RENCONTRE AVEC Soufiane AIT JEBLI Educateur-Président de l’ACADEMIE CLUB ASNIERES

SOUFIANE AIT JEBLI

Merci d’avoir accepté de répondre aux questions de l’AEF92 pour dresser le portrait de l’éducateur que tu es.

QUI ES TU ?

Comment es-tu arrivé dans un club de Football ?

J’ai été longtemps inspiré par le manga Olive et Tom. 

A partir de ça J’ai décidé de jouer au football à l’âge de 12 ans au football club d’Asnieres, en tant que Gardien de but.

Quelle a été ta carrière de joueur ?

Une carrière au Niveau départemental. De -13 ans jusqu’à Senior.

Quel est ton parcours d’éducateur ?

Je suis devenu éducateur en 2008.  J’ai ensuite obtenu mon initiateur 1 et mon CFF2. J’ai encadré des équipes de U10 à U17. Ensuite, j’ai pu devenir salarié au club grâce au dispositif un Club un Emploi en 2013. A partir de là j’ai pris des fonctions plus importante (responsable école de foot, responsable préformation, Directeur technique). Durant cette période j’ai obtenu mon BPJEPS Sport Co et mon BMF. Tout ce parcours a été réalisé au FC Asnières.

En 2020, J’ai rejoint ACCS Futsal en tant que référent académique afin de développer la pratique du futsal chez les plus jeunes.

Tu as aussi un métier dans le domaine de la formation peux-tu nous en parler ?

Je suis actuellement Coordinateur du pole Parcours à EDUCATERRA (organisme de formation), je suis à la charge de différents dispositifs régionaux qui accompagnent les jeunes ou les moins jeunes sur une préformation qui va leur permettre de consolider leur projet professionnel dans les métiers du sport et de l’animation. Nous accompagnons notamment ces publics dans d’autres métiers mais toujours en utilisant le sport comme un levier d’insertion.

As-tu des personnes qui ont marqué ta formation d’éducateur de Football ?

Deux personnes ont réellement marqué ma formation d’éducateur de football, je veux parler de Jean Lima qui a été mon éducateur pendant 8 ans. Et enfin une rencontre sur les terrains, Serge Gnahore le fondateur de GD football qui m’a imprégné de sa pédagogie. Enfin, il y a eu les formations au district ou trois personnes m’ont longtemps accompagné, , Romuald Hamon, Florien Bechon et Fabien Roulier.

Quel est le meilleur souvenir dont tu peux nous faire part ?

Je parlerai plutôt de période, la génération 2002 (que j’ai accompagné durant toute leur préformation U13 à U15) où je ne garde que des souvenirs exceptionnelles (tournoi en Espagne, Championnat etc…)

Pour toi le bonheur au football c’est quoi ?

La cohésion et les différents liens qu’on peut créer avec son équipe

Une journée de travail réussi c’est quoi ?

Avoir fait le maximum pour atteindre ses objectifs

CREATION D’UN NOUVEAU CLUB ACADEMIE CLUB ASNIERES

Pourquoi parles-tu du football au service de l’éducation de l’enfant ?

Parce que les enfants ont besoin de divers piliers pour parfaire leur éducation, et chacun de ses piliers a son propre rôle : il y a les parents bien sûr, l’école, qui sont les deux fondamentaux. L’activité extra-scolaire, ici le sport, est le 3ème pilier. Mes années en tant qu’éducateur m’ont fait prendre conscience du rôle que nous avons auprès des jeunes. Nous devons profiter des moments que nous passons avec eux dans la semaine pour leur transmettre plus que du football. Et d’ailleurs c’est ça qui fera qu’ils seront ensuite meilleurs en foot, car ils auront plus de recul, ils auront une vision plus globale. 

Le concept de l’Académie c’est quoi ?

C’est une pédagogie. Une pédagogie d’apprentissage globale fondée sur l’autonomisation de l’enfant. L’idée c’est d’ouvrir leurs perspectives avec des méthodes innovantes, du football élargi (c.a.d toutes les formes de football), et un travail de responsabilisation de l’enfant. 

Au sein de la section loisir, nous intégrons un pôle foot Handicap, avec Cecifoot… Nous voulons en effet à la fois permettre aux enfants en situation de handicap d’accéder à la pratique du football, mais aussi favoriser les rencontres et les échanges. La pratique du cécifoot est par exemple très formatrice pour tous les enfants (équilibre, maitrise, concentration). 

Quels sont tes partenariats pour mener à bien ce beau projet ?

Tout ça est encore en cours, mais nous sommes très fiers de travailler avec L’institut Baguer (sourds et muets). Ils nous ont fait confiance dès la première heure et nous ont permis de faire avancer le projet. 

Nous voulons étendre notre stratégie de partenariat au tissu associatif asniérois. 

Comme je vous l’ai dit, la pédagogie ACA c’est l’ouverture. L’ouverture  passe par la découverte d’autres sports, en partenariat avec les associations sportives. Et ça passe aussi par la participation à des actions citoyennes, sociales et humanitaires. 

De nombreux partenaires nous accompagnent sur ce projet : ACCS FUTSAL, VAGABOND CREW, URBAN SOCCER, 

Les liens avec d’autres sports aussi ?

En effet, L’ACA est sensible au partage de pratique. Nous sommes convaincus que beaucoup de sport permettent le développement d’aptitudes motrices essentielles au football. Nous sommes actuellement en discussion avec le club de hockey sur gazon et le club de Tennis d’Asnières sur Seine.

Comment l’AEF 92 pourrait-il être aussi un partenaire ?

L’AEF peut apporter de la visibilité. Elle peut devenir un partenaire qui va notamment faciliter le sourcing des futurs adhérents de l’ACA.

Quelles initiatives avez-vous eu pendant les confinements. ?

Durant le troisième confinement, nous avons pu proposer une séance football en gymnase pour les jeunes en situation de handicap sensoriel de l’institut Baguer.

L’ENTRAINEMENT

Le FC ASNIERES  a été ton club Comment préparais-tu tes entraînements ?

Tout d’abord je profite de cette tribune pour remercier deux personnes qui m’ont accompagné au FC Asnières en la personne d’Alain Martinez et Djamel Guechi .

Lorsque j’ai été au Fc Asnières je suivais de façon assez stricte ma planification annuelle pour préparé mes séances.

Avez-vous du matériel spécifique aux pratiques proposées ?

A l’académie Club d’Asnières notre matériel pédagogique est très varié.

Nous proposons une initiation à la Sensei Ball outil très efficace pour l’apprentissage des bases techniques (3000 Ballons par Heure) ainsi que la motricité et la coordination collectif.

Vous retrouvez notamment à l’ACA des outils tel tchouk ball, Golf Foot, Futnet autant de matériel pédagogique utile pour stimuler nos joueurs au plaisir de jouer.

Dans le pôle handicap nous proposons du Cecifoot qui impose un équipement particulier.

Les joueurs « valides » sont-ils bien préparés à partager avec « les moins valides » ? Comment ?

C’est toute la démarche de l’ ACA , quelles sont les valeurs que nous aimerions véhiculé à nos enfants ? Doit-on les orienter vers une éducation individualiste ou plutôt collective. L’idée est notamment sur notre projet éducatif, de créer de l’inclusion et de la solidarité entre les deux publics. Et cela passera sur des échanges de pratique.

Comment choisis-tu tes jeunes éducateurs ?

J’estime qu’un jeune éducateur doit avoir une licence joueur (peu importe le niveau) et qu’il puisse avoir une expérience footballistique.

Comment vivez-vous les entraînements avec le « sans contact » ?

Avec un peu d’imagination tout est adaptable, une façon aussi d’insister un peu plus sur de la technique individuelle. La Sensei Ball est un outil très utile durant la période de confinement.

Quel est le procédé que tu préfères utiliser et Pourquoi ?

Situation car elle est un procédé réaliste à la phase de jeu et permet de répondre aux difficultés rencontrées lors d’un match.

Le travail des apprentissages techniques demande une réelle méthode pédagogique, quelle est ta méthode ?

Notre méthode pédagogique est basée sur la motivation. Nous estimons qu’elle est le premier sentiment à la progression d’un enfant. Cette motivation qui se renforce par le plaisir de jouer.

L’ACA veut combattre toutes les dérives que nous retrouvons dans le football, notamment de la compétition néfaste chez les plus jeunes.

Y a t il des âges avec lesquels tu préfères travailler ?

Les Pré-Ados 12-14 ans

Quelle est la part faite au public féminin ?

Nous favorisons la féminisation à l’ACA par une pratique mixte nous estimons que de 6 à 12 ans la mixité à des atouts positifs sur le développement des enfants. 

Comment le PEF trouve-t-il sa place dans votre projet de formation du jeune joueur ?

Le PEF a un rôle central dans notre projet, il s’insère totalement sur notre programmation annuelle. Sur le programme nous avons deux parrains (Samir Djabali journaliste sportif et Ayoub Marceau Comédien) qui contribue à l’évolution de nos projets éducatifs et culturels

Y a-t-il un projet spécial avec PARIS 2024, les jeux paralympiques ?

Actuellement nous sommes concentrés sur le projet ACA. Mais il est sûr que sur le moyen terme, l’ACA deviendra un des acteurs d’un projet spécifique autour des jeux paralympiques.

Les « Special Olympics » (sport adapté) est en cours de développement. Le handicap doit être intégré, as-tu des exemples ?

Sur le Sport adapté on peut retrouver le foot 5 pour les personnes en situation d’handicap mental, plus précisément souffrant de trisomie 21.

LE DISTRICT

Quelles sont tes fonctions au sein du District 92 ?

Au district 92, je suis membre de la commission du football Animation.

LES EDUCATEURS ET L’AEF 92

L’AEF 92 souhaite rencontrer les éducateurs et éducatrices de terrain, ceux qui sont régulièrement au contact des jeunes joueurs, que penses tu avoir besoin en priorité pour être aidé dans ton engagement ?

Je penses que l’AEF 92 par sa communication peut sensibiliser les éducateurs sur la notion de handicap et pourquoi pas créer des actions pratiques sur des ateliers liés à le handicap.

Rencontrer des personnalités du Football est-il un moment que tu apprécierais ?

Bien sûr, pour récupérer quelques autographes LOL !!!

Assister à des séances-types adaptées à une catégorie, suivi d’échanges sur les problématiques de la catégorie te semble-t-il intéressant ?

Oui, ces échanges d’expériences permettent de consolider ces acquis mais apporter des points améliorations sur nos contenus.

La découverte de clubs pros est aussi un programme que nous reprenons, penses-tu que cela soit une source d’intérêt pour eux ?

Oui, La découverte de club pros, permet de découvrir une organisation de travail et de trouver des sources d’inspiration pour le développement du football amateur.

Une proposition d’action originale pour l’AEF 92 en lien avec ton club?

Il serait intéressant de proposer des animations et des ateliers pratiques du sport handicap aux éducateurs de l’AEF (Cecifoot – foot mal marchants, EFFA FOOT etc). L’ACA se fera un plaisir de vous recevoir 😊.

Quelle question aurais-tu voulu que nous te posions ? et ta réponse à celle-ci ?

Pourquoi avoir créé l’académie Club d’Asnières ?

Tout simplement la volonté de créer un projet collectif avec des amis passionnés qui partagent la même vision que vous.  Car comme dit le proverbe « les projets des uns font la réussite de tous » .

Merci Soufiane de tes réponses et maintenant nous allons te demander de nous dire ce que tu préfères entre les sujets suivants :

EXERCICE   ou   SITUATION 

TECHNIQUE ou PHYSIQUE  

MER ou    MONTAGNE

EQUITATION OU CANOE 

THEATRE     ou    CINEMA

VIANDE     ou   POISSON

SUSHI    OU COUSCOUS

ASTERIX   ou    LUCKY LUKE 

BEYONCE    ou    CELINE DION

CORINNE DIACRE   OU   DIDIER DESCHAMPS 

MEGAN RAPINOE    OU    WENDY RENARD 

PARIS SG    OU    OLYMPIQUE DE MARSEILLE

ZIDANE      ou      MESSI

NADAL   ou    FEDERER 

COLUCHE     ou     DEBOUZZE

AVION    ou   TRAIN 

JEUX OLYMPIQUES ETE ou    TOUR DE  FRANCE

TV : ce soir, on vibre devant « Le Tombeau des lucioles » d'Isao Takahata -  Elle
LE TOMBEAU DES LUCIOLES

Ton film préféré :  Le tombeau des Lucioles

Un livre favori : La Perle de John Steinbeck

Ton plat culinaire préféré : Tajine marocain

Le coach qui t’inspire le plus :  Bielsa

L’équipe qui t’a enthousiasmé : Juventus

Le match de ta VIE : France Espagne Coupe du Monde 2006 « vas-y mon petit » Jean Michel Larqué.

Si tu étais un animal : Une panthère…. Comme l’ACA

Merci beaucoup Soufiane pour cette présentation et ta disponibilité.

HALTE AUX JEUX INTERDITS, TOUS ENSEMBLE RESTONS RESPONSABLES, PRESIDENTS, MUNICIPALITES, EDUCATEURS, GARDIENS DES STADES…

L’AEF a été informé, par des clubs, par des parents des processus de communication des joueurs, des informations d’absences d’assurance, de couleur de maillots différents des clubs, mais de la tenue de rencontres amicales, notre rôle n’est pas à de la délation, mais de mettre les éducateurs face à leurs responsabilités. Proposer aujourd’hui des rencontres en U12, U13 et au delà est interdit. Les plateaux d’animation sont autorisés dans le respect des protocoles.
Ne baissez pas la garde, NOUS RELAYONS LE COMMUNIQUE DE LA LIGUE DE PARIS

La Ligue a été informée de l’organisation par certains clubs d’une pratique « normale » du football, à savoir une pratique avec contact sous la forme d’oppositions internes et/ou de matchs amicaux interclubs.

Si notre football est, par nature, une pratique avec contact, la période de crise sanitaire que nous traversons depuis de longs mois a nécessité des ajustements dans de nombreux domaines, ce que les composantes de notre football ont bien compris, faisant ainsi preuve d’une grande capacité d’adaptation pour participer à l’effort national dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et proposer aux licenciés de nouvelles pratiques et des entraînements adaptés afin de préserver leur épanouissement et de les fidéliser.

Si les comportements déviants ne sont fort heureusement pas majoritaires, il nous paraît néanmoins utile de vous rappeler que :

. Il ressort des décisions sanitaires pour le sport, applicables depuis le 28 Novembre 2020 et publiées sur les sites de la Ligue et ses Districts notamment, que seule une pratique sportive encadrée sans contact peut être organisée au sein des clubs affiliés pour les publics non prioritaires, ce qui, de fait, exclut l’organisation d’oppositions internes et/ou de matchs amicaux interclubs pour ces publics ;

. Au-delà du fait qu’ils font preuve d’un évident manque de civisme, les organisateurs de cette pratique avec contact engagent leur responsabilité (civile et pénale) en cas d’accident survenant dans ces circonstances qui sont donc totalement proscrites en cette période de crise sanitaire ;

. L’assurance licence ne saurait en aucun cas prendre en charge un sinistre survenant lors de ces oppositions internes et/ou matchs amicaux interclubs.

Nous savons les Président(es), garant(es) du respect des règles au sein de leur association, sensibles à cette problématique et les invitons à intervenir, si nécessaire, auprès de leurs éducateurs et dirigeants afin de s’assurer du respect des décisions gouvernementales en matière sanitaire au sein de leur club.

Il en va du respect des lois comme de la préservation de la santé de chacun, notre bien commun le plus cher. Nous comptons sur votre pleine et entière collaboration.

LA CAUSERIE PRINCIPES DE BASE Les conseils du regretté Gérard HOUILLIER

Pour G. Houllier, il est nécessaire d’être simple direct authentique et surtout être collectif. La causerie doit être pour l’ensemble des joueurs et non centré sur un joueur.

Structure des propos

  • 1 / parler du contexte du match
  • 2 / donner la composition de l’équipe
  • 3 / Dire ce que l’on attend des joueurs
  • 4 / les principes tactiques généraux
  • 5 / finir pour toucher l’émotion, l’affectif. Les derniers comptent

Surprendre / interpeller : Il est important de se renouveler, de varier par un angle, un ton, des mots, des approches différentes

Evitez d’arriver avec un papier et lire. Il est préférable de préparer une « trame » avec les mots clés sur lesquels vous pourrez vous appuyer.

Donner confiance : confiance en soi, confiance en son coach, confiance envers ses coéquipiers en étant positif. Dire plutôt « on joue en avançant plutôt que « ne reculez pas ». Evitez les termes « j’essaye », « je peux ». G. Houllier ne parlait pas des adversaires dans des termes critiques ou revanchard. Il orientait toujours ses causeries « pour » son équipe plutôt que « contre » les adversaires.

https://youtube.com/watch?v=M5IE9fmi-9g

La technique ne doit pas être idéale, mais adaptée

Voici un nouvel extrait de NOSOTROS qui questionne un formateur espagnol.

Responsable de la méthodologie au Recreativo de Huelva et auteur de nombreux ouvrages dédiés à l’entrainement en football, Miguel Fernández est l’un de ceux qui n’appréhendent le football qu’au travers de l’approche systémique.

NOSOTROS lui a donc demandé de définir son rôle et sa vision de l’entrainement.

Quelle est votre rôle au Recreativo de Huelva ?  

J’ai rejoint le département méthodologique du Recreativo car le club souhaitait faire évoluer sa méthodologie d’entrainement. A mon arrivée, nous avons donc débuté un travail de « rénovation », avec le directeur technique de l’époque. Aujourd’hui, je poursuis ce travail aux côtés d’un ancien joueur du club, Jesús Vazquez.

Notre intention est de faire évoluer notre approche de l’entrainement en y apportant une vision plus holistique, plus systémique, pour reprendre des termes actuels. Au regard de ma formation universitaire, le club a souhaité me confier la mise en place de cette approche, des plus petits jusqu’à l’équipe réserve, en parallèle de la formalisation d’un modèle de jeu commun à toutes les catégories.

« Notre intention est de faire évoluer notre approche de l’entrainement en y apportant une vision plus holistique, plus systémique »

Nous insistons beaucoup sur la compréhension et l’interprétation de notre modèle de jeu par les joueurs en utilisant beaucoup les formes jouées, sans exclure les situations analytiques. En outre, l’aspect athlétique est pour nous un élément fondamental de la performance et nous le mettons le plus souvent en place, à travers des tâches plus analytiques. Nous sommes toujours très vigilants dans le choix des tâches proposées et au contexte, qui doivent être les plus proches possibles du match.

Notre volonté, c’est former des joueurs adaptables au jeu, mais il est difficile de leur demander de s’adapter sans leur apprendre à le faire. Pour nous, la meilleure façon le faire, c’est de leur proposer des tâches proches de la réalité, de la logique interne du football, tout en étant capable de modifier certains paramètres de ce contexte pour favoriser cette adaptation. Manipuler à bon escient certains paramètres, va favoriser l’adaptation du joueur, sans que nous, entraineurs, n’ayons besoin d’être radical dans nos consignes. L’idée étant d’en dire le moins possible, ne rien forcer !

« Nous sommes toujours très vigilants dans le choix des tâches proposées et au contexte, qui doivent être les plus proches possibles du match »

A toujours vouloir donner des consignes, prescrire les faits et gestes du joueur, nous finissons par les rendre dépassés, presque impuissants dans le jeu, or il est essentiel que les qu’ils apprennent et décident par eux-mêmes.

Cette vision de l’entrainement, nous la mettons en place à travers l’approche dynamique écologique (Ecological Dynamics), qui nous semble très appropriée à notre vision de l’entrainement et au développement des joueurs.

Cette approche est formalisée et mise en place, par des réunions avec les entraîneurs de chaque année d’âge, parce qu’à chaque étape de la formation du joueur, selon qu’il s’agisse d’enfants de 6 ou 7 ans, de joueurs de 14 ans ou de 18 ans aux portes du haut niveau, le type de séance et les contenus sont différents.

« Manipuler à bon escient certains paramètres, va favoriser l’adaptation du joueur, sans que nous, entraineurs, n’ayons besoin d’être radical dans nos consignes »

Pour un jeune, intégrer l’équipe première du Recreativo, doit être un processus. Chaque année d’âge a des contenus de formation liés les uns aux autres. Nous ne mettons pas les contenus dans des boites à catégories d’âge, en disant : « à cet âge, nous devons travailler ceci, puis l’année d’après nous devons travailler cela ». Cependant, les contenus de chaque année d’âge sont déclinés de façon très fine, parce que le niveau de développement de chaque personne, de chaque joueur, est différent.

Il se peut qu’un joueur de 11 ans ait la capacité d’acquérir le contenu tactico-technique d’un joueur de 13 ou 14 ans, car une personne n’évolue pas de manière linéaire, mais par des oscillations, parfois même des sauts brusques. Une importante progression sur un laps de temps très court, puis une chute soudaine, suivie par une stagnation pendant 6 mois ou un an, puis un nouveau rebond.

Chaque jour, nous sommes un peu meilleurs, mais il est possible que dans un mois, nous soyons moins bons qu’aujourd’hui et que dans six mois, nous soyons bien meilleurs qu’au départ. Nous prenons en compte le fait que le développement d’un athlète ne soit pas un long fleuve tranquille et qu’il épouse une courbe avec d’importantes oscillations.

Nous avons donc formalisé certains contenus à travailler à chaque étape, mais cette planification n’est pas figée. Nous laissons les joueurs se développer et s’ils ont plus de capacités que d’autres, nous ferons évoluer nos contenus pour nous adapter à leurs capacités.

« Il se peut qu’un joueur de 11 ans ait la capacité d’acquérir le contenu tactico-technique d’un joueur de 13 ou 14 ans, car une personne n’évolue pas de manière linéaire, mais par des oscillations, parfois même des sauts brusques »

Notre modèle de jeu est très étayé, à l’aide de principes, sous-principes, sous sous-principes, mais j’imagine que presque toutes les écoles de football fonctionne comme cela. Au départ, les 6, 7, 8, 9 et 10 ans apprennent les principes les plus généraux de notre modèle de jeu. Plus ils grandissent plus ils abordent des principes spécifiques, en nous inspirant de ce que préconise la périodisation tactique.

Par exemple, nos U10 travaillent sur la largeur de manière générale alors que les U18 travaillent aussi sur la largeur, mais de manière spécifique dans la relation du latéral – excentré et selon les convictions de l’entraineur. En parallèle, un travail athlétique est réalisé en ayant à l’esprit que si notre approche se veut systémique, elle ne doit pas oublier une partie qui la compose.

Aussi, s’entrainer de façon systémique ne signifie pas que nous travaillerons toujours à 11 contre 11. Parfois nous aurons besoin d’isoler une partie, par exemple en travaillant avec les centraux, qui ne constituent qu’une partie de la systémique de l’entrainement, mais elle doit être dans en relation avec le tout et vice versa.

Il me semble qu’il existe une certaine confusion dans les termes, quand certains affirment travailler de façon systémique, avec des jeux réduits, à neuf contre neuf, etc.

L’idée serait davantage d’extraire une zone du terrain, avec un deux contre deux, un ailier et un latéral par exemple, contre deux autres joueurs qui évoluent le plus souvent dans la même zone. Cela permettrait de reproduire de façon très concrète un contexte familier et proche du match pour les joueurs.

« S’entrainer de façon systémique ne signifie pas que nous travaillerons toujours à 11 contre 11 »

Nous travaillons donc de manière globale, en partant de principes très généraux pour aller vers des principes plus spécifiques. De la même manière nous travaillerons sur les aspects athlétiques en partant d’aspects très généraux pour aller vers des aspects très spécifiques, tout en veillant à ce que tout ce qui est abordé de façon globale soit en relation avec ce qui est abordé de façon analytique et inversement.

C’est ainsi que nous avons aussi développé notre modèle de programmation des capacités physiques, selon le stade de développement des joueurs. Parfois, dans un même groupe, des joueurs de 12 ans ont un stade de maturation qui correspond à celui d’un enfant de 9 ans et d’autres à celui d’un jeune de 16 ans. Or, vous devez veiller à ce que tous les joueurs progressent, qu’ils soient en retard ou en avance dans leur développement. Il faut donc proposer des stimuli différents et cela est également valable sur la partie technique, tactique, etc.

Chez les 6 – 12 ans, ou en règle générale, la chronologie des stades de développement est plus stable et l’apprentissage différentiel (à l’image de vos très longs entretiens avec Carlota Torrents et Wolfgang Schöllhorn) est un pilier essentiel de notre approche. Par exemple, sur un travail de passe, nous allons proposer des situations ou le joueur va faire des passes de l’intérieur, tout d’abord face à lui, puis à sa droite, à sa gauche, en diagonale, puis dans un ordre établi, inversé, puis aléatoire, mais à la fin, le joueur aura pu vivre de la répétition.

« Vous devez veiller à ce que tous les joueurs progressent, qu’ils soient en retard ou en avance dans leur développement. Il faut donc proposer des stimuli différents »

Ces variations dans les répétitions vont permettre ce que l’on appelle une synergie préférentielle dans le système psychomoteur des enfants. Notamment dans la phase d’initiation, il semble qu’une certaine répétition soit nécessaire, mais cela ne veut pas dire qu’il faut répéter selon les mêmes modalités. Nous veillons à ce que chaque répétition soit variée, dans l’angle de la passe par exemple, ce qui va élargir la palette technique du joueur.

A partir des 11/12 ans, nous travaillons la passe à travers des jeux réduits, en modulant progressivement le niveau des contraintes jusqu’aux 18 ans où nous ne faisons plus de travail technique, au sens strict du terme. A cet âge-là, nous considérons que le joueur a besoin d’autres formes de travail dans sa formation. En Espagne, à cet âge, les joueurs évoluent dans une catégorie appelée Division d’honneur (18 ans nationaux) où certains jeunes joueurs comme Ansu Fati ou Pedri, pourraient évoluer et nous considérons que leur progression ne peut plus se faire avec des exercices techniques figés.  

Pour revenir sur l’apprentissage différentiel et la dynamique écologique, beaucoup pensent que ces approches ne sont pas valables pour des joueurs de haut niveau. Lors de mon arrivée, j’ai voulu reproduire et vérifier l’expérience vécue dans mon club précédent, Bollullos. Dans ce club amateur qui n’évolue pas au plus haut niveau, mais qui accueille de jeunes joueurs potentiellement capables d’intégrer des structures de haut niveau, nous avions adopté l’approche dynamique écologique.

Au-delà de notre titre de champion, sans perdre un seul match, nous avions observé les progrès importants de l’équipe. L’évolution des comportements des joueurs était aussi positive, car ils étaient devenus, au fil des semaines, très performants dans l’interprétation du jeu et dans la capacité à faire face aux évènements imprévisibles. Au-delà des qualités certaines des joueurs, nous avions pu observer l’influence de notre approche de l’entrainement et qui a mené, peut-être, le Recreativo de Huelva à choisir une alternative à l’entrainement traditionnel.

D’un point de vue “cognitiviste”, nous savons qu’au départ les apprentissages sont de meilleure qualité lorsque les conditions sont stables. Ce point de vue théorique apparait complémentaire pour certains et contradictoire pour d’autres qui prônent un apprentissage différentiel. Comment organisez-vous le processus d’apprentissage du football, activité sportive chaotique chez les jeunes ? 

Il y a une chose qui est claire dans le football, c’est que personne n’est capable de répéter, de façon identique, un geste technique. Les humains sont des systèmes complexes et ne sont pas capables de répéter un mouvement à l’identique, y compris dans des conditions de laboratoire. Il y a toujours des facteurs qui viennent changer la donne, des paramètres de force, d’angulation du mouvement, de motivation du joueur, qui rendent chaque répétition différente des autres.

Si, dans des conditions de laboratoire nous ne sommes pas en mesure de répéter le même geste deux fois de suite, il ne sert à rien de vouloir régler le geste d’un joueur ou imaginer un geste technique idéal. Si le contexte dans lequel le joueur va devoir réaliser un geste n’est jamais le même, je me dois d’entraîner le joueur dans la variabilité.

« Les humains sont des systèmes complexes et ne sont pas capables de répéter un mouvement à l’identique, y compris dans des conditions de laboratoire »

Dans une discipline comme le trampoline où le gymnaste est évalué sur la difficulté technique et esthétique de la figure réalisée, alors, oui, il peut être logique de répéter le geste technique, avec un objectif de perfection. Mais c’est la caractéristique de ce sport à habileté fermée.

Dans une activité comme le football, qui se pratique dans un contexte ouvert, variable, l’approche de l’entrainement ne peut pas être identique au trampoline, avec des répétitions de figures imposées à l’avance. Par conséquent, dans un match de football qui est par nature aléatoire, il me semble logique d’entrainer les joueurs dans des contextes aléatoires. Nous n’entrainons pas les joueurs à faire des talonnades pour faire des passes, pourtant les enfants en réalisent en match sans même les avoir abordées en séance. Cette même observation est valable pour le retourné ou la bicyclette, combien de fois proposons-nous cela en séance ?

Je pense que la technique doit être avant tout adaptée et non pas idéale. Un gymnaste a besoin d’une technique idéale au regard de la nature de son activité. Un joueur ou une joueuse de football a besoin d’une technique efficace, adaptée aux circonstances du jeu à chaque instant.

L’apprentissage différentiel, de ce point de vue, est vraiment riche car il propose la répétition indispensable à l’apprentissage, mais en invitant à changer constamment un ou plusieurs paramètres d’exécution. Ainsi, vous offrez un contexte d’entrainement qui se rapproche de ce qui se passe lors des matchs.

« Un joueur ou une joueuse de football a besoin d’une technique efficace, adaptée aux circonstances du jeu à chaque instant »

Dans un des livres que j’ai écrit sur la complexité, un analyste du club qui m’a fait le plaisir de rédiger le prologue, a soulevé quelque chose de très intéressant. Selon lui et je partage totalement son point de vue, faire une passe à la 30ème minute d’un match tranquille, en menant largement au score n’a rien à voir avec faire une passe dans les arrêts de jeu, d’un match de coupe, en étant mené un à zéro. Ce contexte, totalement différent, va influencer grandement le comportement du joueur. Un joueur capable de faire quelque chose à la trentième minute n’en sera pas forcément capable à la 90èmeminute, dans un contexte émotionnel et compétitif qui change complètement la donne.

C’est pourquoi la technique doit se travailler avec beaucoup de variabilité, dans la droite ligne de ce que préconise l’apprentissage différentiel, où la technique, mais d’une manière plus générale, le mouvement doit être contextualisé.

Plus les conditions sont diverses, plus les enfants vont pouvoir expérimenter des situations différentes, plus ils vont être capables de percevoir, de décider et d’agir selon les conditions. Aussi, plus l’entrainement est varié, plus vous élargissez la variabilité et donc l’adaptabilité technique des joueurs.

Les techniciens sont souvent très sensibles à la programmation annuelle, mensuelle ou/et hebdomadaire, avec notamment une progression linéaire prévue au fil de la saison. Organisez-vous les contenus au sein du club au sein d’une programmation ? 

En concertation avec les entraineurs de chaque année d’âge, nous avons fixé un niveau minimum dans les contenus à acquérir à chaque étape, que nous avons baptisé « contenu minimal ». A l’image d’une pyramide, notre école de football permet, à partir de la moitié de cette pyramide jusqu’au sommet, à l’entraineur d’être un peu plus libre.

C’est à lui de consulter les collègues des plus jeunes et de proposer des contenus adaptés au niveau de son groupe, au regard de son niveau d’acquisition à la hausse ou à la baisse, pour adopter une exigence flexible et éviter que son groupe ne s’ennuie. Aussi, les joueurs doivent maitriser certains contenus pour franchir les étapes, mais nous évaluons cela sans nous montrer intransigeant sur les temps de passage.

Concernant la programmation des contenus pour chaque année d’âge, nous voulons sortir de la vision de Descartes, qui préconise de diviser pour mieux régner. Nous pensons que le niveau de maitrise de nos contenus doit être structuré, de manière à ce que les enfants puissent dépasser ces niveaux et visualisent leurs progrès.

« Nos contenus minimums doivent être des guides qui permettent de savoir par où commencer. Ce ne sont pas des règles absolues, car personne ne sait quel niveau atteindront les enfants à la fin de la saison »

A l’université, on apprend à construire, planifier des cycles mensuels où tout est segmenté, mais la réalité est différente. Le feedback que vous donne le joueur, dans ce cas l’enfant, peut être très différent de ce qu’avait prévu l’éducateur.

Par exemple, vous avez prévu de travailler sur le contrôle orienté, mais vous avez un petit qui fait ça sans même le savoir tous les jours au parc ou dans la rue, sans que personne ne lui ait rien expliqué. Croyez-vous qu’il soit pertinent d’insister là-dessus pour cet enfant ?

Nos contenus minimums doivent être des guides qui permettent de savoir par où commencer. Ce ne sont pas des règles absolues, car personne ne sait quel niveau atteindront les enfants à la fin de la saison. Nous ne le saurons qu’à la fin, en fonction de ce que les joueurs réalisent et c’est une discussion que j’ai régulièrement avec le coordinateur de l’école de football.

« Dans notre programmation, nous organisons les contenus un peu comme un nuancier, en partant du blanc pour aller vers le noir. L’entraineur pourra jouer sur toute la palette de gris dans le niveau de contenus, en fonction du niveau du groupe et des besoins de chacun »

J’ai toujours eu des doutes sur la programmation rigide des contenus par année d’âge. Le développement est si différent d’une promotion à une autre et au sein de cette même promotion, que nos contenus peuvent être adaptés à certains joueurs de la promotion, mais trop difficiles ou trop faciles pour certains.

Dans notre programmation, nous organisons les contenus un peu comme un nuancier, en partant du blanc pour aller vers le noir. L’entraineur pourra jouer sur toute la palette de gris dans le niveau de contenus, en fonction du niveau du groupe et des besoins de chacun.

L’avantage de ce nuancier entre le noir et le blanc permet d’offrir l’opportunité à l’entraineur de s’adapter au contexte, tout en respectant la couleur dominante, et que tous les entraineurs travaillent dans la même direction. De plus le fait de travailler la même couleur, d’une année sur l’autre, va permettre non seulement de s’adapter au groupe, mais aussi, de favoriser la variation des répétitions et surtout de gagner du temps sur les consignes de la tâche, puisque les joueurs les connaissent globalement.

Ce mode de fonctionnement permet non seulement d’instaurer chez les joueurs, des habitudes de travail, mais aussi d’ancrer des comportements adaptés et une réelle compréhension du jeu, plus que des situations proposées.

Vous utilisez beaucoup le terme de variabilité dans l’entrainement, dans les modalités d’organisation des séances, des tâches proposées aux joueurs. Pensez-vous qu’il soit pertinent de pousser cette variabilité jusqu’à la rotation des entraineurs en charge des groupes au cours de la saison ? 

En Espagne, certains clubs le font mais cela nécessite que les entraineurs connaissent les groupes des années précédentes et des années suivantes. Cela peut être une bonne chose mais cela réclame certains prérequis. Je crois qu’entre le coach et le groupe, un lien existe, un lien qui ne me semble pas pertinent de rompre au cours de la saison.

Dans le système équipe, il existe aussi, un système joueur-entraineur et selon la perspective systémique, modifier un élément du système, changera tout le système. Enfin, ce type de rotation en cours de saison réclame que tous les entraineurs maitrisent parfaitement le modèle de jeu mis en place au club.

Autant de motifs qui ne nous ont permis d’arriver à un consensus à ce sujet, au-delà du fait que certains entraineurs se sentent plus à l’aise avec une certaine catégorie d’âge.

Vous êtes l’auteur d’un libre sur l’entrainement émergent, pouvez-vous nous présenter l’idée de cette approche de l’entrainement ? 

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à cette thématique, à partir des travaux de Paco Seirul-lo, Vítor Frade et d’autres, le concept d’émergence a attiré mon attention. Nous avons toujours appris qu’une équipe était la somme de tous les joueurs, de leurs caractéristiques. Mais dans cette somme, chacun des joueurs apporte un quelque chose qui n’est pas quantifiable, sinon il serait très facile de construire une grande équipe.

Vous prenez les meilleurs joueurs du monde et en les additionnant, vous aurez la meilleure équipe au monde. Certaines équipes ont dans leurs rangs, beaucoup de grands joueurs, pour autant elles peinent à gagner des titres, parce que les interactions de qualité ne se produisent pas entre les joueurs.

Prenons l’exemple du FC Barcelone et la situation de Griezmann, un des meilleurs joueurs au monde. Il est dans une grande équipe et pour une raison quelconque, n’arrive pas à interagir de façon fonctionnelle au sein du collectif, pourtant constitué de nombreux grands joueurs.

« Nous avons toujours appris qu’une équipe était la somme de tous les joueurs, de leurs caractéristiques. Mais dans cette somme, chacun des joueurs apporte un quelque chose qui n’est pas quantifiable, sinon il serait très facile de construire une grande équipe »

L’émergence est essentielle, car les interactions de Griezmann avec ses coéquipiers de l’équipe de France émergent mieux que dans le contexte de Barcelone. C’est-à-dire que de la nature de ses relations avec Messi, Dembélé, Busquets, permettent l’émergence, aujourd’hui, d’un produit qui vaudrait moins que la somme de ces relations. Tout est affaire de contexte.

Imaginez que vous soyez à la tête d’une équipe, d’un groupe de joueur. Ce même groupe, selon qu’il porte les couleurs de l’Athletic Bilbao ou celles de Villarreal, ferait émerger un football qui serait bien différent.

L’Athletic Bilbao propose souvent un football plus direct, avec beaucoup de centres alors que dans le sud de l’Espagne, Villarreal propose un football plus élaboré, plus positionnel. Ce même groupe dont vous avez la charge, selon que vous le plongiez dans un contexte ou un autre, fera émerger des comportements qui seront bien différents.

L’entrainement émergent vise à tirer le meilleur de tous les joueurs en mettant à profit ce qui émerge de leurs interactions, pour enrichir le modèle de jeu. Partons du principe que mon modèle de jeu défend une idée de jeu combinée, en repartant de derrière à travers une possession du ballon qui nous permette d’initier, créer et finir.

Au fil des séances, j’observe qu’il y a une bonne connexion entre mon latéral et mon excentré, par exemple. Le latéral trouve souvent notre excentré dans la profondeur et cette relation provoque du déséquilibre chez nos adversaires. Ce type d’interaction n’est pas forcément privilégiée dans le modèle de jeu, mais elle fonctionne. Pourquoi ne pas l’ajouter pour enrichir le modèle ?

Dans mon club précédent, Bollullos, nous avions un modèle basé sur le jeu combiné, mais je me suis rendu compte que l’équipe s’auto-organisait dans un 4-1-4-1 médian, avec des joueurs de côté très rapides, très à l’aise pour exploiter la profondeur notamment en contre-attaque ou des attaques rapides.

Au départ, nous avions décidé à la récupération haute du ballon, de rechercher plutôt de la sécurité. Devant les caractéristiques de la plupart des joueurs à vocation offensive et leurs interactions fonctionnelles j’ai fait évoluer le modèle. On voit bien ici, comment l’interaction des joueurs a fait émerger quelque chose d’imprévu, mais qui a enrichi notre modèle.

Il ne faut pas être fondamentalistes, comme on dit en Espagne. Pourquoi ne pas profiter de ce qui émerge entre les joueurs ? Pourquoi vouloir absolument redoubler les passes, alors que les joueurs se recherchent et se trouvent très bien dans la profondeur ?

L’idée essentielle de l’entrainement émergent est de construire un modèle de jeu en s’appuyant sur les choses nouvelles qui émergent lors des séances. Parfois vous êtes surpris par l’émergence de certaines relations et plutôt que de vouloir les modifier et convaincre les joueurs, il est peut-être profitable de faire évoluer votre modèle et favoriser l’expression de leurs qualités, surtout s’ils ne sont pas convaincus.

Évidemment, si les émergences sont négatives, il est logique de ne pas les intégrer au modèle de jeu. Modifier sa façon de jouer en s’appuyant sur les émergences est un concept lié aux systèmes complexes.

« Parfois vous êtes surpris par l’émergence de certaines relations et plutôt que de vouloir les modifier et convaincre les joueurs, il est peut-être profitable de faire évoluer votre modèle et favoriser l’expression de leurs qualités, surtout s’ils ne sont pas convaincus »

Dans ce livre, il est beaucoup question de systèmes complexes, avec tout ce que cela implique, notamment la terminologie et une approche systémique de l’entrainement. La proposition du FC Barcelone, notamment avec le microcycle d’entrainement structuré, est une base fantastique pour appréhender le joueur, mais aussi l’équipe comme des systèmes complexes. Le livre s’inspire de cette approche en contextualisant les termes d’émergence, de rétroaction, du chaos, des attracteurs, etc.

Après réflexion, je changerais des choses ou des expressions qui peuvent paraître un peu fondamentalistes dans l’approche de l’entrainement et j’y ajouterais sans doute des nuances. Dans mon dernier livre, j’ai poursuivi ce travail sur les émergences et les systèmes complexes et leur application à la technique, ou pour être plus précis au mouvement.

D’un point de vue écologique, la contrainte est envisagée comme un puissant levier d’apprentissage, d’autres au contraire envisagent la contrainte comme un élément limitant. Pourriez-vous expliquer votre vision de la contrainte au sein de l’entrainement émergent ? 

Je vois le rôle de la contrainte comme l’ensemble des paramètres qui vous permettent de faire certaines choses tout en vous empêchant d’en faire d’autres. Imaginons un 3 contre 3, sur un terrain de 10 mètres par 10 mètres. Il y a dans cette situation, une très grande densité de joueurs.

Dans un espace aussi réduit, sur l’aspect technique, certains éléments comme une conduite de balle seront presque impossibles. Le contexte proposé ici, vous limite, voire vous empêche certaines choses et en même temps il encourage fortement d’autres éléments.

Par exemple, sur les passes afin de permettre la conservation du ballon, le contexte va favoriser l’émergence de passes rapides, de choix appropriés dans les surfaces de contacts, pour gagner en sécurité, en précision dans les transmissions.

Très concrètement, dans cette situation, frapper le ballon avec le coup de pied, n’a pas de sens pour réaliser des passes à deux mètres, cela va donc favoriser les passes de l’intérieur du pied. Par conséquent, le seul fait de modifier un paramètre de la tâche, par exemple agrandir les dimensions du terrain à 30 mètres sur 30 mètres, facilite l’émergence d’un élément.

Imaginez la même situation de trois contre trois, mais à chaque sortie du ballon, les joueurs doivent réaliser dix squats, franchir deux haies et trois accélérations sur 10 mètres. Les joueurs à chaque remise en jeu, sont déjà dans un état de fatigue, avant même que les contraintes de la tache n’opèrent et cette contrainte de pré fatigue, modifie la tâche.

« Je vois le rôle de la contrainte comme l’ensemble des paramètres qui vous permettent de faire certaines choses tout en vous empêchant d’en faire d’autres »

On peut donc distinguer ici, les contraintes de la tâche et les contraintes du joueur et pour boucler la boucle, c’est très différent de réaliser une passe à la 1ère minute ou à la 90ème.

Aussi, il peut être intéressant, en plus de manipuler les contraintes sur la tâche et sur le joueur, d’ajouter une contrainte environnementale. Dans la même situation, des conditions particulières seront mises en place, pour l’équipe en possession du ballon, en pénalisant la perte du ballon comme si l’équipe était menée 1 à 0, à la 90ème minute du match et le coup de sifflet final de l’arbitre.

La fatigue, l’espace et le contexte, fait que le comportement des joueurs est différent, mais très similaire au contexte du match. Si vous savez bien manipuler les contraintes, avec une situation de conservation du ballon à 3 contre 3, qui semble au départ décontextualisée, parvenir à simuler des situations proches de la compétition.

Il est donc essentiel, d’être inventif, se documenter, chercher, pour savoir qu’il ne suffit pas de seulement conditionner le joueur, mais de placer le joueur dans un contexte très proche de la réalité du match, pour vous entraîner comme vous jouez, même si en Espagne, beaucoup jouent comme ils s’entraînent.

Je crois beaucoup au fait de s’entraîner comme on joue, même s’il y a beaucoup d’aspects individuels qui doivent être améliorés.  Par exemple, j’entends souvent que pour augmenter la vitesse de transmission du ballon, il faut impérativement jouer en deux touches ou une touche. A certains moments, il est nécessaire de jouer en trois touches, parce que le contrôle n’est pas bon. 

Mais cette contrainte est tellement forte, qu’elle en devient contreproductive avec des joueurs en difficulté à la suite d’un mauvais un contrôle, qui adoptent des comportements inverses et parfois surréalistes pour protéger le ballon en attendant l’aide d’un partenaire qui vient leur prendre le ballon dans les pieds. Ce genre de comportements sont aberrants, mais surtout à force d’utiliser ce type de contraintes, on cultive de mauvaises habitudes chez les joueurs.

Et si vous vous lanciez dans une formation professionnalisante BMF par l’Apprentissage

L’institut de Formation du Football (IFF) et La Ligue Paris-Ile-de-France de Football lance pour la saison 2021/2022, la formation de Brevet de Moniteur de Football (BMF) en Apprentissage. Cette formation est destinée aux jeunes âgés de 16 à 29 ans.

Une seconde réunion d’information aura lieu en Visioconférence le jeudi 15 avril 2021 à 18 heures.  

Si vous êtes intéressé par ce dispositif (employeur ou futur apprenti), merci de vous inscrire en cliquant sur le lien suivant 

Le lien de connexion à la réunion vous sera transmis à la suite de votre inscription à la réunion. 

Les inscriptions au BMF Apprentissage sont, par ailleurs, déjà ouvertes. Vous pouvez télécharger le dossier d’inscription

Et si vous passiez par la VAE VALIDATION DES ACQUIS D’EXPERIENCE

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football ouvre une session Brevet de Moniteur de Football (BMF) et Brevet d’Entraineur de Football (BEF) par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (V.A.E) en vue de l’obtention du Brevet d’Entraîneur de Football (BEF) et du Brevet Moniteur de Football (BMF) est ouvert toute l’année.

 Les dossiers sont disponibles en téléchargement sur le site de la Ligue de Paris Ile de France De Football :

  • La partie 1 (Dossier de Recevabilité). Elle peut être adressée tout au long de la saison.
  • La partie 2 (Dossier de validation de l’expérience), est à déposer avant le 31 janvier de chaque année.
  • Une notice explicative qui détaille les différentes étapes à suivre.

À noter qu’on ne peut candidater à une VAE qu’une seule fois par an et qu’on ne peut déposer plus de trois dossiers de recevabilité au cours d’une même année civile »

Lors de la saison 2019/2020, la sous-commission VAE a étudié 12 dossiers déposés (9 en BMF et 3 en BEF). Les taux de réussite pour cette promotion sont de 55% pour le BMF et nul pour le BEF.

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son département formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription.

Service formation au 01 85 90 03 70 – formations@paris-idf.fff.fr

À RETENIR

Public concerné
Toute personne, quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins 1 an d’expérience en rapport direct avec la certification visée, peut prétendre à faire valider les acquis de son expérience en vue d’obtenir une certification professionnelle.

Quelle certification correspond le mieux à mes compétences ?
Si vous ne savez pas quelle certification choisir ou si vous souhaitez être conseillé sur le choix de la certification, la faisabilité de votre projet, les règles applicables à une demande de VAE et la procédure à suivre, renseignez-vous sur le portail gouvernemental www.vae.gouv.fr ou directement auprès des organismes en charge du conseil en évolution professionnelle (Pôle Emploi, APEC, les missions locales, les Opacif, le CAP emploi pour les personnes en situation de handicap). Vous pouvez également contacter votre Ligue par l’intermédiaire de l’Institut Régional de Formation du football.

Vous retrouverez toutes les informations pratiques dans la notice.

Tarifs
Les frais à engager pour le passage d’un BMF ou d’un BEF en VAE vont de 500 € à 1000 € pour l’ensemble des étapes. Bien entendu votre club peut prendre en charge tout ou partie de cette somme. 

Process
Un dossier constitué de deux volets doit être remis à la Ligue Paris Ile-de-France de football, dument complété, signé et accompagnés des justificatifs demandés.

Ligue de Paris Ile-de-France de Football

Campus Technique

Domaine de Morfondé

77270 VILLEPARISIS

La première partie du dossier de Validation des Acquis de l’Expérience a permis au jury de vérifier que vous remplissiez bien les conditions d’accès fixées pour le diplôme du Brevet de Moniteur de Football, et notamment un volume horaire de 1 607 heures d’activités salariées, non salariées ou bénévoles en lien avec le diplôme visé.

La seconde partie du dossier doit permettre au jury d’évaluer si vous avez acquis les compétences professionnelles en lien avec le référentiel d’activités du diplôme visé. Vous devez donc, pour chaque fonction du référentiel, décrire les activités, actions et tâches pratiquées au cours de vos expériences et analyser en quoi vous ont-elles permis d’acquérir les compétences du diplôme.

Bien entendu chaque expérience doit être en corrélation avec chacune des UC constituant le titre visé.

En fin de cursus le jury peut :

  • Vous attribuer le diplôme
  • Ne pas vous attribuer le diplôme
  • Vous attribuer une partie du diplôme, vous devez dans les 5 ans obtenir la totalité du diplôme 

Données statistiques – Saison 2019-2020
Le taux recevabilité au BMF est de 90 % et le taux de réussite 55%
Le taux recevabilité BEF est de 50% pour un taux de réussite nul

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son département formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription.Documents à télécharger

Validation des acquis de l’expérience (VAE)

inscriptions BMF et BEF 21/22

La Ligue Paris Ile-de-France de Football et son Institut Régional de Formation du Football (IR2F) ouvrent les inscriptions aux formations 2021/2022 du Brevet de Moniteur de Football (B.M.F) et du Brevet Entraîneur de Football (B.E.F).  

Les dossiers d’inscriptions pour le BMF et pour le BEF sont à télécharger et à retourner dûment complétés et accompagnés des documents demandés avant le lundi 31 mai 2021, cachet de la Poste faisant foi, soit :  

➢ par voie postale, à l’adresse suivante : Ligue de Paris Ile-de-France de Football Institut Régional de Formation du Football Campus Technique Domaine de Morfondé 77 270 VILLEPARISIS  

➢ par courriel à formations@paris-idf.fff.fr  

Ces deux formations qualifiantes sont soumises à des tests de sélection : les candidats, dont le dossier sera complet, seront convoqués à un examen écrit et oral afin d’intégrer la formation.  

Nous attirons votre attention sur le fait qu’en raison de la crise sanitaire nous ne pouvons pas assurer que les dates mentionnées dans les dossiers d’inscription seront maintenues en l’état. En cas de modification, vous en serez informés.  

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son service formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription (informations pratiques, financières etc.) au 01.85.90.03.70 ou à formations@paris-idf.fff.fr. 

NOSOTROS AVEC VOUS ENTRETIEN AVEC OSCAR CANO MORENO Entraîneur de foot simplement……..

Nous ne sommes qu’interactions

Entraineur de football, directeur sportif et auteur de nombreux ouvrages sur le « jeu des jeux » (Paco Seirul lo), Óscar Cano Moreno a partagé sa vision iconoclaste du football, partout où il est passé.

Convaincu par l’approche systémique, nous lui avons donc demandé de nous parler de son parcours et de définir ce qu’est, pour lui, le rôle de l’entraineur.

Comment avez-vous débuté votre carrière d’entraineur de football et pourquoi avez-vous choisi de vous rapprocher de Juan Antón, illustre entraineur de handball et professeur à l’université de Grenade ? 

Quand j’ai commencé à entrainer, je me souviens que je n’avais pas vocation à être coach. Dans le quartier où j’ai grandi, il y avait un club de football et ils ne trouvaient pas d’entraîneur pour un groupe d’enfants de 10-11 ans, alors ils m’ont proposé de m’en occuper. Comme la plupart des enfants étaient mes voisins et leurs parents étaient des amis, j’ai accepté. J’avais aussi précisé que je ne prendrai le groupe que pendant une semaine, le temps qu’ils puissent trouver un coach.

Mais au cours de cette semaine-là, j’ai pris conscience des responsabilités de ce rôle, car les parents et la famille des joueurs m’appelaient tous les jours pour que je parle aux enfants de l’importance de bien manger, d’aller à l’école et qu’il était essentiel d’être attentif en classe. Aussi, j’ai demandé au club de prolonger l’expérience un peu plus longtemps … C’est à ce moment-là, que je me suis rapproché de Juan Antón, qui est de mon point de vue, la personne qui a le mieux formalisé la logique interne des sports collectifs.

« Je n’avais pas vocation à être coach »

A l’époque, il était professeur à l’université de Grenade, je connaissais certains de ses livres et j’ai décidé de lui demander l’autorisation d’assister à ses cours comme auditeur libre. C’est comme cela que j’ai suivi ses cours pendant deux ans et demi, sans même être inscrit à l’université. A mes yeux, Juan Antón a été une personne ressource essentielle dans l’organisation des idées à propos du jeu, dans le cadre de la pensée complexe. 

Évidemment, il est très important, que ce mode de pensée n’aille pas à l’encontre de la véritable logique du football, de ses caractéristiques, bref, de son essence. Juan représentait tout cela et le voir donner des cours avec une telle passion, un tel amour pour son sport, à susciter une vocation. Il est un pilier fondamental pour moi. Aujourd’hui, nos contacts sont moins nombreux, mais chaque fois qu’il publie un livre, et dernièrement il en a publié plusieurs, nous nous contactons et nous en discutons.

Plus que la connaissance du jeu ou des principes tactiques, Juan Antón vous a transmis l’amour du jeu mais plus encore l’amour des joueurs et plus encore de la transmission ?  

Oui, c’est une transmission globale. Je pense que la relation avec Juan a fait émerger chez moi, ou plus précisément, a optimisé ma passion pour le football, enfin pour un certain type de football. En plus, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé dans la compréhension des concepts tactiques, non seulement pour les organiser, mais aussi pour envisager leur logique intrinsèque qui est déterminée par la manière dont ils se manifestent.

C’est-à-dire que les principes ne sont pas figés, évidemment selon les circonstances ils auront un dénominateur commun, mais surtout ils ont une pluralité. Or, cette pluralité est fondée sur les qualités des joueurs. Par exemple, si vous jouez un deux contre un, cette situation ne représentera pas la même chose pour Mbappé et Griezmann que pour vous ou moi, n’est-ce pas ?

Juan nous a beaucoup apporté, sur la définition des principes tactiques fondamentaux, mais aussi sur le fait d’appréhender ces concepts tactiques avec une définition variable, selon les conditions de leur manifestation et en fonction des qualités des joueurs. Personne ne joue au football de la même manière. Chaque personne, chaque joueur, chaque groupe ou chaque interaction est différent. Juan a été un phare dans la nuit de mon début de carrière, pour donner corps à des principes naissants.

Vous avez été entraineur chez les jeunes, récemment chez les seniors, dans des clubs amateurs et des clubs professionnels. Selon-vous, quel est le rôle de l’entraineur chez les jeunes et est-il identique à celui chez les adultes ? 

Pour moi, il n’y a pas de différence, au-delà du fait qu’évidemment la compétition, la formation et l’apprentissage sont différents selon l’âge des joueurs. Il n’y a pas de différence, parce que peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun. En tant qu’êtres sociaux, cette optimisation ne peut pas s’envisager en extrayant l’individu du réseau de relations dont il fait partie.

Le rôle essentiel dans toutes les catégories d’âge, est d’identifier et découvrir la compétence qui peut être extraite de chaque joueur. Nous sommes des entraîneurs, mais nous ne donnons pas d’outils aux joueurs et nous ne leur apprenons rien. En réalité, nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux.

« Peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun »

En d’autres termes, nous devons rechercher cette émergence qui peut avoir un impact qualitatif important mais, cela n’est possible qu’en tenant compte des capacités d’interaction qui existent dans notre groupe. En d’autres termes, si je veux qu’un joueur apprenne quelque chose, cela ne peut se faire qu’au contact de certains coéquipiers et dans un certain contexte.

Par conséquent, nous devons créer des contextes d’opportunités afin que le joueur puisse exprimer ce qu’il est, ce qui est aussi valable chez des enfants de dix ans, les jeunes de quinze ans ou des adultes de vingt ou trente ans. Que ce soit l’entraîneur de Barcelone, de Manchester City, des U12 du Paris Saint Germain ou des U15 de l’Olympique Lyonnais, tous devraient chercher cela. L’optimisation du joueur passe par l’optimisation du modèle d’organisation, et de la configuration des relations, qui est l’endroit où la compétence est extraite et ce processus est commun à toutes les tranches d’âge.

« Nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux »

Au-delà des résultats et du classement, il faut prendre en compte le fait que les êtres humains sont naturellement compétitifs dès la naissance. Il n’est donc pas nécessaire d’abreuver de compétitivité un être qui l’est déjà naturellement. N’oublions pas, qu’à notre naissance, notre première action est de pleurer parce que nous voulons manger. Nous sommes donc, dès notre premier instant, déjà compétitifs.

Je ne crois pas qu’un entraîneur doive donner un supplément de compétitivité aux joueurs, d’autant qu’il faut faire très attention. Le résultat, à certaines étapes, peut être un facteur limitant dans l’optimisation du joueur. Parler uniquement du score pour relever que le résultat n’est pas satisfaisant, est de mon point de vue limité et il vaut mieux évaluer tout le travail mis en œuvre au regard des capacités des joueurs. L’expression des joueurs, au regard de leurs qualités, est aussi un résultat extrêmement qualitatif.

« Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T »

Par exemple, dans notre championnat U16, nous constatons que cinq ou six équipes sont bien meilleures que la nôtre, il serait logique que ces cinq ou six équipes soient mieux classées à la fin de la saison. Le résultat et la compétition ont également à voir avec le fait que, semaine après semaine, vous percevez que l’équipe évolue et progresse. Selon moi, c’est aussi un résultat qualitatif ! Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T.

Selon vous, l’entraineur est un facilitateur ou mieux, un créateur de contextes favorables. Comment avez-vous mis en place cette approche et vos convictions, lorsque vous étiez à la tête de la sélection nationale U19 du Qatar, un pays très différent culturellement et qui n’est pas hispanophone ? 

Mon expérience au Qatar a été grandement facilitée par ce qui avait été fait auparavant avec cette sélection U19 et la méthodologie mise en place par la fédération. Roberto Olabe, l’actuel directeur du football à la Real Sociedad, a été un personnage central dans cette expérience, puisqu’il a trouvé en moi le profil qui donnait une certaine continuité à ce qui avait été construit.

La sélection était composée de joueurs de niveau très différent, avec trois ou quatre joueurs qui, dans le contexte asiatique, étaient de bons joueurs. Le reste de l’effectif avait un niveau équivalent au quatrième ou cinquième échelon U19 en Espagne.

Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants. Nous avons donc créé un système de relations, un réseau de compétences, qui a permis à l’équipe de très bien jouer lors de plusieurs tournois internationaux et notamment, lors de la coupe d’Asie, que nous avons remportée.

« Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants »

Notre jeu a donc attiré l’attention, ce qui a créé, je pense, l’enthousiasme chez ces jeunes joueurs avec une culture où il est très difficile de se dépasser parce qu’ils ont déjà tout. Dans le monde occidental, dans nos pays, nous nous levons chaque matin pour essayer de gagner notre vie, pour ainsi dire, eux, ont déjà leur vie toute tracée avant même de naître. D’un point de vue matériel, ils vivent dans une bulle, or nous avons considéré qu’il était essentiel, que ces joueurs, ressentent le plaisir de se sentir utiles, par le jeu.

Ce sentiment d’utilité naissant, à travers le jeu, a permis aux joueurs d’être heureux et d’éprouver un sentiment d’efficacité, de plasticité et de former un groupe très enthousiaste, au sein de la société qatarie.  Tout cela, il faut le rendre à Roberto Olabe et à tous les techniciens. Il m’a engagé, lorsqu’il dirigeait la fondation Aspire au Qatar, c’est pourquoi il a eu une grande influence auprès de cette fédération. Felix, l’actuel sélectionneur chez les A, est le symbole de ce travail, après avoir dirigé presque toutes les catégories d’âge dans les sélections nationales.

Ce travail de fond, avec l’intégration des trois ou quatre meilleurs joueurs de chaque génération, a permis de mettre en place une organisation capable de remporter le dernier championnat asiatique. C’est d’autant plus remarquable, qu’il est très difficile de mobiliser ces garçons dont le niveau de motivation intrinsèque n’est pas très élevé, mais il faut souligner la qualité du travail préalable, qui a beaucoup facilité ce que nous avons ensuite fait.

« La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive »

Pour en revenir au rôle de l’entraineur et sa fonction de facilitateur ou de concepteur de contextes favorables, je crois que nous ne pouvons pas favoriser quelque chose qui n’a pas déjà été encouragé au préalable. C’est à ce moment-là que nous devons être assez intelligents, pour trouver une organisation qui relie certains joueurs de manière à ce chacun puisse exprimer quelque chose, qui potentiellement existe déjà, même si nous ne l’avons pas encore vu, ce potentiel est latent.

En tant qu’entraineur, nous sommes donc de véritables explorateurs et notre travail est basé sur la reconnaissance et l’identification des qualités des joueurs, afin que la compétence, présente de manière latente, puisse émerger. La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive. L’équipe est optimisée tout en optimisant le joueur et inversement, ainsi un apprentissage spiralaire est provoqué avec le sentiment partagé de grandir ensemble.

L’entraineur fait donc partie intégrante de la boucle de rétro alimentation composée du joueur, de l’équipe et de l’entraineur, mais comment celui-ci se positionne-t-il dans cette forme spiralaire d’apprentissage ? 

L’entraineur n’occupe pas de place spécifique. Nous faisons partie intégrante de cette boucle, étant donné que tout est interconnecté, que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non. Dans le monde, tout est interconnecté, mais nous allons nous focaliser sur qu’est une équipe de football.

En y regardant de plus près, l’entraineur, lui aussi, a des désirs, des craintes, des contradictions, mais je crois qu’un bon entraîneur est celui qui se demande ce qu’il est dans tout cela. En tant qu’être humain, nous avons aussi des aspirations et nous sommes intrinsèquement entreprenants, dès lors, comment intervenir dans cette dialogique entre ce que je veux être et ce que mon équipe peut être ? Il faut gérer cette contradiction.

« Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants »

Nous devons faire face à cette contradiction, en arrivant dans un club : « j’ai des aspirations en tant qu’être humain » et comme je le disais récemment à Pep Guardiola, « moi aussi, je veux être heureux ». De mon point de vue, de manière intrinsèque, nous sommes interventionnistes, sans même intervenir, sans même vouloir intervenir. Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants.

Notre grande mission, c’est de découvrir la compétence et de favoriser toutes les connexions possibles entre nos joueurs, dans la limite de qu’il est possible de faire. En partant d’une grande quantité de connexions possibles, nous devrons en extraire la qualité et comme nous abordons les connexions, les relations, fatalement, nous abordons la composition de l’équipe et le choix de ceux qui vont débuter le match. En tant qu’entraineur, nous avons la responsabilité de choisir l’équipe idéale, nous intervenons donc, de manière absolue dans tout ce qui se passe.

Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer. Il y a un exemple incroyable avec la carrière de Pep Guardiola, en regardant ses équipes à Barcelone, au Bayern Munich et à Manchester City, les évolutions de ses organisations sont marquées par les qualités, les caractéristiques et les profils des joueurs mais personne ne cesse d’être lui-même, bien au contraire ! Certains joueurs ont découvert des compétences en eux, qu’ils ne pensaient pas avoir, comme Philip Lahm, actuellement Joao Cancelo ou Messi en faux 9, etc.

« Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer »

C’est donc là, tout le savoir-faire de Guardiola, il a construit des équipes et réussi à les faire jouer de manière fluide et naturelle. Tout cela tient au fait que les joueurs font ce qu’ils savent faire, mais de manière différente, avec des qualités différentes, puisque les effectifs sont différents au Barça, au Bayern Munich ou à Manchester City. Pour autant les équipes ont toutes joué d’une façon qui le rend heureux, il a été capable de réunir tout le monde et je pense que c’est le principal travail de l’entraîneur.

Au regard de votre parcours et de la diversité de vos expériences, être heureux devant l’expression collective de son équipe et le partage d’une bulle harmonieuse au sein du club est-il aussi conditionné au fait que la personnalité et les convictions de l’entraineur soient en synergie avec l’identité et les valeurs du club et plus largement du contexte social de la ville, à l’image de Marcelo Bielsa qui semble à l’aise et en réussite dans des villes ouvrières comme Bilbao, Marseille ou Leeds ? 

Oui, je pense que c’est très important. Pour moi, l’être humain a une caractéristique qui lui est propre peu importe l’endroit où il va. Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même.

En ce sens, Marcelo Bielsa s’intègre bien dans ces clubs, dans ces populations, avec sa façon d’être, avec sa façon de vivre. C’est un entraîneur, un homme, qui ne fait pas étalage du luxe, avec de grandes valeurs morales et cela le rend évidemment beaucoup plus proche de ces couches sociales les plus populaires. Les valeurs que Bielsa transmet, sa façon de vivre modestement, bref, tout ce qu’il fait pourrait être fait par n’importe quel citoyen. De ce point de vue, il gagne l’affection des gens, parce qu’ils le voient comme un semblable, avec cette modestie, cette humilité qu’il a au quotidien.

Le plus intéressant, ce sont les qualités d’un entraîneur et sa capacité à ne pas laisser les émotions de côté, puisqu’elles font partie de nous et qu’elles sont orientées par notre façon d’être. En tant qu’entraineur, pour transmettre quelque chose, nous le faisons à partir de l’émotion, si nous ne ressentons pas notre discours, de toute évidence, cette transmission ne pourra  s’opérer.

« Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même »

Les clubs devraient choisir leur entraineur ou s’interroger sur le type d’entraîneur qu’ils souhaitent engager, au regard des valeurs du club. Dans le cas de Leeds, ses valeurs ancestrales, son parcours chaotique dans l’élite et la façon dont le club est intégré dans la ville, correspond très bien à la personnalité de Bielsa et réciproquement.

Pour ma part, je pense que lorsqu’un club m’appelle, ce club sait quel entraineur il contacte, avec une certaine sensibilité, une approche particulière de la compétition, qu’il veut gagner, mais en utilisant des moyens peut-être un peu différents. Et moi, j’imagine qu’ils m’appellent pour ce que je suis, je n’essaie pas d’être quelqu’un que je ne suis pas.

Partout où je suis allé, j’ai essayé d’être moi-même et d’exercer librement tout ce qui a trait à la responsabilité d’entraîneur. Par conséquent, je pense que cette identité doit être utile à quelque chose, comme c’est le cas de Guardiola ou des nombreux entraîneurs étrangers qui exercent dans le championnat anglais.

L’Angleterre avait besoin d’un vent nouveau, d’insuffler de nouveaux concepts, de nouvelles idées car elle était freinée par son histoire et n’évoluait pas. Il se peut donc que vous ayez un rôle de transformateur, que le club qui vous sollicite ait des caractéristiques similaires à ce que vous êtes et que cela ne transformera pas l’idée de départ, mais l’enrichira.

Je pense qu’il est important que les clubs prennent en compte l’homme qu’ils font venir, et pas seulement son palmarès. Parfois, certains entraîneurs n’ont rien gagné pendant dix ans, dans un certain contexte, puis dans un environnement différent, ils commencent à obtenir des résultats grâce à la synergie entre les différentes parties : le club, la ville et l’entraineur, afin que tout puisse parfaitement se combiner.   

Vous utilisez un vocabulaire emprunté aux théories des systèmes dynamiques non linéaires quand vous utilisez les termes de synergie, de contexte, de complexité, d’interaction. Ce courant de pensée influence-t-il votre quotidien ou cela reste un peu éloigné de la réalité de l’entraineur ? 

Absolument pas, c’est même la chose la plus pratique qui soit. Quoi que vous observiez, quel que soit l’être vivant que vous observez, vous ne pouvez l’observer qu’à partir du paradigme qui correspond à la nature du vivant, c’est-à-dire le paradigme de la complexité. La contextualisation relie tout cela, puisque contextualiser, c’est comprendre l’unité et l’interrelation entre le joueur, son environnement, les différents membres d’une équipe et d’un club.

C’est comprendre que les événements ne peuvent pas être observés de manière isolée. Comprendre que tout ce qui se passe dans le jeu (un dégagement, une passe, etc) est lié au système de relations qui permet à une passe de se produire de cette manière particulière et à ce moment précis. Finalement, la pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football.

« La pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football »

Dans un match, il y a un adversaire qui représente une importante perturbation, et c’est pourquoi la question n’est pas de savoir si je veux observer le jeu autrement, c’est juste qu’il n’y a pas d’autre paradigme possible. Je veux dire que vous ne pouvez pas envisager un phénomène complexe à partir d’un paradigme linéaire ou réductionniste. Nous sommes une interaction et les qualités que j’exprime en tant que joueur sont visibles parce qu’il existe une série d’interrelations qui me permettent de les exprimer. Cette interconnexion provoque l’émergence de certains événements, qu’on le veuille ou non.

Je le répète, contextualiser, c’est comprendre l’unité entre le joueur et l’environnement, ainsi que le produit de leur relation. La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités. La pensée complexe, c’est distinguer sans séparer le jeu en phases et en sous-phases, ni fragmenter le joueur avec d’un côté le physique, la tactique, le mental, etc.

On m’a récemment interrogé à propos de l’échec des équipes espagnoles dans les compétitions européennes, en mettant sur la table le déficit physique de nos équipes au regard de la vitesse de Mbappé, par exemple. Mais, la réalité, c’est que Mbappé est tout simplement très bon. J’ai entraîné un certain nombre de joueurs bien plus rapides que lui, mais ils n’ont pas joué au-delà de la Nationale 2.

« La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités »

Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités. La pensée complexe consiste aussi, par exemple, à deviner que la modification spatiale, le changement de position de certains joueurs, permettra de mieux jouer … Ou moins bien.

Prenons l’exemple très significatif, du FC Barcelone, qui a gagné 12 matchs consécutifs en jouant un très bon football pendant 10 semaines. Comment se fait-il que les mêmes 11 joueurs alignés n’aient pas pu être performants avant ? Ces mêmes joueurs mais dans une structure différente, en commençant par les trois d’en bas, et notamment Frenkie de Jong qui permet une meilleure connexion avec ceux de l’intérieur qui peuvent être proches les uns des autres. La distance de relation entre Busquets, Messi, Pedri est modifiée pour mieux se connecter avec Jordi Alba et Sergino Dest qui fixent les extérieurs à différentes hauteurs et dans différentes modalités pour mieux se trouver à l’intérieur.

« Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités »

Pour moi, Griezmann et Dembélé ne participent plus aussi activement à la construction du jeu dans l’espace proche du ballon, pour mieux se dédier à ce qu’ils sont, à savoir des joueurs de pénétration et de finition. Ce nouveau système de relations dans les positions des joueurs a modifié leur distance de relation et fait apparaître un nouveau football, avec les mêmes joueurs.

Ma vie a beaucoup changé depuis une quinzaine d’années, depuis la découverte d’Edgar MorinFritjof Capra ou Werner Heisenberg. Beaucoup d’auteurs m’ont permis de prendre part, en tant qu’observateur, mais aussi en tant que participants et formateurs, à un système de relations et d’observer les événements ou tenter de les comprendre à partir du paradigme le plus approprié.

Le rôle essentiel de l’entraineur est d’observer, mais vos références interpellent, puisque vous citez beaucoup de personnes finalement assez éloignées du football. Se former de manière continue en lisant des auteurs comme Edgard Morin, consulter des chercheurs comme Carlota Torrents ou des professeurs comme Paco Seirul-lo, cette ouverture perpétuelle d’esprit vous aide dans votre travail d’observation au quotidien ? 

Je crois que le football n’est pas en dehors de quoi que ce soit et que personne n’est en dehors de quoi que ce soit, même si je comprends bien votre question puisque cela m’arrive aussi. Ce n’est pas facile pour un entraineur de transmettre verbalement, car les mots sont des éléments d’un langage créé à partir d’un paradigme simpliste. Chaque fois que nous exprimons une idée, nous l’exprimons d’un point de vue définitif puisque nous voulons définir les choses, mais le mot en lui-même ne reflète pas votre esprit, c’est juste le mot que vous utilisez. J’écris un livre en ce moment et dans une partie…

Vous voyez, je l’ai dit : « dans une partie » du livre. Le mot « partie » est réducteur, presque aveuglant, mais la langue ne me permet pas d’utiliser un autre terme. C’est précisément un sujet que j’aborde dans le livre.

« Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants. »

C’est pour moi, de plus en plus difficile d’écrire, parce qu’il y a des termes, des mots que nous avons conçus de telle manière, qu’ils s’opposent les uns aux autres. Nous pouvons prendre l’exemple de l’égoïsme et de l’altruisme, qui sont deux faces d’une même pièce de monnaie, à l’image de ce que nous avons évoqué sur la relation entre mon équipe et l’équipe adverse. Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants.

Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement. Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective. Tout ce que nous pensons est conditionné par la manière dont nos connaissances sont construites or nous ne pouvons percevoir que ce que nous connaissons, aussi chaque événement est ouvert à de multiples interprétations, dans la mesure des capacités du cerveau humain.

Finalement tout dépend de nous. Lorsque nous approchons un phénomène, nous l’interrogeons et en même temps, nous nous interrogeons sur ce que nous percevons et concevons. Si tout dépend de notre questionnement, nous devrions le remettre en cause afin de trouver ce paradigme à partir duquel nous pourrions comprendre notre observation, tout en étant intégré à ce que nous nous observons.

« Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement »

Une des grandes qualités du football, c’est d’offrir cela. En réalité, le joueur n’a pas besoin de comprendre le jeu, puisque le jeu n’est rien en soi, si ce n’est ce que les joueurs produisent. C’est ce que nous appelons le jeu. Si le jeu est le produit du joueur, dans une boucle récursive, alors le joueur doit se comprendre et comprendre les autres, dans les différentes formes de relation que nous entretenons pendant que nous jouons dans un contexte variable.

En d’autres termes, les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires. Selon moi, c’est là que réside la grande connaissance. Imaginez qu’un joueur se connaisse assez bien et qu’il comprenne les formes d’interactions favorables au jeu de son équipe, sans être prisonnier de la mécanique des différents postes.

D’ailleurs, aucun comportement ne peut être figé, enfermé dans un poste. Dans un sport ouvert comme le football, cela n’a aucun sens. Aussi, nous devons revoir la manière dont nous pensons construire la connaissance avec les joueurs, et cela nous rapproche inexorablement de personnes, comme Edgar Morin.

« Les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires »

Pourquoi ne pas s’intéresser à Edgar Morin s’il peut apporter la richesse pour nous permettre de mieux jouer et gagner plus de matchs de football ? D’autant que, l’entraineur, dans tout ce processus méthodologique, est celui qui doit reconnaître les capacités tout en comprenant que ce que nous observons et analysons ce sont les joueurs. Qui sont-ils ? Qui sont-ils dans le jeu ? Sachant que les joueurs sont de nature interactive et eux-mêmes des systèmes dynamiques et complexes.

Nous ne disons pas que Guardiola a découvert en Cancelo un milieu de terrain, parce que Cancelo avait les capacités motrices pour faire ce qu’on lui demande tout en prenant en compte ce qu’il est intrinsèquement au sein des relations du tissu global de cette équipe. Il est possible, qu’en évoluant dans une autre équipe, il ne saurait peut-être pas comment jouer ce rôle au milieu de terrain puisqu’il est aussi dépendant de son environnement, des partenaires autour de lui, des relations qu’il entretient avec eux.

« Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective »

L’entraîneur, à partir de l’entraînement et du match qui sont les deux faces d’une même pièce, puisque nous participons à un championnat et que nous entraînons, doit tenter de provoquer et répondre aux contextes, qui ne sont rien d’autre que des opportunités pour exprimer naturellement la meilleure version de l’équipe. Voilà ce qu’est pour moi le coaching, il n’y a pas d’autre moyen. Les grands coachs nous le prouvent en allant vers un produit vivant, c’est-à-dire la relation.

Nous sommes connectés et, que nous le voulions ou pas, nous ne sommes étrangers à rien, c’est pourquoi je m’ouvre au maximum. Il y a un livre de Fritjof Capra qui s’appelle « Le Tao de la physique » qui explique certains parallèles évidents entre le mysticisme oriental et la science moderne. Ces parallèles sont pour moi évidents et expliquent pourquoi je considère qu’Edgar Morin est l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du football, au même titre que Guardiola ou Klopp, sont parmi les meilleurs scientifiques de l’histoire.

Entraineur de football, directeur sportif et auteur de nombreux ouvrages sur le « jeu des jeux » (Paco Seirul lo), Óscar Cano Moreno a partagé sa vision iconoclaste du football, partout où il est passé.

Convaincu par l’approche systémique, nous lui avons donc demandé de nous parler de son parcours et de définir ce qu’est, pour lui, le rôle de l’entraineur.

Comment avez-vous débuté votre carrière d’entraineur de football et pourquoi avez-vous choisi de vous rapprocher de Juan Antón, illustre entraineur de handball et professeur à l’université de Grenade ? 

Quand j’ai commencé à entrainer, je me souviens que je n’avais pas vocation à être coach. Dans le quartier où j’ai grandi, il y avait un club de football et ils ne trouvaient pas d’entraîneur pour un groupe d’enfants de 10-11 ans, alors ils m’ont proposé de m’en occuper. Comme la plupart des enfants étaient mes voisins et leurs parents étaient des amis, j’ai accepté. J’avais aussi précisé que je ne prendrai le groupe que pendant une semaine, le temps qu’ils puissent trouver un coach.

Mais au cours de cette semaine-là, j’ai pris conscience des responsabilités de ce rôle, car les parents et la famille des joueurs m’appelaient tous les jours pour que je parle aux enfants de l’importance de bien manger, d’aller à l’école et qu’il était essentiel d’être attentif en classe. Aussi, j’ai demandé au club de prolonger l’expérience un peu plus longtemps … C’est à ce moment-là, que je me suis rapproché de Juan Antón, qui est de mon point de vue, la personne qui a le mieux formalisé la logique interne des sports collectifs.

« Je n’avais pas vocation à être coach »

A l’époque, il était professeur à l’université de Grenade, je connaissais certains de ses livres et j’ai décidé de lui demander l’autorisation d’assister à ses cours comme auditeur libre. C’est comme cela que j’ai suivi ses cours pendant deux ans et demi, sans même être inscrit à l’université. A mes yeux, Juan Antón a été une personne ressource essentielle dans l’organisation des idées à propos du jeu, dans le cadre de la pensée complexe. 

Évidemment, il est très important, que ce mode de pensée n’aille pas à l’encontre de la véritable logique du football, de ses caractéristiques, bref, de son essence. Juan représentait tout cela et le voir donner des cours avec une telle passion, un tel amour pour son sport, à susciter une vocation. Il est un pilier fondamental pour moi. Aujourd’hui, nos contacts sont moins nombreux, mais chaque fois qu’il publie un livre, et dernièrement il en a publié plusieurs, nous nous contactons et nous en discutons.

Plus que la connaissance du jeu ou des principes tactiques, Juan Antón vous a transmis l’amour du jeu mais plus encore l’amour des joueurs et plus encore de la transmission ?  

Oui, c’est une transmission globale. Je pense que la relation avec Juan a fait émerger chez moi, ou plus précisément, a optimisé ma passion pour le football, enfin pour un certain type de football. En plus, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé dans la compréhension des concepts tactiques, non seulement pour les organiser, mais aussi pour envisager leur logique intrinsèque qui est déterminée par la manière dont ils se manifestent.

C’est-à-dire que les principes ne sont pas figés, évidemment selon les circonstances ils auront un dénominateur commun, mais surtout ils ont une pluralité. Or, cette pluralité est fondée sur les qualités des joueurs. Par exemple, si vous jouez un deux contre un, cette situation ne représentera pas la même chose pour Mbappé et Griezmann que pour vous ou moi, n’est-ce pas ?

Juan nous a beaucoup apporté, sur la définition des principes tactiques fondamentaux, mais aussi sur le fait d’appréhender ces concepts tactiques avec une définition variable, selon les conditions de leur manifestation et en fonction des qualités des joueurs. Personne ne joue au football de la même manière. Chaque personne, chaque joueur, chaque groupe ou chaque interaction est différent. Juan a été un phare dans la nuit de mon début de carrière, pour donner corps à des principes naissants.

Vous avez été entraineur chez les jeunes, récemment chez les seniors, dans des clubs amateurs et des clubs professionnels. Selon-vous, quel est le rôle de l’entraineur chez les jeunes et est-il identique à celui chez les adultes ? 

Pour moi, il n’y a pas de différence, au-delà du fait qu’évidemment la compétition, la formation et l’apprentissage sont différents selon l’âge des joueurs. Il n’y a pas de différence, parce que peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun. En tant qu’êtres sociaux, cette optimisation ne peut pas s’envisager en extrayant l’individu du réseau de relations dont il fait partie.

Le rôle essentiel dans toutes les catégories d’âge, est d’identifier et découvrir la compétence qui peut être extraite de chaque joueur. Nous sommes des entraîneurs, mais nous ne donnons pas d’outils aux joueurs et nous ne leur apprenons rien. En réalité, nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux.

« Peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun »

En d’autres termes, nous devons rechercher cette émergence qui peut avoir un impact qualitatif important mais, cela n’est possible qu’en tenant compte des capacités d’interaction qui existent dans notre groupe. En d’autres termes, si je veux qu’un joueur apprenne quelque chose, cela ne peut se faire qu’au contact de certains coéquipiers et dans un certain contexte.

Par conséquent, nous devons créer des contextes d’opportunités afin que le joueur puisse exprimer ce qu’il est, ce qui est aussi valable chez des enfants de dix ans, les jeunes de quinze ans ou des adultes de vingt ou trente ans. Que ce soit l’entraîneur de Barcelone, de Manchester City, des U12 du Paris Saint Germain ou des U15 de l’Olympique Lyonnais, tous devraient chercher cela. L’optimisation du joueur passe par l’optimisation du modèle d’organisation, et de la configuration des relations, qui est l’endroit où la compétence est extraite et ce processus est commun à toutes les tranches d’âge.

« Nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux »

Au-delà des résultats et du classement, il faut prendre en compte le fait que les êtres humains sont naturellement compétitifs dès la naissance. Il n’est donc pas nécessaire d’abreuver de compétitivité un être qui l’est déjà naturellement. N’oublions pas, qu’à notre naissance, notre première action est de pleurer parce que nous voulons manger. Nous sommes donc, dès notre premier instant, déjà compétitifs.

Je ne crois pas qu’un entraîneur doive donner un supplément de compétitivité aux joueurs, d’autant qu’il faut faire très attention. Le résultat, à certaines étapes, peut être un facteur limitant dans l’optimisation du joueur. Parler uniquement du score pour relever que le résultat n’est pas satisfaisant, est de mon point de vue limité et il vaut mieux évaluer tout le travail mis en œuvre au regard des capacités des joueurs. L’expression des joueurs, au regard de leurs qualités, est aussi un résultat extrêmement qualitatif.

« Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T »

Par exemple, dans notre championnat U16, nous constatons que cinq ou six équipes sont bien meilleures que la nôtre, il serait logique que ces cinq ou six équipes soient mieux classées à la fin de la saison. Le résultat et la compétition ont également à voir avec le fait que, semaine après semaine, vous percevez que l’équipe évolue et progresse. Selon moi, c’est aussi un résultat qualitatif ! Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T.

Selon vous, l’entraineur est un facilitateur ou mieux, un créateur de contextes favorables. Comment avez-vous mis en place cette approche et vos convictions, lorsque vous étiez à la tête de la sélection nationale U19 du Qatar, un pays très différent culturellement et qui n’est pas hispanophone ? 

Mon expérience au Qatar a été grandement facilitée par ce qui avait été fait auparavant avec cette sélection U19 et la méthodologie mise en place par la fédération. Roberto Olabe, l’actuel directeur du football à la Real Sociedad, a été un personnage central dans cette expérience, puisqu’il a trouvé en moi le profil qui donnait une certaine continuité à ce qui avait été construit.

La sélection était composée de joueurs de niveau très différent, avec trois ou quatre joueurs qui, dans le contexte asiatique, étaient de bons joueurs. Le reste de l’effectif avait un niveau équivalent au quatrième ou cinquième échelon U19 en Espagne.

Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants. Nous avons donc créé un système de relations, un réseau de compétences, qui a permis à l’équipe de très bien jouer lors de plusieurs tournois internationaux et notamment, lors de la coupe d’Asie, que nous avons remportée.

« Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants »

Notre jeu a donc attiré l’attention, ce qui a créé, je pense, l’enthousiasme chez ces jeunes joueurs avec une culture où il est très difficile de se dépasser parce qu’ils ont déjà tout. Dans le monde occidental, dans nos pays, nous nous levons chaque matin pour essayer de gagner notre vie, pour ainsi dire, eux, ont déjà leur vie toute tracée avant même de naître. D’un point de vue matériel, ils vivent dans une bulle, or nous avons considéré qu’il était essentiel, que ces joueurs, ressentent le plaisir de se sentir utiles, par le jeu.

Ce sentiment d’utilité naissant, à travers le jeu, a permis aux joueurs d’être heureux et d’éprouver un sentiment d’efficacité, de plasticité et de former un groupe très enthousiaste, au sein de la société qatarie.  Tout cela, il faut le rendre à Roberto Olabe et à tous les techniciens. Il m’a engagé, lorsqu’il dirigeait la fondation Aspire au Qatar, c’est pourquoi il a eu une grande influence auprès de cette fédération. Felix, l’actuel sélectionneur chez les A, est le symbole de ce travail, après avoir dirigé presque toutes les catégories d’âge dans les sélections nationales.

Ce travail de fond, avec l’intégration des trois ou quatre meilleurs joueurs de chaque génération, a permis de mettre en place une organisation capable de remporter le dernier championnat asiatique. C’est d’autant plus remarquable, qu’il est très difficile de mobiliser ces garçons dont le niveau de motivation intrinsèque n’est pas très élevé, mais il faut souligner la qualité du travail préalable, qui a beaucoup facilité ce que nous avons ensuite fait.

« La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive »

Pour en revenir au rôle de l’entraineur et sa fonction de facilitateur ou de concepteur de contextes favorables, je crois que nous ne pouvons pas favoriser quelque chose qui n’a pas déjà été encouragé au préalable. C’est à ce moment-là que nous devons être assez intelligents, pour trouver une organisation qui relie certains joueurs de manière à ce chacun puisse exprimer quelque chose, qui potentiellement existe déjà, même si nous ne l’avons pas encore vu, ce potentiel est latent.

En tant qu’entraineur, nous sommes donc de véritables explorateurs et notre travail est basé sur la reconnaissance et l’identification des qualités des joueurs, afin que la compétence, présente de manière latente, puisse émerger. La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive. L’équipe est optimisée tout en optimisant le joueur et inversement, ainsi un apprentissage spiralaire est provoqué avec le sentiment partagé de grandir ensemble.

L’entraineur fait donc partie intégrante de la boucle de rétro alimentation composée du joueur, de l’équipe et de l’entraineur, mais comment celui-ci se positionne-t-il dans cette forme spiralaire d’apprentissage ? 

L’entraineur n’occupe pas de place spécifique. Nous faisons partie intégrante de cette boucle, étant donné que tout est interconnecté, que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non. Dans le monde, tout est interconnecté, mais nous allons nous focaliser sur qu’est une équipe de football.

En y regardant de plus près, l’entraineur, lui aussi, a des désirs, des craintes, des contradictions, mais je crois qu’un bon entraîneur est celui qui se demande ce qu’il est dans tout cela. En tant qu’être humain, nous avons aussi des aspirations et nous sommes intrinsèquement entreprenants, dès lors, comment intervenir dans cette dialogique entre ce que je veux être et ce que mon équipe peut être ? Il faut gérer cette contradiction.

« Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants »

Nous devons faire face à cette contradiction, en arrivant dans un club : « j’ai des aspirations en tant qu’être humain » et comme je le disais récemment à Pep Guardiola, « moi aussi, je veux être heureux ». De mon point de vue, de manière intrinsèque, nous sommes interventionnistes, sans même intervenir, sans même vouloir intervenir. Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants.

Notre grande mission, c’est de découvrir la compétence et de favoriser toutes les connexions possibles entre nos joueurs, dans la limite de qu’il est possible de faire. En partant d’une grande quantité de connexions possibles, nous devrons en extraire la qualité et comme nous abordons les connexions, les relations, fatalement, nous abordons la composition de l’équipe et le choix de ceux qui vont débuter le match. En tant qu’entraineur, nous avons la responsabilité de choisir l’équipe idéale, nous intervenons donc, de manière absolue dans tout ce qui se passe.

Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer. Il y a un exemple incroyable avec la carrière de Pep Guardiola, en regardant ses équipes à Barcelone, au Bayern Munich et à Manchester City, les évolutions de ses organisations sont marquées par les qualités, les caractéristiques et les profils des joueurs mais personne ne cesse d’être lui-même, bien au contraire ! Certains joueurs ont découvert des compétences en eux, qu’ils ne pensaient pas avoir, comme Philip Lahm, actuellement Joao Cancelo ou Messi en faux 9, etc.

« Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer »

C’est donc là, tout le savoir-faire de Guardiola, il a construit des équipes et réussi à les faire jouer de manière fluide et naturelle. Tout cela tient au fait que les joueurs font ce qu’ils savent faire, mais de manière différente, avec des qualités différentes, puisque les effectifs sont différents au Barça, au Bayern Munich ou à Manchester City. Pour autant les équipes ont toutes joué d’une façon qui le rend heureux, il a été capable de réunir tout le monde et je pense que c’est le principal travail de l’entraîneur.

Au regard de votre parcours et de la diversité de vos expériences, être heureux devant l’expression collective de son équipe et le partage d’une bulle harmonieuse au sein du club est-il aussi conditionné au fait que la personnalité et les convictions de l’entraineur soient en synergie avec l’identité et les valeurs du club et plus largement du contexte social de la ville, à l’image de Marcelo Bielsa qui semble à l’aise et en réussite dans des villes ouvrières comme Bilbao, Marseille ou Leeds ? 

Oui, je pense que c’est très important. Pour moi, l’être humain a une caractéristique qui lui est propre peu importe l’endroit où il va. Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même.

En ce sens, Marcelo Bielsa s’intègre bien dans ces clubs, dans ces populations, avec sa façon d’être, avec sa façon de vivre. C’est un entraîneur, un homme, qui ne fait pas étalage du luxe, avec de grandes valeurs morales et cela le rend évidemment beaucoup plus proche de ces couches sociales les plus populaires. Les valeurs que Bielsa transmet, sa façon de vivre modestement, bref, tout ce qu’il fait pourrait être fait par n’importe quel citoyen. De ce point de vue, il gagne l’affection des gens, parce qu’ils le voient comme un semblable, avec cette modestie, cette humilité qu’il a au quotidien.

Le plus intéressant, ce sont les qualités d’un entraîneur et sa capacité à ne pas laisser les émotions de côté, puisqu’elles font partie de nous et qu’elles sont orientées par notre façon d’être. En tant qu’entraineur, pour transmettre quelque chose, nous le faisons à partir de l’émotion, si nous ne ressentons pas notre discours, de toute évidence, cette transmission ne pourra  s’opérer.

« Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même »

Les clubs devraient choisir leur entraineur ou s’interroger sur le type d’entraîneur qu’ils souhaitent engager, au regard des valeurs du club. Dans le cas de Leeds, ses valeurs ancestrales, son parcours chaotique dans l’élite et la façon dont le club est intégré dans la ville, correspond très bien à la personnalité de Bielsa et réciproquement.

Pour ma part, je pense que lorsqu’un club m’appelle, ce club sait quel entraineur il contacte, avec une certaine sensibilité, une approche particulière de la compétition, qu’il veut gagner, mais en utilisant des moyens peut-être un peu différents. Et moi, j’imagine qu’ils m’appellent pour ce que je suis, je n’essaie pas d’être quelqu’un que je ne suis pas.

Partout où je suis allé, j’ai essayé d’être moi-même et d’exercer librement tout ce qui a trait à la responsabilité d’entraîneur. Par conséquent, je pense que cette identité doit être utile à quelque chose, comme c’est le cas de Guardiola ou des nombreux entraîneurs étrangers qui exercent dans le championnat anglais.

L’Angleterre avait besoin d’un vent nouveau, d’insuffler de nouveaux concepts, de nouvelles idées car elle était freinée par son histoire et n’évoluait pas. Il se peut donc que vous ayez un rôle de transformateur, que le club qui vous sollicite ait des caractéristiques similaires à ce que vous êtes et que cela ne transformera pas l’idée de départ, mais l’enrichira.

Je pense qu’il est important que les clubs prennent en compte l’homme qu’ils font venir, et pas seulement son palmarès. Parfois, certains entraîneurs n’ont rien gagné pendant dix ans, dans un certain contexte, puis dans un environnement différent, ils commencent à obtenir des résultats grâce à la synergie entre les différentes parties : le club, la ville et l’entraineur, afin que tout puisse parfaitement se combiner.   

Vous utilisez un vocabulaire emprunté aux théories des systèmes dynamiques non linéaires quand vous utilisez les termes de synergie, de contexte, de complexité, d’interaction. Ce courant de pensée influence-t-il votre quotidien ou cela reste un peu éloigné de la réalité de l’entraineur ? 

Absolument pas, c’est même la chose la plus pratique qui soit. Quoi que vous observiez, quel que soit l’être vivant que vous observez, vous ne pouvez l’observer qu’à partir du paradigme qui correspond à la nature du vivant, c’est-à-dire le paradigme de la complexité. La contextualisation relie tout cela, puisque contextualiser, c’est comprendre l’unité et l’interrelation entre le joueur, son environnement, les différents membres d’une équipe et d’un club.

C’est comprendre que les événements ne peuvent pas être observés de manière isolée. Comprendre que tout ce qui se passe dans le jeu (un dégagement, une passe, etc) est lié au système de relations qui permet à une passe de se produire de cette manière particulière et à ce moment précis. Finalement, la pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football.

« La pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football »

Dans un match, il y a un adversaire qui représente une importante perturbation, et c’est pourquoi la question n’est pas de savoir si je veux observer le jeu autrement, c’est juste qu’il n’y a pas d’autre paradigme possible. Je veux dire que vous ne pouvez pas envisager un phénomène complexe à partir d’un paradigme linéaire ou réductionniste. Nous sommes une interaction et les qualités que j’exprime en tant que joueur sont visibles parce qu’il existe une série d’interrelations qui me permettent de les exprimer. Cette interconnexion provoque l’émergence de certains événements, qu’on le veuille ou non.

Je le répète, contextualiser, c’est comprendre l’unité entre le joueur et l’environnement, ainsi que le produit de leur relation. La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités. La pensée complexe, c’est distinguer sans séparer le jeu en phases et en sous-phases, ni fragmenter le joueur avec d’un côté le physique, la tactique, le mental, etc.

On m’a récemment interrogé à propos de l’échec des équipes espagnoles dans les compétitions européennes, en mettant sur la table le déficit physique de nos équipes au regard de la vitesse de Mbappé, par exemple. Mais, la réalité, c’est que Mbappé est tout simplement très bon. J’ai entraîné un certain nombre de joueurs bien plus rapides que lui, mais ils n’ont pas joué au-delà de la Nationale 2.

« La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités »

Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités. La pensée complexe consiste aussi, par exemple, à deviner que la modification spatiale, le changement de position de certains joueurs, permettra de mieux jouer … Ou moins bien.

Prenons l’exemple très significatif, du FC Barcelone, qui a gagné 12 matchs consécutifs en jouant un très bon football pendant 10 semaines. Comment se fait-il que les mêmes 11 joueurs alignés n’aient pas pu être performants avant ? Ces mêmes joueurs mais dans une structure différente, en commençant par les trois d’en bas, et notamment Frenkie de Jong qui permet une meilleure connexion avec ceux de l’intérieur qui peuvent être proches les uns des autres. La distance de relation entre Busquets, Messi, Pedri est modifiée pour mieux se connecter avec Jordi Alba et Sergino Dest qui fixent les extérieurs à différentes hauteurs et dans différentes modalités pour mieux se trouver à l’intérieur.

« Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités »

Pour moi, Griezmann et Dembélé ne participent plus aussi activement à la construction du jeu dans l’espace proche du ballon, pour mieux se dédier à ce qu’ils sont, à savoir des joueurs de pénétration et de finition. Ce nouveau système de relations dans les positions des joueurs a modifié leur distance de relation et fait apparaître un nouveau football, avec les mêmes joueurs.

Ma vie a beaucoup changé depuis une quinzaine d’années, depuis la découverte d’Edgar MorinFritjof Capra ou Werner Heisenberg. Beaucoup d’auteurs m’ont permis de prendre part, en tant qu’observateur, mais aussi en tant que participants et formateurs, à un système de relations et d’observer les événements ou tenter de les comprendre à partir du paradigme le plus approprié.

Le rôle essentiel de l’entraineur est d’observer, mais vos références interpellent, puisque vous citez beaucoup de personnes finalement assez éloignées du football. Se former de manière continue en lisant des auteurs comme Edgard Morin, consulter des chercheurs comme Carlota Torrents ou des professeurs comme Paco Seirul-lo, cette ouverture perpétuelle d’esprit vous aide dans votre travail d’observation au quotidien ? 

Je crois que le football n’est pas en dehors de quoi que ce soit et que personne n’est en dehors de quoi que ce soit, même si je comprends bien votre question puisque cela m’arrive aussi. Ce n’est pas facile pour un entraineur de transmettre verbalement, car les mots sont des éléments d’un langage créé à partir d’un paradigme simpliste. Chaque fois que nous exprimons une idée, nous l’exprimons d’un point de vue définitif puisque nous voulons définir les choses, mais le mot en lui-même ne reflète pas votre esprit, c’est juste le mot que vous utilisez. J’écris un livre en ce moment et dans une partie…

Vous voyez, je l’ai dit : « dans une partie » du livre. Le mot « partie » est réducteur, presque aveuglant, mais la langue ne me permet pas d’utiliser un autre terme. C’est précisément un sujet que j’aborde dans le livre.

« Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants. »

C’est pour moi, de plus en plus difficile d’écrire, parce qu’il y a des termes, des mots que nous avons conçus de telle manière, qu’ils s’opposent les uns aux autres. Nous pouvons prendre l’exemple de l’égoïsme et de l’altruisme, qui sont deux faces d’une même pièce de monnaie, à l’image de ce que nous avons évoqué sur la relation entre mon équipe et l’équipe adverse. Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants.

Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement. Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective. Tout ce que nous pensons est conditionné par la manière dont nos connaissances sont construites or nous ne pouvons percevoir que ce que nous connaissons, aussi chaque événement est ouvert à de multiples interprétations, dans la mesure des capacités du cerveau humain.

Finalement tout dépend de nous. Lorsque nous approchons un phénomène, nous l’interrogeons et en même temps, nous nous interrogeons sur ce que nous percevons et concevons. Si tout dépend de notre questionnement, nous devrions le remettre en cause afin de trouver ce paradigme à partir duquel nous pourrions comprendre notre observation, tout en étant intégré à ce que nous nous observons.

« Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement »

Une des grandes qualités du football, c’est d’offrir cela. En réalité, le joueur n’a pas besoin de comprendre le jeu, puisque le jeu n’est rien en soi, si ce n’est ce que les joueurs produisent. C’est ce que nous appelons le jeu. Si le jeu est le produit du joueur, dans une boucle récursive, alors le joueur doit se comprendre et comprendre les autres, dans les différentes formes de relation que nous entretenons pendant que nous jouons dans un contexte variable.

En d’autres termes, les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires. Selon moi, c’est là que réside la grande connaissance. Imaginez qu’un joueur se connaisse assez bien et qu’il comprenne les formes d’interactions favorables au jeu de son équipe, sans être prisonnier de la mécanique des différents postes.

D’ailleurs, aucun comportement ne peut être figé, enfermé dans un poste. Dans un sport ouvert comme le football, cela n’a aucun sens. Aussi, nous devons revoir la manière dont nous pensons construire la connaissance avec les joueurs, et cela nous rapproche inexorablement de personnes, comme Edgar Morin.

« Les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires »

Pourquoi ne pas s’intéresser à Edgar Morin s’il peut apporter la richesse pour nous permettre de mieux jouer et gagner plus de matchs de football ? D’autant que, l’entraineur, dans tout ce processus méthodologique, est celui qui doit reconnaître les capacités tout en comprenant que ce que nous observons et analysons ce sont les joueurs. Qui sont-ils ? Qui sont-ils dans le jeu ? Sachant que les joueurs sont de nature interactive et eux-mêmes des systèmes dynamiques et complexes.

Nous ne disons pas que Guardiola a découvert en Cancelo un milieu de terrain, parce que Cancelo avait les capacités motrices pour faire ce qu’on lui demande tout en prenant en compte ce qu’il est intrinsèquement au sein des relations du tissu global de cette équipe. Il est possible, qu’en évoluant dans une autre équipe, il ne saurait peut-être pas comment jouer ce rôle au milieu de terrain puisqu’il est aussi dépendant de son environnement, des partenaires autour de lui, des relations qu’il entretient avec eux.

« Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective »

L’entraîneur, à partir de l’entraînement et du match qui sont les deux faces d’une même pièce, puisque nous participons à un championnat et que nous entraînons, doit tenter de provoquer et répondre aux contextes, qui ne sont rien d’autre que des opportunités pour exprimer naturellement la meilleure version de l’équipe. Voilà ce qu’est pour moi le coaching, il n’y a pas d’autre moyen. Les grands coachs nous le prouvent en allant vers un produit vivant, c’est-à-dire la relation.

Nous sommes connectés et, que nous le voulions ou pas, nous ne sommes étrangers à rien, c’est pourquoi je m’ouvre au maximum. Il y a un livre de Fritjof Capra qui s’appelle « Le Tao de la physique » qui explique certains parallèles évidents entre le mysticisme oriental et la science moderne. Ces parallèles sont pour moi évidents et expliquent pourquoi je considère qu’Edgar Morin est l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du football, au même titre que Guardiola ou Klopp, sont parmi les meilleurs scientifiques de l’histoire.

DEVENIR EDUCATEUR ou ENTRAINEUR DE FOOTBALL

Entraîneurs et éducateurs ont deux rôles prépondérants dans le monde du foot. Bien que leurs missions soient différentes, ces 2 professionnels sont totalement complémentaires sur le terrain. Découvrez ces métiers en détail. 

Qu’est-ce qu’un éducateur de football ?

L’éducateur de football a pour mission d’organiser et d’animer des séances pour des jeunes filles ou des jeunes garçons afin de les guider dans leur apprentissage du jeu et leur évolution future dans ce sport. Leur objectif est de leur permettre de progresser selon des objectifs fixés et des échéances (championnats, coupes) tout en veillant à leur sécurité. 

L’éducateur de football met en place des exercices adaptés au niveau de l’équipe, analyse et corrige les gestes, accompagne lors des rencontres sportives pour les coacher. 

La plupart des éducateurs de football ne travaillent pas à plein temps pour un seul employeur et beaucoup sont bénévoles. Il a donc tout intérêt à être polyvalent et à pouvoir exercer un autre métier en parallèle, ce qui lui donnera un bon équilibre personnel et un épanouissement.

Qu’est-ce qu’un entraîneur de football ?

L’entraîneur a pour mission d’encadrer une équipe pour l’emmener au plus haut niveau possible. Pour cela, il doit réussir à créer une cohésion de groupe et assurer une dynamique collective. Souvent ancien joueur de football lui-même (mais pas obligatoirement), l’entraîneur de football transmet son savoir, ses valeurs et les valeurs du sport.

L’entraîneur sera responsable de la sélection, des performances et des résultats de l’équipe. 

Souvent hommes de l’ombre, leur objectif premier est d’améliorer la compétence sportive.

Certains éducateurs ou entraîneurs exercent au sein d’organisations non compétitives, c’est-à-dire ne participant pas à des championnats professionnels. Dans ce cas, ils ont un rôle lié davantage à l’animation et à l’éducation sportive.

Charisme et leadership

L’entraîneur sportif doit posséder un charisme naturel pour savoir s’imposer tout en faisant preuve de diplomatie et de tact. Il doit également savoir tirer le meilleur de son équipe et créer une vraie cohésion pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même.

Rigueur et organisation

L’entraîneur dicte ses stratégies et sélections, et ces dernières ne doivent pas être discutés. Il assume l’entière responsabilité de ses choix et des performances qui en découlent. Rigueur et organisation sont donc indispensables.

Observateur

Faire les bons choix de joueur et savoir déceler le potentiel de chacun est un exercice difficile mais indispensable pour tout bon éducateur ou entraîneur de football. 

Excellente connaissance du jeu

L’une des qualités primordiales que doit posséder un entraîneur de football est inévitablement d’avoir été un bon joueur lui-même ou au moins de connaître parfaitement les exigences du jeu.

Certificat Fédéral de Football (1, 2 et 3)

Accessible dès 16 ans, ces certifications permettent entraîner des enfants à partir de 7 ans jusqu’aux seniors.  Elles sont dispensées dans un District par module et présentent les caractéristiques du public, de l’entraînement et de la posture pédagogique.

BMF (Brevet de moniteur de Football)

Titre à finalité professionnelle de niveau 4, il s’oriente sur la responsabilité générale du club de base et présente l’avantage d’être accessible sous différentes formes : capitalisation des certificats fédéraux, apprentissage, continue ou discontinue…

BEF (Brevet d’entraîneur de Football)

Titre à finalité professionnelle de niveau 3, il s’oriente sur l’excellence de l’entraînement, la maîtrise méthodologique et vise le niveau régional séniors et national jeune. Les joueurs de Haut Niveau ou de très bon niveau amateur peuvent accéder directement à cet échelon. C’est un peu le « socle » de la professionnalisation. Une formation par apprentissage est en cours.

DES (Diplôme d’Etat Supérieur)

Seul diplôme d’état du système (niveau 2), il permet aux titulaires de bénéficier de nombreuses passerelles institutionnelles vers l’emploi et la formation. Il est orienté exclusivement sur l’optimisation de la performance, vers l’Elite nationale « Amateur ». C’est un diplôme qui est géré par le Ministère des Sports et son accès est injustement trop sélectif pour la majorité des collègues. Est-il adapté au football, nous nous interrogeons et aimerions le voir évoluer rapidement.

BEFF (Brevet d’Entraîneur Formateur de Football)

Titre à finalité professionnelle qui succède au Diplôme de Formateur (niveau 2) sans changement notable hormis l’adaptation au cadre règlementaire. Il touche tout ce qui est de la formation de haut niveau à partir des U13, indispensable à toute structure qui prétend agir en ce sens.

BEPF (Brevet d’Entraîneur Professionnel de Football)

Titre à finalité professionnelle qui succède au DEPF (niveau 2 – 955h) sans changement notable hormis l’adaptation au cadre règlementaire qui doit répondre aux besoins de toute équipe utilisant des joueurs professionnels.

Diplômes et certificats

Les éducateurs et entraîneurs rémunérés doivent être titulaire ou en cours de formation d’un diplôme ou d’un certificat de qualification enregistré au Registre National des Certifications Professionnelles (RNCP) qui garantit les compétences en matière de sécurité des pratiquants et des tiers conformément à l’article L.212-1 du code du sport. 

Certificats de qualification professionnelle (CQP)

Le certificat de qualification professionnelle (CQP) « moniteur de football » certifie les compétences acquises par la formation ou l’expérience (via la VAE), et permet à son titulaire d’encadrer contre rémunération dans la limite de 360h / an et se voir délivrer une carte professionnelle.

Le titulaire de ce certificat peut intervenir auprès des Écoles de Foot.  

Cette certification se passe en formation continue dont la durée minimale est de 250 heures dont 100 heures en situation professionnelle.

BPJEPS sports collectifs

Diplôme de niveau IV (bac professionnel), le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (BP JEPS) atteste des compétences professionnelles nécessaires à l’exercice du métier d’animateur dans le champ des sports collectifs dans une association ou une entreprise. La spécialité « football » permet de former des éducateurs et entraîneurs qualifiés pour un jeune public de moins de 15 (voire moins de 17 ans) pratiquant le foot de compétition.

DE JEPS

Diplôme de niveau III (bac+2), le Diplôme d’Etat de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (DE JEPS) atteste de compétences professionnelles nécessaires et prépare à l’exercice du métier d’entraîneur de foot.

Le diplôme est préparé par la voie de la formation initiale, de l’apprentissage ou de la formation continue mais peut également être acquis par la VAE.

En formation initiale, la durée minimale est de 1200 heures dont 700 heures en centre de formation.

DES JEPS

Diplôme de niveau II (bac+3), le Diplôme d’Etat Supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (DES JEPS) atteste des compétences nécessaires et prépare à l’exercice du métier d’entraîneur cadre.

Le diplôme est préparé par la voie de la formation initiale, de l’apprentissage ou de la formation continue mais peut également être acquis par la VAE.

En formation initiale, la durée minimale est de 1200 heures dont 700 heures en centre de formation.

STAPS

Vous pouvez aussi accéder au métier d’entraîneur via la filière STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives. La licence STAPS parcours entraînement sportif donne un niveau bac+3 tandis que les master sciences du sport spécialité entraînement : biologie, nutrition, santé (université Paris Est Créteil) ou le master entraînement et optimisation de la performance sportive (Paris Descartes) donne un niveau bac+5.

Les titulaires de l’un de ces titres se voit délivrer par le préfet une carte professionnelle qui l’autorise à exercer contre rémunération et précisera les prérogatives d’encadrement et les conditions d’exercice afférentes.

Toute personne qui exercerait ces fonctions contre rémunération sans être titulaire d’un diplôme enregistré au RNCP, est coupable d’une infraction pouvant être punie de 1 an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

Educateurs et entraîneurs peuvent être bénévoles dans une organisation non compétitive et percevoir parfois des indemnités ou des avantages divers.

Si l’éducateur est salarié, son salaire varie suivant la structure qui l’emploie et sa durée de travail mais en général, il commence au SMIC horaire + des indemnités.

S’il exerce pour une municipalité, sa rémunération suit la grille indiciaire de la fonction publique territoriale (FPT). 

La situation est la même pour l’entraîneur qui peut toucher plus de 2000€ net par mois selon l’expérience, la discipline (amateur ou professionnelle) et l’employeur.

Au sein des collectivités territoriales, des postes d’éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives (ETAPS) sont à pourvoir. L’éducateur sportif peut alors prendre en charge des enfants dans le cadre d’activités périscolaires, de stages de vacances ou encore pour assister les professeurs des écoles.

Dans les associations sportives amateurs.

Il peut enfin exercer dans le milieu privé comme les Clubs professionnels.

SOIREE VISIO AEF 78 dédiée à LA PREPARATION MENTALE

L’Amicale des Éducateurs de Football des Yvelines (AEF 78) organise un webinaire le vendredi 16 avril, à 19 h 00 précises, sur le thème de la préparation mentale. Inscription

Nous serons assistés de Monsieur Pierre PUPIER, Président fondateur – LNF – Les nouvelles formations.

3 intervenants de l’Amicale des Éducateurs de Football des Yvelines aborderont 2 thèmes spécifiques, à savoir la fixation d’objectifs et la motivation.

Dorette ELANGUE ETEME, Commission Technique du District des Yvelines, Jude FALL MOROSE responsable des Féminines et des Garçons respectivement des catégories U13 et U16 au PSG FC et Pascal HANS, du club de l’AS MAUREPAS, officiant sur l’encadrement U10, sont tous les 3 certifiés par LNF.

Monsieur Pierre PUPIER vous présentera sous forme de diaporama son organisme LNF, certificateur n° 1 en France en Préparation Mentale, et répondra aux nombreuses questions suivantes :

–        À quoi sert-elle ?

–        Comment l’utilise-t-on concrètement ?

–        Comment peut-on l’apprendre rapidement ?

–        Est-elle réservée à certains sportifs ?

–        Fonctionne-t-elle avec les jeunes ?

Nous comptons sur votre participation, sur ce sujet passionnant pour tous les éducateurs.

Afin de préparer au mieux cette réunion, je vous demande vous inscrire via le lien suivant:  Inscription

Amicalement,

Pascal HANS 

SERGE QUEFELEC l’humaniste…

Educateur emblématique au RACING il avait reçu notre trophée Georges BOULOGNE en 2006.

Serge QUEFELEC nous a quittés à l’âge de 87 ans

Certes, Serge n’est pas connu des plus jeunes mais sa trace ne peut pas laisser indifférent les éducateurs et dirigeants mûrs qui l’ont côtoyé au fil de ses années passées dans les Hauts de Seine et le Val d’Oise tant le personnage, l’ami, était d’une richesse incomparable …

Serge, boulanger-pâtissier de formation, était aussi un bon joueur de foot, gardien de but, longtemps dernier rempart de l’équipe de Montrouge.

Il fit ses premiers pas d’éducateur au FO Montigny, avant de passer son Brevet d’Etat d’Educateur, pour poursuivre son ascension dans ce même club en tant que maître d’œuvre sportif. Ensuite il exerça ses talents d’Entraîneur à Franconville avant d’être sollicité par le Racing Club de France où il accomplît une carrière de formateur chez les Nationaux et en sénior DH.

Serge était avec nos amis, Christophe ROMBEAUX, Robert LEVEQUE, Pierrot BOULEY les coachs qui ont marqué des générations de très bons joueurs devenus professionnels.

Il prend une retraite sportive parisienne en 2000, pour entreprendre une nouvelle vie simple mais pleine d’activités au village de Blauzac dans le Gard. Amicaliste dans l’âme il adhéra dès son arrivée dans le Gard à l’amicale locale, il aida le club dans son école de foot.

Pour tout son engagement humain et sportif qu’il a apporté à notre association il fût nommé membre d’honneur de l’AEF95 ; il n’hésitait pas à se joindre à nos manifestations si son emploi du temps permettait son déplacement. Il était encore des nôtres lors de notre périple de voyage à Montpellier en 2011

L’AEF 92 et le Comité de Direction présentent à son épouse Arlette, passionnée de peinture ses deux enfants et petits enfants leurs très sincères condoléances.

LE FUTSAL devrait-il être incontournable dans la formation des jeunes joueurs?

Autrefois marginalisé, le futsal prend de plus en plus d’importance en France. Mieux, son apport dans la formation des jeunes joueurs devrait même le rendre indispensable. Que ce soit au niveau de la technique, de la tactique, du physique ou même du comportement, de nombreuses qualités développées au futsal vont servir au football à onze. Enquête.

Créé en 1930 en Uruguay par Juan Carlos Ceriani Gravier juste après la première Coupe du monde, « le football de salon », son nom d’origine, a fait ses premiers pas en France en 1978. Dérivé du football, le futsal se joue à 5 contre 5 avec 4 joueurs de champ et 1 gardien. Ce sport se pratique en salle, donc, et sur une surface de jeu bien plus petite que le football (42 mètres sur 25 maximum en compétition officielle) avec un ballon plus petit qu’un ballon de foot traditionnel, et dont la surface est rugueuse afin de maximiser son adhérence au sol. Il faut aussi savoir que les ballons de futsal sont généralement remplis de ouate de rembourrage pour rebondir le moins possible pour que le jeu reste le plus souvent au sol. Les matchs se disputent en deux mi-temps de 20 minutes et les effectifs peuvent monter jusqu’à 12 joueurs, avec 7 remplaçants interchangeables à souhait. Les rentrées de touche s’effectuent au pied et non à la main comme au football.

Les débuts d’INISTA par le FUTSAL

« Beaucoup de clubs pros commencent à comprendre l’importance du futsal », déclarait l’international de futsal français, Kevin Ramirez chez Mouv’. Après avoir pris du retard sur ses concurrents et notamment le Brésil ou l’Espagne, où les jeunes commencent leur formation par le futsal, la France développe de plus en plus cette discipline qui devrait aussi être un complément incontournable au football dans la formation des jeunes joueurs. Avec les moyens dont disposent les clubs professionnels, il ne devrait pas y avoir de football sans futsal en centre de formation tant l’apport de ce dernier est grand sur le foot à 11 et tant il produit de bien meilleurs joueurs sur le plan technique, tactique, physique et même comportemental.

Le développement cognitif, atout primordial du futsal

Parmi les qualités développées par le futsal, il y a d’abord la créativité. C’est même sans doute l’un des meilleurs atouts que le futsal peut apporter au football à 11 ! Comme sur grand terrain, la partie rationnelle et logique du cerveau est utilisée, ainsi que la partie émotionnelle et intuitive mais le peu d’espace et de temps entraînent les joueurs à faire preuve de beaucoup plus d’imagination et de créativité pour créer du danger sur le terrain ou se sortir d’une situation impérieuse via la passe ou le dribble. Le développement de ces parties du cerveau est très important et offre un avantage conséquent aux jeunes joueurs une fois sur grand terrain.

Le futsal développe aussi la confiance dans la mesure où les duels sont quasiment inévitables et que d’attaquer son adversaire en un-contre-un est une qualité qu’il faut savoir développer. Il n’y a qu’à voir l’aisance dans les petits espaces de joueurs comme Neymar, Ronaldinho ou encore Iniesta, qui sont tous passés par la case futsal dans leur formation, pour comprendre l’intérêt de cette pratique chez les plus jeunes. Au niveau de la passe, le futsal est une question d’angles et d’espaces mais aussi de vitesse. Les passes doivent être fortes et la prise d’information capitale. Il faut savoir quoi faire avant la réception du ballon tant les marquages individuels des adversaires sont stricts.

Au futsal, il faut donc réfléchir et décider encore plus vite qu’au foot à 11, ce qui améliore grandement le temps de réaction. « Ça m’apporte un vrai plus aujourd’hui. Je conseille le futsal à tous les jeunes footballeurs : on devient plus juste techniquement, plus rapide dans la prise de décision… Tout est bénéfique lorsqu’on arrive ensuite à onze. Bruno (Guimarães), par exemple, ça se voit qu’il en a fait au Brésil ! Je suis content que les jeunes à l’OL en fassent de plus en plus, ça va dans le bon sens. », expliquait Maxence Caqueret dans un entretien accordé à l’Équipe en septembre 2020. Fait de combinaisons et de une-deux, le futsal requiert une excellente vision de jeu et une fois le passage à onze, tout peut paraître plus simple puisqu’il y a plus de temps et d’espace. Le développement de l’aspect cognitif est vraiment une force du futsal.

Contrôle du ballon, de soi et de son environnement

Selon une étude de l’université de Liverpool, les joueurs de futsal touchent en moyenne 6 fois plus le ballon par minute que les joueurs de football à 11. Avec un jeu plus rapide fait de redoublements de passes – 70% des passes ont une vitesse comprise entre 14 et 38km/h -, le contrôle et le toucher de balle sont donc extrêmement importants, et ce, avec toutes les surfaces du pied. Connu pour son fameux « contrôle semelle », qui permet de prendre l’information la tête levée tout en gardant le contrôle du ballon sous le pied, le futsal développe aussi la capacité à protéger son ballon et à ne pas paniquer sous pression comme le faisait si bien Juan Roman Riquelme.

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Le futsal permet donc le développement du jeu dos au but, en pivot, et les joueurs de futsal qui arrivent à contrôler et protéger parfaitement le ballon sous la pression vont finir par impacter tactiquement et mentalement les défenseurs adverses. Et cette capacité va facilement se transposer sur grand terrain car à force d’être dans des situations compliquées dans des espaces réduits, une sorte de « mémorisation » s’effectue et le joueur est prêt à affronter des situations de pressing naturellement même sur de plus grands espaces. Le jeu plus au sol permet aussi à des gabarits plus imposants ou plus petits d’avoir un réel impact sur le jeu.

Variabilité du « Jeu de Position » de la 1ère ligne de Manchester City

NOSOTROS est au football ce l’image est à la télévision, devenue essentielle, un outil pour les éducateurs, entraîneurs, chercheurs, pour tous les passionnés du ballon.

Cet article est la 1ère partie d’une analyse réalisée par Illies Lebrun et Olivier Alberola, à partir de l’observation de 5 matchs de Manchester City. Retrouvez les autres analyses avec le lien ci dessous: https://nosotrosxp.com/le-jeu-de-position-de-la-1ere-ligne-de-manchester-city/?

Cette partie est axée sur les adaptations de la ligne défensive de City, pour faire face aux caractéristiques structurelles de la 1ère ligne offensive de leurs adversaires.

Les Cityzens surfent sur une vague positive depuis leur victoire en Ligue des Champions face à l’Olympiakos (0-1) en Novembre dernier. Depuis, c’est 21 victoires (toutes compétitions confondues) et 3 matchs nuls avant de chuter dans le derby mancunien. Pep Guardiola avait annoncé, au début du mois de Février que son équipe allait mieux car… « elle courait moins ».

L’analyse que nous proposons sera axée sur les différentes organisations de la première ligne des Cityzens quand elle dispose du ballon. Nous tenterons de décrypter leur capacité à interpréter collectivement les espaces et à manipuler les lignes adverses. L’émergence récurrente de supériorités numériques et qualitatives à la périphérie et positionnelles (voire dynamiques) à l’intérieur, caractérise en partie le succès des joueurs de Guardiola.  

Les matchs analysés :

  • Liverpool / Manchester City (Journée 23)
  • Manchester City / Tottenham (Journée 24)
  • Everton / Manchester City (Journée 16)
  • Arsenal / Manchester City (Journée 25)
  • M’Gladbach / Manchester City (8ème de finale aller, Champions League)

FACE AU 1-4-3-3 DE LIVERPOOL

Depuis plusieurs saisons, Liverpool a montré sa volonté d’être une équipe protagoniste et déterminée à récupérer le ballon le plus haut possible.

https://statsbomb.com/2020/09/liverpool-season-preview-2020-21/

Lors de leur match face à City, les Reds étaient positionnés haut en phase de récupération, avec une organisation en 1-4-3-3 à plat. Rencontrer ce type d’opposition n’est pas si fréquent pour City, à la fois dans les intentions comme dans l’organisation.

La clé pour les Reds était de protéger les espaces intérieurs, tout en mettant la pression sur les joueurs de City, initiée par leurs 3 attaquants. Un principe mis en place par les Cityzens, pour manipuler la première ligne de pression fut d’aligner 3 joueurs droitiers en zone d’initiation et plus particulièrement Rodri,  souvent dans l’axe gauche dans une position inversée à d’habitude. Dans l’espace de M. Salah il a pu profiter d’un manque récurrent de coordination avec ses deux partenaires de la même ligne.

Statsbomb – Introduction to Football Analytics – Liverpool (saison 2019-2020)

Comme on peut l’observer sur le visuel ci-dessus, lors de la saison 2019-2020, l’influence de Firmino dans la récupération du ballon est essentielle notamment sur le front axial du terrain, mais aussi sur le flanc droit pour épauler Salah. Mané, lui, a une forte influence sur tout le flanc gauche où il déploie une activité importante permettant ainsi de récupérer directement et/ou indirectement un grand nombre de ballon de l’extérieur vers l’intérieur du terrain, notamment dans le camp adverse.

Petit bémol sur l’activité sans ballon de Salah, beaucoup plus localisée dans le couloir intermédiaire droit. Une certaine fragilité à protéger l’espace dans son dos à l’image du peu de ballons récupérés ou interceptés dans cette zone est illustrée dans l’encadré jaune.

Son déficit défensif, comparativement à ces deux partenaires qui sont extraordinaires sur ce plan, s’explique en partie par l’angle qu’il privilégie lors de sa course défensive. C’est un aspect dont Rodri profitera au travers de sa position inversée et qui lui bénéficiera directement ou bénéficiera à ses partenaires dans le dos de l’égyptien.

Face à la ligne de 3 (Mané – Firmino – Salah), la réduction volontaire de la largeur par les centraux de City, à contre-courant du célèbre « écartez-vous », leur a permis de mieux les inviter à venir presser. Mais attention, pas n’importe où… Stones et Dias, assez proches l’un de l’autre, plutôt sur le côté droit, invitant la pression de Firmino et en isolant Salah.

Ci-dessous, Ruben Dias invite la pression de son adversaire le plus proche. La position des défenseurs de City oblige encore une fois Mané et Firmino à fermer les lignes de passes intérieures tout en mettant la pression … Pendant que Salah s’isole sur le côté droit.

L’un des objectifs des Cityzens était de faire tomber Rodri en Zone d’initiation à la gauche de Dias, dans un rôle d’attracteur, afin de renforcer la tendance naturelle de Salah à défendre entre le central et le latéral, mais aussi pour favoriser l’équilibre structurel de l’équipe. Cette invitation à sortir presser, envoyée à Salah, a permis l’ouverture de lignes de passes à l’intérieur du bloc de Liverpool.

L’espace dans son dos est donc devenu exploitable, notamment sur l’axe gauche des Cityzens, en partie grà la réduction de la largeur des centraux à l’opposé sur l’axe droit, offrant un jeu de dominos …

FACE AU 1-4-2-3-1 DE TOTTENHAM

Les hommes de J. Mourinho étaient organisés en 1-4-2-3-1 avec la volonté de protéger les espaces intérieurs. À la différence du match face à Liverpool, P. Guardiola   a aligné Laporte dans l’axe gauche et R. Dias dans l’axe. Le français offre davantage d’angle de passe et notamment des diagonales de l’axe gauche vers l’intérieur.

Côté Tottenham, lors de leurs précédents matchs, Ndombele et Hojbjerg avaient tendance à défendre individuellement sur les joueurs positionnés dans les Zones latérales de Lumière, ouvrant des lignes de passes vers la Zone de Lumière centrale.

Comme sur l’image ci-dessus, c’est Zinchenko qui a souvent formé la ligne de 3 pour les Cityzens. Son positionnement a permis d’attirer Lamela pour obliger Hojbjerg à le couvrir. Le choix de Laporte a été judicieux car il a permis de trouver un grand nombre de passes entre les lignes des Spurs, vers G. Jesus.

L’activité défensive de Kane a quasiment été rendue inopérante sur le match à cause de la largeur XXL de « l’éventail » de la ligne de 3 Cityzens. Éventail qui leur a offert une grande liberté . On peut aussi noter le positionnement assez bas de Rodri, pour aimanter Lucas Moura afin d’offrir des lignes de passe « haute tension » vers Jesus.

Il semblerait que les principaux objectifs de Pep Guardiola dans la Zone d’Initiation étaient de :

  • Attirer Lamela par le positionnement de Zinchenko qui dérivait à la périphérie.
  • Fixer la position de Lucas afin d’offrir des lignes directes de passe de Laporte vers Jesus.

FACE AU 1-4-4-1-1 D’EVERTON

L’équipe de C. Ancelotti avait opté par un marquage individuel afin d’empêcher les mouvements des joueurs de City. Il n’en fallait pas plus pour mieux « embarquer » les « Toffees » dans les bas-fonds du jeu de position et retourner leurs concepts défensifs, contre eux-mêmes.

Sur l’image ci-dessus, on peut voir le positionnement très espacé de la ligne des 3 défenseurs de City avec notamment Laporte et Walker positionnés dans les couloirs extérieurs (périphérie).

Ce positionnement avait pour but d’attirer les milieux excentrés d’Everton et déclencher leur pressing, créant de l’espace dans leur dos. Le positionnement de Rodri était encore une fois intéressant, cette fois-ci à droite, en alignant horizontalement la première ligne adverse.

Les comportements et les caractéristiques de la première ligne d’Everton ont favorisé les intentions de Laporte et de Walker dans les couloirs extérieurs. Leur positionnement extra large a permis d’étirer la ligne d’Everton et de provoquer la pression des milieux latéraux adverses.

Le positionnement sur la droite de Rodri, a permis d’exploiter le pied gauche de Laporte sur des lignes de passes croisées à l’intérieur, à contresens du mouvement de la ligne adverse. De plus, le positionnement de Walker très à la périphérie, lui permettait d’exploiter sa faculté à se projeter dans le couloir et apporter le surnombre offensif.

FACE AU 1-4-2-3-1 D’ARSENAL

Confrontation intéressante pour les Cityzens face à un adversaire partageant des idées semblables en possession. Sur l’aspect défensif, les hommes de M. Arteta étaient organisés en 1-4-2-3-1 avec une très forte compacité du bloc dans la largeur et dans la profondeur.

Il est intéressant d’analyser la différence du 1-4-2-3-1 de Tottenham ou d’Everton, la structure des lignes d’opposition étaient totalement différentes, ce qui a modifié la structure de la première ligne de City en Zone d’Initiation.

Sur ce match, il est intéressant d’observer une structure asymétrique de la première ligne des Cityzens via les positionnements de Zinchenko et Stones. L’idée était de densifier le côté gauche (couloirs intérieur et extérieur gauche) via le positionnement de Zinchenko et de Fernandinho qui tombait régulièrement en Zone d’Initiation afin d’attirer Odegaard.

Cancelo avait pour rôle d’attirer Saka dans le couloir central. Ce qui peut être une indication de la volonté des Cityzens de densifier le côté gauche, afin d’attirer le bloc des Gunners, pour ensuite jouer avec Stones qui a énormément apporté offensivement dans le couloir extérieur droit.

FACE AU 1-4-2-3-1 DE M’GLADBACH

Les joueurs de Marco Rose avaient pour objectif de protéger les espaces intérieurs avec une organisation en 1-4-2-3-1. Le Jeu Positionnel des Cityzens étaient encore une fois précis avec des objectifs ciblés, notamment le positionnement large des défenseurs centraux afin d’attirer les milieux latéraux adverses et d’étirer le bloc allemand.

Ici, on peut voir le positionnement à la périphérie de Laporte et Walker afin d’accroitre les distances entre les joueurs de la ligne 1-4-2-(3-1). Ce positionnement servait aussi d’attraction des milieux excentrés adverses afin d’ouvrir les espaces et forcer les milieux centraux adverses à défendre individuellement sur Silva et Gundogan.

À noter encore une fois les rôles essentiels joués par Cancelo et  Rodri (positions inversées par rapport à Liverpool et rôles différents) pour manipuler le pivot offensif adverse et créer des espaces dans son dos. On peut retrouver une certaine similitude de la structure de la 1ère ligne de City avec celle obersvée face à Everton. Cependant, le focus était essentiellement sur l’ouverture des milieux latéraux adverses afin d’étirer la 1ère ligne d’opposition adverse.

CONCLUSION

On a pu voir comment Pep Guardiola a su créer l’incertitude face à la première ligne d’opposition de ses adversaires, en adoptant des moyens de manipulation précis en fonction des caractéristiques et de la structure de la première ligne adverse. Les principes du jeu positionnel étaient construits à l’aide de ces indicateurs pour les joueurs en Zone d’Initiation et dans les couloirs latéraux, afin d’être le plus déséquilibrant possible.

Par conséquent, la structure des lignes adverses a été déformée par le jeu positionnel de City. Un jeu variable et varié, organisé à l’aide de structures parfois asymétriques, selon les caractéristiques adverses. Le ballon reste la boussole des diverses structures et auto-organisations de la première ligne de Manchester City dans les matchs observés, mais la volonté d’être la plus déséquilibrante possible apparait comme un fil rouge.

Ce qu’il faut retenir de la première ligne des Cityzens :

  • La variabilité et une structure asymétrique en fonction de l’adversaire et du ballon.
  • Une récurrence d’une première ligne de 3 défenseurs avec des profils différents en fonction de l’adversaire.
  • L’identification des faiblesses des profils adverses (micro) et des structures adverses (macro) et exploitation adaptée des profils alignés.
  • La multifonctionnalité des joueurs en fonction des caractéristiques de l’adversaire.
  • Mise en place fluide des concepts du Jeu de Position avec notamment les notions d’attraction des adversaires dans certains espaces.

UNE SEULE COULEUR…….. CELLE DU MAILLOT !!!!

JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE DU 21 MARS 2021
 » Une seule couleur, celle du maillot «  La Fédération Française de Football s’associe à la Journée Internationale de lutte pour l’élimination de la discrimination raciale du 21 mars. L’engagement de la FFF qui porte et défend les valeurs essentielles d’intégration et d’égalité, de diversité et de mixité essentielles au vivre ensemble sera illustré par un message fort : « Une seule couleur, celle du maillot ».

L’équipe de France, réunie du 22 au 31 mars pour trois matches des éliminatoires

à la Coupe du Monde 2022, portera ce message fort à l’occasion du match face

à l’Ukraine, au Stade de France, le 24 mars, lors des hymnes. Cette campagne

sera relayée par les ligues, les districts et des clubs amateurs sur l’ensemble du

territoire.

En lien avec des associations reconnues comme la Licra ou le Comité Ethique

et Sport, la Fédération a déployé plusieurs actions de prévention dans le cadre

de la lutte contre les discriminations. Le Programme Educatif Fédéral (PEF) fait

ainsi partie des outils de référence dans l’apprentissage du respect du vivre

ensemble. Mis à disposition des 15 000 clubs amateurs, le PEF permet de former

les 800 000 jeunes licenciés du Football aux règles du jeu et de vie citoyenne.

La FFF soutient également le programme Open Football Club du Fondaction

du Football. 3 600 jeunes joueurs des Pôles Espoirs de la FFF et des centres

de formation des clubs professionnels bénéficient d’un programme éducatif et

culturel, notamment sur le sujet de la lutte contre les discriminations.

La lutte contre le racisme et toutes les autres formes de discriminations fait

partie des engagements fondamentaux de la FFF et du football, considéré

comme le troisième lieu d’éducation après la famille et l’école.