Et si vous passiez par la VAE VALIDATION DES ACQUIS D’EXPERIENCE

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football ouvre une session Brevet de Moniteur de Football (BMF) et Brevet d’Entraineur de Football (BEF) par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (V.A.E) en vue de l’obtention du Brevet d’Entraîneur de Football (BEF) et du Brevet Moniteur de Football (BMF) est ouvert toute l’année.

 Les dossiers sont disponibles en téléchargement sur le site de la Ligue de Paris Ile de France De Football :

  • La partie 1 (Dossier de Recevabilité). Elle peut être adressée tout au long de la saison.
  • La partie 2 (Dossier de validation de l’expérience), est à déposer avant le 31 janvier de chaque année.
  • Une notice explicative qui détaille les différentes étapes à suivre.

À noter qu’on ne peut candidater à une VAE qu’une seule fois par an et qu’on ne peut déposer plus de trois dossiers de recevabilité au cours d’une même année civile »

Lors de la saison 2019/2020, la sous-commission VAE a étudié 12 dossiers déposés (9 en BMF et 3 en BEF). Les taux de réussite pour cette promotion sont de 55% pour le BMF et nul pour le BEF.

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son département formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription.

Service formation au 01 85 90 03 70 – formations@paris-idf.fff.fr

À RETENIR

Public concerné
Toute personne, quels que soient son âge, sa nationalité, son statut et son niveau de formation, qui justifie d’au moins 1 an d’expérience en rapport direct avec la certification visée, peut prétendre à faire valider les acquis de son expérience en vue d’obtenir une certification professionnelle.

Quelle certification correspond le mieux à mes compétences ?
Si vous ne savez pas quelle certification choisir ou si vous souhaitez être conseillé sur le choix de la certification, la faisabilité de votre projet, les règles applicables à une demande de VAE et la procédure à suivre, renseignez-vous sur le portail gouvernemental www.vae.gouv.fr ou directement auprès des organismes en charge du conseil en évolution professionnelle (Pôle Emploi, APEC, les missions locales, les Opacif, le CAP emploi pour les personnes en situation de handicap). Vous pouvez également contacter votre Ligue par l’intermédiaire de l’Institut Régional de Formation du football.

Vous retrouverez toutes les informations pratiques dans la notice.

Tarifs
Les frais à engager pour le passage d’un BMF ou d’un BEF en VAE vont de 500 € à 1000 € pour l’ensemble des étapes. Bien entendu votre club peut prendre en charge tout ou partie de cette somme. 

Process
Un dossier constitué de deux volets doit être remis à la Ligue Paris Ile-de-France de football, dument complété, signé et accompagnés des justificatifs demandés.

Ligue de Paris Ile-de-France de Football

Campus Technique

Domaine de Morfondé

77270 VILLEPARISIS

La première partie du dossier de Validation des Acquis de l’Expérience a permis au jury de vérifier que vous remplissiez bien les conditions d’accès fixées pour le diplôme du Brevet de Moniteur de Football, et notamment un volume horaire de 1 607 heures d’activités salariées, non salariées ou bénévoles en lien avec le diplôme visé.

La seconde partie du dossier doit permettre au jury d’évaluer si vous avez acquis les compétences professionnelles en lien avec le référentiel d’activités du diplôme visé. Vous devez donc, pour chaque fonction du référentiel, décrire les activités, actions et tâches pratiquées au cours de vos expériences et analyser en quoi vous ont-elles permis d’acquérir les compétences du diplôme.

Bien entendu chaque expérience doit être en corrélation avec chacune des UC constituant le titre visé.

En fin de cursus le jury peut :

  • Vous attribuer le diplôme
  • Ne pas vous attribuer le diplôme
  • Vous attribuer une partie du diplôme, vous devez dans les 5 ans obtenir la totalité du diplôme 

Données statistiques – Saison 2019-2020
Le taux recevabilité au BMF est de 90 % et le taux de réussite 55%
Le taux recevabilité BEF est de 50% pour un taux de réussite nul

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son département formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription.Documents à télécharger

Validation des acquis de l’expérience (VAE)

inscriptions BMF et BEF 21/22

La Ligue Paris Ile-de-France de Football et son Institut Régional de Formation du Football (IR2F) ouvrent les inscriptions aux formations 2021/2022 du Brevet de Moniteur de Football (B.M.F) et du Brevet Entraîneur de Football (B.E.F).  

Les dossiers d’inscriptions pour le BMF et pour le BEF sont à télécharger et à retourner dûment complétés et accompagnés des documents demandés avant le lundi 31 mai 2021, cachet de la Poste faisant foi, soit :  

➢ par voie postale, à l’adresse suivante : Ligue de Paris Ile-de-France de Football Institut Régional de Formation du Football Campus Technique Domaine de Morfondé 77 270 VILLEPARISIS  

➢ par courriel à formations@paris-idf.fff.fr  

Ces deux formations qualifiantes sont soumises à des tests de sélection : les candidats, dont le dossier sera complet, seront convoqués à un examen écrit et oral afin d’intégrer la formation.  

Nous attirons votre attention sur le fait qu’en raison de la crise sanitaire nous ne pouvons pas assurer que les dates mentionnées dans les dossiers d’inscription seront maintenues en l’état. En cas de modification, vous en serez informés.  

La Ligue de Paris Ile-de-France de Football et son service formation se tiennent à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus d’inscription (informations pratiques, financières etc.) au 01.85.90.03.70 ou à formations@paris-idf.fff.fr. 

NOSOTROS AVEC VOUS ENTRETIEN AVEC OSCAR CANO MORENO Entraîneur de foot simplement……..

Nous ne sommes qu’interactions

Entraineur de football, directeur sportif et auteur de nombreux ouvrages sur le « jeu des jeux » (Paco Seirul lo), Óscar Cano Moreno a partagé sa vision iconoclaste du football, partout où il est passé.

Convaincu par l’approche systémique, nous lui avons donc demandé de nous parler de son parcours et de définir ce qu’est, pour lui, le rôle de l’entraineur.

Comment avez-vous débuté votre carrière d’entraineur de football et pourquoi avez-vous choisi de vous rapprocher de Juan Antón, illustre entraineur de handball et professeur à l’université de Grenade ? 

Quand j’ai commencé à entrainer, je me souviens que je n’avais pas vocation à être coach. Dans le quartier où j’ai grandi, il y avait un club de football et ils ne trouvaient pas d’entraîneur pour un groupe d’enfants de 10-11 ans, alors ils m’ont proposé de m’en occuper. Comme la plupart des enfants étaient mes voisins et leurs parents étaient des amis, j’ai accepté. J’avais aussi précisé que je ne prendrai le groupe que pendant une semaine, le temps qu’ils puissent trouver un coach.

Mais au cours de cette semaine-là, j’ai pris conscience des responsabilités de ce rôle, car les parents et la famille des joueurs m’appelaient tous les jours pour que je parle aux enfants de l’importance de bien manger, d’aller à l’école et qu’il était essentiel d’être attentif en classe. Aussi, j’ai demandé au club de prolonger l’expérience un peu plus longtemps … C’est à ce moment-là, que je me suis rapproché de Juan Antón, qui est de mon point de vue, la personne qui a le mieux formalisé la logique interne des sports collectifs.

« Je n’avais pas vocation à être coach »

A l’époque, il était professeur à l’université de Grenade, je connaissais certains de ses livres et j’ai décidé de lui demander l’autorisation d’assister à ses cours comme auditeur libre. C’est comme cela que j’ai suivi ses cours pendant deux ans et demi, sans même être inscrit à l’université. A mes yeux, Juan Antón a été une personne ressource essentielle dans l’organisation des idées à propos du jeu, dans le cadre de la pensée complexe. 

Évidemment, il est très important, que ce mode de pensée n’aille pas à l’encontre de la véritable logique du football, de ses caractéristiques, bref, de son essence. Juan représentait tout cela et le voir donner des cours avec une telle passion, un tel amour pour son sport, à susciter une vocation. Il est un pilier fondamental pour moi. Aujourd’hui, nos contacts sont moins nombreux, mais chaque fois qu’il publie un livre, et dernièrement il en a publié plusieurs, nous nous contactons et nous en discutons.

Plus que la connaissance du jeu ou des principes tactiques, Juan Antón vous a transmis l’amour du jeu mais plus encore l’amour des joueurs et plus encore de la transmission ?  

Oui, c’est une transmission globale. Je pense que la relation avec Juan a fait émerger chez moi, ou plus précisément, a optimisé ma passion pour le football, enfin pour un certain type de football. En plus, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé dans la compréhension des concepts tactiques, non seulement pour les organiser, mais aussi pour envisager leur logique intrinsèque qui est déterminée par la manière dont ils se manifestent.

C’est-à-dire que les principes ne sont pas figés, évidemment selon les circonstances ils auront un dénominateur commun, mais surtout ils ont une pluralité. Or, cette pluralité est fondée sur les qualités des joueurs. Par exemple, si vous jouez un deux contre un, cette situation ne représentera pas la même chose pour Mbappé et Griezmann que pour vous ou moi, n’est-ce pas ?

Juan nous a beaucoup apporté, sur la définition des principes tactiques fondamentaux, mais aussi sur le fait d’appréhender ces concepts tactiques avec une définition variable, selon les conditions de leur manifestation et en fonction des qualités des joueurs. Personne ne joue au football de la même manière. Chaque personne, chaque joueur, chaque groupe ou chaque interaction est différent. Juan a été un phare dans la nuit de mon début de carrière, pour donner corps à des principes naissants.

Vous avez été entraineur chez les jeunes, récemment chez les seniors, dans des clubs amateurs et des clubs professionnels. Selon-vous, quel est le rôle de l’entraineur chez les jeunes et est-il identique à celui chez les adultes ? 

Pour moi, il n’y a pas de différence, au-delà du fait qu’évidemment la compétition, la formation et l’apprentissage sont différents selon l’âge des joueurs. Il n’y a pas de différence, parce que peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun. En tant qu’êtres sociaux, cette optimisation ne peut pas s’envisager en extrayant l’individu du réseau de relations dont il fait partie.

Le rôle essentiel dans toutes les catégories d’âge, est d’identifier et découvrir la compétence qui peut être extraite de chaque joueur. Nous sommes des entraîneurs, mais nous ne donnons pas d’outils aux joueurs et nous ne leur apprenons rien. En réalité, nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux.

« Peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun »

En d’autres termes, nous devons rechercher cette émergence qui peut avoir un impact qualitatif important mais, cela n’est possible qu’en tenant compte des capacités d’interaction qui existent dans notre groupe. En d’autres termes, si je veux qu’un joueur apprenne quelque chose, cela ne peut se faire qu’au contact de certains coéquipiers et dans un certain contexte.

Par conséquent, nous devons créer des contextes d’opportunités afin que le joueur puisse exprimer ce qu’il est, ce qui est aussi valable chez des enfants de dix ans, les jeunes de quinze ans ou des adultes de vingt ou trente ans. Que ce soit l’entraîneur de Barcelone, de Manchester City, des U12 du Paris Saint Germain ou des U15 de l’Olympique Lyonnais, tous devraient chercher cela. L’optimisation du joueur passe par l’optimisation du modèle d’organisation, et de la configuration des relations, qui est l’endroit où la compétence est extraite et ce processus est commun à toutes les tranches d’âge.

« Nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux »

Au-delà des résultats et du classement, il faut prendre en compte le fait que les êtres humains sont naturellement compétitifs dès la naissance. Il n’est donc pas nécessaire d’abreuver de compétitivité un être qui l’est déjà naturellement. N’oublions pas, qu’à notre naissance, notre première action est de pleurer parce que nous voulons manger. Nous sommes donc, dès notre premier instant, déjà compétitifs.

Je ne crois pas qu’un entraîneur doive donner un supplément de compétitivité aux joueurs, d’autant qu’il faut faire très attention. Le résultat, à certaines étapes, peut être un facteur limitant dans l’optimisation du joueur. Parler uniquement du score pour relever que le résultat n’est pas satisfaisant, est de mon point de vue limité et il vaut mieux évaluer tout le travail mis en œuvre au regard des capacités des joueurs. L’expression des joueurs, au regard de leurs qualités, est aussi un résultat extrêmement qualitatif.

« Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T »

Par exemple, dans notre championnat U16, nous constatons que cinq ou six équipes sont bien meilleures que la nôtre, il serait logique que ces cinq ou six équipes soient mieux classées à la fin de la saison. Le résultat et la compétition ont également à voir avec le fait que, semaine après semaine, vous percevez que l’équipe évolue et progresse. Selon moi, c’est aussi un résultat qualitatif ! Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T.

Selon vous, l’entraineur est un facilitateur ou mieux, un créateur de contextes favorables. Comment avez-vous mis en place cette approche et vos convictions, lorsque vous étiez à la tête de la sélection nationale U19 du Qatar, un pays très différent culturellement et qui n’est pas hispanophone ? 

Mon expérience au Qatar a été grandement facilitée par ce qui avait été fait auparavant avec cette sélection U19 et la méthodologie mise en place par la fédération. Roberto Olabe, l’actuel directeur du football à la Real Sociedad, a été un personnage central dans cette expérience, puisqu’il a trouvé en moi le profil qui donnait une certaine continuité à ce qui avait été construit.

La sélection était composée de joueurs de niveau très différent, avec trois ou quatre joueurs qui, dans le contexte asiatique, étaient de bons joueurs. Le reste de l’effectif avait un niveau équivalent au quatrième ou cinquième échelon U19 en Espagne.

Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants. Nous avons donc créé un système de relations, un réseau de compétences, qui a permis à l’équipe de très bien jouer lors de plusieurs tournois internationaux et notamment, lors de la coupe d’Asie, que nous avons remportée.

« Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants »

Notre jeu a donc attiré l’attention, ce qui a créé, je pense, l’enthousiasme chez ces jeunes joueurs avec une culture où il est très difficile de se dépasser parce qu’ils ont déjà tout. Dans le monde occidental, dans nos pays, nous nous levons chaque matin pour essayer de gagner notre vie, pour ainsi dire, eux, ont déjà leur vie toute tracée avant même de naître. D’un point de vue matériel, ils vivent dans une bulle, or nous avons considéré qu’il était essentiel, que ces joueurs, ressentent le plaisir de se sentir utiles, par le jeu.

Ce sentiment d’utilité naissant, à travers le jeu, a permis aux joueurs d’être heureux et d’éprouver un sentiment d’efficacité, de plasticité et de former un groupe très enthousiaste, au sein de la société qatarie.  Tout cela, il faut le rendre à Roberto Olabe et à tous les techniciens. Il m’a engagé, lorsqu’il dirigeait la fondation Aspire au Qatar, c’est pourquoi il a eu une grande influence auprès de cette fédération. Felix, l’actuel sélectionneur chez les A, est le symbole de ce travail, après avoir dirigé presque toutes les catégories d’âge dans les sélections nationales.

Ce travail de fond, avec l’intégration des trois ou quatre meilleurs joueurs de chaque génération, a permis de mettre en place une organisation capable de remporter le dernier championnat asiatique. C’est d’autant plus remarquable, qu’il est très difficile de mobiliser ces garçons dont le niveau de motivation intrinsèque n’est pas très élevé, mais il faut souligner la qualité du travail préalable, qui a beaucoup facilité ce que nous avons ensuite fait.

« La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive »

Pour en revenir au rôle de l’entraineur et sa fonction de facilitateur ou de concepteur de contextes favorables, je crois que nous ne pouvons pas favoriser quelque chose qui n’a pas déjà été encouragé au préalable. C’est à ce moment-là que nous devons être assez intelligents, pour trouver une organisation qui relie certains joueurs de manière à ce chacun puisse exprimer quelque chose, qui potentiellement existe déjà, même si nous ne l’avons pas encore vu, ce potentiel est latent.

En tant qu’entraineur, nous sommes donc de véritables explorateurs et notre travail est basé sur la reconnaissance et l’identification des qualités des joueurs, afin que la compétence, présente de manière latente, puisse émerger. La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive. L’équipe est optimisée tout en optimisant le joueur et inversement, ainsi un apprentissage spiralaire est provoqué avec le sentiment partagé de grandir ensemble.

L’entraineur fait donc partie intégrante de la boucle de rétro alimentation composée du joueur, de l’équipe et de l’entraineur, mais comment celui-ci se positionne-t-il dans cette forme spiralaire d’apprentissage ? 

L’entraineur n’occupe pas de place spécifique. Nous faisons partie intégrante de cette boucle, étant donné que tout est interconnecté, que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non. Dans le monde, tout est interconnecté, mais nous allons nous focaliser sur qu’est une équipe de football.

En y regardant de plus près, l’entraineur, lui aussi, a des désirs, des craintes, des contradictions, mais je crois qu’un bon entraîneur est celui qui se demande ce qu’il est dans tout cela. En tant qu’être humain, nous avons aussi des aspirations et nous sommes intrinsèquement entreprenants, dès lors, comment intervenir dans cette dialogique entre ce que je veux être et ce que mon équipe peut être ? Il faut gérer cette contradiction.

« Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants »

Nous devons faire face à cette contradiction, en arrivant dans un club : « j’ai des aspirations en tant qu’être humain » et comme je le disais récemment à Pep Guardiola, « moi aussi, je veux être heureux ». De mon point de vue, de manière intrinsèque, nous sommes interventionnistes, sans même intervenir, sans même vouloir intervenir. Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants.

Notre grande mission, c’est de découvrir la compétence et de favoriser toutes les connexions possibles entre nos joueurs, dans la limite de qu’il est possible de faire. En partant d’une grande quantité de connexions possibles, nous devrons en extraire la qualité et comme nous abordons les connexions, les relations, fatalement, nous abordons la composition de l’équipe et le choix de ceux qui vont débuter le match. En tant qu’entraineur, nous avons la responsabilité de choisir l’équipe idéale, nous intervenons donc, de manière absolue dans tout ce qui se passe.

Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer. Il y a un exemple incroyable avec la carrière de Pep Guardiola, en regardant ses équipes à Barcelone, au Bayern Munich et à Manchester City, les évolutions de ses organisations sont marquées par les qualités, les caractéristiques et les profils des joueurs mais personne ne cesse d’être lui-même, bien au contraire ! Certains joueurs ont découvert des compétences en eux, qu’ils ne pensaient pas avoir, comme Philip Lahm, actuellement Joao Cancelo ou Messi en faux 9, etc.

« Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer »

C’est donc là, tout le savoir-faire de Guardiola, il a construit des équipes et réussi à les faire jouer de manière fluide et naturelle. Tout cela tient au fait que les joueurs font ce qu’ils savent faire, mais de manière différente, avec des qualités différentes, puisque les effectifs sont différents au Barça, au Bayern Munich ou à Manchester City. Pour autant les équipes ont toutes joué d’une façon qui le rend heureux, il a été capable de réunir tout le monde et je pense que c’est le principal travail de l’entraîneur.

Au regard de votre parcours et de la diversité de vos expériences, être heureux devant l’expression collective de son équipe et le partage d’une bulle harmonieuse au sein du club est-il aussi conditionné au fait que la personnalité et les convictions de l’entraineur soient en synergie avec l’identité et les valeurs du club et plus largement du contexte social de la ville, à l’image de Marcelo Bielsa qui semble à l’aise et en réussite dans des villes ouvrières comme Bilbao, Marseille ou Leeds ? 

Oui, je pense que c’est très important. Pour moi, l’être humain a une caractéristique qui lui est propre peu importe l’endroit où il va. Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même.

En ce sens, Marcelo Bielsa s’intègre bien dans ces clubs, dans ces populations, avec sa façon d’être, avec sa façon de vivre. C’est un entraîneur, un homme, qui ne fait pas étalage du luxe, avec de grandes valeurs morales et cela le rend évidemment beaucoup plus proche de ces couches sociales les plus populaires. Les valeurs que Bielsa transmet, sa façon de vivre modestement, bref, tout ce qu’il fait pourrait être fait par n’importe quel citoyen. De ce point de vue, il gagne l’affection des gens, parce qu’ils le voient comme un semblable, avec cette modestie, cette humilité qu’il a au quotidien.

Le plus intéressant, ce sont les qualités d’un entraîneur et sa capacité à ne pas laisser les émotions de côté, puisqu’elles font partie de nous et qu’elles sont orientées par notre façon d’être. En tant qu’entraineur, pour transmettre quelque chose, nous le faisons à partir de l’émotion, si nous ne ressentons pas notre discours, de toute évidence, cette transmission ne pourra  s’opérer.

« Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même »

Les clubs devraient choisir leur entraineur ou s’interroger sur le type d’entraîneur qu’ils souhaitent engager, au regard des valeurs du club. Dans le cas de Leeds, ses valeurs ancestrales, son parcours chaotique dans l’élite et la façon dont le club est intégré dans la ville, correspond très bien à la personnalité de Bielsa et réciproquement.

Pour ma part, je pense que lorsqu’un club m’appelle, ce club sait quel entraineur il contacte, avec une certaine sensibilité, une approche particulière de la compétition, qu’il veut gagner, mais en utilisant des moyens peut-être un peu différents. Et moi, j’imagine qu’ils m’appellent pour ce que je suis, je n’essaie pas d’être quelqu’un que je ne suis pas.

Partout où je suis allé, j’ai essayé d’être moi-même et d’exercer librement tout ce qui a trait à la responsabilité d’entraîneur. Par conséquent, je pense que cette identité doit être utile à quelque chose, comme c’est le cas de Guardiola ou des nombreux entraîneurs étrangers qui exercent dans le championnat anglais.

L’Angleterre avait besoin d’un vent nouveau, d’insuffler de nouveaux concepts, de nouvelles idées car elle était freinée par son histoire et n’évoluait pas. Il se peut donc que vous ayez un rôle de transformateur, que le club qui vous sollicite ait des caractéristiques similaires à ce que vous êtes et que cela ne transformera pas l’idée de départ, mais l’enrichira.

Je pense qu’il est important que les clubs prennent en compte l’homme qu’ils font venir, et pas seulement son palmarès. Parfois, certains entraîneurs n’ont rien gagné pendant dix ans, dans un certain contexte, puis dans un environnement différent, ils commencent à obtenir des résultats grâce à la synergie entre les différentes parties : le club, la ville et l’entraineur, afin que tout puisse parfaitement se combiner.   

Vous utilisez un vocabulaire emprunté aux théories des systèmes dynamiques non linéaires quand vous utilisez les termes de synergie, de contexte, de complexité, d’interaction. Ce courant de pensée influence-t-il votre quotidien ou cela reste un peu éloigné de la réalité de l’entraineur ? 

Absolument pas, c’est même la chose la plus pratique qui soit. Quoi que vous observiez, quel que soit l’être vivant que vous observez, vous ne pouvez l’observer qu’à partir du paradigme qui correspond à la nature du vivant, c’est-à-dire le paradigme de la complexité. La contextualisation relie tout cela, puisque contextualiser, c’est comprendre l’unité et l’interrelation entre le joueur, son environnement, les différents membres d’une équipe et d’un club.

C’est comprendre que les événements ne peuvent pas être observés de manière isolée. Comprendre que tout ce qui se passe dans le jeu (un dégagement, une passe, etc) est lié au système de relations qui permet à une passe de se produire de cette manière particulière et à ce moment précis. Finalement, la pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football.

« La pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football »

Dans un match, il y a un adversaire qui représente une importante perturbation, et c’est pourquoi la question n’est pas de savoir si je veux observer le jeu autrement, c’est juste qu’il n’y a pas d’autre paradigme possible. Je veux dire que vous ne pouvez pas envisager un phénomène complexe à partir d’un paradigme linéaire ou réductionniste. Nous sommes une interaction et les qualités que j’exprime en tant que joueur sont visibles parce qu’il existe une série d’interrelations qui me permettent de les exprimer. Cette interconnexion provoque l’émergence de certains événements, qu’on le veuille ou non.

Je le répète, contextualiser, c’est comprendre l’unité entre le joueur et l’environnement, ainsi que le produit de leur relation. La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités. La pensée complexe, c’est distinguer sans séparer le jeu en phases et en sous-phases, ni fragmenter le joueur avec d’un côté le physique, la tactique, le mental, etc.

On m’a récemment interrogé à propos de l’échec des équipes espagnoles dans les compétitions européennes, en mettant sur la table le déficit physique de nos équipes au regard de la vitesse de Mbappé, par exemple. Mais, la réalité, c’est que Mbappé est tout simplement très bon. J’ai entraîné un certain nombre de joueurs bien plus rapides que lui, mais ils n’ont pas joué au-delà de la Nationale 2.

« La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités »

Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités. La pensée complexe consiste aussi, par exemple, à deviner que la modification spatiale, le changement de position de certains joueurs, permettra de mieux jouer … Ou moins bien.

Prenons l’exemple très significatif, du FC Barcelone, qui a gagné 12 matchs consécutifs en jouant un très bon football pendant 10 semaines. Comment se fait-il que les mêmes 11 joueurs alignés n’aient pas pu être performants avant ? Ces mêmes joueurs mais dans une structure différente, en commençant par les trois d’en bas, et notamment Frenkie de Jong qui permet une meilleure connexion avec ceux de l’intérieur qui peuvent être proches les uns des autres. La distance de relation entre Busquets, Messi, Pedri est modifiée pour mieux se connecter avec Jordi Alba et Sergino Dest qui fixent les extérieurs à différentes hauteurs et dans différentes modalités pour mieux se trouver à l’intérieur.

« Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités »

Pour moi, Griezmann et Dembélé ne participent plus aussi activement à la construction du jeu dans l’espace proche du ballon, pour mieux se dédier à ce qu’ils sont, à savoir des joueurs de pénétration et de finition. Ce nouveau système de relations dans les positions des joueurs a modifié leur distance de relation et fait apparaître un nouveau football, avec les mêmes joueurs.

Ma vie a beaucoup changé depuis une quinzaine d’années, depuis la découverte d’Edgar MorinFritjof Capra ou Werner Heisenberg. Beaucoup d’auteurs m’ont permis de prendre part, en tant qu’observateur, mais aussi en tant que participants et formateurs, à un système de relations et d’observer les événements ou tenter de les comprendre à partir du paradigme le plus approprié.

Le rôle essentiel de l’entraineur est d’observer, mais vos références interpellent, puisque vous citez beaucoup de personnes finalement assez éloignées du football. Se former de manière continue en lisant des auteurs comme Edgard Morin, consulter des chercheurs comme Carlota Torrents ou des professeurs comme Paco Seirul-lo, cette ouverture perpétuelle d’esprit vous aide dans votre travail d’observation au quotidien ? 

Je crois que le football n’est pas en dehors de quoi que ce soit et que personne n’est en dehors de quoi que ce soit, même si je comprends bien votre question puisque cela m’arrive aussi. Ce n’est pas facile pour un entraineur de transmettre verbalement, car les mots sont des éléments d’un langage créé à partir d’un paradigme simpliste. Chaque fois que nous exprimons une idée, nous l’exprimons d’un point de vue définitif puisque nous voulons définir les choses, mais le mot en lui-même ne reflète pas votre esprit, c’est juste le mot que vous utilisez. J’écris un livre en ce moment et dans une partie…

Vous voyez, je l’ai dit : « dans une partie » du livre. Le mot « partie » est réducteur, presque aveuglant, mais la langue ne me permet pas d’utiliser un autre terme. C’est précisément un sujet que j’aborde dans le livre.

« Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants. »

C’est pour moi, de plus en plus difficile d’écrire, parce qu’il y a des termes, des mots que nous avons conçus de telle manière, qu’ils s’opposent les uns aux autres. Nous pouvons prendre l’exemple de l’égoïsme et de l’altruisme, qui sont deux faces d’une même pièce de monnaie, à l’image de ce que nous avons évoqué sur la relation entre mon équipe et l’équipe adverse. Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants.

Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement. Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective. Tout ce que nous pensons est conditionné par la manière dont nos connaissances sont construites or nous ne pouvons percevoir que ce que nous connaissons, aussi chaque événement est ouvert à de multiples interprétations, dans la mesure des capacités du cerveau humain.

Finalement tout dépend de nous. Lorsque nous approchons un phénomène, nous l’interrogeons et en même temps, nous nous interrogeons sur ce que nous percevons et concevons. Si tout dépend de notre questionnement, nous devrions le remettre en cause afin de trouver ce paradigme à partir duquel nous pourrions comprendre notre observation, tout en étant intégré à ce que nous nous observons.

« Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement »

Une des grandes qualités du football, c’est d’offrir cela. En réalité, le joueur n’a pas besoin de comprendre le jeu, puisque le jeu n’est rien en soi, si ce n’est ce que les joueurs produisent. C’est ce que nous appelons le jeu. Si le jeu est le produit du joueur, dans une boucle récursive, alors le joueur doit se comprendre et comprendre les autres, dans les différentes formes de relation que nous entretenons pendant que nous jouons dans un contexte variable.

En d’autres termes, les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires. Selon moi, c’est là que réside la grande connaissance. Imaginez qu’un joueur se connaisse assez bien et qu’il comprenne les formes d’interactions favorables au jeu de son équipe, sans être prisonnier de la mécanique des différents postes.

D’ailleurs, aucun comportement ne peut être figé, enfermé dans un poste. Dans un sport ouvert comme le football, cela n’a aucun sens. Aussi, nous devons revoir la manière dont nous pensons construire la connaissance avec les joueurs, et cela nous rapproche inexorablement de personnes, comme Edgar Morin.

« Les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires »

Pourquoi ne pas s’intéresser à Edgar Morin s’il peut apporter la richesse pour nous permettre de mieux jouer et gagner plus de matchs de football ? D’autant que, l’entraineur, dans tout ce processus méthodologique, est celui qui doit reconnaître les capacités tout en comprenant que ce que nous observons et analysons ce sont les joueurs. Qui sont-ils ? Qui sont-ils dans le jeu ? Sachant que les joueurs sont de nature interactive et eux-mêmes des systèmes dynamiques et complexes.

Nous ne disons pas que Guardiola a découvert en Cancelo un milieu de terrain, parce que Cancelo avait les capacités motrices pour faire ce qu’on lui demande tout en prenant en compte ce qu’il est intrinsèquement au sein des relations du tissu global de cette équipe. Il est possible, qu’en évoluant dans une autre équipe, il ne saurait peut-être pas comment jouer ce rôle au milieu de terrain puisqu’il est aussi dépendant de son environnement, des partenaires autour de lui, des relations qu’il entretient avec eux.

« Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective »

L’entraîneur, à partir de l’entraînement et du match qui sont les deux faces d’une même pièce, puisque nous participons à un championnat et que nous entraînons, doit tenter de provoquer et répondre aux contextes, qui ne sont rien d’autre que des opportunités pour exprimer naturellement la meilleure version de l’équipe. Voilà ce qu’est pour moi le coaching, il n’y a pas d’autre moyen. Les grands coachs nous le prouvent en allant vers un produit vivant, c’est-à-dire la relation.

Nous sommes connectés et, que nous le voulions ou pas, nous ne sommes étrangers à rien, c’est pourquoi je m’ouvre au maximum. Il y a un livre de Fritjof Capra qui s’appelle « Le Tao de la physique » qui explique certains parallèles évidents entre le mysticisme oriental et la science moderne. Ces parallèles sont pour moi évidents et expliquent pourquoi je considère qu’Edgar Morin est l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du football, au même titre que Guardiola ou Klopp, sont parmi les meilleurs scientifiques de l’histoire.

Entraineur de football, directeur sportif et auteur de nombreux ouvrages sur le « jeu des jeux » (Paco Seirul lo), Óscar Cano Moreno a partagé sa vision iconoclaste du football, partout où il est passé.

Convaincu par l’approche systémique, nous lui avons donc demandé de nous parler de son parcours et de définir ce qu’est, pour lui, le rôle de l’entraineur.

Comment avez-vous débuté votre carrière d’entraineur de football et pourquoi avez-vous choisi de vous rapprocher de Juan Antón, illustre entraineur de handball et professeur à l’université de Grenade ? 

Quand j’ai commencé à entrainer, je me souviens que je n’avais pas vocation à être coach. Dans le quartier où j’ai grandi, il y avait un club de football et ils ne trouvaient pas d’entraîneur pour un groupe d’enfants de 10-11 ans, alors ils m’ont proposé de m’en occuper. Comme la plupart des enfants étaient mes voisins et leurs parents étaient des amis, j’ai accepté. J’avais aussi précisé que je ne prendrai le groupe que pendant une semaine, le temps qu’ils puissent trouver un coach.

Mais au cours de cette semaine-là, j’ai pris conscience des responsabilités de ce rôle, car les parents et la famille des joueurs m’appelaient tous les jours pour que je parle aux enfants de l’importance de bien manger, d’aller à l’école et qu’il était essentiel d’être attentif en classe. Aussi, j’ai demandé au club de prolonger l’expérience un peu plus longtemps … C’est à ce moment-là, que je me suis rapproché de Juan Antón, qui est de mon point de vue, la personne qui a le mieux formalisé la logique interne des sports collectifs.

« Je n’avais pas vocation à être coach »

A l’époque, il était professeur à l’université de Grenade, je connaissais certains de ses livres et j’ai décidé de lui demander l’autorisation d’assister à ses cours comme auditeur libre. C’est comme cela que j’ai suivi ses cours pendant deux ans et demi, sans même être inscrit à l’université. A mes yeux, Juan Antón a été une personne ressource essentielle dans l’organisation des idées à propos du jeu, dans le cadre de la pensée complexe. 

Évidemment, il est très important, que ce mode de pensée n’aille pas à l’encontre de la véritable logique du football, de ses caractéristiques, bref, de son essence. Juan représentait tout cela et le voir donner des cours avec une telle passion, un tel amour pour son sport, à susciter une vocation. Il est un pilier fondamental pour moi. Aujourd’hui, nos contacts sont moins nombreux, mais chaque fois qu’il publie un livre, et dernièrement il en a publié plusieurs, nous nous contactons et nous en discutons.

Plus que la connaissance du jeu ou des principes tactiques, Juan Antón vous a transmis l’amour du jeu mais plus encore l’amour des joueurs et plus encore de la transmission ?  

Oui, c’est une transmission globale. Je pense que la relation avec Juan a fait émerger chez moi, ou plus précisément, a optimisé ma passion pour le football, enfin pour un certain type de football. En plus, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé dans la compréhension des concepts tactiques, non seulement pour les organiser, mais aussi pour envisager leur logique intrinsèque qui est déterminée par la manière dont ils se manifestent.

C’est-à-dire que les principes ne sont pas figés, évidemment selon les circonstances ils auront un dénominateur commun, mais surtout ils ont une pluralité. Or, cette pluralité est fondée sur les qualités des joueurs. Par exemple, si vous jouez un deux contre un, cette situation ne représentera pas la même chose pour Mbappé et Griezmann que pour vous ou moi, n’est-ce pas ?

Juan nous a beaucoup apporté, sur la définition des principes tactiques fondamentaux, mais aussi sur le fait d’appréhender ces concepts tactiques avec une définition variable, selon les conditions de leur manifestation et en fonction des qualités des joueurs. Personne ne joue au football de la même manière. Chaque personne, chaque joueur, chaque groupe ou chaque interaction est différent. Juan a été un phare dans la nuit de mon début de carrière, pour donner corps à des principes naissants.

Vous avez été entraineur chez les jeunes, récemment chez les seniors, dans des clubs amateurs et des clubs professionnels. Selon-vous, quel est le rôle de l’entraineur chez les jeunes et est-il identique à celui chez les adultes ? 

Pour moi, il n’y a pas de différence, au-delà du fait qu’évidemment la compétition, la formation et l’apprentissage sont différents selon l’âge des joueurs. Il n’y a pas de différence, parce que peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun. En tant qu’êtres sociaux, cette optimisation ne peut pas s’envisager en extrayant l’individu du réseau de relations dont il fait partie.

Le rôle essentiel dans toutes les catégories d’âge, est d’identifier et découvrir la compétence qui peut être extraite de chaque joueur. Nous sommes des entraîneurs, mais nous ne donnons pas d’outils aux joueurs et nous ne leur apprenons rien. En réalité, nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux.

« Peu importe l’âge des joueurs, le but est d’optimiser le potentiel de chacun »

En d’autres termes, nous devons rechercher cette émergence qui peut avoir un impact qualitatif important mais, cela n’est possible qu’en tenant compte des capacités d’interaction qui existent dans notre groupe. En d’autres termes, si je veux qu’un joueur apprenne quelque chose, cela ne peut se faire qu’au contact de certains coéquipiers et dans un certain contexte.

Par conséquent, nous devons créer des contextes d’opportunités afin que le joueur puisse exprimer ce qu’il est, ce qui est aussi valable chez des enfants de dix ans, les jeunes de quinze ans ou des adultes de vingt ou trente ans. Que ce soit l’entraîneur de Barcelone, de Manchester City, des U12 du Paris Saint Germain ou des U15 de l’Olympique Lyonnais, tous devraient chercher cela. L’optimisation du joueur passe par l’optimisation du modèle d’organisation, et de la configuration des relations, qui est l’endroit où la compétence est extraite et ce processus est commun à toutes les tranches d’âge.

« Nous sommes des explorateurs, non pas de ce que les joueurs savent eux-mêmes mais davantage des compétences qu’ils partagent entre eux »

Au-delà des résultats et du classement, il faut prendre en compte le fait que les êtres humains sont naturellement compétitifs dès la naissance. Il n’est donc pas nécessaire d’abreuver de compétitivité un être qui l’est déjà naturellement. N’oublions pas, qu’à notre naissance, notre première action est de pleurer parce que nous voulons manger. Nous sommes donc, dès notre premier instant, déjà compétitifs.

Je ne crois pas qu’un entraîneur doive donner un supplément de compétitivité aux joueurs, d’autant qu’il faut faire très attention. Le résultat, à certaines étapes, peut être un facteur limitant dans l’optimisation du joueur. Parler uniquement du score pour relever que le résultat n’est pas satisfaisant, est de mon point de vue limité et il vaut mieux évaluer tout le travail mis en œuvre au regard des capacités des joueurs. L’expression des joueurs, au regard de leurs qualités, est aussi un résultat extrêmement qualitatif.

« Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T »

Par exemple, dans notre championnat U16, nous constatons que cinq ou six équipes sont bien meilleures que la nôtre, il serait logique que ces cinq ou six équipes soient mieux classées à la fin de la saison. Le résultat et la compétition ont également à voir avec le fait que, semaine après semaine, vous percevez que l’équipe évolue et progresse. Selon moi, c’est aussi un résultat qualitatif ! Nous devrions élargir la notion de résultat car il est important d’évaluer la qualité de vos idées ainsi que le processus d’optimisation de tous les joueurs, indépendamment du niveau supérieur de nos adversaires, à l’instant T.

Selon vous, l’entraineur est un facilitateur ou mieux, un créateur de contextes favorables. Comment avez-vous mis en place cette approche et vos convictions, lorsque vous étiez à la tête de la sélection nationale U19 du Qatar, un pays très différent culturellement et qui n’est pas hispanophone ? 

Mon expérience au Qatar a été grandement facilitée par ce qui avait été fait auparavant avec cette sélection U19 et la méthodologie mise en place par la fédération. Roberto Olabe, l’actuel directeur du football à la Real Sociedad, a été un personnage central dans cette expérience, puisqu’il a trouvé en moi le profil qui donnait une certaine continuité à ce qui avait été construit.

La sélection était composée de joueurs de niveau très différent, avec trois ou quatre joueurs qui, dans le contexte asiatique, étaient de bons joueurs. Le reste de l’effectif avait un niveau équivalent au quatrième ou cinquième échelon U19 en Espagne.

Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants. Nous avons donc créé un système de relations, un réseau de compétences, qui a permis à l’équipe de très bien jouer lors de plusieurs tournois internationaux et notamment, lors de la coupe d’Asie, que nous avons remportée.

« Nous avons essayé d’identifier précisément certains modèles de connexion entre les joueurs, d’un point de vue structurel. C’est-à-dire, identifier une organisation qui pouvait nous permettre d’avoir une équipe fonctionnelle, au sein de laquelle la position de certains joueurs pouvait influencer très positivement les joueurs moins performants »

Notre jeu a donc attiré l’attention, ce qui a créé, je pense, l’enthousiasme chez ces jeunes joueurs avec une culture où il est très difficile de se dépasser parce qu’ils ont déjà tout. Dans le monde occidental, dans nos pays, nous nous levons chaque matin pour essayer de gagner notre vie, pour ainsi dire, eux, ont déjà leur vie toute tracée avant même de naître. D’un point de vue matériel, ils vivent dans une bulle, or nous avons considéré qu’il était essentiel, que ces joueurs, ressentent le plaisir de se sentir utiles, par le jeu.

Ce sentiment d’utilité naissant, à travers le jeu, a permis aux joueurs d’être heureux et d’éprouver un sentiment d’efficacité, de plasticité et de former un groupe très enthousiaste, au sein de la société qatarie.  Tout cela, il faut le rendre à Roberto Olabe et à tous les techniciens. Il m’a engagé, lorsqu’il dirigeait la fondation Aspire au Qatar, c’est pourquoi il a eu une grande influence auprès de cette fédération. Felix, l’actuel sélectionneur chez les A, est le symbole de ce travail, après avoir dirigé presque toutes les catégories d’âge dans les sélections nationales.

Ce travail de fond, avec l’intégration des trois ou quatre meilleurs joueurs de chaque génération, a permis de mettre en place une organisation capable de remporter le dernier championnat asiatique. C’est d’autant plus remarquable, qu’il est très difficile de mobiliser ces garçons dont le niveau de motivation intrinsèque n’est pas très élevé, mais il faut souligner la qualité du travail préalable, qui a beaucoup facilité ce que nous avons ensuite fait.

« La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive »

Pour en revenir au rôle de l’entraineur et sa fonction de facilitateur ou de concepteur de contextes favorables, je crois que nous ne pouvons pas favoriser quelque chose qui n’a pas déjà été encouragé au préalable. C’est à ce moment-là que nous devons être assez intelligents, pour trouver une organisation qui relie certains joueurs de manière à ce chacun puisse exprimer quelque chose, qui potentiellement existe déjà, même si nous ne l’avons pas encore vu, ce potentiel est latent.

En tant qu’entraineur, nous sommes donc de véritables explorateurs et notre travail est basé sur la reconnaissance et l’identification des qualités des joueurs, afin que la compétence, présente de manière latente, puisse émerger. La fonction principale de l’entraîneur est, je le répète, de découvrir et de créer des contextes ou certains modèles d’organisation permettent d’optimiser le joueur, dans une boucle récursive. L’équipe est optimisée tout en optimisant le joueur et inversement, ainsi un apprentissage spiralaire est provoqué avec le sentiment partagé de grandir ensemble.

L’entraineur fait donc partie intégrante de la boucle de rétro alimentation composée du joueur, de l’équipe et de l’entraineur, mais comment celui-ci se positionne-t-il dans cette forme spiralaire d’apprentissage ? 

L’entraineur n’occupe pas de place spécifique. Nous faisons partie intégrante de cette boucle, étant donné que tout est interconnecté, que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non. Dans le monde, tout est interconnecté, mais nous allons nous focaliser sur qu’est une équipe de football.

En y regardant de plus près, l’entraineur, lui aussi, a des désirs, des craintes, des contradictions, mais je crois qu’un bon entraîneur est celui qui se demande ce qu’il est dans tout cela. En tant qu’être humain, nous avons aussi des aspirations et nous sommes intrinsèquement entreprenants, dès lors, comment intervenir dans cette dialogique entre ce que je veux être et ce que mon équipe peut être ? Il faut gérer cette contradiction.

« Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants »

Nous devons faire face à cette contradiction, en arrivant dans un club : « j’ai des aspirations en tant qu’être humain » et comme je le disais récemment à Pep Guardiola, « moi aussi, je veux être heureux ». De mon point de vue, de manière intrinsèque, nous sommes interventionnistes, sans même intervenir, sans même vouloir intervenir. Nous devrions complètement changer le paradigme à partir duquel nous observons la réalité, en sachant que l’observateur fait partie de l’observation, par conséquent, nous ne sommes pas de simples observateurs mais des participants.

Notre grande mission, c’est de découvrir la compétence et de favoriser toutes les connexions possibles entre nos joueurs, dans la limite de qu’il est possible de faire. En partant d’une grande quantité de connexions possibles, nous devrons en extraire la qualité et comme nous abordons les connexions, les relations, fatalement, nous abordons la composition de l’équipe et le choix de ceux qui vont débuter le match. En tant qu’entraineur, nous avons la responsabilité de choisir l’équipe idéale, nous intervenons donc, de manière absolue dans tout ce qui se passe.

Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer. Il y a un exemple incroyable avec la carrière de Pep Guardiola, en regardant ses équipes à Barcelone, au Bayern Munich et à Manchester City, les évolutions de ses organisations sont marquées par les qualités, les caractéristiques et les profils des joueurs mais personne ne cesse d’être lui-même, bien au contraire ! Certains joueurs ont découvert des compétences en eux, qu’ils ne pensaient pas avoir, comme Philip Lahm, actuellement Joao Cancelo ou Messi en faux 9, etc.

« Indépendamment des résultats variables et incertains qui sont inhérents au football, nous devons faire ce que parviennent à faire les grands entraîneurs, à savoir être content de voir jouer leur équipe sans la dénaturer »

C’est donc là, tout le savoir-faire de Guardiola, il a construit des équipes et réussi à les faire jouer de manière fluide et naturelle. Tout cela tient au fait que les joueurs font ce qu’ils savent faire, mais de manière différente, avec des qualités différentes, puisque les effectifs sont différents au Barça, au Bayern Munich ou à Manchester City. Pour autant les équipes ont toutes joué d’une façon qui le rend heureux, il a été capable de réunir tout le monde et je pense que c’est le principal travail de l’entraîneur.

Au regard de votre parcours et de la diversité de vos expériences, être heureux devant l’expression collective de son équipe et le partage d’une bulle harmonieuse au sein du club est-il aussi conditionné au fait que la personnalité et les convictions de l’entraineur soient en synergie avec l’identité et les valeurs du club et plus largement du contexte social de la ville, à l’image de Marcelo Bielsa qui semble à l’aise et en réussite dans des villes ouvrières comme Bilbao, Marseille ou Leeds ? 

Oui, je pense que c’est très important. Pour moi, l’être humain a une caractéristique qui lui est propre peu importe l’endroit où il va. Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même.

En ce sens, Marcelo Bielsa s’intègre bien dans ces clubs, dans ces populations, avec sa façon d’être, avec sa façon de vivre. C’est un entraîneur, un homme, qui ne fait pas étalage du luxe, avec de grandes valeurs morales et cela le rend évidemment beaucoup plus proche de ces couches sociales les plus populaires. Les valeurs que Bielsa transmet, sa façon de vivre modestement, bref, tout ce qu’il fait pourrait être fait par n’importe quel citoyen. De ce point de vue, il gagne l’affection des gens, parce qu’ils le voient comme un semblable, avec cette modestie, cette humilité qu’il a au quotidien.

Le plus intéressant, ce sont les qualités d’un entraîneur et sa capacité à ne pas laisser les émotions de côté, puisqu’elles font partie de nous et qu’elles sont orientées par notre façon d’être. En tant qu’entraineur, pour transmettre quelque chose, nous le faisons à partir de l’émotion, si nous ne ressentons pas notre discours, de toute évidence, cette transmission ne pourra  s’opérer.

« Nous avons un rôle de transformation, pas seulement d’adaptation. C’est-à-dire qu’un entraineur, mais avant tout une personne, arrive avec ses ressources, ses idées et en somme, elle ne peut s’empêcher d’être elle-même »

Les clubs devraient choisir leur entraineur ou s’interroger sur le type d’entraîneur qu’ils souhaitent engager, au regard des valeurs du club. Dans le cas de Leeds, ses valeurs ancestrales, son parcours chaotique dans l’élite et la façon dont le club est intégré dans la ville, correspond très bien à la personnalité de Bielsa et réciproquement.

Pour ma part, je pense que lorsqu’un club m’appelle, ce club sait quel entraineur il contacte, avec une certaine sensibilité, une approche particulière de la compétition, qu’il veut gagner, mais en utilisant des moyens peut-être un peu différents. Et moi, j’imagine qu’ils m’appellent pour ce que je suis, je n’essaie pas d’être quelqu’un que je ne suis pas.

Partout où je suis allé, j’ai essayé d’être moi-même et d’exercer librement tout ce qui a trait à la responsabilité d’entraîneur. Par conséquent, je pense que cette identité doit être utile à quelque chose, comme c’est le cas de Guardiola ou des nombreux entraîneurs étrangers qui exercent dans le championnat anglais.

L’Angleterre avait besoin d’un vent nouveau, d’insuffler de nouveaux concepts, de nouvelles idées car elle était freinée par son histoire et n’évoluait pas. Il se peut donc que vous ayez un rôle de transformateur, que le club qui vous sollicite ait des caractéristiques similaires à ce que vous êtes et que cela ne transformera pas l’idée de départ, mais l’enrichira.

Je pense qu’il est important que les clubs prennent en compte l’homme qu’ils font venir, et pas seulement son palmarès. Parfois, certains entraîneurs n’ont rien gagné pendant dix ans, dans un certain contexte, puis dans un environnement différent, ils commencent à obtenir des résultats grâce à la synergie entre les différentes parties : le club, la ville et l’entraineur, afin que tout puisse parfaitement se combiner.   

Vous utilisez un vocabulaire emprunté aux théories des systèmes dynamiques non linéaires quand vous utilisez les termes de synergie, de contexte, de complexité, d’interaction. Ce courant de pensée influence-t-il votre quotidien ou cela reste un peu éloigné de la réalité de l’entraineur ? 

Absolument pas, c’est même la chose la plus pratique qui soit. Quoi que vous observiez, quel que soit l’être vivant que vous observez, vous ne pouvez l’observer qu’à partir du paradigme qui correspond à la nature du vivant, c’est-à-dire le paradigme de la complexité. La contextualisation relie tout cela, puisque contextualiser, c’est comprendre l’unité et l’interrelation entre le joueur, son environnement, les différents membres d’une équipe et d’un club.

C’est comprendre que les événements ne peuvent pas être observés de manière isolée. Comprendre que tout ce qui se passe dans le jeu (un dégagement, une passe, etc) est lié au système de relations qui permet à une passe de se produire de cette manière particulière et à ce moment précis. Finalement, la pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football.

« La pensée complexe nous invite à voir les choses telles qu’elles sont, c’est-à-dire liées, interconnectées, sensibles aux perturbations émergentes dans le contexte du football »

Dans un match, il y a un adversaire qui représente une importante perturbation, et c’est pourquoi la question n’est pas de savoir si je veux observer le jeu autrement, c’est juste qu’il n’y a pas d’autre paradigme possible. Je veux dire que vous ne pouvez pas envisager un phénomène complexe à partir d’un paradigme linéaire ou réductionniste. Nous sommes une interaction et les qualités que j’exprime en tant que joueur sont visibles parce qu’il existe une série d’interrelations qui me permettent de les exprimer. Cette interconnexion provoque l’émergence de certains événements, qu’on le veuille ou non.

Je le répète, contextualiser, c’est comprendre l’unité entre le joueur et l’environnement, ainsi que le produit de leur relation. La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités. La pensée complexe, c’est distinguer sans séparer le jeu en phases et en sous-phases, ni fragmenter le joueur avec d’un côté le physique, la tactique, le mental, etc.

On m’a récemment interrogé à propos de l’échec des équipes espagnoles dans les compétitions européennes, en mettant sur la table le déficit physique de nos équipes au regard de la vitesse de Mbappé, par exemple. Mais, la réalité, c’est que Mbappé est tout simplement très bon. J’ai entraîné un certain nombre de joueurs bien plus rapides que lui, mais ils n’ont pas joué au-delà de la Nationale 2.

« La pensée complexe m’a appris que l’équipe adverse n’est pas seulement un adversaire, c’est aussi un facilitateur. C’est donc autant mon ennemi, que mon ami, parce que lorsqu’il court-circuite certaines connexions, il élargit ma palette en ouvrant le champ de nouvelles opportunités »

Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités. La pensée complexe consiste aussi, par exemple, à deviner que la modification spatiale, le changement de position de certains joueurs, permettra de mieux jouer … Ou moins bien.

Prenons l’exemple très significatif, du FC Barcelone, qui a gagné 12 matchs consécutifs en jouant un très bon football pendant 10 semaines. Comment se fait-il que les mêmes 11 joueurs alignés n’aient pas pu être performants avant ? Ces mêmes joueurs mais dans une structure différente, en commençant par les trois d’en bas, et notamment Frenkie de Jong qui permet une meilleure connexion avec ceux de l’intérieur qui peuvent être proches les uns des autres. La distance de relation entre Busquets, Messi, Pedri est modifiée pour mieux se connecter avec Jordi Alba et Sergino Dest qui fixent les extérieurs à différentes hauteurs et dans différentes modalités pour mieux se trouver à l’intérieur.

« Kylian Mbappé est un très bon joueur, mais j’imagine qu’il évolue aussi dans un système de relations qui lui permet d’être au meilleur de ses possibilités »

Pour moi, Griezmann et Dembélé ne participent plus aussi activement à la construction du jeu dans l’espace proche du ballon, pour mieux se dédier à ce qu’ils sont, à savoir des joueurs de pénétration et de finition. Ce nouveau système de relations dans les positions des joueurs a modifié leur distance de relation et fait apparaître un nouveau football, avec les mêmes joueurs.

Ma vie a beaucoup changé depuis une quinzaine d’années, depuis la découverte d’Edgar MorinFritjof Capra ou Werner Heisenberg. Beaucoup d’auteurs m’ont permis de prendre part, en tant qu’observateur, mais aussi en tant que participants et formateurs, à un système de relations et d’observer les événements ou tenter de les comprendre à partir du paradigme le plus approprié.

Le rôle essentiel de l’entraineur est d’observer, mais vos références interpellent, puisque vous citez beaucoup de personnes finalement assez éloignées du football. Se former de manière continue en lisant des auteurs comme Edgard Morin, consulter des chercheurs comme Carlota Torrents ou des professeurs comme Paco Seirul-lo, cette ouverture perpétuelle d’esprit vous aide dans votre travail d’observation au quotidien ? 

Je crois que le football n’est pas en dehors de quoi que ce soit et que personne n’est en dehors de quoi que ce soit, même si je comprends bien votre question puisque cela m’arrive aussi. Ce n’est pas facile pour un entraineur de transmettre verbalement, car les mots sont des éléments d’un langage créé à partir d’un paradigme simpliste. Chaque fois que nous exprimons une idée, nous l’exprimons d’un point de vue définitif puisque nous voulons définir les choses, mais le mot en lui-même ne reflète pas votre esprit, c’est juste le mot que vous utilisez. J’écris un livre en ce moment et dans une partie…

Vous voyez, je l’ai dit : « dans une partie » du livre. Le mot « partie » est réducteur, presque aveuglant, mais la langue ne me permet pas d’utiliser un autre terme. C’est précisément un sujet que j’aborde dans le livre.

« Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants. »

C’est pour moi, de plus en plus difficile d’écrire, parce qu’il y a des termes, des mots que nous avons conçus de telle manière, qu’ils s’opposent les uns aux autres. Nous pouvons prendre l’exemple de l’égoïsme et de l’altruisme, qui sont deux faces d’une même pièce de monnaie, à l’image de ce que nous avons évoqué sur la relation entre mon équipe et l’équipe adverse. Pour en revenir à Edgard Morin, je pense qu’il n’est pas éloigné du football et que le football ne l’est pas d’Edgar Morin, puisque nous parlons d’organisations humaines et pour ainsi dire, les mêmes principes sont utilisés dans tout système constitué d’êtres vivants.

Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement. Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective. Tout ce que nous pensons est conditionné par la manière dont nos connaissances sont construites or nous ne pouvons percevoir que ce que nous connaissons, aussi chaque événement est ouvert à de multiples interprétations, dans la mesure des capacités du cerveau humain.

Finalement tout dépend de nous. Lorsque nous approchons un phénomène, nous l’interrogeons et en même temps, nous nous interrogeons sur ce que nous percevons et concevons. Si tout dépend de notre questionnement, nous devrions le remettre en cause afin de trouver ce paradigme à partir duquel nous pourrions comprendre notre observation, tout en étant intégré à ce que nous nous observons.

« Le football n’est pas différent de la nature, d’une forêt, comme une entreprise n’est pas très différente d’une équipe de football, tous les êtres vivants cherchent une forme d’expression efficace dans leur environnement »

Une des grandes qualités du football, c’est d’offrir cela. En réalité, le joueur n’a pas besoin de comprendre le jeu, puisque le jeu n’est rien en soi, si ce n’est ce que les joueurs produisent. C’est ce que nous appelons le jeu. Si le jeu est le produit du joueur, dans une boucle récursive, alors le joueur doit se comprendre et comprendre les autres, dans les différentes formes de relation que nous entretenons pendant que nous jouons dans un contexte variable.

En d’autres termes, les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires. Selon moi, c’est là que réside la grande connaissance. Imaginez qu’un joueur se connaisse assez bien et qu’il comprenne les formes d’interactions favorables au jeu de son équipe, sans être prisonnier de la mécanique des différents postes.

D’ailleurs, aucun comportement ne peut être figé, enfermé dans un poste. Dans un sport ouvert comme le football, cela n’a aucun sens. Aussi, nous devons revoir la manière dont nous pensons construire la connaissance avec les joueurs, et cela nous rapproche inexorablement de personnes, comme Edgar Morin.

« Les joueurs doivent identifier comment devenir les meilleurs possibles, pour eux-mêmes, leurs coéquipiers et leurs adversaires »

Pourquoi ne pas s’intéresser à Edgar Morin s’il peut apporter la richesse pour nous permettre de mieux jouer et gagner plus de matchs de football ? D’autant que, l’entraineur, dans tout ce processus méthodologique, est celui qui doit reconnaître les capacités tout en comprenant que ce que nous observons et analysons ce sont les joueurs. Qui sont-ils ? Qui sont-ils dans le jeu ? Sachant que les joueurs sont de nature interactive et eux-mêmes des systèmes dynamiques et complexes.

Nous ne disons pas que Guardiola a découvert en Cancelo un milieu de terrain, parce que Cancelo avait les capacités motrices pour faire ce qu’on lui demande tout en prenant en compte ce qu’il est intrinsèquement au sein des relations du tissu global de cette équipe. Il est possible, qu’en évoluant dans une autre équipe, il ne saurait peut-être pas comment jouer ce rôle au milieu de terrain puisqu’il est aussi dépendant de son environnement, des partenaires autour de lui, des relations qu’il entretient avec eux.

« Celui qui observe n’est pas un objet, il est un sujet, par conséquent, toute observation et toute idée est une opinion. Elle n’est donc pas objective, mais subjective »

L’entraîneur, à partir de l’entraînement et du match qui sont les deux faces d’une même pièce, puisque nous participons à un championnat et que nous entraînons, doit tenter de provoquer et répondre aux contextes, qui ne sont rien d’autre que des opportunités pour exprimer naturellement la meilleure version de l’équipe. Voilà ce qu’est pour moi le coaching, il n’y a pas d’autre moyen. Les grands coachs nous le prouvent en allant vers un produit vivant, c’est-à-dire la relation.

Nous sommes connectés et, que nous le voulions ou pas, nous ne sommes étrangers à rien, c’est pourquoi je m’ouvre au maximum. Il y a un livre de Fritjof Capra qui s’appelle « Le Tao de la physique » qui explique certains parallèles évidents entre le mysticisme oriental et la science moderne. Ces parallèles sont pour moi évidents et expliquent pourquoi je considère qu’Edgar Morin est l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du football, au même titre que Guardiola ou Klopp, sont parmi les meilleurs scientifiques de l’histoire.

DEVENIR EDUCATEUR ou ENTRAINEUR DE FOOTBALL

Entraîneurs et éducateurs ont deux rôles prépondérants dans le monde du foot. Bien que leurs missions soient différentes, ces 2 professionnels sont totalement complémentaires sur le terrain. Découvrez ces métiers en détail. 

Qu’est-ce qu’un éducateur de football ?

L’éducateur de football a pour mission d’organiser et d’animer des séances pour des jeunes filles ou des jeunes garçons afin de les guider dans leur apprentissage du jeu et leur évolution future dans ce sport. Leur objectif est de leur permettre de progresser selon des objectifs fixés et des échéances (championnats, coupes) tout en veillant à leur sécurité. 

L’éducateur de football met en place des exercices adaptés au niveau de l’équipe, analyse et corrige les gestes, accompagne lors des rencontres sportives pour les coacher. 

La plupart des éducateurs de football ne travaillent pas à plein temps pour un seul employeur et beaucoup sont bénévoles. Il a donc tout intérêt à être polyvalent et à pouvoir exercer un autre métier en parallèle, ce qui lui donnera un bon équilibre personnel et un épanouissement.

Qu’est-ce qu’un entraîneur de football ?

L’entraîneur a pour mission d’encadrer une équipe pour l’emmener au plus haut niveau possible. Pour cela, il doit réussir à créer une cohésion de groupe et assurer une dynamique collective. Souvent ancien joueur de football lui-même (mais pas obligatoirement), l’entraîneur de football transmet son savoir, ses valeurs et les valeurs du sport.

L’entraîneur sera responsable de la sélection, des performances et des résultats de l’équipe. 

Souvent hommes de l’ombre, leur objectif premier est d’améliorer la compétence sportive.

Certains éducateurs ou entraîneurs exercent au sein d’organisations non compétitives, c’est-à-dire ne participant pas à des championnats professionnels. Dans ce cas, ils ont un rôle lié davantage à l’animation et à l’éducation sportive.

Charisme et leadership

L’entraîneur sportif doit posséder un charisme naturel pour savoir s’imposer tout en faisant preuve de diplomatie et de tact. Il doit également savoir tirer le meilleur de son équipe et créer une vraie cohésion pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même.

Rigueur et organisation

L’entraîneur dicte ses stratégies et sélections, et ces dernières ne doivent pas être discutés. Il assume l’entière responsabilité de ses choix et des performances qui en découlent. Rigueur et organisation sont donc indispensables.

Observateur

Faire les bons choix de joueur et savoir déceler le potentiel de chacun est un exercice difficile mais indispensable pour tout bon éducateur ou entraîneur de football. 

Excellente connaissance du jeu

L’une des qualités primordiales que doit posséder un entraîneur de football est inévitablement d’avoir été un bon joueur lui-même ou au moins de connaître parfaitement les exigences du jeu.

Certificat Fédéral de Football (1, 2 et 3)

Accessible dès 16 ans, ces certifications permettent entraîner des enfants à partir de 7 ans jusqu’aux seniors.  Elles sont dispensées dans un District par module et présentent les caractéristiques du public, de l’entraînement et de la posture pédagogique.

BMF (Brevet de moniteur de Football)

Titre à finalité professionnelle de niveau 4, il s’oriente sur la responsabilité générale du club de base et présente l’avantage d’être accessible sous différentes formes : capitalisation des certificats fédéraux, apprentissage, continue ou discontinue…

BEF (Brevet d’entraîneur de Football)

Titre à finalité professionnelle de niveau 3, il s’oriente sur l’excellence de l’entraînement, la maîtrise méthodologique et vise le niveau régional séniors et national jeune. Les joueurs de Haut Niveau ou de très bon niveau amateur peuvent accéder directement à cet échelon. C’est un peu le « socle » de la professionnalisation. Une formation par apprentissage est en cours.

DES (Diplôme d’Etat Supérieur)

Seul diplôme d’état du système (niveau 2), il permet aux titulaires de bénéficier de nombreuses passerelles institutionnelles vers l’emploi et la formation. Il est orienté exclusivement sur l’optimisation de la performance, vers l’Elite nationale « Amateur ». C’est un diplôme qui est géré par le Ministère des Sports et son accès est injustement trop sélectif pour la majorité des collègues. Est-il adapté au football, nous nous interrogeons et aimerions le voir évoluer rapidement.

BEFF (Brevet d’Entraîneur Formateur de Football)

Titre à finalité professionnelle qui succède au Diplôme de Formateur (niveau 2) sans changement notable hormis l’adaptation au cadre règlementaire. Il touche tout ce qui est de la formation de haut niveau à partir des U13, indispensable à toute structure qui prétend agir en ce sens.

BEPF (Brevet d’Entraîneur Professionnel de Football)

Titre à finalité professionnelle qui succède au DEPF (niveau 2 – 955h) sans changement notable hormis l’adaptation au cadre règlementaire qui doit répondre aux besoins de toute équipe utilisant des joueurs professionnels.

Diplômes et certificats

Les éducateurs et entraîneurs rémunérés doivent être titulaire ou en cours de formation d’un diplôme ou d’un certificat de qualification enregistré au Registre National des Certifications Professionnelles (RNCP) qui garantit les compétences en matière de sécurité des pratiquants et des tiers conformément à l’article L.212-1 du code du sport. 

Certificats de qualification professionnelle (CQP)

Le certificat de qualification professionnelle (CQP) « moniteur de football » certifie les compétences acquises par la formation ou l’expérience (via la VAE), et permet à son titulaire d’encadrer contre rémunération dans la limite de 360h / an et se voir délivrer une carte professionnelle.

Le titulaire de ce certificat peut intervenir auprès des Écoles de Foot.  

Cette certification se passe en formation continue dont la durée minimale est de 250 heures dont 100 heures en situation professionnelle.

BPJEPS sports collectifs

Diplôme de niveau IV (bac professionnel), le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (BP JEPS) atteste des compétences professionnelles nécessaires à l’exercice du métier d’animateur dans le champ des sports collectifs dans une association ou une entreprise. La spécialité « football » permet de former des éducateurs et entraîneurs qualifiés pour un jeune public de moins de 15 (voire moins de 17 ans) pratiquant le foot de compétition.

DE JEPS

Diplôme de niveau III (bac+2), le Diplôme d’Etat de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (DE JEPS) atteste de compétences professionnelles nécessaires et prépare à l’exercice du métier d’entraîneur de foot.

Le diplôme est préparé par la voie de la formation initiale, de l’apprentissage ou de la formation continue mais peut également être acquis par la VAE.

En formation initiale, la durée minimale est de 1200 heures dont 700 heures en centre de formation.

DES JEPS

Diplôme de niveau II (bac+3), le Diplôme d’Etat Supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (DES JEPS) atteste des compétences nécessaires et prépare à l’exercice du métier d’entraîneur cadre.

Le diplôme est préparé par la voie de la formation initiale, de l’apprentissage ou de la formation continue mais peut également être acquis par la VAE.

En formation initiale, la durée minimale est de 1200 heures dont 700 heures en centre de formation.

STAPS

Vous pouvez aussi accéder au métier d’entraîneur via la filière STAPS, sciences et techniques des activités physiques et sportives. La licence STAPS parcours entraînement sportif donne un niveau bac+3 tandis que les master sciences du sport spécialité entraînement : biologie, nutrition, santé (université Paris Est Créteil) ou le master entraînement et optimisation de la performance sportive (Paris Descartes) donne un niveau bac+5.

Les titulaires de l’un de ces titres se voit délivrer par le préfet une carte professionnelle qui l’autorise à exercer contre rémunération et précisera les prérogatives d’encadrement et les conditions d’exercice afférentes.

Toute personne qui exercerait ces fonctions contre rémunération sans être titulaire d’un diplôme enregistré au RNCP, est coupable d’une infraction pouvant être punie de 1 an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

Educateurs et entraîneurs peuvent être bénévoles dans une organisation non compétitive et percevoir parfois des indemnités ou des avantages divers.

Si l’éducateur est salarié, son salaire varie suivant la structure qui l’emploie et sa durée de travail mais en général, il commence au SMIC horaire + des indemnités.

S’il exerce pour une municipalité, sa rémunération suit la grille indiciaire de la fonction publique territoriale (FPT). 

La situation est la même pour l’entraîneur qui peut toucher plus de 2000€ net par mois selon l’expérience, la discipline (amateur ou professionnelle) et l’employeur.

Au sein des collectivités territoriales, des postes d’éducateurs territoriaux des activités physiques et sportives (ETAPS) sont à pourvoir. L’éducateur sportif peut alors prendre en charge des enfants dans le cadre d’activités périscolaires, de stages de vacances ou encore pour assister les professeurs des écoles.

Dans les associations sportives amateurs.

Il peut enfin exercer dans le milieu privé comme les Clubs professionnels.

SOIREE VISIO AEF 78 dédiée à LA PREPARATION MENTALE

L’Amicale des Éducateurs de Football des Yvelines (AEF 78) organise un webinaire le vendredi 16 avril, à 19 h 00 précises, sur le thème de la préparation mentale. Inscription

Nous serons assistés de Monsieur Pierre PUPIER, Président fondateur – LNF – Les nouvelles formations.

3 intervenants de l’Amicale des Éducateurs de Football des Yvelines aborderont 2 thèmes spécifiques, à savoir la fixation d’objectifs et la motivation.

Dorette ELANGUE ETEME, Commission Technique du District des Yvelines, Jude FALL MOROSE responsable des Féminines et des Garçons respectivement des catégories U13 et U16 au PSG FC et Pascal HANS, du club de l’AS MAUREPAS, officiant sur l’encadrement U10, sont tous les 3 certifiés par LNF.

Monsieur Pierre PUPIER vous présentera sous forme de diaporama son organisme LNF, certificateur n° 1 en France en Préparation Mentale, et répondra aux nombreuses questions suivantes :

–        À quoi sert-elle ?

–        Comment l’utilise-t-on concrètement ?

–        Comment peut-on l’apprendre rapidement ?

–        Est-elle réservée à certains sportifs ?

–        Fonctionne-t-elle avec les jeunes ?

Nous comptons sur votre participation, sur ce sujet passionnant pour tous les éducateurs.

Afin de préparer au mieux cette réunion, je vous demande vous inscrire via le lien suivant:  Inscription

Amicalement,

Pascal HANS 

SERGE QUEFELEC l’humaniste…

Educateur emblématique au RACING il avait reçu notre trophée Georges BOULOGNE en 2006.

Serge QUEFELEC nous a quittés à l’âge de 87 ans

Certes, Serge n’est pas connu des plus jeunes mais sa trace ne peut pas laisser indifférent les éducateurs et dirigeants mûrs qui l’ont côtoyé au fil de ses années passées dans les Hauts de Seine et le Val d’Oise tant le personnage, l’ami, était d’une richesse incomparable …

Serge, boulanger-pâtissier de formation, était aussi un bon joueur de foot, gardien de but, longtemps dernier rempart de l’équipe de Montrouge.

Il fit ses premiers pas d’éducateur au FO Montigny, avant de passer son Brevet d’Etat d’Educateur, pour poursuivre son ascension dans ce même club en tant que maître d’œuvre sportif. Ensuite il exerça ses talents d’Entraîneur à Franconville avant d’être sollicité par le Racing Club de France où il accomplît une carrière de formateur chez les Nationaux et en sénior DH.

Serge était avec nos amis, Christophe ROMBEAUX, Robert LEVEQUE, Pierrot BOULEY les coachs qui ont marqué des générations de très bons joueurs devenus professionnels.

Il prend une retraite sportive parisienne en 2000, pour entreprendre une nouvelle vie simple mais pleine d’activités au village de Blauzac dans le Gard. Amicaliste dans l’âme il adhéra dès son arrivée dans le Gard à l’amicale locale, il aida le club dans son école de foot.

Pour tout son engagement humain et sportif qu’il a apporté à notre association il fût nommé membre d’honneur de l’AEF95 ; il n’hésitait pas à se joindre à nos manifestations si son emploi du temps permettait son déplacement. Il était encore des nôtres lors de notre périple de voyage à Montpellier en 2011

L’AEF 92 et le Comité de Direction présentent à son épouse Arlette, passionnée de peinture ses deux enfants et petits enfants leurs très sincères condoléances.

LE FUTSAL devrait-il être incontournable dans la formation des jeunes joueurs?

Autrefois marginalisé, le futsal prend de plus en plus d’importance en France. Mieux, son apport dans la formation des jeunes joueurs devrait même le rendre indispensable. Que ce soit au niveau de la technique, de la tactique, du physique ou même du comportement, de nombreuses qualités développées au futsal vont servir au football à onze. Enquête.

Créé en 1930 en Uruguay par Juan Carlos Ceriani Gravier juste après la première Coupe du monde, « le football de salon », son nom d’origine, a fait ses premiers pas en France en 1978. Dérivé du football, le futsal se joue à 5 contre 5 avec 4 joueurs de champ et 1 gardien. Ce sport se pratique en salle, donc, et sur une surface de jeu bien plus petite que le football (42 mètres sur 25 maximum en compétition officielle) avec un ballon plus petit qu’un ballon de foot traditionnel, et dont la surface est rugueuse afin de maximiser son adhérence au sol. Il faut aussi savoir que les ballons de futsal sont généralement remplis de ouate de rembourrage pour rebondir le moins possible pour que le jeu reste le plus souvent au sol. Les matchs se disputent en deux mi-temps de 20 minutes et les effectifs peuvent monter jusqu’à 12 joueurs, avec 7 remplaçants interchangeables à souhait. Les rentrées de touche s’effectuent au pied et non à la main comme au football.

Les débuts d’INISTA par le FUTSAL

« Beaucoup de clubs pros commencent à comprendre l’importance du futsal », déclarait l’international de futsal français, Kevin Ramirez chez Mouv’. Après avoir pris du retard sur ses concurrents et notamment le Brésil ou l’Espagne, où les jeunes commencent leur formation par le futsal, la France développe de plus en plus cette discipline qui devrait aussi être un complément incontournable au football dans la formation des jeunes joueurs. Avec les moyens dont disposent les clubs professionnels, il ne devrait pas y avoir de football sans futsal en centre de formation tant l’apport de ce dernier est grand sur le foot à 11 et tant il produit de bien meilleurs joueurs sur le plan technique, tactique, physique et même comportemental.

Le développement cognitif, atout primordial du futsal

Parmi les qualités développées par le futsal, il y a d’abord la créativité. C’est même sans doute l’un des meilleurs atouts que le futsal peut apporter au football à 11 ! Comme sur grand terrain, la partie rationnelle et logique du cerveau est utilisée, ainsi que la partie émotionnelle et intuitive mais le peu d’espace et de temps entraînent les joueurs à faire preuve de beaucoup plus d’imagination et de créativité pour créer du danger sur le terrain ou se sortir d’une situation impérieuse via la passe ou le dribble. Le développement de ces parties du cerveau est très important et offre un avantage conséquent aux jeunes joueurs une fois sur grand terrain.

Le futsal développe aussi la confiance dans la mesure où les duels sont quasiment inévitables et que d’attaquer son adversaire en un-contre-un est une qualité qu’il faut savoir développer. Il n’y a qu’à voir l’aisance dans les petits espaces de joueurs comme Neymar, Ronaldinho ou encore Iniesta, qui sont tous passés par la case futsal dans leur formation, pour comprendre l’intérêt de cette pratique chez les plus jeunes. Au niveau de la passe, le futsal est une question d’angles et d’espaces mais aussi de vitesse. Les passes doivent être fortes et la prise d’information capitale. Il faut savoir quoi faire avant la réception du ballon tant les marquages individuels des adversaires sont stricts.

Au futsal, il faut donc réfléchir et décider encore plus vite qu’au foot à 11, ce qui améliore grandement le temps de réaction. « Ça m’apporte un vrai plus aujourd’hui. Je conseille le futsal à tous les jeunes footballeurs : on devient plus juste techniquement, plus rapide dans la prise de décision… Tout est bénéfique lorsqu’on arrive ensuite à onze. Bruno (Guimarães), par exemple, ça se voit qu’il en a fait au Brésil ! Je suis content que les jeunes à l’OL en fassent de plus en plus, ça va dans le bon sens. », expliquait Maxence Caqueret dans un entretien accordé à l’Équipe en septembre 2020. Fait de combinaisons et de une-deux, le futsal requiert une excellente vision de jeu et une fois le passage à onze, tout peut paraître plus simple puisqu’il y a plus de temps et d’espace. Le développement de l’aspect cognitif est vraiment une force du futsal.

Contrôle du ballon, de soi et de son environnement

Selon une étude de l’université de Liverpool, les joueurs de futsal touchent en moyenne 6 fois plus le ballon par minute que les joueurs de football à 11. Avec un jeu plus rapide fait de redoublements de passes – 70% des passes ont une vitesse comprise entre 14 et 38km/h -, le contrôle et le toucher de balle sont donc extrêmement importants, et ce, avec toutes les surfaces du pied. Connu pour son fameux « contrôle semelle », qui permet de prendre l’information la tête levée tout en gardant le contrôle du ballon sous le pied, le futsal développe aussi la capacité à protéger son ballon et à ne pas paniquer sous pression comme le faisait si bien Juan Roman Riquelme.

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Le futsal permet donc le développement du jeu dos au but, en pivot, et les joueurs de futsal qui arrivent à contrôler et protéger parfaitement le ballon sous la pression vont finir par impacter tactiquement et mentalement les défenseurs adverses. Et cette capacité va facilement se transposer sur grand terrain car à force d’être dans des situations compliquées dans des espaces réduits, une sorte de « mémorisation » s’effectue et le joueur est prêt à affronter des situations de pressing naturellement même sur de plus grands espaces. Le jeu plus au sol permet aussi à des gabarits plus imposants ou plus petits d’avoir un réel impact sur le jeu.

Variabilité du « Jeu de Position » de la 1ère ligne de Manchester City

NOSOTROS est au football ce l’image est à la télévision, devenue essentielle, un outil pour les éducateurs, entraîneurs, chercheurs, pour tous les passionnés du ballon.

Cet article est la 1ère partie d’une analyse réalisée par Illies Lebrun et Olivier Alberola, à partir de l’observation de 5 matchs de Manchester City. Retrouvez les autres analyses avec le lien ci dessous: https://nosotrosxp.com/le-jeu-de-position-de-la-1ere-ligne-de-manchester-city/?

Cette partie est axée sur les adaptations de la ligne défensive de City, pour faire face aux caractéristiques structurelles de la 1ère ligne offensive de leurs adversaires.

Les Cityzens surfent sur une vague positive depuis leur victoire en Ligue des Champions face à l’Olympiakos (0-1) en Novembre dernier. Depuis, c’est 21 victoires (toutes compétitions confondues) et 3 matchs nuls avant de chuter dans le derby mancunien. Pep Guardiola avait annoncé, au début du mois de Février que son équipe allait mieux car… « elle courait moins ».

L’analyse que nous proposons sera axée sur les différentes organisations de la première ligne des Cityzens quand elle dispose du ballon. Nous tenterons de décrypter leur capacité à interpréter collectivement les espaces et à manipuler les lignes adverses. L’émergence récurrente de supériorités numériques et qualitatives à la périphérie et positionnelles (voire dynamiques) à l’intérieur, caractérise en partie le succès des joueurs de Guardiola.  

Les matchs analysés :

  • Liverpool / Manchester City (Journée 23)
  • Manchester City / Tottenham (Journée 24)
  • Everton / Manchester City (Journée 16)
  • Arsenal / Manchester City (Journée 25)
  • M’Gladbach / Manchester City (8ème de finale aller, Champions League)

FACE AU 1-4-3-3 DE LIVERPOOL

Depuis plusieurs saisons, Liverpool a montré sa volonté d’être une équipe protagoniste et déterminée à récupérer le ballon le plus haut possible.

https://statsbomb.com/2020/09/liverpool-season-preview-2020-21/

Lors de leur match face à City, les Reds étaient positionnés haut en phase de récupération, avec une organisation en 1-4-3-3 à plat. Rencontrer ce type d’opposition n’est pas si fréquent pour City, à la fois dans les intentions comme dans l’organisation.

La clé pour les Reds était de protéger les espaces intérieurs, tout en mettant la pression sur les joueurs de City, initiée par leurs 3 attaquants. Un principe mis en place par les Cityzens, pour manipuler la première ligne de pression fut d’aligner 3 joueurs droitiers en zone d’initiation et plus particulièrement Rodri,  souvent dans l’axe gauche dans une position inversée à d’habitude. Dans l’espace de M. Salah il a pu profiter d’un manque récurrent de coordination avec ses deux partenaires de la même ligne.

Statsbomb – Introduction to Football Analytics – Liverpool (saison 2019-2020)

Comme on peut l’observer sur le visuel ci-dessus, lors de la saison 2019-2020, l’influence de Firmino dans la récupération du ballon est essentielle notamment sur le front axial du terrain, mais aussi sur le flanc droit pour épauler Salah. Mané, lui, a une forte influence sur tout le flanc gauche où il déploie une activité importante permettant ainsi de récupérer directement et/ou indirectement un grand nombre de ballon de l’extérieur vers l’intérieur du terrain, notamment dans le camp adverse.

Petit bémol sur l’activité sans ballon de Salah, beaucoup plus localisée dans le couloir intermédiaire droit. Une certaine fragilité à protéger l’espace dans son dos à l’image du peu de ballons récupérés ou interceptés dans cette zone est illustrée dans l’encadré jaune.

Son déficit défensif, comparativement à ces deux partenaires qui sont extraordinaires sur ce plan, s’explique en partie par l’angle qu’il privilégie lors de sa course défensive. C’est un aspect dont Rodri profitera au travers de sa position inversée et qui lui bénéficiera directement ou bénéficiera à ses partenaires dans le dos de l’égyptien.

Face à la ligne de 3 (Mané – Firmino – Salah), la réduction volontaire de la largeur par les centraux de City, à contre-courant du célèbre « écartez-vous », leur a permis de mieux les inviter à venir presser. Mais attention, pas n’importe où… Stones et Dias, assez proches l’un de l’autre, plutôt sur le côté droit, invitant la pression de Firmino et en isolant Salah.

Ci-dessous, Ruben Dias invite la pression de son adversaire le plus proche. La position des défenseurs de City oblige encore une fois Mané et Firmino à fermer les lignes de passes intérieures tout en mettant la pression … Pendant que Salah s’isole sur le côté droit.

L’un des objectifs des Cityzens était de faire tomber Rodri en Zone d’initiation à la gauche de Dias, dans un rôle d’attracteur, afin de renforcer la tendance naturelle de Salah à défendre entre le central et le latéral, mais aussi pour favoriser l’équilibre structurel de l’équipe. Cette invitation à sortir presser, envoyée à Salah, a permis l’ouverture de lignes de passes à l’intérieur du bloc de Liverpool.

L’espace dans son dos est donc devenu exploitable, notamment sur l’axe gauche des Cityzens, en partie grà la réduction de la largeur des centraux à l’opposé sur l’axe droit, offrant un jeu de dominos …

FACE AU 1-4-2-3-1 DE TOTTENHAM

Les hommes de J. Mourinho étaient organisés en 1-4-2-3-1 avec la volonté de protéger les espaces intérieurs. À la différence du match face à Liverpool, P. Guardiola   a aligné Laporte dans l’axe gauche et R. Dias dans l’axe. Le français offre davantage d’angle de passe et notamment des diagonales de l’axe gauche vers l’intérieur.

Côté Tottenham, lors de leurs précédents matchs, Ndombele et Hojbjerg avaient tendance à défendre individuellement sur les joueurs positionnés dans les Zones latérales de Lumière, ouvrant des lignes de passes vers la Zone de Lumière centrale.

Comme sur l’image ci-dessus, c’est Zinchenko qui a souvent formé la ligne de 3 pour les Cityzens. Son positionnement a permis d’attirer Lamela pour obliger Hojbjerg à le couvrir. Le choix de Laporte a été judicieux car il a permis de trouver un grand nombre de passes entre les lignes des Spurs, vers G. Jesus.

L’activité défensive de Kane a quasiment été rendue inopérante sur le match à cause de la largeur XXL de « l’éventail » de la ligne de 3 Cityzens. Éventail qui leur a offert une grande liberté . On peut aussi noter le positionnement assez bas de Rodri, pour aimanter Lucas Moura afin d’offrir des lignes de passe « haute tension » vers Jesus.

Il semblerait que les principaux objectifs de Pep Guardiola dans la Zone d’Initiation étaient de :

  • Attirer Lamela par le positionnement de Zinchenko qui dérivait à la périphérie.
  • Fixer la position de Lucas afin d’offrir des lignes directes de passe de Laporte vers Jesus.

FACE AU 1-4-4-1-1 D’EVERTON

L’équipe de C. Ancelotti avait opté par un marquage individuel afin d’empêcher les mouvements des joueurs de City. Il n’en fallait pas plus pour mieux « embarquer » les « Toffees » dans les bas-fonds du jeu de position et retourner leurs concepts défensifs, contre eux-mêmes.

Sur l’image ci-dessus, on peut voir le positionnement très espacé de la ligne des 3 défenseurs de City avec notamment Laporte et Walker positionnés dans les couloirs extérieurs (périphérie).

Ce positionnement avait pour but d’attirer les milieux excentrés d’Everton et déclencher leur pressing, créant de l’espace dans leur dos. Le positionnement de Rodri était encore une fois intéressant, cette fois-ci à droite, en alignant horizontalement la première ligne adverse.

Les comportements et les caractéristiques de la première ligne d’Everton ont favorisé les intentions de Laporte et de Walker dans les couloirs extérieurs. Leur positionnement extra large a permis d’étirer la ligne d’Everton et de provoquer la pression des milieux latéraux adverses.

Le positionnement sur la droite de Rodri, a permis d’exploiter le pied gauche de Laporte sur des lignes de passes croisées à l’intérieur, à contresens du mouvement de la ligne adverse. De plus, le positionnement de Walker très à la périphérie, lui permettait d’exploiter sa faculté à se projeter dans le couloir et apporter le surnombre offensif.

FACE AU 1-4-2-3-1 D’ARSENAL

Confrontation intéressante pour les Cityzens face à un adversaire partageant des idées semblables en possession. Sur l’aspect défensif, les hommes de M. Arteta étaient organisés en 1-4-2-3-1 avec une très forte compacité du bloc dans la largeur et dans la profondeur.

Il est intéressant d’analyser la différence du 1-4-2-3-1 de Tottenham ou d’Everton, la structure des lignes d’opposition étaient totalement différentes, ce qui a modifié la structure de la première ligne de City en Zone d’Initiation.

Sur ce match, il est intéressant d’observer une structure asymétrique de la première ligne des Cityzens via les positionnements de Zinchenko et Stones. L’idée était de densifier le côté gauche (couloirs intérieur et extérieur gauche) via le positionnement de Zinchenko et de Fernandinho qui tombait régulièrement en Zone d’Initiation afin d’attirer Odegaard.

Cancelo avait pour rôle d’attirer Saka dans le couloir central. Ce qui peut être une indication de la volonté des Cityzens de densifier le côté gauche, afin d’attirer le bloc des Gunners, pour ensuite jouer avec Stones qui a énormément apporté offensivement dans le couloir extérieur droit.

FACE AU 1-4-2-3-1 DE M’GLADBACH

Les joueurs de Marco Rose avaient pour objectif de protéger les espaces intérieurs avec une organisation en 1-4-2-3-1. Le Jeu Positionnel des Cityzens étaient encore une fois précis avec des objectifs ciblés, notamment le positionnement large des défenseurs centraux afin d’attirer les milieux latéraux adverses et d’étirer le bloc allemand.

Ici, on peut voir le positionnement à la périphérie de Laporte et Walker afin d’accroitre les distances entre les joueurs de la ligne 1-4-2-(3-1). Ce positionnement servait aussi d’attraction des milieux excentrés adverses afin d’ouvrir les espaces et forcer les milieux centraux adverses à défendre individuellement sur Silva et Gundogan.

À noter encore une fois les rôles essentiels joués par Cancelo et  Rodri (positions inversées par rapport à Liverpool et rôles différents) pour manipuler le pivot offensif adverse et créer des espaces dans son dos. On peut retrouver une certaine similitude de la structure de la 1ère ligne de City avec celle obersvée face à Everton. Cependant, le focus était essentiellement sur l’ouverture des milieux latéraux adverses afin d’étirer la 1ère ligne d’opposition adverse.

CONCLUSION

On a pu voir comment Pep Guardiola a su créer l’incertitude face à la première ligne d’opposition de ses adversaires, en adoptant des moyens de manipulation précis en fonction des caractéristiques et de la structure de la première ligne adverse. Les principes du jeu positionnel étaient construits à l’aide de ces indicateurs pour les joueurs en Zone d’Initiation et dans les couloirs latéraux, afin d’être le plus déséquilibrant possible.

Par conséquent, la structure des lignes adverses a été déformée par le jeu positionnel de City. Un jeu variable et varié, organisé à l’aide de structures parfois asymétriques, selon les caractéristiques adverses. Le ballon reste la boussole des diverses structures et auto-organisations de la première ligne de Manchester City dans les matchs observés, mais la volonté d’être la plus déséquilibrante possible apparait comme un fil rouge.

Ce qu’il faut retenir de la première ligne des Cityzens :

  • La variabilité et une structure asymétrique en fonction de l’adversaire et du ballon.
  • Une récurrence d’une première ligne de 3 défenseurs avec des profils différents en fonction de l’adversaire.
  • L’identification des faiblesses des profils adverses (micro) et des structures adverses (macro) et exploitation adaptée des profils alignés.
  • La multifonctionnalité des joueurs en fonction des caractéristiques de l’adversaire.
  • Mise en place fluide des concepts du Jeu de Position avec notamment les notions d’attraction des adversaires dans certains espaces.

UNE SEULE COULEUR…….. CELLE DU MAILLOT !!!!

JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE POUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE DU 21 MARS 2021
 » Une seule couleur, celle du maillot «  La Fédération Française de Football s’associe à la Journée Internationale de lutte pour l’élimination de la discrimination raciale du 21 mars. L’engagement de la FFF qui porte et défend les valeurs essentielles d’intégration et d’égalité, de diversité et de mixité essentielles au vivre ensemble sera illustré par un message fort : « Une seule couleur, celle du maillot ».

L’équipe de France, réunie du 22 au 31 mars pour trois matches des éliminatoires

à la Coupe du Monde 2022, portera ce message fort à l’occasion du match face

à l’Ukraine, au Stade de France, le 24 mars, lors des hymnes. Cette campagne

sera relayée par les ligues, les districts et des clubs amateurs sur l’ensemble du

territoire.

En lien avec des associations reconnues comme la Licra ou le Comité Ethique

et Sport, la Fédération a déployé plusieurs actions de prévention dans le cadre

de la lutte contre les discriminations. Le Programme Educatif Fédéral (PEF) fait

ainsi partie des outils de référence dans l’apprentissage du respect du vivre

ensemble. Mis à disposition des 15 000 clubs amateurs, le PEF permet de former

les 800 000 jeunes licenciés du Football aux règles du jeu et de vie citoyenne.

La FFF soutient également le programme Open Football Club du Fondaction

du Football. 3 600 jeunes joueurs des Pôles Espoirs de la FFF et des centres

de formation des clubs professionnels bénéficient d’un programme éducatif et

culturel, notamment sur le sujet de la lutte contre les discriminations.

La lutte contre le racisme et toutes les autres formes de discriminations fait

partie des engagements fondamentaux de la FFF et du football, considéré

comme le troisième lieu d’éducation après la famille et l’école.

RENCONTRE AVEC UN EDUCATEUR Thomas Berlette

L’AMICALE DES EDUCATEURS DE FOOTBALL DES HAUTS DE SEINE EST FIERE DE CETTE TRES BELLE EXPERIENCE VECUE AVEC THOMAS BERLETTE

MERCI A TOUS CEUX QUI NOUS ONT REJOINT, NOUS AVONS EU 102 INVITATIONS DEMANDEES, IL Y A EU 75 PERSONNES QUI SE SONT CONNECTEES AU COURS DES 2H30 DE VISIO CONFERENCE.

Thomas Berlette s’est d’abord présenté, et insisté sur son équilibre personnel avec son métier d’éducateur spécialisé, et sa formation dans le football son cursus de Vitry en joueur U16 aux différentes expériences acquises au fil des années jusqu’à son arrivée il y a 6 ans à MONTROUGE FC 92.

En charge de l’équipe des U17 Nationaux la saison suivante, il a tout au long de la soirée expliqué son mode de fonctionnement, ses réflexions, sa philosophie d eJeu qui s’est construite au fur et à mesure et qui reste en lui quelque soit ses effectifs. Pour cela il construit son staff et choisit ses joueurs pour les rendre plus intelligent au fil des entraînements. Ceux-ci sont toujours inspirés de phases de jeu extraites du match. La vidéo est omniprésente dans son travail, un logiciel professionnel lui permet de séquencer tout ce qui peut être fait dans le football, un peu comme à la TV aime-t-il à le préciser.

Match au camp des Loges contre le PARIS SG U17

Projet de jeu, Règles de vie, Climat d’apprentissage sont les items omniprésents dans son travail, le football reste un jeu et je veux que mes petits prennent du plaisir aime t-il aussi à préciser.

L’épopée des 2002, lors des play off U17 et une 1/2 finale face au FC NANTES futur vainqueur de l’épreuve, et la déclaration de leur coach:-« Montrouge est certainement l’équipe qui a l’un des plus beaux jeu des U17, et ils n’ont rien à envier aux centres de Formation, Bravo à eux et à leur éducateur. »

Des questions ont été posés à celui qui a un langage de franchise et de sincérité, il faut rester soi même c’est essentiel.

MERCI à Thomas BERLETTE pour son parcours et pour cette soirée qui a été fantastique de sincérité et d’espoir. RETROUVEZ LA VIDEO DE NOTRE VISIO AEF92 APR LE LIEN CI DESSOUS

Merci à tous pour votre participation et pour tous les messages de remerciements que nous avons reçu.

MERCI à Melanie, Roshan et Charles pour leur investissement et la réussite de notre soirée AEF92.

Christian PORNIN Président AEF 92

QUAND LE JEU ETAIT NANTAIS…

Quand le jeu était nantais… « Made in Nantes » France Football du 09.03.2021 N°895 pages 28 à 37 jE VOUS EN PROPOSE QUELQUES EXTRAITS TRES REVELATEUR D’UNE PHILOSOPHIE

José Arribas, Jean Claude Suaudeau, Raynald Denoueix les références.

Quelle est la limite du jeu à la nantaise ?   Jean Claude SUAUDEAU : « il n’y en a pas. »

Raynald DENOUEIX : « C’est une idée de jeu d’une telle richesse qu’on peut continuer de la creuser, de la triturer et de la renouveler à l’infini`. »

SE COMPRENDRE « Jouer ensemble c’est apprendre à se comprendre »

Le jeu nantais est un jeu plein de reflexes et d’informations. Ceux qui étaient formés chez nous baignaient là-dedans depuis toujours. Et ceux qui étaient recrutés de l’extérieur n’étaient pas recrutés au hasard.

Pour développer l’initiative, la créativité et l’inspiration d’un joueur, il faut le placer dans les meilleures conditions de jeu collectif. Ensuite, il suffit de compliquer les problèmes à l’entraînement.

Mickaël LANDREAU : A Nantes j’étais dans le questionnement permanent :

  • Comment jouer les uns par rapport aux autres ?
  • Comment mettre mon partenaire dans les meilleures conditions possibles ?
  • Quel schéma utiliser pour le rendre plus efficace ?
  • Comment compenser ses défauts ?

COURIR « Si on court bien, ce n’est pas fatigant »

Jean Claude Suaudeau : « Si on court bien, si on se déplace bien ensemble, si on contrôle toujours bien les distances entre les lignes, ce n’est pas fatigant. »

Si tu es statique, tu n’as plus de pouvoir d’anticipation.

Être en mouvement, même dans un petit espace, permet d’être déjà dans le contre-pied.

ANTICIPER « Le foot est un jeu qui nécessite de voir avant »

JCS : « N’attendez pas ce ballon, soyez partout ! »

Le foot est un jeu de passes et de contre-pied : c’est aussi un jeu d’anticipation et d’interception qui nécessite de voir avant.

Gilles ALBERT : « L’important c’est la perception, Il s’agit de savoir ce que l’on va faire du ballon, à qui on va donner, avant même de le recevoir afin qu’il ne s’arrête pas. Cela commence dès les Poussins.»

L’évitement plus que le duel…

José ARRIBAS : « On joue simple, on joue de face, on joue dans les espaces. »

CREER « Le jeu nous permet d’exister : sans lui il n’y a pas de salut. »

Raynald DENOUEIX : « Nantes c’est jeu et formation. Il ne faut jamais lâcher l’idée, ni s’écarter de cela. LE jeu nous permet d’exister : sans lui il n’y a pas de salut. Mais le jeu doit être efficace.

A Nantes tout était prétexte à jouer, à inventer, à créer collectivement, puis individuellement, et à partager ensemble de mettre le doute chez l’autre : un petit jeu, un toro, un exercice dans « la fosse » de la Jonelière pour accélérer les réflexes, un tennis-ballon ou un 4c4 de Basket pour travailler le démarquage, le changement de rythme ou le contre-pied.

Raynald DENOUEIX : « Le résultat c’est moi, Le Jeu c’est vous. Donc jouez. »

Jean Claude SUAUDEAU avait des consignes : « Cachez !!, feinte du regard, fausse piste », « Le vrai joueur de foot il bluffe, et fait déjouer les autres. Piéger les autres, l’emmener sur des fausses pistes, créer l’embrouille sans même parfois toucher le ballon, ça on savait faire. On peut même dire qu’il existait un jeu à la nantaise sans ballon.»

SURPRENDRE « Jouer sans contrôle, c’est la maîtrise. Et si tu accélères, tout est permis. »

On improvise dans l’organisation, mais on ne s’organise pas dans l’improvisation.

On ne peut pas créer sans rigueur.

« Récupérer le ballon, ça ne signifie pas seulement le reprendre, mais se mettre dans les meilleures conditions pour bien l’utiliser, quand l’autre, en face, n’est pas en place. `Pour avoir tout de suite l’idée d’éliminer ou de faire la passe dans la profondeur. Pour jouer juste quoi. »

Jean Claude SUAUDEAU : « Si l’on dit que l’on joue un football à une touche d eballe, je réponds que c’est d’abord un football sans contrôle. Jouer sans contrôle, c’est la maîtrise. Et si tu accélères tout est permis. »

SE REINVENTER Le jeu à la nantaise, le style nantais, a été visité à maintes reprises par de nombreux coachs, à défaut de pouvoir être imité ou exportable, le modèle nantais a inspiré 

un tas d’équipes, dont le Milan AC de SACCHI, tout comme les pionniers nantais et SUAUDEAU lui-même reconnait s’être inspiré de l’AJAX, LIVERPOOL ou encore le Brésil de ZICO.

NOEL LE GRAET DANS UN FAUTEUIL IL EST ELU PRESIDENT DE LA FFF AVEC 73% DES VOIX

La liste conduite par Noël Le Graët a été élue au Comité exécutif de la Fédération Française de Football pour la mandature 2021-2024 lors de l’Assemblée fédérale réunie ce samedi 13 mars à Paris. 

Noël Le Graët a été réélu samedi matin pour quatre ans à la présidence de la Fédération Française de Football, lors de l’Assemblée élective au siège de la FFF, à Paris. 

Lors du vote organisé « à distance » auprès des délégués du football français, la liste de Noël Le Graët a obtenu 73,02 % des voix au premier tour. Elle a devancé la liste conduite par Frédéric Thiriez (25,11 %) et celle menée par Michel Moulin (1,87 %). 

Noël Le Graët a été élu président de la FFF le 18 juin 2011. Il a été réélu le 15 décembre 2012, puis le 18 mars 2017. 

UNE VICTOIRE COMME AVEC LES EQUIPES DE FRANCE ET MAINTENANT AVEC LE FOOT AMATEUR

Le Comité exécutif 2021-2024 de la FFF

Le Comité exécutif de la FFF se compose de douze membres, dont au minimum trois femmes. Le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) et le président de la Ligue du Football Amateur (LFA) en sont également membres de droit. 

Président
Noël LE GRAËT

Vice-présidente déléguée
Brigitte HENRIQUES

Secrétaire Générale
Laura GEORGES

Trésorier Général
Phillipe DIALLO

Membres
Jean-Michel AULAS
Éric BORGHINI
Albert GEMMRICH
Hélène SCHRUB
Marc KELLER
Philippe LAFRIQUE
Pascal PARENT
Jamel SANDJAK

POUR VOTRE INFORMATION VOICI LA REPARTITION DES CHARGES DE 19/20

CARLES MARTINEZ NOVELL. FC BARCELONE

Cet entretien avec @Carles Martinez Novell a été réalisé par @Ignacio Benedetti pour notre partenaire @The Tactical Room (Edition N°61). Entretien traduit et adapté en français par @NOSOTROS.

Ces dernières années, pour analyser le succès du FC Barcelone, il est courant de faire référence à la Masía – Centre de formation Oriol Tort. Mais lorsque l’on parle de la Masía, c’est à peine si l’on évoque les rouages qui l’ont converti en une référence mondiale en termes de formation de jeunes footballeurs. L’une de ces raisons est la compétence des entraineurs qui y travaillent.

Carles Martinez Novell (1984) est un de ces formateurs qui travaillait, jusqu’à peu, au sein du « fútbol base » du club catalan. Licencié en sciences de l’activité physique et du sport, Martinez a rejoint l’institution barcelonaise en 2015, passant 2 ans et demi à la tête des Infantil A (U14) et une année et demie à la tête des Cadete A (U16). Avant de rejoindre le FC Barcelone, il a passé cinq saisons au RCD Espanyol.

En plus de son activité sur le terrain, il collabore aussi avec la fédération catalane de football, en tant que professeur de tactique sur la formation des entraineurs. C’est peut-être pour cette raison qu’à chacune de ses interventions, Carles Martinez prend le plus grand soin, en bon professeur qu’il est, d’accompagner son interlocuteur sur le chemin ardu de la compréhension. Grand connaisseur du Jeu de Position, au point de parcourir le monde pour l’expliquer, Carles a longuement reçu The Tactical Room, avec l’enthousiasme qui caractérise tous les maestros qui embrassent le difficile processus de se faire comprendre.

Carles Martinez Novell - NOSOTROS

Carles Martinez Novell, lors de la conférence NOSOTROS dédiée à la compréhension du jeu.

Il a été dit que cette version du Jeu de Position n’était que le fruit du talent d’une génération de joueurs, composées entre autres de Xavi Hernandez, Andrés Iniesta, Sergio Busquets et Lionel Messi. Vous qui avez entrainé au sein du « fútbol base » du FC Barcelone, pourriez-vous nous expliquer si c’est vrai ?

Je crois que souvent, lorsque l’on parle de talent, on devrait préciser sur quelle qualité nous souhaitons attirer l’attention. Dans le cas de Barcelone, tous les défenseurs centraux ne se valent pas. Dans n’importe quel autre endroit du monde, Busquets ne serait pas 6. Cela s’est passé comme ça parce qu’ici, au Barça, la qualité la plus plus importante, c’est la compréhension du jeu.

Finalement, tu te mets à penser à Xavi, qui est très bon techniquement, mais ce qu’il fait n’est surement pas très différent de ce que peuvent faire d’autres joueurs. Cependant, son immense qualité c’est la compréhension du jeu. Moi, sur cet aspect-là, je suis très exigeant. Dans ce club tu dois mettre l’accent sur la recherche du joueur intelligent et travailler sans relâche sur la compréhension du jeu, le reste suivra de lui-même.

Prenons un exemple, la technique : si tu travailles sur la compréhension du jeu, la passe sera réalisée, la conduite de balle aussi, et même avec de la vitesse. Beaucoup de choses vont se réaliser, mais la difficulté n’est pas tant comment faire, mais de savoir vers où faire la passe, vers où conduire le ballon… Et ça c’est la compréhension du jeu.

C’est pour ça que, je crois qu’effectivement, il y a des joueurs au club qui peuvent devenir Piqué, Xavi ou Iniesta. La question est avant tout de savoir, et ceci est valable dans tous les clubs du monde, à quoi faire attention, a quoi voulons nous réellement donner de l’importance. Et ce n’est pas seulement une question de jouer court ou avoir la possession.

« Dans ce club, tu dois mettre l’accent sur la recherche du joueur intelligent et travailler sans relâche la compréhension du jeu, le reste suivra de lui-même »

Cependant on mélange souvent la compréhension du football avec un football de possession fait du jeu court.

Quand j’interviens dans des conférences hors d’Espagne, j’essaye de mettre l’accent sur le fait que, même si tu veux faire du jeu direct, parce que par exemple Liverpool joue comme ça, le plus important c’est que tes joueurs comprennent le jeu.

Au final, ce n’est peut-être pas du jeu de position et je ne dis pas que ce n’en est pas, mais quand tu vois comment Firmino se positionne entre les lignes avec l’intention d’attirer les centraux, qui le regardent, pour que Salah puisse attaquer l’espace dans le dos de la dernière ligne… Tu observes très clairement qu’ils manipulent l’adversaire et ça c’est la compréhension du jeu. D’autres équipes qui jouent encore plus direct ont aussi besoin de comprendre le jeu, afin d’être efficace dans ce qu’ils souhaitent mettre en place.

Par exemple imaginons que je veuille jouer directement avec mon excentré et mon attaquant. Pour que j’ai un ascendant dans ce contexte, il va falloir créer un certain avantage « positionnel » ou numérique. Il faut que le joueur qui occupe la position du 10 sème le doute dans l’esprit du central adverse. Dois-je sortir le presser ou pas ?

C’est ces conditions qui permettront au joueur excentré d’attaquer cet espace dans le dos de la ligne défensive. Mais si mon adversaire est attentif aux déplacements de l’excentré et de l’attaquant parce qu’il s’attend à ce qu’on joue long, c’est l’intérieur qui créera le danger lorsqu’il recevra le ballon entre les lignes.

Je dis toujours qu’il y a des équipes qui se focalisent sur ce qui se passe au loin, mais en ce qui me concerne, je préfère que mes joueurs se concentrent sur le jeu entre les lignes. Si les espaces ne sont pas entre les lignes, cela veut dire qu’ils sont sur les côtés ou dans le dos de la dernière ligne. Si au contraire il y a de l’espace c’est qu’ils protègent les côtés ou la profondeur. Alors c’est là qu’il faut jouer. Pourquoi jouer ailleurs ?

Pour moi, la compréhension du jeu est fondamentale, et, je le répète, ce n’est pas une question de jouer court ou pas, il s’agit que tes joueurs comprennent pourquoi ils font les choses.

Concernant le Jeu de Position, il faut se souvenir que la Dream Team de Cruijff et la Pep Team de Guardiola ont su mélanger jeu court et jeu long. Ce qui oblige à faire plus attention aux distances entre les joueurs.

Pour moi le jeu de position, au-delà de la position que chacun doit occuper, c’est avant tout la lecture des espaces. Ces espaces, on doit les utiliser, les occuper, les libérer ou les créer pour son propre bénéfice.

Si l’adversaire ne te concède que très peu d’espaces où lui faire mal entre les lignes, à un moment, tu devras attaquer dans le dos de la dernière ligne ou bien par les côtés ou encore positionner des joueurs clés dans des espaces où ils retiendront l’attention de ton adversaire.

« Pour moi le jeu de position, au-delà de la position que chacun doit occuper, c’est avant tout la lecture des espaces »

Tout ça afin que les espaces que tu souhaites réellement attaquer et qui étaient inexistants auparavant, s’agrandissent. Le problème de tout ce que l’on vient de dire c’est qu’au final le timing conditionne tout.

Pouvez-vous être plus précis ?

Toute action dépend du timing, du temps. Si une passe, ou un démarquage se fait 1 ou 2 secondes trop tôt, cela ne servira à rien. Il y a un concept défensif qui nous apprend que ce qu’il y a dans notre dos est plus important que ce que l’on a en face de nous.Aussi, pour que tes adversaires croient réellement qu’ils peuvent te suivre, tout doit être crédible, sinon ils seront toujours plus attentifs à ce qu’il se passe dans leur dos qu’en face d’eux.

Selon moi, le Jeu de Position est lié aux espaces que nous devons essayer de créer et occuper, à notre façon et les joueurs doivent connaitre quelques concepts pour savoir à quel moment faire les choses. Bien sûr qu’il doit y avoir des joueurs qui vont dans la profondeur, car s’ils ne le font pas : comment vont-ils séparer les lignes, s’ils ne regardent que ce qui est proche d’eux ? Il faut utiliser la profondeur et ça peu d’équipe qui essayent d’utiliser le Jeu de Position le font.

Pour moi, le meilleur club du monde en termes de Jeu de Position, c’est Manchester City et tu vois constamment leurs joueurs attaquer la profondeur : intérieurs, excentrés, latéraux. Les joueurs qui menacent le dos de la dernière ligne obligent l’adversaire à les suivre, sous peine de les laisser en 1vs1 avec le gardien et c’est comme cela qu’ils créent réellement les espaces.

Quand j’interviens dans des cours sur la tactique ou dans des conférences, je dis toujours la même chose : pour bien comprendre le jeu d’attaque ou de position nous devons connaitre les concepts défensifs. Quand tu as une bonne maitrise des concepts défensifs, tu vas pouvoir jouer avec les espaces, ce n’est pas une question de « je vais me placer ici pour que le latéral me suive ». Non, le latéral ne va pas te suivre si ton propre latéral avance.

C’est très important de comprendre le jeu pour pouvoir jouer avec ce qui se passe dans un match. C’est pourquoi, l’entrainement est très important afin que le joueur comprenne le timing, le moment … En résumé, Le temps d’avant.

Pouvez-vous approfondir ce concept du temps d’avant ?

Avant de recevoir le ballon, il y a 10 joueurs et si ces 10 mêmes joueurs comprennent le jeu et interprètent le jeu de la même manière, l’équipe jouera mieux. S’il y a bien quelque chose que j’ai appris au contact de Paco Seirul.lo et Joan Vila, ce sont les différents types d’aides au porteur du ballon qui existent. Il y a le démarquage de continuité qui est un démarquage où tu n’as pas réellement l’intention de te démarquer. En fait, tu cherches à te déplacer pour créer, petit à petit, des espaces et qu’a un moment nous puissions, grâce à « l’appui » suivant : progresser.

A ce moment je peux surpasser mon adversaire direct ou occuper un espace entre les lignes, cela dépend. Mais si l’adversaire te suit, alors peut être que ce démarquage se transforme en « appui » d’attraction. S’il te suit et qu’un de tes coéquipiers apparait dans cet espace, cela génère un autre type « d’appui », le troisième homme. Je vais alors pouvoir jouer de face avec lui.

Finalement, s’il ne te suit pas parce qu’il s’est rendu compte qu’il y a une menace potentielle dans son dos et que toi tu t’étais préparé à un « appui » d’attraction, cela devient un « appui » de progression. Et ensuite un « appui » de finalisation. Si personne n’offre « d’appui » de finalisation, c’est impossible de générer des espaces entre les lignes. Il en existe un autre mais pour moi, avec ceux-là tu peux déjà beaucoup jouer avec ton adversaire.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ces discussions avec Seirul·lo et Vila ?

Ils mettent beaucoup l’accent sur le moment auquel il faut faire les choses, pour qu’un démarquage ou un appui soit efficace et nous devienne favorable, il doit au minimum générer un doute chez ton adversaire. Par exemple, il y a beaucoup de milieux qui décroche entre les lignes. Mais ils le font tellement tôt et tellement loin de leurs adversaires respectifs, que ces derniers ne douteront jamais au point de venir les chercher, parce qu’ils savent que le plus important, c’est ce qui peut se passer dans leur dos.

Or quand tu as compris que la clé, c’est le timing et surtout la distance avec ton adversaire alors peut être qu’il commettra l’erreur de suivre. Faire ce pas, ce mouvement qui créera l’attraction d’un adversaire et permettra à un coéquipier de progresser et que les espaces s’ouvrent.

C’est pour cela que je crois que les appuis sont très importants, mais plus encore de semer le doute chez ton adversaire pour que petit à petit, les espaces apparaissent. Il y a aussi beaucoup d’autres concepts comme par exemple celui du « 1er conditionne le 2nd ». Il y a toujours un 1erjoueur qui se déplace et toujours un 2nd qui va créer une ligne de passe à une hauteur différente. Aussi, lorsque nous nous donnons de la liberté au 1er, le 2nd doit s’adapter en fonction de lui et ça c’est parfait, surtout si le 1er se déplace en fonction de ce que souhaiterait le 2nd  et à ce moment là on va un peu plus loin que la simple notion de temps et évoquer la notion de communication.  La communication, c’est que le 2nd disent au 1er : à droite, à gauche, etc… Qu’ils créent un espace pour que ce joueur en profite.

Jeu de Position – Le 1er conditionne le 2nd (Carles Martinez Novell)

Aussi, il se peut que cet espace soit créé à l’initiative des joueurs ou à la demande de l’entraineur lors de son plan de match. Cependant, si les joueurs ne maitrisent pas ces concepts, il est impossible que ce plan, mis en place par l’entraineur ne fonctionne.

C’est pourquoi la compréhension du jeu est fondamentale, elle peut s’acquérir par des phrases très simples à comprendre, par exemple le porteur de ballon dans une situation stable (sans risque) ne devrait pas donner le ballon à un joueur qui est dans une situation instable (risquée).

En conclusion, après avoir échangé avec des entraineurs qui ont mené un travail approfondi sur le jeu de position, je dirai que celui-ci oblige à une meilleure compréhension du jeu. A quelle étape de sa formation, un joueur commence-t-il à montrer des signes d’entrée dans ce processus ? Récemment, Oscar Hernandez m’expliquait, dans cette même revue, que dans un premier temps un joueur de football doit d’abord « nous entendre » / écouter pour qu’ensuite se produise ce voyage vers la compréhension.

Je n’aime pas parler d’âge précis, parce que je crois c’est mieux de parler de niveau. Parfois, je vois un U11 du Barça ou d’un village, qui possède une compréhension du jeu qui me fait dire qu’il n’a pas 10 ans. Il pourrait évoluer à un niveau plus avancé. Pendant que d’autres en ont 14 et ont l’air d’en avoir 8 en termes de compréhension des choses. C’est pour cela que je préfère parler de niveau.

« Il y a beaucoup de joueurs qui sont très bon avec le ballon, très forts physiquement, très bons dans le dribble, dans la percussion et bien d’autres aspects. Cependant, en les observant, tu te rends compte que presque tous ne regardent que le ballon. Ils se déplacent pour offrir des lignes de passe, mais lorsqu’ils reçoivent le ballon, ils ne savent pas quoi en faire »

Et qu’avez-vous observé pour arriver à cette conclusion ? 

On dit toujours, « tu dois voir » et j’ai développé une espèce de classification de cette idée de « voir ». D’abord, il y a le joueur discret, avec un faible niveau, qui ne t’offre même pas une ligne de passe. C’est le niveau 1. Au niveau 2 il y a le joueur un peu plus avancé. Lui il t’offre des lignes de passe, mais n’a aucune possibilité de jouer ensuite avec un coéquipier. Le joueur de niveau 3 est celui qui commence à être un joueur assez correct. Il pense à l’action suivante et est donc alerte sur ce qui peut se passer une fois qu’il a reçu le ballon. Par exemple dans le cas d’un intérieur (8), les actions suivantes pourraient être : trouver le 6 (pivot) ou le 2 (latéral droit) face au jeu. Mais ce joueur peut être encore meilleur, s’il a une idée claire d’où se trouvent le 9 ou le 7 (excentré). Là tu te dis que c’est un joueur qui commence à être bon. Ensuite il y a le niveau 4. C’est un joueur qui sait pourquoi il n’offre pas de ligne de passe dans un 1er temps, car il sait qu’il va recevoir le ballon de la part d’un coéquipier dans un 2nd temps.

Nous avons joué contre des équipes d’autres pays où j’ai vu beaucoup de très bons joueurs. Au regard de ce que nous avons évoqué précédemment sur le talent : ils sont très bons avec le ballon, très forts physiquement, très bons dans le dribble, dans la percussion et bien d’autres aspects.

Cependant, en les observant, tu te rends compte que presque tous ne regardent que le ballon. Ils se déplacent pour offrir des lignes de passe, mais lorsqu’ils reçoivent le ballon, ils ne savent pas quoi en faire. Quand tu regardes des grandes équipes comme le Barça, le Bayern Munich, Manchester City ou le Bayer Leverkusen, pour n’en citer que quelques-unes tu peux identifier des joueurs qui ont une idée claire de ce que peut être l’action suivante et avec ça ils gagnent du temps.

« Voir » pour gagner du temps, c’est peut-être le bien le plus précieux et le plus rare en football

C’est à cela que je voulais en venir. Au fond, que signifie vraiment « voir » ?  Si je sais à quoi faire attention et que j’y fais attention, alors inconsciemment, je vais regarder mon partenaire, mon adversaire direct pour voir s’il me presse ou pas, s’il est prêt ou loin de moi, si je suis « fixateur » ou pas. Pour conclure au sujet de l’âge et le « voir », dans ma classification il y a le niveau 4. C’est un top joueur selon moi, car il comprend qu’il n’est pas obligé d’offrir une ligne de passe au « moment 1 », car il sait qu’il pourra le recevoir dans de meilleures conditions au « moment 2 » ou même sans toucher le ballon, son rôle aura été d’une grande aide.

C’est celui qui comprend les circonstances et agit en fonction d’elles ?

Imagine que tu sois le porteur du ballon et que tu as un coéquipier qui t’offre une ligne de passe. Si je t’offre, au même moment, une autre ligne de passe, cela veut dire que tu as 2 lignes de passe. Mais peut-être que nous sommes entrain de casser la connexion suivante, entre le 6 et le 8 par exemple.

On détruit une possibilité de « troisième homme »

Exact ! Le 3ème homme n’existerait pas, ce ne serait pas possible. Pour moi, le niveau 4 n’est accessible qu’au joueur qui identifie et sait répondre au bon moment, à la situation de jeu. Je sais qu’au « moment 1 », mon rôle n’est pas important, mais qu’il va devenir primordial quand le second joueur recevra le ballon.

Quel joueur peut-on prendre comme exemple de ce niveau 4 ? Je ne voudrais pas me tromper mais en vous écoutant, je pense à Pedro Rodriguez

Oui, Pedro est un joueur qui a souvent été sous-évalué en ne reconnaissant pas la valeur de ce qu’il a apporté à ses partenaires, parce que justement Pedro était capable de réfléchir et identifier le moment précis où il devait prendre la profondeur. Il existe un concept très important à propos des excentrés qui nous apprend que lorsque notre central a le temps et de bonnes conditions pour jouer un ballon vers la profondeur, le fait que notre excentré attaque systématiquement cet espace, dans le dos de la dernière ligne, sera un bon point pour nous, mais au final il sera toujours dans une fonction de fixateur.

En réalité tout dépend du timing, car tu peux aussi bien recevoir le ballon et jouer rôle dans la fixation de l’adversaire à l’intérieur. Il y a une chose que je dis souvent à mes joueurs excentrés c’est que si  tu vois que ton intérieur peut recevoir dans des conditions favorables, alors prépare toi a attaquer la profondeur, parce qu’il vaut mieux que ce soit l’intérieur qui fasse cette passe entre les lignes plutôt que le central, qui est loin ce qui rendre la passe difficilement précise.

En revanche, si les excentrés estiment qu’il est impossible que les intérieurs reçoivent le ballon durant tout le match, peut être que le timing de démarquage des excentrés changera, qu’il se fasse un peu plus tôt, pour qu’il devienne fixateur et permette au final, à l’intérieur de recevoir et qu’il se rendent compte qu’il y a une rupture, que l’excentré s’est démarqué et que sa position qui n’était pas celle-ci initialement était la bonne.

Qu’est-ce que Pedro faisait de bien avec le FC Barcelone ? Il était capable de se repositionner sur la ligne de hors-jeu, pour de nouveau attaquer l’espace dans le dos de la dernière ligne. Il y a des joueurs qui sont extrêmement importants dans le jeu de position parce qu’ils génèrent beaucoup de choses.

C’est ce dont nous parlions tout à l’heure : Manchester City est une grande équipe parce qu’il n’y a pas seulement que les excentrés qui attaquent cet espace, mais l’avant-centre, les intérieurs, les latéraux… il y a un mouvement incessant de joueurs qui attaquent, à tel point que les défenseurs ne savent plus s’ils doivent suivre ou non  l’avant-centre qui lui-même a été fixateur et un joueur adverse resterai libre.

Mais si les défenseurs ne le suivaient pas, alors le démarquage de ce joueur se transformerait en démarquage de finalisation qui lui permettrait de marquer un but. Ainsi, il y a des joueurs qui sont clés, comme par exemple, un bon latéral.

Un latéral qui, plus que courir sache surtout comment, quand et pourquoi courir. Aujourd’hui, on a l’impression que l’on valorise davantage la faculté de répéter les courses dans tous les sens plutôt que de savoir faire les courses au bon moment.

Quand un central a le ballon, un latéral qui est parfaitement placé sème le doute dans l’esprit de l’excentré adverse, c’est finalement assez basique.  Par exemple, si tu es à une distance à laquelle tu sais que tu attires l’attention de l’excentré adverse : que génères tu ? De l’espace pour un joueur à l’intérieur. Si au contraire tu vois que l’excentré est focalisé à 100% ce qui se passe à l’intérieur, alors ta hauteur doit être différente parce que ce sera toi qui vas faire progresser le ballon.

Après il y a des petits détails, mais quand l’excentré te marque individuellement, si tu attaques l’espace, il va quasiment toujours te suivre. Mais il y a certains moments clés où un excentré en situation défensive va faire attention au latéral, et il n’est donc pas concentré sur ce qu’il se passe à l’intérieur. Au moment où le ballon va à l’intérieur, inconsciemment, parce que le ballon attire, cet excentré va se tourner et regarder vers l’intérieur. Quand cela arrive, c’est un bon moment pour que le latéral disent : « maintenant, j’y vais », c’est pile à ce moment qu’il « déboule » dans le couloir car l’excentré ne fait plus attention à lui.

Il y a aussi le cas des centraux qui attendent de voir ce que la passe va déclencher, ce que les adversaires vont mettre en place, ce type de central n’a pas construit le « temps d’avant ». Et il y en a d’autres qui sont à la même hauteur que l’attaquant…

Finalement, si le latéral arrive à attirer, que le central est correctement placé, que l’intérieur s’est déplacé devant le pivot adverse pour qu’il le suit et que l’excentré profite du timing pour utiliser cet espace : petit à petit, qu’avons-nous construit ? Chacun a généré du temps et de l’espace, finalement un espace – temps favorable pour que le joueur reçoive le ballon où nous le voulons, mais avec des bonnes conditions de temps et d’espace.  A partir de là, le joueur doit avoir de la liberté de se dire, je joue le 1vs1, je passe, j’ouvre vers un côté, etc.

Avec cette explication, vous faites un bref résumé de ce qui est, pour beaucoup, le football : un continuum de situations, d’actions qui ne peuvent s’expliquer séparément.

Le temps d’avant est très important et des fois on ne lui porte aucune attention. Si les 10 joueurs de champ sont concentrés sur quoi-faire sur le temps d’avant, le pendant et l’après seront plus facile. A propos, des catégories que vous abordiez, je crois que tout dépend du niveau, si c’est un joueur de niveau 1 cette structure va m’aider à me concentrer sur certains éléments, alors que si c’est un joueur de niveau 4, je m’attarderai sur d’autres aspects.

Demain, si je prends en charge une équipe où tous les joueurs ne regardent que le ballon, j’essaierai de les aider à seulement penser à l’action suivante, au contraire si j’ai une équipe composée de joueurs qui pensent déjà à l’action suivante, peut-être qu’il faudra commencer par faire attention à d’autres situations qui se rapprochent de ce à quoi pense un joueur de niveau 4.

Vous avez évoqué la notion de liberté, certains pensent qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus loin dans la réflexion sur le jeu de position, en argumentant qu’il restreint la liberté des joueurs et produit des joueurs formatés et robotisés. 

La sensation que j’avais auprès de mes joueurs était que si chaque joueur comprenait mieux le jeu, chacun selon sa position, pourrait être meilleur. Par exemple, un central qui va bien se placer au moment de la passe créera plus de danger qu’en étant mal placé, un intérieur qui sait quand apparaitre, où se placer, identifier le bon timing en fonction du joueur le plus proche ou du plus éloigné, prendra beaucoup de plaisir car il recevra le ballon entre les lignes pour aller au but ou marquer. Un excentré qui sait quand se démarquer, jouer en une touche, pourra plus facilement centrer ou marquer, il pourra faire des choses spécifiques à sa position.

A chaque fois je comprends que si nous apprenons aux joueurs à faire attention à ce qui est réellement important, alors, on leurs aura transmis quelque chose de grand. Ce qui est fondamental, c’est d’identifier ce qui est important pour chaque joueur et ce qui me plait le plus c’est d’insister sur le temps d’avant. Si sur ce temps d’avant, il comprend le jeu alors sur le pendant et l’après, il aura plus de liberté.

Carles Martinez Novell lors de la conférence NOSOTROS : Comment optimiser la compréhension du jeu

Carles Martinez Novell, lors de la conférence NOSOTROS dédiée à la compréhension du jeu.

Parfois, on oublie que les joueurs sont avant tout des individus. J’affirme cela parce que certaines voix s’élèvent en prétendant qu’appliquer certaines recettes de cuisine ou formules mathématiques bien senties pour pouvoir jouer d’une certaine manière en oubliant que le concept même de l’équipe est l’aspiration mais que celle-ci est constituée d’individualités, dont il faudra bien s’occuper.

C’est une bonne question à laquelle je réfléchis chaque jour un peu plus, bien que de plus en plus d’entraineurs semble y prêter de moins en moins attention. Ils prennent une équipe en restant dans l’attente de certains déplacements. Mais on oublie que tout cela se construit et repose sur un collectif de 11 joueurs et que nous sommes dépendants du fait que les joueurs sachent quoi faire à chaque moment. En réalité tout dépend du timing, d’un moment et des joueurs. 

Chaque jour, je suis plus convaincu par le fait que si j’aide mes joueurs, ensuite, même si j’ai un plan de match, ils sauront le comment et pourquoi. Si j’ai un plan de match et qu’à la 10èmeminute de jeu il y a un changement, c’est eux qui devront s’adapter à cela. C’est pour cela que le jeu de position est si important, parce qu’il ne s’agit pas seulement d’un joueur, mais de la relation. Peut-être que ce ne sera pas entre les 11 mais si tu la relation entre le 2 et le 11 fonctionne bien ou entre le 10 avec le 9, ça peut valoir vraiment la peine. 

Evidemment si les relations fonctionnent bien entre les 11 c’est encore mieux. Tout part du joueur et c’est là-dessus que nous devons concentrer nos efforts, aider les joueurs pour qu’ils comprennent le temps d’avant et qu’ils prennent du plaisir dans le jeu et puissent exprimer leurs qualités.

COMMENT S’ORGANISER POUR METTRE EN DEFAUT UNE EQUIPE JOUANT AVEC UNE LIGNE DE 5 JOUEURS? Merci à NOSOTROS

Illies Lebrun Responsable Section Sportive de Lambersart et Analyste tactique N3 Wasquehal

Modalités d’attaque d’une défense à 5 « bloc médian »

Analyse et propositions formulées par Illies Lebrun (@IlliesLbn ), responsable de la cellule analyse tactique et entraineur adjoint au Wasquehal Football.

La tendance actuelle, dans les 6 grands championnats européens, c’est le retour des défenses à 5 en phase défensive : 5-2-3 / 5-2-1-2 / 5-3-2 « bloc médian ». Une organisation offrant un volume de manipulations et de lectures des espaces important pour les équipes ayant une idée de jeu positionnelle. L’idée de cette analyse sera de déterminer les moyens pour manipuler ces différentes organisations.

BLOC MÉDIAN

Analyse des moyens de manipulation des espaces face à une organisation à 5, en « bloc médian » + solution de remédiation

Le 5-2-3 est l’une des organisations qui offre le plus d’espaces dans les « Zones de Lumière » latérales, lorsque le ballon se situe dans l’axe. L’objectif ici est de comprendre et de visualiser les éléments déterminants pour attaquer ces espaces. Ils sont souvent caractérisés par une infériorité numérique à l’intérieur, offrant une multitude de possibilités de fixer, de libérer, d’attirer et d’attaquer certains de ces espaces.

Constat n°1 : Une pénétration par l’axe face à un 5-2-3 : Un atout permettant un « échec et mat ».

Le 5-2-3 contraint très souvent les deux milieux centraux (MC) à défendre individuellement sur les (MC) de l’équipe en possession. En fonction du positionnement du/des pivot(s) adverse(s) il peut aussi y avoir de l’incertitude, surtout si l’un d’eux se positionne dans le demi-espace central.

De plus, si les attaquants couvrent mal les lignes de passe permettant d’accéder à cette zone (quand le porteur du ballon est l’un des deux défenseurs centraux), le pivot sera immédiatement disponible. Les (MC) auront alors tendance à anticiper la passe vers le pivot, permettant ainsi l’accès aux « Zones de Lumière latérales ».

Image du match : Arsenal – Sheffield lors de la 4ème journée de Premier League. Sur ce match, Mikel Arteta avait opté pour une organisation défensive en 5-2-3, qui l’a poursuivi sur quelques matchs du début de saison

Sur l’image ci-dessus), le premier rideau d’Arsenal a été surpassé, permettant au pivot de Sheffield de recevoir le ballon, de se retourner (à noter la qualité de son orientation corporelle) et de venir fixer la 2nde ligne. Cette fixation génère ensuite des possibilités de passes vers des joueurs positionné dans les Zones de Lumière.

L’ouverture des Zones de Lumière latérales est aussi conditionnée par le positionnement de l’attaquant central (AC) de Sheffield United, qui se situe sur l’axe longitudinal du porteur de balle, à l’intérieur de la Zone de Lumière axial. Par sa position, il capte l’attention d’un des (DC) d’Arsenal et oblige les MC adverses à essayer de fermer la passe vers lui. Ce positionnement libère la passe vers le N°14 de Sheffield United qui se positionne de profil et au « milieu » de la Zone de Lumière.

Une des options de l’attaquant central, c’est de déclencher une course de « rupture » entre le central droit et le central axial d’Arsenal, ce qui libérera davantage la ligne de passe vers le N°14. Une fois le ballon reçu, la défense fera face à un dilemme, à savoir, quel joueur sortira cadrer le receveur (N°14) et engendrera des avantages positionnels et numériques dans le dos de la dernière ligne :

  • Si c’est le DCD, il libérera et donnera de l’espace dans son dos pour l’attaquant central de Sheffield.
  • Si c’est le LD, il libérera l’espace pour l’attaquant latéral de Sheffield.
  • Si aucun ne sort, cela donnera davantage d’espace et de temps au receveur, qui pourra venir fixer la dernière ligne balle au pied et bénéficier d’un 3v2 avec l’AL et l’AC.

PROPOSITIONS DE MODALITÉS DE PÉNÉTRATION : 1-3-4-3 à plat contre un 5-2-3 Médian → construction axe 3+2

Sur l’exemple ci-dessus, le rôle des MC de l’équipe en possession sera déterminant car ils auront l’objectif de fixer les 2 MC adverses avec un positionnement étagé (1 pivot + 1 MC) et de faire sortir un MC adverse sur notre pivot pendant que leur LAT se tient prêt à anticiper la passe vers notre LAT. Celui ci devra se positionner le plus large possible afin d’étirer au maximum l’intervalle MC-LAT.

L’idée sera de faire apparaître notre AL dans la Zone de Lumière afin de bénéficier de 2 options :

  • Jouer intérieur sur l’AL qui est orienté pour attaquer la dernière ligne balle au pied
  • Jouer profond sur ce même joueur dans le dos du LAT adverse qui anticipe la passe vers notre LAT

CONSTAT 2 : Fixer, attirer et surpasser la pression dans les couloirs latéraux (vs 5-2-3) : Créer un « piège » …

Les principales références de pression, dans une défense à 5 en bloc médian, sont l’orientation vers les couloirs extérieurs pour presser et densifier le couloir de jeu direct pour empêcher le surpassement de la pression.

Ce qui peut amener les équipes en possession à manipuler le mouvement de certains joueurs, en l’occurrence l’attraction des milieux centraux adverse dans ces couloirs, afin de créer davantage d’espace à l’opposé.

Sassuolo – Inter lors de la 9ème journée de Série A. Sur ce match, Antonio Conte avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-2-1-2 en bloc médian.

Sur l’image ci-dessus, on peut observer que les joueurs de l’Inter (en blanc) cherchent à orienter et récupérer le ballon dans le couloir latéral avec notamment 7 joueurs situés dans le couloir de jeu direct. Ici les (MC) et le pivot offensif (Vidal) sont attirés dans le couloir de jeu direct, ce qui créer un espace libre à exploiter à l’opposé.

Le positionnement des joueurs de Sassuolo pourrait être optimisé. Le  MC (joueur surligné en jaune) proposant une aide au porteur de « continuité » (positionnement d’un joueur sur l’axe horizontal permettant la circulation du ballon d’un point A à un point B), pourrait proposer une aide au porteur de « progression » (ligne de passe permettant de dépasser l’adversaire se situant le plus proche), afin de gagner le maximum de mètres en dépassant la position du MC de l’Inter. Il aurait alors un avantage positionnel beaucoup plus important.

Vitoria Guimarães – Sporting CP lors de la 9ème journée d’Europa League. Sur ce match, le Vitoria Guimarães avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-2-3 bloc médian.

L’image ci-dessus illustre de manière claire et concrète, la volonté du Vitoria Guimãres (en blanc) de récupérer le ballon dans le couloir latéral. Les MC viennent densifier le couloir de jeu direct.

Sur l’image ci-dessus, une proposition d’optimisation de la structure positionnelle du Sporting Lisbonne. Au lieu d’être au niveau des MC adverses, le latéral irait fixer celui du Vitoria Guimãres dans la profondeur. L’AC se positionnerait dans  l’espace entre le DC et le DCG, l’ALG fixeraient le DCD et le latéral adverse. Ces mouvements permettraient de fixer la dernière ligne et de créer de l’espace à exploiter entre les lignes.

Le MC qui se situe dans le couloir de jeu direct utiliserait la largeur (long de ligne) de façon à capter l’attention et à attirer le MC adverse. Cela créerait un doute chez le 2ndMC du Vitoria qui devrait choisir entre rester avec le MC du Sporting ou venir fermer l’accès à la Zone de Lumière.

L’accès à l’espace à l’opposé, par le biais de l’AL du Sporting CP, qui apparaîtrait au « milieu » de la Zone de Lumière, pour pouvoir ensuite jouer directement à l’opposé vers l’ALG qui apparaîtrait dans l’espace libre. Cela pourrait être réalisé en 3 temps, par l’intermédiaire du pivot défensif du Sporting (3e homme).

C’est une possibilité qui me semble plus réaliste au vu de l’orientation corporelle de l’ALD et que, de mémoire, celui-ci est gaucher. La structure positionnelle est maintenant plus équilibrée, grâce au repositionnement du 2nd MC du Sporting; qui permet de contrôler plus facilement la transition défensive.

PROPOSITIONS DE MODALITÉS DE PÉNÉTRATION : 1-3-4-3 contre un 5-2-3 Médian→ Construction dans les couloirs latéraux

Lorsque deux équipes ont les mêmes principes/références de pression, l’idée principale est de créer des points de fixation.

Comment ?

Le rôle du MC positionné dans le couloir de jeu direct, sera d’utiliser la largeur pendant que le latéral du même côté le latéral adverse dans la profondeur. L’objectif étant de l’empêcher de sortir presser le MC. Ce qui devrait normalement attirer le 2nd MC adverse dans la largeur.

Ce micro-changement tactique adaptatif (mouvement modifiant la structure de base) génèrera un espace à l’opposé qui devra être occupé par notre AL à l’opposé, qui devra apparaître au bon moment. L’objectif consiste donc à accumuler le maximum de joueur dans la « zone d’attraction/fixation » (équivalent au couloir de jeu direct) et de surpasser la pression, par l’intermédiaire de l’attaquant latéral qui devra apparaitre au milieu de la Zone de Lumière, pour ensuite trouver l’ALD à l’opposé.

Son positionnement et son orientation corporelle seront déterminants pour assurer un jeu en continuité vers la cible (possibilité de retrouver le 2nd Pivot défensif en 3eHomme si l’AL du couloir de jeu direct est droitier. Une fois la pression surpassée et ayant atteint l’objectif, l’équipe bénéficiera d’un avantage numérique en 3v2 ou 2v1 en fonction de l’angle de conduite de l’ALD.

CONSTAT 3 : Des points de fixation, capter l’attention, manipuler pour attaquer la profondeur face à un 5-3-2 Médian : « Suis moi, on te fuit »

Un problème qui n’a pas encore été évoqué est la désolidarisation de la ligne de 5 défenseurs, due au décrochage des attaquants profonds dans les Zones de Lumière. La situation est encore plus favorable lorsque le ballon se situe dans l’axe, car très souvent, la ligne des milieux adverse contrôle les mouvements des (MIL) de l’équipe en possession.

Les défenseurs centraux latéraux sont ceux qui ont le plus tendance à se faire attirer dans les Zones de Lumière, ce qui engendre des espaces dans la profondeur pour un 2nd attaquant ou un excentré. Dans un premier temps, les attaquants devront fixer la dernière ligne par leur position, au fond des Zones de Lumière pour donner de la profondeur à la Zone de Lumière. Ensuite ils y apparaîtront et, normalement, attireront les défenseurs centraux latéraux.

Face à cette organisation, 2 alternatives sont possibles concernant le positionnement des latéraux dans les couloirs :

  • Les positionner dans la largeur et profondeur, à proximité des latéraux adverses, afin de capter leur attention, semer le doute et ensuite donner des possibilités d’attaquer la profondeur.
  • Les positionner bas pour attirer les MC adverses et pénétrer entre les lignes par des relations extérieur-intérieur vers un AC ou MC, pour ensuite attaquer la profondeur selon la situation qui aura émergé.
Celtic – Milan lors de la 9ème journée d’Europa League. Sur ce match, le Celtic avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-3-2 bloc médian
Liverpool – Atalanta lors de la 1ère journée de Champions League. Sur ce match, l’Atalanta avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-3-2 bloc médian.

Sur les images ci-dessus, les (DC) adverses se retrouvent constamment attirés dans les Zones de Lumière, laissant une profondeur optimale à attaquer par un (AC) ou (AL) en 1v1, lorsque le ballon se situe dans l’axe. La coordination et le timing de mouvement entre l’attaquant qui décroche et celui qui attaque la profondeur peut être déterminante pour se créer une opportunité de but. Il y a notamment un espace pour un milieu dans la Zone Lumière opposée (Celtic-Milan).

À noter, aussi, l’aide « d’attraction » de R. Firmino au « milieu » de la Zone de Lumière, attirant ainsi le DC adverse, qui libère la profondeur.

PROPOSITIONS DE MODALITÉS DE PÉNÉTRATION N°1 : 1-4-3-3 avec un pivot offensif (MOC) dans les Zones de Lumière contre 5-3-2 à plat

Principe défensif : Les latéraux adverses sortent sur nos latéraux

Liverpool – Atalanta lors de la 1ère journée de Champions League. Sur ce match, l’Atalanta avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-3-2 bloc médian.

Afin de faire sortir les LAT adverses sur nos LAT j’ai opté pour un 1-4-3-3 (triangle inversé). L’idée est de positionner les LAT dans la largeur afin de capter l’attention des LAT adverses et de faire décrocher un de nos 2 pivots défensifs (de préférence celui d’où vient le ballon) devant la première ligne de pression. Le MC, lui, doit fixer et ouvrir la ligne de passe vers l’attaquant.

L’objectif est de pénétrer par l’intérieur en retrouvant notre MOC qui est le 3e Homme, dans les Zones de Lumière, afin de bénéficier d’un avantage positionnel et numérique lors de sa réception du ballon (les LAT anticipent la passe vers nos LAT donc seront en poursuite quand notre MOC sera en possession du ballon).

L’idée est bien évidemment de maintenir la prise de vitesse,  d’attaquer la profondeur vers nos AL. Le rôle des AL, en construction, sera de fixer la dernière ligne avec le maximum de profondeur possible (donner de la profondeur à la Zone de Lumière, pour donner un maximum de liberté à notre MOC.

PROPOSITIONS DE MODALITÉS DE PÉNÉTRATION N°2 : 1-4-2-4 avec un MOC qui est le plus profond possible, pour ensuite apparaître dans les Zones de Lumière contre 5-3-2 à plat 

Positionner les LAT bas afin d’attirer les MC adverses

Liverpool – Atalanta lors de la 1ère journée de Champions League. Sur ce match, l’Atalanta avait privilégié son organisation défensive habituelle en 5-3-2 bloc médian.

Un des moyens permettant d’attirer les MC adverses vers nos LAT est de les positionner assez bas. Notre MOC partirait d’une position profonde (entre LAT et DC) pour ensuite apparaître dans la Zone de Lumière.

Pour ouvrir cette ligne de passe vers le MOC, la constitution du 4+2 permet d’attirer le MDC adverse vers latéral, de fixer le MC grâce à l’un de nos MC, afin de maximiser la distance de l’intervalle (MDC-MC) adverses. Ce dispositif nous permettra de trouver directement notre MOC dans la Zone de Lumière ou par l’extérieur, par des relations extérieur-intérieur, en fonction de la situation.

Si la situation ne permet pas de jouer court vers la Zone de Lumière, l’idée sera bien évidemment d’attaquer le dos de la dernière ligne, en coordonnant la course MOC-AL/AC, pour attirer le DC dans la Zone de Lumière et donner la possibilité aux 2 joueurs restant d’attaquer la profondeur. Le DC bénéficiera donc de 2 options :

  • Jouer intérieur court si notre MOC n’est pas suivi puis attaquer la dernière ligne balle au pied
  • Jouer profond vers notre AL ou AC, si le DC adverse a été attiré par notre MOC

CONCLUSION 

En fonction de la structure de ces alignements (déplacements, attractions, principes de pression,…) l’organisation défensive à 5 en bloc médian peut offrir des opportunités intéressantes de manipulation à l’équipe en possession, surtout si celle-ci développe une idée de jeu positionnelle. La structure de ces lignes modifiera les modalités de pénétration et d’attaque des espaces.