me suivait depuis mon passage à Lorient, fait une offre au SCO au mercato d’hiver. Il y avait un lien avec Lorient, des connexions dans les mouvements. Ils me font signer à un moment où je m’étais encore blessé (entorse au genou), j’étais sur le retour mais ils m’ont quand même pris car il ne me restait que trois semaines de convalescence. Je reprends à Auxerre, à l’extérieur, milieu droit, et le match suivant, à La Beaujoire contre le Lyon de l’époque, je joue latéral droit. On fait 2-2, je suis élu homme du match, avec une passe décisive et en étant impliqué sur le premier but. Et le mardi suivant à l’entraînement, sur un geste anodin, je me blesse au ménisque. Il y a eu des complications, qui m’ont tenu éloigné des terrains pendant plus d’un an. Ce sont des frustrations; à chaque fois il a fallu revenir. J’ai réussi, je reprends comme titulaire contre Marseille, un de mes plus beaux souvenirs, sinon le plus beau. Car quand j’étais arrêté, on m’avait dit que je devrais peut-être arrêter ma carrière. J’ai voulu avoir un second avis et je suis allé à la Pitié Salpêtrière, où on m’a opéré à nouveau. Finalement, ça s’est bien passé, et j’ai pu renouer avec le foot. Je marque le but de la victoire contre l’OM ! Une vraie libération.

« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort »

Il y a finalement plusieurs fils rouges dans votre carrière, votre père, les blessures, l’Île-de-France, l’Ouest du pays, les amis… Comme une gigantesque toile entremêlée.
Il y a une phrase un peu bateau, « Ce qui ne tue pas te rend plus fort », mais c’est vrai. J’ai su trouver des forces intérieures pour repartir. J’ai repris, je fais six bons mois avec Nantes, je suis prolongé deux saisons supplémentaires. On descend, et je décide alors d’aller au Havre, avec Jean-Marc Nobilo, qui était l’entraîneur adjoint quand je jouais à Angers. Je pense que partout où je suis passé, j’ai laissé une bonne image, en tant que personne et comme joueur, les gens m’appréciaient en général.

Tout ça vous sert maintenant en tant que coach ?
Encore une fois, dans une vie, toutes ces expériences servent, forgent une personnalité, une sensibilité, une personne. Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup; pour mettre en place mes séances, j’essaie de me souvenir de ce qui me semblait utile, de ce qui me faisait progresser, de ce que j’aimais faire, j’essaie d’avoir un discours que j’aurais aimé que certains entraîneurs aient avec moi, et que d’autres ont eu avec moi quand j’étais joueur. Je me sers de tout ça quoi.

Quel bilan faites-vous de votre carrière de joueur ? Que pense Guillaume Norbert de sa carrière ?
J’ai pu vivre ce qui était mon rêve d’enfant depuis tout petit, devenir footballeur professionnel, pouvoir vivre de ça. J’ai eu la chance de jouer au plus haut niveau professionnel en France, d’avoir une expérience à l’étranger, de partir à seize ans dans un des plus grands clubs d’Angleterre. J’ai vécu des expériences que peu de personnes ont la chance de connaître. Rien que pour ça je me sens privilégié. Après, voilà, il y a cette petite frustration, je dis petite car ça fait partie des qualités d’un joueur de ne pas se blesser, malheureusement, j’ai eu beaucoup de blessures, mais dans l’ensemble, voilà, j’ai signé mon premier contrat pro à 17-18 ans, j’ai arrêté à 30 ans, donc j’ai fait presque 12 ans en professionnel, c’est quand même… C’est un privilège, et je le ressens comme ça. Je suis très reconnaissant de tout ça.

Guillaume Norbert, du tac au tac – le joueur

Meilleur souvenir sportif ?
Je dirais le but que je marque contre l’OM (victoire 2-1 en 2006) à la Beaujoire. Je mets le but de la victoire. J’ai ressenti ce moment comme une libération car cela faisait suite à une longue blessure où la question s’est même posée de savoir si je n’allais pas devoir arrêter ma carrière.

Pire souvenir sportif ?
Ma blessure au genou qui m’a tenu à l’écart des terrains pendant plus d’un an.
L’équipe dans laquelle vous avez pris le plus plaisir à jouer ?
J’ai pris du plaisir dans chacun de mes clubs mais si je devais ressortir un trio je dirais Lorient, Angers et Nantes.

Le stade où vous avez préféré jouer ?
Pour un enfant qui grandit en région parisienne, jouer au parc des Princes a forcément une saveur particulière. La Beaujoire est également un stade avec une belle ambiance. Le Vélodrome n’est pas mal non plus…

Le coéquipier qui vous a le plus impressionné ?
Jean-Claude Darcheville. Quand je suis arrivé à Lorient, je rentrais d’Angleterre et je ne connaissais pas bien les joueurs du championnat français. La première fois que je l’ai vu, il portait un survêtement assez large et il semblait en surpoids. Dès le premier entraînement j’ai tout de suite constaté que ce n’était pas du tout le cas, c’était juste sa morphologie, il allait à 2000… C’est ce contraste qui m’a marqué.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Imed Mhadhbi. On jouait ensemble à Nantes. On s’est revu en Tunisie après nos carrières puis la vie a fait que l’on s’est perdu de vue. Mais c’est un super mec et ça me ferait plaisir de le revoir.

Un coach marquant ?
Arsène Wenger, pour la sérénité qu’il dégage et sa bienveillance.

Une anecdote de vestiaire que vous ne pouvez presque pas raconter mais que vous allez raconter quand même…
Je vais garder ça pour moi. Il y a des choses qui ne doivent pas sortir des vestiaires !

Guillaume Norbert, du tac au tac – Le coach

Meilleur souvenir sportif ?
Notre montée avec le Racing en National 2.

Pire souvenir sportif ?
La descente avec Lausanne alors que j’étais l’adjoint de Marco Simone.

La musique, une autre passion ! Photo DR

Le match où vous avez pris le plus de plaisir à entraîner ?
La saison dernière contre le PSG en National 3. Tout était parfait ce jour-là, le public était au rendez-vous, les enfants du club étaient venus nombreux et l’équipe a fait un très bon match avec une victoire sur le score de 5-0. Une belle soirée.

Un moment marquant avec un de vos vestiaires ou joueurs ?
Les chants des joueurs après une victoire. C’est un moment où l’on retombe en enfance et qui fait écho aux premières émotions.

Le club que vous rêveriez d’entraîner ?
Le Racing, en Ligue 1 !

Meilleur joueur entraîné ?
Pascal Feindouno.

Votre philosophie de jeu ?
Un jeu basé sur la technique, le mouvement et la générosité.

Vos passions en dehors du foot ?
La musique.

LE ROLE DE DIRECTEUR TECHNIQUE DANS LE CLUB

Cette interview vient de la production NOSOTROS d’Alilou ISSA.

« Le rôle de directeur sportif est une fonction essentielle, qui dépasse largement la cadre du terrain. Au cœur du club, le directeur sportif est le trait d’union avec la direction, le conseil d’administration ou le propriétaire. Le directeur sportif a un vaste champ d’action sur toute la dimension sportive.

De la philosophie de jeu, en passant par la méthodologie d’entraînement et le recrutement des joueurs. Vous êtes la personne à la tête de tout le sportif, à l’image de l’entraîneur qui est à la tête de son équipe. Le directeur sportif est en charge de la politique sportive du club et à ce titre il doit rendre des comptes au conseil d’administration ou au propriétaire du club. »

Passé par l’Espanyol de Barcelone, Tottenham, le FC Barcelone et actuellement à Getafe, Ramon Planes nous propose sa vision du rôle de directeur sportif.

Comment définiriez-vous la fonction de directeur sportif au sein d’un club ? 

Le rôle de directeur sportif est une fonction essentielle, qui dépasse largement la cadre du terrain. Au cœur du club, le directeur sportif est le trait d’union avec la direction, le conseil d’administration ou le propriétaire. Le directeur sportif a un vaste champ d’action sur toute la dimension sportive. De la philosophie de jeu, en passant par la méthodologie d’entraînement et le recrutement des joueurs. Vous êtes la personne à la tête de tout le sportif, à l’image de l’entraîneur qui est à la tête de son équipe. Le directeur sportif est en charge de la politique sportive du club et à ce titre il doit rendre des comptes au conseil d’administration ou au propriétaire du club.

Comment vivez-vous votre fonction de directeur sportif dans un club comme Getafe CF, club voisin des géants que sont le Real Madrid CF et le l’Atlético Madrid, ou encore le Rayo Vallecano qui est très performant dans la formation des jeunes ?

Le fait que le club de Getafe CF soit à Madrid, qui est une place forte du football en Espagne et en Europe, constitue un avantage plutôt qu’un inconvénient. A l’image de ce qui se passe à Londres où des clubs comme West Ham United FC, Crystal Palace FC ou Fulham FC réalisent de grandes choses dans l’ombre des 3 grands clubs que sont Chelsea FC, Arsenal FC et Tottenham Hotspurs, Madrid est une grande ville et représente un pôle d’attraction pour les joueurs qu’ils soient espagnols ou étrangers. Getafe CF, avec sa philosophie et une longue tradition, est un club très stable. Le propriétaire est le même depuis plus de 20 ans, nous pouvons donc offrir un gage de solidité et de sérieux aux joueurs qui ne sont pas retenus au Real Madrid CF ou au Club Atlético Madrid. Le Getafe CF ne subit pas sa présence dans la région de Madrid, au contraire il profite des opportunités qu’offre un environnement très concurrentiel.

Le Getafe CF dispose de moins de ressources économiques que ses célèbres voisins. Comment le club organise-t-il son travail, cible-t-il prioritairement le recrutement de joueurs, la formalisation d’une philosophie ou la formation de jeunes joueurs ?

Getafe CF est un club qui, historiquement, a toujours « sorti » beaucoup de joueurs issus de notre académie ou en provenance des académies du Real Madrid CF ou du Club Atlético Madrid à la recherche d’une seconde chance. Traditionnellement, beaucoup de joueurs en provenance de la Castilla (académie du Real Madrid) ont réussi avec l’équipe première de Getafe, avant de partir vers de grands clubs. Je pense que le club est un tremplin parfait, parce que si les joueurs font de bonnes choses, notre histoire montre qu’ils auront des opportunités pour rejoindre des équipes de haut niveau. Getafe CF joue ce rôle qui colle parfaitement à sa philosophie, mais il y a aussi un gros travail de formation des jeunes. Je dirais que Getafe est un club idéal pour les joueurs prometteurs qui ont besoin d’un palier intermédiaire avant de réussir dans un grand club. Les joueurs choisissent souvent Getafe comme une destination pour continuer à grandir

“Getafe est un club idéal pour les joueurs prometteurs qui ont besoin d’un palier intermédiaire avant de réussir dans un grand club.”

Comment définiriez-vous les différences entre le Rayo Vallecano et Getafe CF, deux clubs de Madrid qui naviguent un peu dans les mêmes eaux de la Liga Santander ?

Ce sont deux clubs très différents et que je connais bien, puisque j’ai eu la chance de travailler au sein de ces deux institutions. Le Rayo Vallecano est un club profondément ancré dans le quartier populaire et ouvrier de Vallecas, avec une philosophie de jeu et plus généralement une vision très particulière des choses. La passion des supporters se diffuse au quotidien dans la philosophie du club, mais le Rayo Vallecano est historiquement un très bon club de jeunes qui approvisionnent largement les gros clubs de Madrid et d’Espagne.

“Le Getafe CF ne subit pas sa présence dans la région de Madrid, au contraire il profite des opportunités qu’offre un environnement très concurrentiel.”

Le club de Getafe CF se situe dans la ville du même nom, à une dizaine de kilomètres de Madrid. Le profil du supporter est différent, issu d’un environnement plus tranquille où la vie quotidienne est, disons, moins mouvementée. En réalité, les supporters sont le reflet de ce qu’est le club. C’est un club très stable et la longévité du propriétaire du club, investi au quotidien depuis plus de 20 ans, est un symbole fort. Historiquement, Getafe et le Rayo sont des clubs très importants de Madrid. Il suffit de regarder leur nombre de saison vécues dans l’élite espagnole. Ces deux clubs semblent similaires de prime abord, mais leurs philosophies de jeu et le profil des supporters sont très différents.

Au regard de votre expérience du football professionnel, la stabilité du club semble jouer un rôle prépondérant dans votre travail quotidien. Comment planifiez-vous votre travail au regard de ces éléments ?

Il est fondamental de planifier son travail, surtout dans le football, où vu de l’extérieur, la seule chose importante est de gagner le prochain match. Dans le football, il est facile de tomber dans le piège du court terme pour se concentrer exclusivement sur le quotidien, d’autant que dans football notre quotidien est une folie. Vous arrivez au club à 8 heures et vous partez à 20 heures et dans ce laps de temps, vous êtes confronté à une quantité incroyable de situations, dont la plupart sont inattendues.

Qu’il s’agisse d’un problème avec un joueur, avec un agent, avec l’entraîneur des professionnels, d’un entraineur chez les jeunes ou de la cellule de recrutement. Autant de choses qui font la beauté du football, mais au bout du compte, c’est un danger car cela peut vous amener à mettre toute votre énergie uniquement sur le quotidien et la gestion des urgences.

“Dans le football, il est facile de tomber dans le piège du court terme pour se concentrer exclusivement sur le quotidien, d’autant que dans football notre quotidien est une folie.”

Je pense que les grands clubs, ceux qui sont réguliers au plus haut niveau, sont les clubs qui respectent une planification et suivent une stratégie à moyen et long terme. Nous savons tous que l’important dans le football est de gagner chaque week-end, mais ce qui fait la différence, c’est de veiller à ce que les gens du club ne perdent pas de vue une stratégie clairement définie. Les clubs performants, sont ceux qui ont une idée très claire dans la manière d’atteindre leurs objectifs, basée sur la planification à laquelle ils se raccrochent dans les moments difficiles. Sans planification, il est impossible d’atteindre les objectifs.

Comment partagez-vous votre vision, au quotidien, avec l’entraineur de l’équipe première ?

Je pense que l’entraîneur est un élément très important du club, puisque l’entraîneur de votre équipe première symbolise beaucoup de choses. D’une certaine manière il représente ce que les supporters attendent le week-end. Il est fondamental que l’entraineur soit sur la même longueur d’onde que le directeur sportif, qu’il comprenne sa philosophie et celle du club. L’entraîneur est un élément fondamental dans la réussite du club, mais elle s’associe au travail de planification et d’organisation de la direction sportive. D’une manière générale, le club réussit quand tous ces éléments sont associés et que l’entraineur est compatible au modèle proposé par le club.

“Savoir choisir un coach est une compétence incontournable pour un directeur sportif, bien qu’on ne lui accorde pas l’importance qu’elle mérite.”

Parfois, votre entraineur est très bon, mais ce qui fera la différence c’est sa compatibilité avec la nature du club. Savoir choisir un coach est une compétence incontournable pour un directeur sportif, bien qu’on ne lui accorde pas l’importance qu’elle mérite. Un entraineur qui est sollicité pour rejoindre le club, même s’il est auréolé d’une très bonne saison, d’une accession à l’étage supérieur ou qu’il a remporté un trophée s’il ne fait n’a pas fait la bonne analyse de l’effectif au regard de la philosophie du club, je crois qu’il vaut mieux ne pas donner suite. Je vois l’entraîneur comme le chef d’un orchestre composé de musiciens, qui sont les joueurs mis à disposition par le club.

Tout le travail de la direction sportive tend vers la performance de l’équipe première, mais l’entraineur de l’équipe première doit être en phase avec nous, sinon le club ira au-devant de difficultés. Le dialogue avec l’entraineur est essentiel au quotidien, être à ses côtés, l’aider et lui montrer qu’il peut s’appuyer sur vous. Le directeur sportif et l’entraineur sont dans le même bateau, c’est pourquoi, je le répète, il est essentiel de construire une relation de confiance.

Il est très important d’établir une relation de confiance avec l’entraineur de l’équipe première. La construction de ce type de relation se réalise-t-elle de la même manière dans un club à taille humaine comme le Getafe CF ou le RCD Espanyol de Barcelone, que dans des clubs plus puissants comme le FC Barcelone ou Tottenham Hotspurs ? 

Très honnêtement c’est la même chose, bien que les gens imaginent les choses comme étant très différentes. Peu importe la taille ou la puissance des clubs évoqués, il s’agit de football professionnel. Evidemment il y a beaucoup de pression sur les grands clubs, parce qu’il y a beaucoup de répercussions, mais la pression est tout aussi importante à Getafe où la lutte pour se maintenir en Liga fait rage tous les dimanches.  Tout le monde doit gagner, sinon vous aurez des problèmes, peu importe le niveau.

“Il y a une telle pression dans les grands clubs que c’est parfois irrespirable, mais la relation entre l’entraîneur et le directeur sportif reste fondamentalement une relation humaine. “

Il y a une telle pression dans les grands clubs que c’est parfois irrespirable, mais la relation entre l’entraîneur et le directeur sportif reste fondamentalement une relation humaine. J’ai eu une relation fantastique avec Ronald Koeman et Ernesto Valverde au FC Barcelone. Nous parlons ici de deux entraîneurs de très haut niveau. La relation était bonne à l’image de celles que je peux avoir ici avec Quique Sánchez Flores ou José Bordalás à l’époque. C’était la même chose avec Mauricio Pochettino à l’Espanyol Barcelone. Je crois que la relation doit être basée sur l’humain et dans un grand club, la relation avec l’entraineur se construit et s’entretient au quotidien, de la même manière que dans un club plus modeste.

En Angleterre, l’approche du poste de directeur sportif et la culture de cette fonction finalement assez récente, semble un peu différente de celle de pays latins comme la France et l’Espagne. Avez-vous perçu cette différence lors de votre passage à Tottenham ?

Effectivement même si mon passage à Tottenham fut assez bref, j’ai pu découvrir une autre culture, même si je connaissais très bien l’entraineur de l’époque (Mauricio Pochettino), puisque nous avions travaillé ensemble à l’Espanyol de Barcelone. A Tottenham, mon rôle était différent, je n’étais pas directeur sportif, j’appartenais au département technique. C’est une autre culture, une autre philosophie, une autre façon de voir le football. D’autres codes propres aux anglo-saxons. Nous sommes des latins, mais j’ai le sentiment qu’en Angleterre, il y a un une réelle confiance envers le directeur sportif et la patience est de mise, à l’égard de celui qui a les clés d’un projet. La tendance évolue un peu ces dernières années, notamment avec l’arrivée de propriétaires étranger. Néanmoins, la culture du football en Angleterre est différente de celle des pays latins. En effet, j’ai pu remarquer en Angleterre, un profond respect pour le travail de l’entraineur, qui est moins exposé à la pression médiatique qu’en Espagne, par exemple.

La communication semble fondamentale pour entretenir une relation de qualité avec l’entraîneur. Comment appréhender cette problématique, à l’étranger et notamment à Tottenham où vous deviez vous exprimer en anglais, qui n’est pas votre langue maternelle ?

Tout d’abord, j’ai eu beaucoup de chance de travailler avec Mauricio Pochettino, qui parle espagnol et avec lequel nous avions passé quatre ans à l’Espanyol. A Tottenham, mon rôle consistait à appuyer la direction technique, notamment sur le marché espagnol. Je passais donc beaucoup de temps ici, en Espagne, pour observer et suivre tous les jeunes joueurs intéressants du championnat espagnol. Parler espagnol dans ce contexte m’a grandement facilité la tâche. Pratiquer les langues étrangères est un élément essentiel, j’y consacre d’ailleurs beaucoup de temps pour améliorer non seulement mon anglais, mais aussi l’italien, le portugais ou le français que j’ai étudié au cours de ma scolarité. C’est d’ailleurs un message fort que j’envoie aux jeunes qui souhaitent travailler dans le football, parler plusieurs langues, c’est la base !

“C’est d’ailleurs un message fort que j’envoie aux jeunes qui souhaitent travailler dans le football, parler plusieurs langues, c’est la base !”

Comment voyez-vous le Getafe CF dans trois ans ?

C’est une très bonne question ! Je pense que le club a beaucoup de potentiel en raison de sa localisation sur Madrid. Getafe CF s’est stabilisé en Liga Santander bien que de plus en plus de d’investisseurs étrangers soutiennent économiquement des clubs. Getafe CF est l’un des rares clubs à être entre les mains d’un propriétaire espagnol, grand connaisseur de football et qui réalise au quotidien un travail incroyable. Ce propriétaire est arrivé alors que le club évoluait en Segunda B (équivalent du National 3) pour permettre au club d’accéder à l’élite du football espagnol et s’y maintenir. Le club de Getafe vit une période charnière où le maintien en Liga est chaque saison plus difficile à accrocher face à des concurrents toujours mieux armés économiquement. Nous devons en tant que club continuer à grandir en nous appuyant sur des bases solides, un public fidèle et le temps, pour pouvoir mener à bien le projet sans pression excessive.

DIDIER DESCHAMPS INVITE DE LA LIGUE DE PARIS ET DE SES EDUCATEURS

Le président JAMEL SANDJAK a invité le sélectionneur de l’équipe de France de Football peu de temps avant le début de la Coupe du Monde 2022. Au lendemain de la consécration de Karim BENZEMA pour la conquête du Ballon d’Or France Football, c’est à Morfonde au Campus de la LPIFF que des éducateurs ont pu se nourrir des paroles de DD, un très bel hommage au football amateur et plus particulièrement aux clubs franciliens très nombreux clubs formateurs des internationaux actuels.

Retrouvez ici les photos de ce très bel évènement, et l’article de la LPIFF

Un moment partagé avec les éducateurs de football francilien.

LES FORMATIONS EDUCATEUR DE LA SAISON 22/23

lLe Département Technique du District des Hauts-de-Seine de Football nous a communiqué son calendrier des formations éducateurs et éducatrices pour la saison 2022-2023. Les voici

https://district-foot92.fff.fr/wp-content/uploads/sites/96/2022/09/District-92-Calendrier-formations-22-23.pdf

Le Département Technique vous informe que la procédure d’inscription aux modules et certifications évolue à compter de la saison 2022-2023.

Il existe désormais deux possibilités pour inscrire une personne à un module de formation FFF. Le choix de l’une ou l’autre procédure dépendra de qui finance la formation ou la certification.

  • Le ou la candidat(e) finance sa formation ou certification :

La personne effectue elle-même son inscription en formation ou certification depuis le site maformation.fff.fr (tutoriel maformation.fff.fr)

  • Le club finance la formation ou certification :

Si le club procède au paiement de l’inscription de la personne licenciée, le référent formation de la structure doit effectuer l’inscription depuis PortailClubs.fff.fr (tutoriel PortailClubs)

Pour ceux rencontrant des difficultés sur PortailClubs, nous vous invitons à suivre la replay du webinaire présentant ce nouvel outil : accès webinaire

LA LETTRE DE RENTREE DE SEPTEMBRE 2022

BONNE RENTREE A TOUS

FORMATIONS

ADHESIONS AEF 92

PREPARATION DE SON EQUIPE

RENTREE SCOLAIRE ET SPORTIVE

Les sujets ne manquent pas pour cette rentrée de Septembre 2022, mais votre lettre est bien ci dessous, prenez bien le temps de lire et d’utiliser les liens qu’elle contient.

Bonne lecture à tous et rejoins-nous au sein de l’association AEF 92 c’est simple avec Joinly, notre portail d’inscription:

flashez le QR CODE et inscrivez vous directement à l’AEF 92
SEPTEMBRE-2022-LA-LETTRE

LE CALENDRIER DES FORMATIONS DANS LE 92

Vous trouverez un accès direct sur le calendrier du district des Hauts de Seine en cliquant sur le lien ci dessous:

https://district-foot92.fff.fr/wp-content/uploads/sites/96/2022/09/District-92-Calendrier-formations-22-23.pdf

Le Département Technique vous informe que la procédure d’inscription aux modules et certifications évolue à compter de la saison 2022-2023.

Il existe désormais deux possibilités pour inscrire une personne à un module de formation FFF. Le choix de l’une ou l’autre procédure dépendra de qui finance la formation ou la certification.

  • Le ou la candidat(e) finance sa formation ou certification :

La personne effectue elle-même son inscription en formation ou certification depuis le site maformation.fff.fr (tutoriel maformation.fff.fr)

  • Le club finance la formation ou certification :

Si le club procède au paiement de l’inscription de la personne licenciée, le référent formation de la structure doit effectuer l’inscription depuis PortailClubs.fff.fr (tutoriel PortailClubs)

Pour ceux rencontrant des difficultés sur PortailClubs, nous vous invitons à suivre la replay du webinaire présentant ce nouvel outil : accès webinaire

RAPPEL SUR LES MODIFICATIONS REGLEMENTAIRES

L’AEF 92 est là pour vous rappeler les nouvelles dispositions règlementaires votées en AG Fédérale le 18 juin 2022.

RAPPEL DES DISPOSITIONS DE L’ARTICLE 7.5.1 DU REGLEMENT SPORTIF GENERAL DE LA LIGUE (MODIFIE PAR SUITE DE LA DECISION DE L’ASSEMBLEE FEDERALE DU 18 JUIN 2022) :

« 7.5 – Le nombre de joueurs « Mutation »
7.5.– 1. a) Dans toutes les compétitions officielles des catégories d’âge des catégories U19 et supérieures, ainsi que dans l’ensemble des compétitions nationales de jeunes, le nombre de joueurs titulaires d’une licence « Mutation » pouvant être inscrits sur la feuille de match est limité à six dont deux maximum ayant changé de club hors période normale au sens de l’article 92.1 des Règlements Généraux de la F.F.F..
b) Pour les pratiques à effectif réduit des catégories U19 et supérieures, le nombre de joueurs titulaires d’une licence « Mutation » pouvant être inscrits sur la feuille de match est limité à quatre dont deux maximum ayant changé de club hors période normale au sens de l’article 92.1 des Règlements Généraux de la F.F.F..
c) Dans toutes les compétitions officielles régionales des catégories U12 à U18, tant pour le football à 11 que pour les pratiques à effectif réduit, le nombre de joueurs titulaires d’une licence « Mutation » pouvant être inscrits sur la feuille de match est limité à quatre dont un maximum ayant changé de club hors période normale au sens de l’article 92.1 des Règlements Généraux de la F.F.F..
2. Le nombre de joueurs titulaires d’une licence « Mutation » pouvant être inscrits sur la feuille de match peut être diminué ou augmenté dans les conditions fixées par les alinéas 2 et 3 du présent article 7.5. […] 
».

RAPPEL DES TACHES DE L’EDUCATEUR EN DEBUT DE SAISON

Tu es éducateur de football, tu es dans un club dont tu dois partager les valeurs.

Ton travail se doit d’être le plus rigoureux possible, avec un climat d’apprentissage qu’il te conviendra de mettre en place, avec ton groupe.

Voici des points importants qui peuvent t’aider pour réussir ta saison, les respecter c’est mettre en place des outils de performance pour la progression de tes joueurs.

Les-taches-de-leducateur

FABRICE BOCQUET : LE FONCTIONNEMENT DU CLUB

NOSOTROS VOUS PRESENTE UN ARTICLE PASSIONNANT SUR LE MANAGEMENT D’UN CLUB DE FOOTBALL MERCI à ALILOU ISSA QUE VOUS POUVEZ RETROUVEZ SUR SON SITE INTERNET https://nosotrosxp.com

Ancien directeur général du FC Lorient, Fabrice Bocquet est aussi l’auteur d’un livre dédié à la compréhension du management d’un club de football : L’important, c’est les 3 points.

Il nous propose de découvrir sa perspective sur le fonctionnement d’un club, la compréhension de sa raison d’être et le rôle joué par ses dirigeants.

Dans la littérature, les organisations sportives sont définies comme étant des structures devant proposer un produit constamment commercialisable (c’est-à-dire des résultats, des performances divertissantes, des joueurs vedettes) à un ensemble de parties prenantes externes très exigeantes (par exemple, les fans, les médias, les sponsors) (Mielke, 2007) pour que l’entreprise puisse réaliser ses aspirations à court et à long terme (Cruickshank & Collins, 2012). En ayant cette définition en tête, quelle serait pour vous, la raison d’être d’un club de football ?

C’est une vaste question, étant donné que chaque club de football peut avoir sa propre raison d’être. Il y a toutefois des principes qui reviennent. Premièrement, procurer des émotions. C’est la base du sport et donc de toute organisation sportive. Des émotions positives ou parfois négatives, c’est la nature même du sport. Si nous sommes des passionnés de sport, c’est parce que bien souvent, dans notre enfance, nous avons rêvé. Des sportifs nous ont fait rêver, des clubs nous ont fait rêver. Ce sont des aventures humaines, de la performance, un sentiment d’identité qui nous ont fait rêver.

Le deuxième élément important en termes de raison d’être pour une organisation sportive, c’est son rôle citoyen au niveau d’un territoire. Un club sportif, c’est une entreprise et un peu plus que ça. C’est un acteur qui agit au niveau de son territoire, car c’est un vecteur de lien social et de communication. Que ce soit un club professionnel ou amateur, il joue un rôle éducatif, car il s’adresse à des adultes, mais aussi des plus jeunes. Il peut donner de la visibilité à des institutions, comme des associations, etc., et créer du lien sur un territoire.

En résumé, la raison d’être d’un club de football, devrait être tournée autour de la génération d’émotions et de son rôle citoyen au sein du territoire, tout en l’adaptant selon l’identité propre du club.

Voici une petite étude de cas. Admettons que nous reprenions un club de Ligue 2 et que notre objectif soit de monter en Ligue 1 dans les trois ans. Pour essayer de visualiser les risques et d’anticiper au mieux les raisons pour lesquelles nous pourrions échouer, nous allons effectuer un pre-mortem. Donc, plutôt que d’attendre d’avoir réellement échoué et d’effectuer un post-mortempour en évaluer les causes, nous allons prendre les devants et partir du principe que nous avons déjà échoué. En nous projetant dans ce futur, pour remonter le fil de notre projet, quelles pourraient être les raisons de notre échec ?

La première chose à laquelle je réfléchirais, c’est savoir si la vision a été correctement définie. Il doit y avoir un alignement sur la vision entre tous les membres d’une gouvernance d’un club (président, directeur général, directeur sportif, directeur du centre de formation, entraineur). Sans alignement à ce niveau-là, c’est le terreau de futures difficultés. Au-delà des compétences de chacun, si nous ne sommes pas complètement alignés, cela apparaîtra, en particulier dans les moments difficiles, et ruissellera dans toute l’organisation.

Ensuite, il convient de s’assurer que la vision diffère d’une affirmation telle que “on veut monter en Ligue 1” ou « on veut remporter la Ligue des champions ». La montée en Ligue 1 doit être une conséquence des principes de fonctionnement. Sinon, nous risquons de fonctionner beaucoup au résultat par résultat et finalement, prendre des décisions à court-terme avec un fort risque de générer de l’instabilité. Le football est un sport où l’on ne peut pas garantir le résultat sur un match ou plusieurs matchs. Il y a toujours cette incertitude du sport qui en fait aussi sa beauté. Un des rôles du dirigeant est de créer des tendances positives, mais il doit éviter d’énoncer ce qui se passera en termes de résultats sportifs car il ne peut pas le garantir.

“Il doit y avoir un alignement sur la vision entre tous les membres d’une gouvernance d’un club (président, directeur général, directeur sportif, directeur du centre de formation, entraineur). Sans alignement à ce niveau-là, c’est le terreau de futures difficultés.”

Une vision, cela peut-être par exemple d’être un club qui s’appuie sur sa formation ou de développer une culture structurée autour de la vidéo, la data, un département de performance tout en veillant à ce qu’économiquement, le club soit au minimum à l’équilibre, afin d’assurer sa pérennité. On peut se fixer des objectifs sportifs en interne comme une montée en Ligue 1, mais ce n’est pas une fin en soi. Il faut également s’assurer que la vision et les objectifs soient en en adéquation avec les moyens à disposition, car il est dangereux d’annoncer un objectif irréalisable. Cela peut se traduire par un manque d’humilité ou une perte de confiance de l’organisation et de l’environnement autour de la gouvernance du club.

Un dernier élément que je mettrais en avant est que la vision doit être alignée avec la culture du club et du territoire. Il faut donc faire preuve d’écoute afin de bien connaître le territoire, l’histoire du club, les gens qui le constituent, les supporters, les sponsors. Pourquoi ? Parce que lorsque nous vivrons des moments un peu plus difficiles et c’est sûr que nous en vivrons, si nous avons un alignement fort avec notre territoire, cela permettra de passer outre plus facilement et de garder le cap.

“La montée en Ligue 1 doit être une conséquence des principes de fonctionnement.”

Pour résumé, il y a d’abord l’alignement au niveau de la gouvernance, qui est essentiel. Ensuite, il faut s’assurer qu’un objectif sportif telle « une montée en Ligue 1 » soit la conséquence d’une vision et non pas la vision elle-même. Ce sont les principes de fonctionnement qui doivent être mis en avant dans la vision et l’opérationnalisation de la stratégie. Pour finir, il faut s’assurer que la stratégie mise en place est atteignable, compte tenu des moyens potentiels et qu’elle soit en harmonie avec la culture du territoire et l’histoire du club. Si l’ensemble de ces éléments sont respectés, ce sont de bonnes bases pour atteindre sa vision et générer une tendance positive.

La raison d’être d’un club, sa vision, ne sont pas toujours très lisibles (comme dans un certain nombre d’entreprise “classique” finalement). L’écueil principal, c’est que les décisions prises ne sont pas toujours comprises par les parties prenantes sur ou en dehors de son territoire. Comment appréhendez-vous de manière concrète ce travail de positionnement qui est si important, mais bien trop souvent accessoire ?

C’est quelque chose que j’ai vécu au FC Lorient. Je ne suis pas breton et je suis arrivé sur un territoire ayant une identité très forte. D’autant plus au sein un club qui a été très marqué par Christian Gourcuff. La première chose à faire lorsqu’on arrive dans un tel environnement, et cela va au-delà du football, c’est de prendre le temps d’écouter.

 Lorsqu’on arrive dans une nouvelle organisation, qui plus est dans un secteur aussi passionnel que le football, on a très envie de faire et de faire vite. Mais en allant trop vite, on risque de ne pas emmener l’organisation avec soi. C’est pour cela qu’il faut accepter de prendre le temps de construire la vision et la stratégie avec les parties prenantes du club.

“La première chose à faire lorsqu’on arrive dans un tel environnement, et cela va au-delà du football, c’est de prendre le temps d’écouter.”

Ce scénario est identique dans des entreprises plus traditionnelles. Dans le monde de plus en plus complexe dans lequel nous vivons, je crois surtout aux réussites collectives. La première étape est donc d’échanger, se déplacer, aller à la rencontre des gens. Ce n’est pas un exercice de communication, c’est un exercice de compréhension. Cela permet ainsi d’affiner petit à petit sa compréhension de l’identité du club.

Sur cette base, la direction et des personnes au sein de l’organisation sont les garants de la culture et de l’identité du club. La culture d’une organisation n’appartient pas uniquement à la direction mais à l’ensemble des personnes qui travaillent au sein d’un club. Il ne faut jamais oublier que même si nous sommes dans un secteur médiatisé, les clubs de football restent des PME à taille humaine. L’impact que peut avoir une personne au sein du club est très important et il convient de le rappeler régulièrement en interne.

“Même si nous sommes dans un secteur médiatisé, les clubs de football restent des PME à taille humaine”

Aussi, une vision tournée uniquement sur le territoire serait trop limitante et ne prendrait pas en considération l’évolution du football. A partir du moment où nous avons des fondations solidement ancrées sur notre territoire, il faut s’ouvrir vers l’extérieur et toucher des supporters qui vont peut-être chercher autre chose, comme des valeurs que notre club représente. Nous allons aussi chercher à développer du lien et des expériences avec eux, pas seulement le jour du match, mais sur d’autres types de moments ou d’expériences, au niveau du digital, etc.

Pour vous, l’obligation to dissent semble être quelque chose de fondamental pour qu’une organisation soit performante. Pourquoi ?

Aujourd’hui, les meilleures organisations sont celles qui créent une culture où les gens, quel que soit leur niveau hiérarchique, doivent être en mesure de pouvoir s’exprimer et de pousser leurs idées. D’ailleurs, à Lorient, j’ai un exemple qui illustre cet aspect : la communication associée à l’arrivée de nouvelles arrivées au club. A l’époque, les équipes souhaitaient annoncer l’arrivée de l’entraîneur, Christophe Pélissier, en réalisant une vidéo ayant un lien fort avec le territoire. J’étais plutôt réticent parce que je souhaitais que l’on communique rapidement. Les équipes ont été persévérantes et m’ont convaincu, à raison, car la vidéo eu un impact très positif. C’est ensuite devenu culturel au club de faire des vidéos associées aux arrivées, en lien avec des éléments du territoire.

“Les meilleures organisations sont celles qui créent une culture où les gens, quel que soit leur niveau hiérarchique, doivent être en mesure de pouvoir s’exprimer et de pousser leurs idées”

Cependant, si la culture de l’organisation ne donne pas au gens le sentiment d’être dans un environnement suffisamment sécurisant, cette idée n’aurait jamais vu le jour. Donc c’est important de créer les conditions d’une organisation où les gens se sentent libres de pouvoir exprimer leurs opinions en sachant que cela sera valorisé. Je pense que c’est comme cela qu’on arrive à la meilleure prise de décision à travers l’intelligence collective. J’en reviens à nouveau à la notion d’écoute, prendre le temps d’écouter ses équipes. Chose que j’aurais d’ailleurs pu mieux faire à mes débuts à Lorient. Ça a aussi été une aventure pour moi et une progression personnelle.

Dans un environnement où l’aspect émotionnel est très prégnant, comment déconnectez-vous votre prise de décision, du résultat ?

Je pense que l’on ne peut pas complètement se déconnecter d’un résultat, pour la simple raison qu’un résultat impacte le classement, l’environnement et la confiance. Il faut donc le prendre en considération mais ne pas prendre ses décisions sur cette seule base. Le rôle d’un dirigeant est d’être très vigilant sur son attitude après les résultats, afin de protéger son organisation et transmettre de la confiance. Un des objectifs d’un dirigeant est que le club développe d’autres éléments d’analyse parce que le résultat peut être traitre. Sur un match ou plusieurs, le facteur chance existe. 

Il y a des indicateurs, comme les expected goals, qui ne sont pas parfaits, mais peuvent aider à post-rationnaliser la performance. D’autres indicateurs doivent aussi être développés par le secteur sportif, autour de l’utilisation de la vidéo par exemple. Ensuite, il faut une conviction dans le travail qui est effectué et dans les relations de travail qui se créent au sein d’un club. Un des éléments que j’évoque dans mon livre, c’est la stabilité des entraîneurs. Elle a beaucoup diminué ces dernières années et pourtant, de nombreuses études montrent que remplacer un entraineur est une solution placébo qui coûte cher, en particulier en cours de saison.

Nous prenons chaque jour des décisions plus ou moins importantes, cependant, rares sont ceux qui pensent à ce qu’ils peuvent apprendre de leurs décisions passées, afin de prendre des décisions plus éclairées à l’avenir. En ce sens, tenir un journal de prise de décisions peut aider à tirer des enseignements des décisions passées, à réfléchir aux décisions actuelles et à éviter les problèmes avant qu’ils ne surviennent. Répertoriez-vous vos décisions dans un journal ou un outil similaire et plus généralement, comment évaluer vous la qualité de votre processus de prise de décision, dans le temps ?

Je pense que la première chose qui se réfère un peu à cette idée de journal de prise de décision, c’est déjà de mettre en place un plan stratégique dans un club de football. C’est quelque chose que j’avais initié lors de mon arrivée à Lorient en 2015. L’objectif était de formaliser un plan stratégique sur cinq ans. Nous avons donc écrit ce plan que nous avons appelé : Le Lorient Express 2020. C’était un travail, au départ, un peu fastidieux pour les équipes, parce qu’ils n’en avaient pas trop l’habitude. Dans les clubs du football, on est amené à réfléchir beaucoup match par match, à la saison, à l’après saison. Donc, se projeter sur cinq ans, cela peut faire loin. Ce n’est pas seulement un exercice de fond, mais aussi de forme. Il faut y mettre du sens pour que les équipes se l’approprient.

Ensuite, il faut mettre en place des processus pour évaluer l’avancée des initiatives et des décisions prises. Faire un plan stratégique c’est bien, mais il n’y a rien de pire qu’une stratégie sans implémentation. Ce sont donc des processus qui sont mis en œuvre au sein de l’organisation, au sein du club, afin d’évaluer régulièrement comment avance le plan stratégique. L’objectif n’est pas de juger les gens, mais de les accompagner et les aider. Le rôle d’une direction de club n’est pas de se comporter comme un client mais comme une ressource pour aider ses équipes. Culturellement c’est aussi quelque chose d’important à instiller dans son organisation.

J’ai tendance à dire, c’est que sur 100 décisions, si on en prend déjà 70 de bien, c’est très bien. Ensuite, c’est la culture organisationnelle qui va permettre d’avoir l’humilité, l’obligation to dissent suffisante et les processus pour se questionner sur les 30 décisions moins bonnes et les améliorer progressivement. Entre la théorie d’un plan et la réalité, il y a toujours une grande différence, mais l’avantage d’avoir formalisé une stratégie, est qu’elle permet de garder le cap lorsque le club est en difficulté, comme suite à la descente du FC Lorient en Ligue 2 en 2017. D’ailleurs, en 2020, l’année où nous sommes remontés en Ligue 1, les équipes demandaient proactivement quand le prochain plan stratégique serait rédigé. Ils s’étaient approprié la démarche et y avaient mis du sens.

Jeff Bezos (Amazon) classifie les décisions prises par le management d’une entreprise, en deux catégories. Il y a les décisions qui sont irréversibles (portes à sens unique) et celles sur lesquelles on peut revenir (portes à double sens). Dans une organisation comme un club de football avez des exemples de décision allant dans chacune de ces catégories ?

Je pense que toutes les décisions qui se réfèrent au cœur d’un club, l’équipe professionnelle, le choix d’un entraîneur ou des joueurs, peuvent avoir un impact significatif à court terme. Concernant les joueurs, il faut être vigilant sur la taille maximale des effectifs. Chaque décision de recrutement est structurante et il existe une part de risque incompressible, parce qu’on parle d’humain. D’une certaine façon, c’est une sorte de management de risque qu’il faut être capable de mener en faisant en sorte de les minimiser le plus possible. C’est la qualité de l’organisation en termes de compétences, relations de travail et processus qui permet de maitriser au mieux ces risques.

“Chaque décision de recrutement est structurante et il existe une part de risque incompressible, parce qu’on parle d’humain.”

Il y a aussi d’autres types de décisions qui sont structurantes, comme la construction d’un nouveau stade, sa capacité, sa localisation, etc. Ce sont des décisions qui sont essentielles, parce qu’elles impacteront le club sur des décennies. Un stade mal situé ou en surcapacité impactera l’expérience des fans et l’ambiance dans le stade. Cela augmentera le risque de distribution excessive d’invitations et d’opérations de promotion. Ensuite, il y a des dizaines de décisions que l’on prend au quotidien sur la base de faits et en prenant en compte le contexte, et dans ce cadre aucun dirigeant n’est infaillible. C’est la qualité de la culture organisationnelle, se mettre au service de l’intelligence collective, être suffisamment humble pour remettre en cause et apprendre de ses décisions passées qui permet d’avancer vers la performance.

Pour se « protéger de lui-même », Daniel Kahneman s’impose une règle intéressante : ne jamais prendre de décision lorsqu’il est au téléphone. Dans un contexte où les émotions sont intenses, changeantes et dans lequel on peut avoir tendance à prendre des décisions dans l’urgence, est-ce que vous vous contraignez à prendre les décisions importantes dans des cadres précis ?

Je pense que cela dépend de sa propre personnalité. Etant français et colombien, donc ayant du sang latin, on va dire que je peux avoir des émotions… et il faut apprendre à se connaître. D’ailleurs, cela va au-delà des décisions, ce sont aussi les attitudes. Quand je parle d’attitude, ce n’est pas nécessairement du langage verbal, cela peut être aussi du langage corporel, qui peut s’avérer positif, mais aussi négatif pour une organisation. Par exemple, l’attitude d’un dirigeant après une défaite. Il n’y a même pas besoin de parler. Le sportif de haut niveau est très sensible à toutes les attitudes autour de lui et il va observer tout cela. Il faut donc être extrêmement vigilant et je le dis à nouveau par expérience, parce que j’ai un langage corporel “qui parle de lui-même”.

Lorsqu’on parle de prise de décision, d’attitude ou autre, je pense que cela passe déjà par la connaissance de soi même. Effectivement, Daniel Kahneman, dans son livre système 1/système 2, va privilégier la partie analytique à la partie intuitive, afin de se méfier des biais cognitifs. Donc, je comprends ce qu’il veut dire lorsqu’il dit ne pas prendre de décision au téléphone. Cela étant, je pense qu’il faut être vigilant et ne pas généraliser.

En théorie, pour être compétitif dans la durée, un club devrait avoir de la visibilité, non seulement sur ce à quoi son effectif pourrait ressembler lors du mercato suivant, mais idéalementlors des deux ou trois mercato suivants. En résumé, avoir un plan de succession clair s’appuyant sur de la croissance interne (centre de formation) ou externe (recrutement de joueur). Bien entendu, peut-être plus qu’ailleurs, l’instabilité peut assez vite s’installer dans un club de football (changement d’entraineur, résultats, etc.), ce qui nécessite de la flexibilité dans cette planification. L’une des organisations sportives les plus intéressantes sur ce sujet, ce sont les All Blacks. Comment envisager cet aspect pour un club de football ?

Les All Blacks sont un cas un peu particulier, du fait de la culture maorie et ce que représente cette équipe. Ils ont une culture qui est tellement forte, empreinte d’humilité et de persévérance. Cultiver l’héritage, est essentiel dans la culture maorie et des All Blacks. Le football est un secteur où il faut se méfier du dogmatisme et des fausses croyances. Ce n’est pas parce qu’à certains moments, il y a tel ou tel jeune qui émerge d’un centre de formation, que cela veut dire que le bon modèle a été trouvé et que tout est parfait. Au contraire, c’est une remise en cause permanente.

Si nous nous focalisons sur la formation, les clubs qui me donnent cette impression d’être très bon dans cette capacité à cultiver les valeurs du territoire, je pense assez naturellement aux clubs du Pays basque. L’Athletic Bilbao et la Real Sociedad. Ils sont emblématiques mais pas les seuls. Après, concernant la gestion d’un effectif, l’anticipation est essentielle. Ce sont des réflexions qui sont sportives, mais pour moi, il y a tellement de similitudes avec le monde de l’entreprise, même si on parle d’êtres humains. Il y a des cycles et il est normal que des joueurs aient envie de vivre autre chose à un certain moment de leur carrière. C’est aussi à une direction sportive et une direction générale de sentir cela, tout en ayant un échange transparent et en amont avec le joueur et son entourage. Ce n’est pas par hasard que l’on dit que “gouverner, c’est prévoir”.

Dans des clubs à taille modeste, on sait que l’on ne peut pas tout contrôler. On sait qu’à certains moments, on peut avoir des joueurs qui vont être sollicités par des clubs plus huppés et nous respectons le fait qu’une carrière c’est court et qu’il faut aussi le prendre en considération. Il faut donc être en perpétuelle anticipation et la notion d’équilibre va être fondamentale. Cela veut dire anticiper, mais sans pour autant générer trop d’instabilité.

Avec la place prise par l’aspect financier dans le football, comment proposer a un jeune joueur un plan de développement solide et séduisant sur les aspects sportif et éducatif, lorsqu’on sait qu’on ne pourra jamais être aussi attractifs qu’un certain nombre de club sur l’aspect financier ?

Lorsque l’on parle de l’évolution d’un jeune et d’un point de vue un peu plus global, de la réussite d’un centre de formation, je vois cela comme étant la résultante d’un processus. Un processus ayant de nombreux rouages, qui doivent être bien huilés pour que le processus fonctionne. Un centre de formation peut bien fonctionner dans certaines dimensions, mais si l’un des rouages ne fonctionne pas, c’est toute la machine qui va se gripper.

Un club de football a des jeunes au niveau de son centre de formation et il espère que certains vont émerger au niveau professionnel. Maintenant, le football et l’être humain sont ainsi fait que ceux qui émergeront, ne seront pas nécessairement ceux que qui étaient attendus. La première chose à faire, c’est être très attentif au discours et de donner l’opportunité à tous les jeunes de se développer aussi bien sur la dimension sportive et académique, sans à priori, sur l’ensemble de leur parcours de formation. C’est une responsabilité non seulement sportive mais aussi humaine. Je pense d’ailleurs que nous allons tendre vers des parcours de formation de plus en plus individualisés pour chaque jeune.

“Le football et l’être humain sont ainsi fait que ceux qui émergeront, ne seront pas nécessairement ceux que qui étaient attendus”

Ensuite, nous pourrions nous dire que l’aspect financier est devenu prépondérant aujourd’hui, mais ce n’est pas nécessairement une fatalité. Si les jeunes jouent au football, au départ, c’est parce qu’ils aiment cela. Et pour faire une belle carrière, il faut avoir envie de progresser et de beaucoup travailler. Et cette « endurance de la motivation » est plus propice d’apparaitre lorsque que le joueur le fait par amour de son sport que par l’aspect financier.

Au-delà de la notion de plaisir, il y a aussi la responsabilisation. Un club n’est pas responsable de la réussite de tel ou tel joueur. Le club a l’engagement de donner des outils et d’avoir une culture club qui permettra au joueur, s’il s’en donne les moyens, de devenir un footballeur professionnel. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu’au final, c’est le joueur qui est responsable de sa propre performance. Le club est là pour lui fournir des outils et un environnement propice à la performance. Le sportif doit donc être à la base de la motivation et la partie financière, en être une conséquence.

“Nous pourrions nous dire que l’aspect financier est devenu prépondérant aujourd’hui, mais ce n’est pas nécessairement une fatalité. Si les jeunes jouent au football, au départ, c’est parce qu’ils aiment cela.”

Ensuite, pour en revenir à la notion de rouage, on peut avoir un très beau centre de formation avec des éducateurs de qualité, une partie académique très performante où chaque jeune est bien suivi, mais si derrière le club est en sureffectif professionnel ou a trop d’instabilité au niveau de son entraîneur principal, cela crée les conditions pour que les jeunes n’aient pas la possibilité de s’entraîner, voire de jouer. Finalement, c’est toute la mécanique qui s’enraye et rien ne fonctionne. C’est pour cela que la réussite d’un centre de formation, la réussite d’un parcours jeune, c’est l’alignement de plusieurs rouages. S’il y a une seule des étapes qui ne fonctionne pas, cela peut casser toute la dynamique.

Pour finir, j’ajouterais que nous parlons d’êtres humains. Lorsqu’un garçon de 15-16 ans voit son copain de 17 ans s’entrainer avec les pros et qu’un autre de 20 ans joue avec les pros, il se dit : “finalement dans ce club-là, on peut devenir pro”, “ah mais dans ce club là on peut jouer”. Cela crée un cercle vertueux, qui donnent envie aux joueurs de rester. Pourquoi partir ? Ils sont dans un environnement où ils se sentent bien, ils savent que les outils et la culture du club sont mis en place pour réussir, s’ils s’en donnent les moyens. Ils savent qu’il y a une qualité de parole, qu’on ne leur promettra pas blanc, pour ensuite leur donner noir. Ils savent aussi qu’on ne mettra pas la charrue avant les bœufs, en leur proposant des millions alors qu’ils n’ont encore rien démontré. Finalement, ils savent que s’ils cochent toutes ces cases, avec le plaisir du jeu au centre de tout et leur propre responsabilisation, ils auront de magnifiques opportunités qu’ils n’ont probablement jamais imaginé.

“Un club n’est pas responsable de la réussite de tel ou tel joueur. Le club a l’engagement de donner des outils et d’avoir une culture club qui permettra au joueur, s’il s’en donne les moyens, de devenir un footballeur professionnel.”

Pour pouvoir en arriver là, il faut une relation de confiance très importante avec le club. À tous les niveaux et en particulier au moment où le joueur signe son premier contrat professionnel, parce que c’est souvent à ce moment-là que la relation peut se tendre. C’est pour cela que l’on entend de plus en plus de clubs parler du travail réalisé sur la transition centre de formation – groupe pro. C’est un moment assez charnière dans une carrière. Ensuite, la qualité de l’entourage du joueur va être fondamentale. Notamment, la réflexion de l’agent, sa capacité à mettre le projet sportif avant le projet économique. Et il est essentiel d’avoir un entourage parental qui ne se projette pas trop sur leur enfant, mais qui recherche son bonheur et son épanouissement.

Dans votre livre, vous abordez la notion de biais d’aversion à la perte. Pourriez-vous le définir, ainsi que les effets que celui-ci peut avoir sur les dirigeants d’une organisation, mais aussi sur un staff technique et quelque part sur les joueurs ?

Daniel Kahneman l’expliquerait bien plus précisément que moi, mais le biais d’aversion à la perte veut dire que généralement, on craint plus de perdre que de gagner, même pour un même montant. Cela veut dire que lorsqu’on prend des décisions on va plutôt avoir tendance à se protéger. Je pense que ce sont des réactions qui sont humaines et il ne faut pas s’autoflageller pour cela. A nouveau, c’est là où la culture de l’organisation doit permettre de créer la confiance suffisante pour se dire : je peux tenter, je peux prendre des risques, j’ai le droit à l’erreur, j’ai le droit à l’échec. L’échec, n’est pas une fatalité, ça fait partie du processus. Je tente, j’essaie, je recommence. Je tente, j’essaie, j’apprends, je recommence.

C’est facile à dire, mais c’est dur à mettre en place. Malgré tout il faut s’efforcer de créer cette culture-là dans une organisation. Néanmoins, je ne veux pas apparaître trop abstrait par rapport à ça, parce que c’est une dimension complexe. Le message de fond, c’est surtout de savoir quelle est la culture que nous voulons mettre en place dans notre organisation. Cela passe par une grande qualité de parole et une exemplarité de la gouvernance d’un club. Cela prend du temps pour générer cette légitimité. C’est pour cela que je crois beaucoup à la stabilité. C’est comme cela que l’on tisse de solides relations humaines. Au début, on peut tenir de très beaux discours et finalement, se sont toujours les faits qui parlent, en particulier dans les moments difficiles.

“Le biais d’aversion à la perte veut dire que généralement, on craint plus de perdre que de gagner, même pour un même montant”

C’est dans ces moments-là où nous nous révélons, non seulement en tant qu’individu, mais surtout en tant qu’organisation. C’est à ce moment-là que l’on voit ces liens un peu invisibles de l’organisation, ainsi que leur force. C’est là aussi que l’on voit que cette aversion à la perte, on arrive à passer outre parce que l’organisation est suffisamment solide. C’est pour cela que la réflexion autour de la raison d’être, de l’alignement de la gouvernance, de la qualité des individus qui ne sont pas dans un intérêt personnel, mais dans un intérêt plus collectif est importante, car ce sont ces éléments-là qui permettent de tendre vers la performance. Quelque chose m’avait d’ailleurs pas mal marqué au FC Lorient, en particulier lors de mon premier passage entre 2009 et 2011. Tout le monde louait beaucoup et à raison la qualité de Christian Gourcuff en tant qu’entraîneur. Mais pour moi, la force du FC Lorient allait au-delà de cela.

Comme il était là depuis tellement d’années, ainsi que beaucoup de gens au sein du club, des relations humaines ayant de nombreuses conséquences s’étaient créées. Voici quelques exemples de ces conséquences : la cellule de recrutement connaissait précisément le type de joueur qui convenait à l’entraîneur. Pas seulement techniquement, mais aussi humainement. Et ça, pour le savoir, ça prend du temps. Cela permet aussi à une organisation sportive, lorsque les résultats sont moins bons, que personne ne se pose la question du maintien ou non de l’entraîneur. Donc cela ne crée pas de déresponsabilisation chez les joueurs, qui pourraient se dire : “finalement c’est à cause de l’entraîneur”, “j’ai l’impression qu’entre l’entraîneur et le directeur sportif ça se tend, donc ce n’est pas de ma faute et de tout façon, les cartes vont être rebattues”. Non, la responsabilité est toujours claire, nette et précise. Elle appartient aux joueurs.

Cela crée une organisation ou la responsabilité n’est pas diffuse. Elle est extrêmement claire. Ensuite il faut de la compétence et la stabilité ne veut pas dire immobilisme. Mais en tous les cas, les meilleures organisations sont celles où ces biais cognitifs individuels sont un peu moins puissants, parce qu’ils sont contrebalancés par la force collective.

Les bénéfices, le chiffre d’affaire ou encore le score apparaissent souvent comme les objectifs à atteindre, plutôt que comme les conséquences d’un processus ou de principes de fonctionnement robustes définis en amont. Pour illustrer cette question, voici deux perspectives :

Steve Jobs → Si vous vous focalisez sur les bénéfices, vous prendrez des raccourcis. Vous augmenterez vos revenus, vous réduirez un peu vos coûts. Vous ferez des bénéfices. Mais cette voie est un chemin qui mène au désastre à long terme. Si vous vous focalisez sur la fabrication d’un produit de qualité exceptionnelle, les bénéfices suivront.

Bill Walsh → “Il n’y a pas de garantie, pas de formule ultime pour réussir. Tout se résume à rechercher intelligemment et sans relâche des solutions qui augmenteront vos chances de l’emporter. Un effort constant est un défi constant. Lorsque vous relevez le défi, le score se fait tout seul.”

Evidemment, ce sont des conséquences. On peut dire bénéfice, comme on peut dire chiffre d’affaires ou résultat sportif. Il n’y a aucune entreprise qui dirait : “moi, ma stratégie, c’est le chiffre d’affaires”, “moi, ma stratégie, c’est la rentabilité”. Ce n’est pas une stratégie. C’est une conséquence que l’on espère atteindre. Pour certain ce sera du chiffre d’affaires, pour d’autres du bénéfice. Néanmoins, ce qui fait la différence, c’est la raison d’être, c’est la mission, c’est ce qu’on veut être. Pour Disney, c’est faire rêver des enfants. Pour les All Blacks, c’est cultiver leur héritage. Ce sont ces éléments-là qui font leur différence. La raison d’être d’une organisation est suffisamment claire, lorsqu’elle l’accompagne également dans sa prise de décision. Si elle lui permet d’orienter certains choix. Si elle ne permet pas du tout d’orienter la prise de décision, cela veut dire que la raison d’être n’est pas suffisamment affinée.

Donc clairement, c’est toujours le produit qui fait qui fait la différence. Après, si une organisation n’atteint jamais de bénéfices, jamais de résultats ou de chiffre d’affaires, c’est qu’il y a un problème quelque part. Nous ne sommes pas non plus dans un monde de bisounours et il faut aussi le prendre en considération. Néanmoins, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, d’où l’importance du plan stratégique et de principes dont nous parlions précédemment.

“La raison d’être d’une organisation est suffisamment claire, lorsqu’elle l’accompagne également dans sa prise de décision.”

Nous l’avons vécu lorsque nous sommes descendus en Ligue 2 à Lorient en juin 2017. Nous avons dû mettre en place un certain nombre de choses et nous avons fait un certain nombre d’erreurs. C’était ma première expérience sur la partie sportive car je pilotais uniquement la partie administrative et commerciale entre 2015 et jusqu’à la relégation. Nous avions un entraîneur, Mickael [Landreau], dont c’était la première expérience en tant qu’entraîneur principal. L’objectif était de mettre en place un projet autour de la formation, en ayant des finances saines et en créant une culture club autour de la performance et de la responsabilisation. Une des conséquences de tout cela, devait être la remontée en Ligue 1.

Ne pas remonter immédiatement a pu à certains moments générer des tensions avec l’environnement et en interne. C’est normal mais également un bon test de la robustesse de l’organisation. Le plus important est de créer une tendance et de garder son cap. Cela veut dire quoi une tendance dans ce cas précis? C’est tout simplement être à la lutte en haut du classement et parfois, il y a cette réussite qui permet de passer du “bon côté”. Parfois, cette réussite va manquer. C’est pourquoi il faut avoir cette lucidité et des indicateurs analytiques qui permettent de dire : “la tendance est bonne”. La vie d’un club n’est pas un long fleuve tranquille mais c’est une aventure collective passionnante. Et il y a peu de métiers qui permettent de générer des émotions et participer à faire vivre et unir un territoire.